Prévenir la violence sexuelle : stratégies visant l’environnement physique
Les stratégies visant l’environnement physique ont comme objectifs de créer des environnements et des milieux de vie sécuritaires, entre autres par l’aménagement de l’environnement bâti.
Environnement physique : facteurs et stratégies préventives
Exemples de facteurs liés à l’environnement physique
Facteurs qui favorisent la violence
- Aménagements pouvant faciliter la violence sexuelle (p. ex., lieux isolés ou sans surveillance)
Facteurs qui contribuent à réduire la violence
- Aménagement favorisant la sécurité et le sentiment de sécurité (p. ex., éclairage, accès visible aux services d’aide, surveillance naturelle)
Exemples de stratégies préventives
- Mesures d’aménagement de l’environnement bâti
- Création d’une surveillance informelle ou formelle
- Amélioration de l’éclairage
- Rendre visibles les ressources et services d’aide dans les établissements d’enseignement
Aménagement de l’environnement bâti
La prévention par l’aménagement de l’environnement bâti cible la réduction des risques de violence dans les lieux publics, comme les rues, les transports en commun, les établissements d’enseignement et les bars. Elle vise aussi à améliorer la sécurité et le sentiment de sécurité des personnes qui les fréquentent, particulièrement les femmes, qui sont d’ailleurs les principales victimes de violence sexuelle dans ces lieux1–3. Cette stratégie évite de faire reposer la responsabilité et la diminution du risque de violence sur les personnes potentiellement victimes, en opposition aux stratégies qui les invitent par exemple à éviter certains lieux la nuit ou à être plus attentives lors de leurs déplacements.
La prévention par l’aménagement de l’environnement bâti implique des interventions sur les composantes physiques de cet environnement, comme les bâtiments, les équipements et les infrastructures, afin de :
- modifier les facteurs ou conditions pouvant faciliter la violence sexuelle, comme les lieux isolés ou sans surveillance où il est plus difficile d’obtenir de l’aide.
- instaurer ou renforcer des mesures d’aménagement ayant un potentiel de protection. Il peut s’agir d’améliorer l’éclairage, d’installer un système de vidéosurveillance ou de favoriser un achalandage pour créer une surveillance naturelle et dissuader les personnes mal intentionnées de passer à l’acte3,4.
La prévention par l’aménagement est utilisée depuis un certain temps dans la prévention de la criminalité de manière générale, mais est relativement récente dans la prévention de la violence sexuelle5. Elle contribuerait à favoriser le sentiment de sécurité et à diminuer l’incidence des crimes en général, mais d’autres recherches sont nécessaires pour évaluer ses effets sur la réduction des gestes de violence sexuelle spécifiquement3,6,7.
Établissements d’enseignement
Des modifications peuvent aussi être faites à l’aménagement physique des établissements d’enseignement, comme les écoles primaires et secondaires, les CÉGEPS et les universités. De tels changements peuvent favoriser le sentiment de sécurité des étudiantes et étudiants et des membres du personnel qui fréquentent ces lieux, contribuer à les rendre plus sécuritaires et, ultimement, contribuer à prévenir la violence sexuelle7.
Par exemple, un accès visible à de l’aide et du soutien, en installant les ressources, les services et les comptoirs d’accueil dans des endroits stratégiques, peut contribuer à ce sentiment de sécurité et à la création d’un climat non tolérant à la violence sexuelle3,7.
Références
- Centre Hubertine Auclert (2018). Femmes et espaces publics : Pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans la rue, les transports et les espaces loisirs, [en ligne], Centre Hubertine Auclert, <https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/medias/egal…; (consulté le 29 avril 2025).
- Cotter, A., et L. Savage (2019). La violence fondée sur le sexe et les comportements sexuels non désirés au Canada, 2018 : Premiers résultats découlant de l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés, [en ligne], Statistique Canada, « Juristat », <https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2019001/article/00017-fra…; (consulté le 29 avril 2025).
- Paquin, S. (2019). La prévention des violences à caractère sexuel par l’aménagement des campus d’enseignement supérieur, [en ligne], Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, <https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/education/publication…; (consulté le 28 avril 2025).
- World Health Organization (2020). Global Status Report on Preventing Violence Against Children 2020, [en ligne], Geneva, World Health Organization, <https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/332394/9789240004191-eng.pd…; (consulté le 4 juin 2025).
- Mahoney, P., M. LaCure, S. Erdice et M. Decker (2022). Environmental and Situational Strategies for Sexual Violence Prevention: A Practitioners’ Guide to Leveraging Evidence for Impact on College Campuses, [en ligne], Baltimore, Maryland, Maryland Coalition Against Sexual Assault and Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, <https://mcasa.org/assets/files/2022_Final_ESP_Practitioner_Guide.pdf> (consulté le 27 mai 2025).
- Labesse, M. E., et A. St-Louis (2024). Conception et aménagement de l’espace public et iniquités de genre : effets sur la santé des femmes, [en ligne], Institut national de santé publique du Québec, <https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/3525-conceptio…; (consulté le 29 avril 2025).
- Basile, K. C., S. DeGue, K. Jones, K. Freire, J. Dills, S. G. Smith et J. L. Raifort (2016). Sexual Violence Prevention Resource for Action: A Compilation of the Best Available Evidence, [en ligne], Atlanta, GA, National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention, <https://www.cdc.gov/violence-prevention/media/pdf/resources-for-action/…; (consulté le 3 mars 2025).
Rédaction : Maude Lachapelle, conseillère scientifique, INSPQ
Collaboration : Anne-Sophie Ponsot, conseillère scientifique, INSPQ
Révision externe : Larissa Ouedraogo, M.Sc., agente de planification, de programmation et de recherche, direction régionale de santé publique, CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal
Geneviève Paquette, Ph. D., professeure titulaire, département de psychoéducation, Université de Sherbrooke
Jacinthe Dion, Ph. D., professeure, département de psychologie, Université du Québec à Trois-Rivières