Drogues, buzz et ITSS

Données québécoises sur la consommation de drogues 

Le Portrait de l’environnement au Québec, fait par le Centre québécois de lutte aux dépendances, avance que les 15 à 24 ans sont les plus grands consommateurs de drogues. Le document indique aussi que le cannabis est la substance illégale la plus consommée, particulièrement chez les hommes. Si l’alcool est inclus, celui-ci surpasse la consommation de cannabis. Cependant, le Québec arrive à l’avant-dernier rang au Canada pour la consommation problématique d’alcool.

Les données québécoises indiquent aussi que plus de la moitié des Québécois n’ont jamais consommé de produits illicites de leur vie, qu’environ le tiers ont déjà fait usage de drogues et qu’environ 13 % des individus sondés consommaient des drogues durant la période de référence. Parmi les autres drogues consommées au Québec, en 2011, on retrouve :

  • Cocaïne
  • Hallucinogènes
  • Amphétamines
  • Méthamphétamines
  • Cristal meth
  • Ecstasy
  • Drogues de synthèse
  • Héroïne

Selon les données que nous avons, au Québec, l’utilisation de ces drogues semble être en diminution. Par exemple, en 2004, on estimait qu’environ 2,5 % des Québécois de 15 ans et plus avaient consommé de la cocaïne au cours de l’année contre 0,9 % en 2010. De manière générale, les taux de consommation de drogues autres que le cannabis se chiffrent à environ 1 %. De surcroit, les taux généraux d’amphétamines, de méthamphétamine et d’héroïne sont souvent trop bas pour avoir une valeur statistique. Si l’on cible plus précisément l’échantillon, ces taux peuvent augmenter. Une analyse selon la population que l’on veut cibler pour chaque drogue est requise.

En revanche, les amphétamines, qui sont de puissants stimulants, sont consommées dans une plus grande proportion dans le contexte des clubs, raves ou After Hours. On les appelle les « drogues de club ». En 2004, on estimait qu’environ 70,4 % des drogues consommées dans ces contextes étaient de la classe des amphétamines. Les amphétamines comprennent :

  • méthamphétamine
  • ecstasy
  • GHB
  • PCP
  • kétamine

De nouvelles données nous indiquent une augmentation de l’utilisation non prescrite de substances opioïdes à des fins non thérapeutiques. En 2013, le Canada figurait parmi les pays où le taux de prévalence annuelle était les plus élevés au monde. Devant une augmentation de surdose et de décès reliés à l’usage illicite de substances opioïdes, Santé Canada amorça, en juillet 2015, une réflexion sur le naloxone pour permettre son utilisation sans ordonnance dans la prise en charge d’une personne sous l’effet d’un abus d’opioïde. En parallèle, la Direction de la santé publique de Montréal a mis en vigueur une ordonnance collective de la naloxone pour les usagers et leur entourage pour prévenir les surdoses

Pour davantage d’informations sur le portrait de la consommation de drogues au Québec, reportez-vous au document suivant :

Drogues et populations concernées

Certains groupes populationnels sont plus susceptibles de faire usage de drogues. Chez les jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), on remarque une augmentation des taux de consommation de drogues avant un rapport sexuel. Ces taux varient selon les drogues utilisées allant de l’alcool à 79,8 % jusqu’au LSD à 3,5 %, en passant par le cannabis (47,6 %), la cocaïne (25,2 %), l’ecstasy (26, 4 %), les amphétamines (26,2 %), le GHB (16, 9 %), la kétamine (15,7 %), les champignons magiques (6,3 %), l’héroïne (5,1 %) et les opiacés (3,5 %). D’autres groupes sont susceptibles de présenter une augmentation de la prévalence de l’utilisation de drogues. Voici les groupes que l’on retrouve :

  • Femmes enceintes (alcool)
  • Jeunes en difficulté
  • Jeunes en centres jeunesses
  • Jeunes de la rue
  • Personnes ayant des problèmes de santé mentale
  • Jeunes HARSAH
  • Premières Nations
  • Personnes en situation d’itinérance
  • Utilisateurs de drogues injectables (UDI)
  • Personnes incarcérées ou l’ayant été
  • Membres de gangs de rue
  • Personnes âgées (alcool)
  • Jeunes de 15 à 24 ans
  • Travailleuses du sexe

Drogues et ITSS

Des études établissent un lien entre des personnes séropositives au VIH et l’utilisation de drogues comme les amphétamines et les méthamphétamines. Le risque de transmission du VIH peut donc être accru dans un contexte où il y a consommation de drogues.  

Chez les UDI, la hausse de l’utilisation de substances opioïdes par injection nous amène à nous questionner sur les impacts négatifs possibles en ce qui a trait au VHC et au VIH chez cette population.

Des facteurs psychosociaux peuvent expliquer ce phénomène. Par exemple, l’utilisation de drogues peut être liée à la recherche de sensation forte tout en diminuant l’anxiété, en augmentant la confiance et le plaisir.

Le contexte de socialisation peut aussi favoriser la consommation de drogues. L’environnement des bars et des clubs sont des endroits où il est socialement accepté de consommer de l’alcool et parfois, des drogues.

Des facteurs neurologiques peuvent aussi expliquer ce phénomène où certaines drogues viennent agir sur différents récepteurs du cerveau causant une augmentation du désir sexuel et du plaisir.

En raison de sa particularité, nous traitons le crystal meth dans une page complémentaire : Crystal meth et réalités à surveiller.

Drogues, ITSS et prise en charge

La consommation de certaines drogues peut amener un risque d’acquisition d’ITSS, tant par rapport aux modes de consommation (ex. inhalation ou injection) qu’au moment de la consommation (ex. lors de relations sexuelles) ou encore à la finalité recherchée dans la consommation (ex. augmenter le plaisir et la performance).

Il importe d’évaluer le risque d’acquisition des ITSS en lien avec la consommation de drogues. Cette intervention nécessite une approche aux multiples facettes. Voici quelques outils pouvant aider à cette prise en charge :

  • Questionner la personne sur ses habitudes
  • Éviter d’être moralisateur
  • Procéder au dépistage
  • Offrir la prophylaxie pré- et post-exposition (PrEP et PPE)
  • Utiliser l’approche de réduction des méfaits

Pour davantage d’informations sur la prise en charge des utilisateurs de drogues, reportez-vous aux documents suivants : 

Pour davantage d’informations sur le soutien offert en toxicomanie, reportez-vous au document suivant :

Références

  1. Bourne, A., Reid, D., Hickson, F., Torres-Rueda, S., Steinberg, P. et Weatherburn, P. (2015). ‘’Chemsex’’ and harm reduction need among gay men in South London. International Journal of Drug Policy, (26). 1171-1176. doi : http://dx.doi.org/10.1016/j.drugpo.2015.07.013
  2. Centre québécois de lutte aux dépendances. (2006). Drogues : savoir plus, risquer moins. Montréal, Québec : Centre québécois de lutte aux dépendances.
  3. Centre québécois de lutte aux dépendances. (2011). Portrait de l’environnement au Québec. Repéré à http://www.cqld.ca/files/FR_ScanEnvironnemental_Que%CC%81bec2011.pdf
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  13. Talbot, A. (2016, avril). Crystal Meth : portait et défis cliniques. Communication présentée dans le cadre d’une visioconférence du Programme national de mentorat sur le VIH sida et hépatites, Montréal, Québec.
Rédigé par
Olivier Godin - Unité ITSS
Publication date: 12 mai 2016