Surveillance des infections à N. gonorrhoeae : en six ans, le nombre a presque doublé au Québec

Le nombre de cas d’infections à N. gonorrhoeae augmente de façon importante depuis quelques années au Québec. La surveillance de laboratoire des infections gonococciques permet de suivre l’évolution du nombre de cas confirmés, des méthodes diagnostiques utilisées dans le réseau des laboratoires et de la résistance aux antibiotiques.

En 1998, le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) a instauré un programme de surveillance des gonococcies en collaboration avec le réseau des laboratoires du Québec. Ce programme permet d’étudier l’évolution de l’infection et son diagnostic de laboratoire ainsi que le profil de sensibilité aux antibiotiques des souches de gonocoques.

Le présent rapport de surveillance décrit l’évolution spatio-temporelle des infections confirmées à N. gonorrhoeae au Québec et met l’accent sur les résultats obtenus en 2012. Il s’adresse aux cliniciens, aux médecins microbiologistes ainsi qu’aux intervenants de santé publique.

Faits saillants

En 2012, le programme de surveillance a permis de faire plusieurs constats.

  • Parmi les 89 laboratoires participants, 63 ont déclaré au moins un cas d’infection à N. gonorrhoeae.
  • Le nombre de cas d’infections à N. gonorrhoeae déclaré au LSPQ a presque doublé en 2012 (2520 cas) par rapport à 2006 (1299 cas) pour une incidence de 32,9 cas/100 000 habitants.
  • Les données du registre des maladies à déclaration obligatoire (MADO) sont comparables avec celles du LSPQ : 1276 cas en 2006 et 2035 cas en 2012 (projections).
  • L’utilisation des TAAN (test d’amplification des acides nucléiques) s’accroît rapidement; la majorité (67 %) des cas ont été détectés par ces épreuves en 2012.
  • En 2012, 772 des 838 souches (92,1 %) de N. gonorrhoeae ont été reçues au LSPQ pour étude des profils de sensibilité aux antibiotiques.
  • Les souches résistantes à la ciprofloxacine se retrouvent majoritairement chez les hommes âgés de 20 à 39 ans (49 %).
  • La moitié des souches (185/367) résistantes à la ciprofloxacine ont été isolées dans la région de Montréal (RSS 06).
  • Treize souches (1,7 %) ont été trouvées résistantes à l’azithromycine, dont 10 isolées chez des hommes de la région de Montréal.
  • Aucune souche résistante à la ceftriaxone, à la céfixime ou à la spectinomycine n’a été observée.
  • Trente souches (3,9 %) possédaient des CMIs s’approchant de la valeur seuil de non-sensibilité pour la céfixime (0,12 mg/L [n = 26] – 0,25 mg/L [n = 4]).
  • Une sensibilité réduite à la céfixime (0,25 mg/L) et à la ceftriaxone (0,12 – 0,25 mg/L) a été identifiée chez 4 souches et 3 souches, respectivement. Deux souches ont présenté une sensibilité réduite à la céfixime et à la ceftriaxone.
  • La proportion de souches possédant une CMI de 0,12 ou 0,25 mg/L pour la céfixime chez les femmes est similaire à celle qu’on rencontre chez les hommes; le traitement différentiel selon le sexe n’est donc pas supporté par les données québécoises.
  • Des données sont maintenant disponibles au Québec pour certains antibiotiques alternatifs (tigécycline, ertapénème et gentamicine) en cas de résistance ou de contre-indications aux traitements habituellement recommandés.
  • Les données épidémiologiques actuelles sont limitées à l’âge et au sexe des patients. Il serait souhaitable de pouvoir mieux corréler les données de laboratoires aux données épidémiologiques.
Rédigé par
Espace ITSS
Date de publication : 14 janvier 2014