ITSS et COVID-19 - Manchette n°3

Personnes vulnérables en contexte de COVID-19 et mesures de confinement

Après plusieurs semaines de confinement ou de mesures de distanciation sociale, les effets indésirables se font sentir dans la population. On ne sait plus trop quoi faire, on a désespérément envie de sortir dehors, de voir des gens, de retourner à l’école ou au travail. Bien que cette situation soit normale dans le contexte actuel, certains groupes de la population vivent cet isolement de manière encore plus forte.

Espace ITSS vous propose un regard sur certains de ces groupes particulièrement vulnérables en temps de COVID-19.

Personnes sans domicile fixe

Les personnes sans domicile fixe vivent plusieurs difficultés dans le contexte de la COVID-19. N’ayant généralement pas de domicile, elles ne peuvent respecter à la lettre les consignes de confinement en vigueur depuis plusieurs semaines. Elles ont donc été récemment la cible de mesures plus coercitives mises en application par les services de police pour faire respecter ces mesures de confinement par la population. Des contraventions au montant exorbitant lorsqu’on dispose de peu de ressources financières ont été remises à des jeunes sans domicile fixe, qui ne peuvent se conformer aux directives, car ils n’ont pas accès à un endroit où s’isoler.

Plusieurs personnes en situation d’itinérance ne peuvent plus compter sur l’aide des passants devenus rares, et surtout plusieurs milieux de jour ou de nuit qu’elles fréquentaient sont désormais fermés ou ont dû réduire considérablement leurs services en raison de la crise sanitaire. Les conséquences peuvent être dramatiques pour plusieurs, alors qu’elles perdent leurs repères dans une situation déjà précaire. La Commission des droits de la personne a rapporté cette situation en appelant à la compassion et en rappelant que même en temps de crise sanitaire, le profilage discriminatoire est inacceptable. https://lactualite.com/actualites/covid-19-la-cdpdj-juge-discriminatoires-les-contraventions-donnees-aux-sans-abri/

Pour pallier le manque de ressources pour les personnes en situation d’itinérance, des centres de jour extérieurs ont été ouverts à Montréal, comme à la Place du Canada, au parc Jeanne-Mance, à proximité de l’aréna Francis-Bouillon, au Square Cabot et à la place Émilie-Gamelin. Des centres de nuit ont également été ouverts, un pour hommes au Marché Bonsecours et un mixte au centre Jean-Claude Malépart.

Bien qu’en majorité à Montréal, ces situations difficiles vécues par les personnes sans domicile fixe se retrouvent un peu partout dans la province. Les organismes communautaires en ont plein les bras pour soutenir cette population particulièrement vulnérable.

Les personnes âgées LGBTQ

Les personnes âgées de 70 ans et plus font partie des groupes les plus vulnérables à la COVID-19 et ses complications. Pour cette raison, depuis le début de la crise sanitaire, elles sont fortement encouragées à ne pas quitter leur domicile. Depuis déjà un mois, elles vivent de l’isolement. Toutefois, les personnes plus âgées parmi les communautés LGBTQ le vivent souvent de manière plus importante, car elles vivent souvent sans conjoint ou sans enfants, et hésitent à révéler leur orientation sexuelle et identité de genre, particulièrement si elles vivent dans une résidence. De plus, plusieurs d’entre elles ont perdu beaucoup d’amis durant la crise du SIDA, ce qui a drastiquement réduit leur cercle social.

L’organisme communautaire Interligne offre du soutien aux personnes de la communauté LGBTQ. Une partie importante des appels reçus à la ligne d’écoute provient d’aînés qui vivent de l’isolement. L’organisme a observé une augmentation importante d’appels et a organisé un programme de jumelage, où une personne LGBTQ, âgée d’au moins 65 ans, peut s’inscrire au programme afin de recevoir des appels d’une personne de chez Interligne de manière régulière. Ce bénévole pourra aussi aider la personne à commander son épicerie en ligne si elle le désire.

https://journalmetro.com/actualites/national/2438602/souvent-sans-enfants-les-aines-lgbtq-plus-isoles-que-les-autres/

https://urbania.ca/article/comment-prendre-soin-de-nos-aines-lgbtq2-et-les-aider-a-traverser-la-crise/?fbclid=IwAR1eheEWA0HkFpPaNcLzRgbG8l92evJMTe9ogRG8N4zhi60hLbfwhmIsZEU

https://interligne.co/2020/04/interligne-lutte-contre-la-solitude-des-personnes-lgbtq-de-65-ans-et-plus/

D’autres vulnérabilités en ces temps de crise sanitaire particulièrement chez les HARSAH

Les personnes utilisatrices de drogues peuvent vivre difficilement les impacts d’un confinement prolongé. Certains auront de la difficulté à s’approvisionner, consommer ou se procurer le matériel de consommation sécuritaire. Certains organismes ont modifié leurs services en raison de la crise sanitaire. Selon CATIE, bien que pour certains, cette situation peut être une opportunité de poser un regard différent sur leur consommation, pour d’autres, un sevrage non contrôlé peut être dangereux.

Les travailleurs et travailleuses du sexe sont particulièrement affectés par les mesures de confinement. Lorsque leur travail se fait en proximité avec plusieurs personnes, il peut représenter un risque direct de contracter l’infection, mais la réduction importante de travail a un effet majeur sur leurs revenus et donc leurs conditions de vie. De plus, les effets délétères d’un recours abusif par la population aux forces de police pour dénoncer des situations qui leur paraissent contrevenir aux directives de santé publique peuvent accentuer les pressions sur les personnes qui pratiquent le travail du sexe.

Les personnes issues de l’immigration, particulièrement celles au statut migratoire, vivent des impacts importants de la crise, elles ont souvent un accès limité aux soins de santé et une perte d’emploi ne leur garantit pas l’accès aux programmes gouvernementaux d’aide financière selon leur statut.

http://blog.catie.ca/2020/04/09/face-a-la-covid-19-trois-enjeux-pour-les-hommes-ayant-des-relations-sexuelles-avec-dautres-hommes-et-leur-sante/?lang=fr

Enjeux éthiques dans le contexte de la pandémie

Le Comité d’éthique en santé publique de l’INSPQ et la Commission de l’éthique en science et en technologie ont produit un document de réflexion sur les dimensions éthiques dans le contexte de la pandémie actuelle. Quelles sont les principales valeurs phares qui émergent et comment elles s’articulent dans les prises de décisions, comme l’application des mesures de distanciation, isolement et quarantaine, les activités de vigie sanitaire et de surveillance, dans les communications des autorités politiques et sanitaires envers la population, l’allocation des ressources et l’accès aux services de santé ? Nous vous invitons à le consulter, surtout si vous êtes amenés à déterminer les services à maintenir ou non dans vos établissements.

http://default/sites/default/files/publications/2958_enjeux_ethiques_pandemie_covid19.pdf

 

Rédigé par
Geneviève Boily (INSPQ)
Date de publication : 21 avril 2020