Groupe de travail chemsex… Objectifs atteints et nouveaux outils!

On vous présentait récemment sur Espace ITSS l’affiche présentée aux Journées annuelles de santé publique (JASP) par le groupe de travail (GT) chemsex, sous-comité du Comité HARSAH de la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal.

 

Rappel du contexte

À Montréal, les deux tiers des nouveaux diagnostics de VIH concernent des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Cette population fait face à de multiples facteurs de vulnérabilité (biologiques, sociaux) déjà connus et documentés. Ces dernières années, certaines pratiques de consommation de drogues en contexte sexuel ont attiré l’attention des organismes communautaires, des soignants et des acteurs de la santé publique. Ce phénomène est connu sous l’appellation « chemsex », un terme anglais qui décrit l’utilisation de drogues, particulièrement le crystal meth, le GHB et la kétamine, dans le but d’amplifier la sexualité de la personne qui les consomme en termes de durée (plusieurs heures, voire quelques jours) et d’intensité (types de pratiques visant à repousser des limites, nombre de partenaires souvent augmenté). 

La consommation de substances psychoactives dans un contexte sexuel ne date pas d’hier. Toutefois, certains enjeux suscitent une préoccupation particulière :

  • le risque accru d’infections sexuellement transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) dans un contexte de sexualité « intensive »;
  • la pratique plus fréquente de l’injection dans une population peu familière avec les techniques d’injection à risques réduits;
  • le risque accru de surdoses dans un contexte de consommation sur une longue période;
  • enfin, le crystal meth est une drogue qui a le potentiel de causer rapidement une dépendance et dont la consommation soutenue peut avoir des conséquences sociales, psychologiques et physiques importantes.

C’est dans ce contexte que le Comité HARSAH de la DRSP de Montréal a pris l’initiative de mettre en place un groupe de travail multidisciplinaire (intervenants communautaires, conseillers en dépendance, médecins, travailleurs sociaux, gestionnaires, infirmiers, chercheurs et intervenants-pairs) et de provenance variée (organismes communautaires; cliniques spécialisées en ITSS; milieux des dépendances, de recherche et de santé publique).

Le groupe de travail (GT) chemsex s’est vu confier trois mandats : développer une formation de base sur le chemsex; émettre des recommandations quant au matériel de prévention pour le crystal meth; prioriser et soutenir l’évaluation de différentes interventions mises en place. Nous vous invitons aujourd’hui à prendre connaissance de deux nouveaux outils disponibles en lien avec les deux premiers mandats du GT.

 

La formation Chemsex 101 est maintenant disponible!

Depuis février 2019, une formation est offerte aux intervenants de première ligne (infirmières, intervenants communautaires et en dépendance, médecins, sexologues, travailleurs sociaux, psychologues, etc.) qui œuvrent auprès d’une clientèle HARSAH susceptible de pratiquer le chemsex. Les objectifs de cette formation sont de démystifier la pratique, être en mesure de la déceler auprès de la clientèle et de discuter des interventions qui peuvent être proposées. Cette formation permettra aux intervenants d’offrir une intervention brève et, au besoin, de référer vers des services appropriés. L’inscription à la formation se fait via le site de la DRSP de Montréal à l’adresse suivante : https://santemontreal.qc.ca/professionnels/drsp/formations-drsp/itss/ .

 

Adapter le matériel de prévention lié à la consommation du crystal meth : nouveau dépliant

Selon les données recueillies par une recherche réalisée à Montréal (Meth @ morphose) et par des cliniques spécialisées, jusqu’à 22 % de personnes pratiquant le chemsex auraient eu recours à l’injection comme mode de consommation. Ce groupe d’injecteurs ne se considère pas « UDI » (utilisateurs de drogues par injection) et nomme d’ailleurs cette pratique d’injection sous le terme « slam ». Un nouvel outil d’information a donc été développé pour accompagner les trousses à « slam ». Ce dépliant est disponible en ligne ici. Enfin, dans le but de réduire le passage à l’injection, des pipes à crystal meth sont maintenant financées par la DRSP afin que les organismes qui desservent cette population puissent les distribuer gratuitement pour accompagner leurs interventions.

 

En conclusion, l’activité concertée du Groupe de travail chemsex met en lumière la qualité des réponses qui peuvent être apportées pour faire face aux enjeux de santé publique émergents, en impliquant plusieurs partenaires et des personnes des communautés les plus vulnérables aux ITSS. Par ailleurs, la consultation des personnes concernées (hommes gais « chemsexeurs ») a permis de développer des réponses adaptées.

Rédigé par
Nicolas Hamel (DRSP MTL) et Florence Maheux Dubuc (INSPQ)
Date de publication
20 mars 2019