1re journée annuelle sur la résistance aux antibiotiques - Établir des collaborations gagnantes

Illustration des problématiques rencontrées avec le Réseau sentinelle de surveillance des infections à Neisseria gonorrhoeae

Lors des journées annuelles de Santé Publique 2018, se tenait la 1re journée annuelle sur la résistance aux antibiotiques. Sous le thème Établir des collaborations gagnantes, des présentateurs issus de diverses spécialités ont expliqué les multiples facettes de la surveillance et la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Cette activité s’adressait aux professionnels et gestionnaires du réseau de la santé publique œuvrant en prévention des maladies infectieuses, ainsi qu’aux cliniciens et pharmaciens communautaires. Les objectifs spécifiques de cette journée étaient les suivants :

  • savoir reconnaître la collaboration comme élément essentiel à la lutte contre l’antibiorésistance;
  • pouvoir expliquer quels sont les défis et les opportunités dans le contexte actuel;
  • et formuler des pistes de solution afin de mettre en application des interventions efficaces de lutte contre la résistance aux antibiotiques.

La mise en place du Réseau sentinelle de surveillance des infections à Neisseria gonorrhoeae (NG), présenté une première fois sur Espace ITSS ici, illustre pleinement des problématiques exposées lors de cette journée, à commencer par l’importance de la collaboration entre différentes instances : cliniciens, microbiologistes, laboratoires, pharmaciens, santé publique (au niveau local, régional et provincial).

  • Une des premières constatations est la difficulté à situer légalement la lutte contre la résistance aux antibiotiques et le recueil de données permettant de caractériser les résistances. Le contexte légal de la surveillance au Québec entraine des délais très longs d’acceptation de nouvelles sources de données. Néanmoins, les situations présentant des menaces pour la santé de la population peuvent être étudiées par le biais d’autorisations spéciales du Directeur National de Santé Publique. Le rôle de la santé publique au niveau régional a notamment été présenté lors de cette journée des JASP.
  • La dispersion des données disponibles pour mieux définir l’épidémiologie de NG et le fait d’obtenir les caractéristiques des personnes touchées par des souches résistantes impliquait la création d’une source de données supplémentaires aux données MADO, aux enquêtes épidémiologiques,  aux données du Laboratoire de Santé Publique du Québec (LSPQ) et à celles des cliniciens, car rien d’existant ne permettait une étude complète et exhaustive.
  • Également, la grande quantité d’analyses à réaliser au niveau du LSPQ soulève des enjeux de temporalité des résultats. L’obtention des concentrations minimales inhibitrices pour la sensibilité aux antibiotiques de NG dans un contexte de surveillance prend du temps, et les résultats concernant une année sont disponibles grâce à l’optimisation des analyses au milieu de l’année suivante. De plus, les résultats du LSPQ sont indispensables pour le réseau sentinelle étant donné que l’on observe encore des divergences dans les pratiques des laboratoires locaux en matière de tests de résistance. Ici le LSPQ joue un rôle majeur afin de guider l’harmonisation des pratiques en laboratoires, tel que présenté aussi pendant cette journée des JASP.
  • Enfin, le Collège des médecins du Québec (présentation non disponible) ou l’Ordre des pharmaciens du Québec rappelaient le rôle qu’ils avaient à jouer afin d’aider ces derniers à s’approprier les recommandations publiques. Dans le Réseau sentinelle, les premières années étudiées nous permettent de constater qu’il reste des progrès à faire en matière d’application des recommandations. Ces dernières changent relativement fréquemment au fur à mesure des résultats de surveillance. Nous constatons qu’autant pour les tests diagnostiques ou de dépistage que pour les traitements prescrits, il reste des erreurs à différents niveaux, et la prise en charge globale des patients n’est pas optimale à 100%.

Certaines présentations de la journée antibiorésistance des JASP ont été citées au-dessus et il suffit de les retrouver en cliquant sur les liens hypertextes. Vous pouvez également les retrouver sur la page web de cette journée, en particulier celle sur le Réseau sentinelle ici. Il ne reste que les présentations concernant la santé animale qui n’ont pas été citées ici. La qualité des initiatives présentées avait tout à fait leur place dans cette journée enrichissante pour les professionnels présents. C’est une source d’inspiration à ne pas négliger pour nous améliorer en Santé Publique humaine.

Par ailleurs, nous profitons de cette manchette touchant la résistance aux antibiotiques et Neisseria gonorrhoeae pour vous proposer un peu de lecture, sur les recommandations mises à jour de l’association britannique pour la santé sexuelle et le VIH (BASHH). De nombreux changements sont proposés, en particulier avec le conseil d’utiliser le moins possible l’azithromycine compte tenu de la résistance croissante de NG à cet antibiotique. BASHH propose les recommandations suivantes quant au traitement de NG (génital, anal, pharynx) :

  • ceftriaxone 1g intramusculaire en une seule prise (si on ne connait pas le profil de sensibilité de la souche)

OU

  • si on connait le profil de sensibilité de la souche et qu’elle est sensible à la ciprofloxacine : ciprofloxacine500mg par voie orale en une seule prise.

Certains traitements alternatifs sont également proposés, avec de l’azithromycine cette fois, mais idéalement toujours en bithérapie, notamment en cas d’allergie ou de refus d’injection. Ces données sont des recommandations de l’association britannique pour la santé sexuelle et le VIH. Pour le moment, le document de référence au Québec pour guider le choix de traitement pour une infection à NG est le Guide d’usage optimal de l’INESSS.

Rédigé par
Fannie Defay – Espace ITSS
Date de publication
24 janvier 2019