Prophylaxie préexposition : de nouvelles données confirment son efficacité

La prophylaxie préexposition (PPrE) est la prise de médicaments antiviraux par une personne séronégative avant une exposition possible au VIH pour prévenir l’acquisition de l’infection. Cette stratégie est différente de la prophylaxie post-exposition (PPE) où un traitement est prescrit dans les heures suivant une exposition au virus dans le même but.

En 2012, le Food and Drug Administration aux États-Unis a homologué la combinaison de tenofovir et emtricitabine, sous le nom commercial Truvada™, pour usage comme PPrE et les Centres for Disease Control and Prevention en ont recommandé l’usage chez les personnes à haut risque d’acquisition du VIH. Ce médicament n’est pas homologué pour cet usage au Canada, mais peut être prescrit « hors indication » par les médecins. En 2013, la Direction générale de la santé publique du MSSS a publié un avis intérimaire sur l’usage de la PPrE au Québec.

Récemment, de nouvelles données sur l’efficacité de la PPrE ont été présentées à la Conference on retroviruses and opportunistic infections (CROI). L’étude PROUD en Angleterre a démontré que la prise quotidienne de Truvada par des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) à haut risque d’acquisition du VIH a permis de réduire de 86 % le nombre d’infections en comparaison avec un groupe témoin qui ne prenait aucun médicament. L’étude IPERGAY en France et à Montréal a démontré le même pourcentage de réduction chez des HARSAH selon un schéma de prise de médicament « à la demande » en comparant avec un bras placebo. Les participants à cette étude devaient prendre le médicament quelques heures avant les relations sexuelles et continuer à les prendre quotidiennement jusqu’à une journée après la dernière relation sexuelle.

Une troisième étude, le Partners Demonstration Project au Kenya et en Ouganda, a recruté des couples sérodifférents (où un partenaire est séropositif au VIH et l’autre séronégatif). Dans ce cas, le partenaire séronégatif prenait la PPrE jusqu’au moment où le partenaire séropositif avait atteint 6 mois de traitement contre le VIH. L’idée était d’utiliser la PPrE comme « pont » pendant cette période qui peut représenter un risque d’infection. Dans cette étude, la PPré a réduit le nombre d’infections de 96 %.

Ces données viennent confirmer l’intérêt de la PPrE comme stratégie de prévention pour les personnes à haut risque d’acquisition du VIH. Elles mettent en évidence plusieurs scénarios pour son utilisation. La PPrE est une stratégie complexe et coûteuse (environ 900 $ par mois pour le médicament). Elle ne protège pas contre les autres ITSS. Pour les cliniciens, la prescription de la PPré implique de voir le patient tous les trois mois pour effectuer des tests de dépistage du VIH et des autres ITSS, un suivi de certains effets secondaires potentiels, un counseling préventif et une aide à l’observance au traitement. Il sera important de réfléchir sur la place que prendra cette stratégie de prévention, sur les meilleurs moyens pour la déployer et sur le suivi nécessaire auprès des utilisateurs.

Rédigé par
Riyas Fadel, Service de lutte contre les ITSS, MSSS
Date de publication : 2 juin 2015