Prophylaxie antirétrovirale chez les UDI de Bangkok

Karine Blouin vous propose un article sur la prophylaxie antirétrovirale chez les UDI de Bangkok

Antiretroviral prophylaxis for HIV infection in injecting drug users in Bangkok, Thailand (the Bangkok Tenofovir Study): a randomised, double-blind, placebo-controlled phase 3 trial
La prophylaxie antirétrovirale pour l’infection par le VIH chez les usagers de drogues par injection à Bangkok, Thaïlande (Bangkok Tenofovir Study) : un essai randomisé à double insu avec groupe contrôle placebo [Traduction libre]
Choopanya K., Martin M., Suntharasamai P., et al. |  Paru en juin 2013 dans The lancet

L’organisme UNAIDS estime qu’une nouvelle infection par le VIH sur 10 est causée par l’usage de drogues par injection. En Thaïlande, la prévalence du VIH chez les personnes qui utilisent des drogues par injection (UDI) a oscillé entre 30 et 50 % jusqu’en 2009. Des interventions efficaces sont donc nécessaires pour prévenir la transmission du VIH dans cette population. La prophylaxie préexposition représente une stratégie intéressante. Cette étude est la première à examiner l’effet de la prophylaxie préexposition sur la transmission du VIH chez les personnes UDI.

Méthodologie

Les participants ont été recrutés dans 17 cliniques de traitement de la dépendance situées dans des communautés urbaines. Pour être admissibles à l’étude, les participants devaient être âgés de 20 à 60 ans, s’être injecté des drogues au cours de la dernière année et être séronégatifs pour le VIH et le VHB. Les femmes ne devaient pas être enceintes ni allaiter. Parmi les 4 094 participants évalués pour établir leur admissibilité, 1 204 ont été randomisés dans le groupe recevant la prophylaxie préexposition (300 mg tenofovir quotidiennement) et 1 207 ont reçu le placebo. Lors des visites mensuelles, les participants étaient testés pour le VIH et recevaient du counseling en réduction des méfaits. Ils étaient par ailleurs interrogés sur leur fidélité au traitement ainsi que sur l’apparition d’effets secondaires ou d’autres événements indésirables. Les comportements à risque étaient évalués tous les trois mois.

Principaux résultats

Les caractéristiques et comportements des participants étaient similaires dans les deux groupes, dont le partage de seringues et le nombre de partenaires sexuels. Une exception : le nombre de partenaires sexuels occasionnels et le nombre de partenaires masculins qui étaient plus élevés chez les hommes du groupe placebo durant les 12 dernières semaines. L’observance du traitement au tenofovir était également similaire entre les groupes et n’a pas varié dans le temps.

  • La fréquence des décès et d’événements indésirables graves n’était pas différente entre les groupes tenofovir et placebo.
  • Les participants recevant le tenofovir ont déclaré avoir davantage de nausées et de vomissements, mais la différence entre les groupes s’estompait après deux mois.
  • L’incidence du VIH était significativement plus faible dans le groupe tenofovir (0,35 par 100 personnes-années, IC95 % 0,21-0,56) que dans le groupe placebo (0,68 par 100 personnes-années, IC95 % 0,47-0,96), soit une réduction de l’incidence du VIH de 48,9 %.

Bien que la puissance statistique ne fût pas prévue pour une analyse par sous-groupes, une efficacité statistiquement significative a été observée chez les femmes et les participants de 40 ans et plus, soit deux sous-groupes pour lesquels l’observance du traitement au tenofovir était plus élevée.

Discussion

D’un point de vue de santé publique, les résultats de cette étude permettent de s’interroger sur la pertinence de l’ajout dutenofovir en prophylaxie préexposition dans le cadre de mesures de prévention. Pourrait-on ainsi éviter de nouvelles infections par le VIH chez les personnes UDI?

Rédigé par
Karine Blouin
Date de publication : 4 septembre 2013