Le leadership à l'ère des réseaux

Pourquoi un leadership différent?

La nature même d’un réseau exige une adaptation du leadership qui lui est associé, puisqu’il doit intervenir à différents niveaux autour d’une problématique donnée. Il affiche des frontières organisationnelles plus ou moins claires et son fonctionnement émerge habituellement des interactions entre ses membres plutôt que provenir d’une planification ex ante.

En plus d’être continuellement en évolution au gré des contraintes externes et de l’accumulation de connaissances qui l’influencent, le type de problématique qui intéresse un réseau est complexe et met plusieurs acteurs en situation d’interdépendance.

Affichant souvent une vision individuelle différente de ce que représente la solution optimale pour la problématique qui intéresse le réseau, chacun des acteurs ne peut contraindre les autres à agir d’une façon donnée.

Pour l’ensemble de ces raisons, l’approche de leadership mise de l’avant dans les réseaux performants doit donc faire place à un engagement envers l’égalité de chacun des acteurs et le partage du leadership.

Un leadership, ça se partage?

L’adaptation nécessaire du leadership traditionnel à la réalité d’un réseau fait en effet référence à sa distribution.

Généralement appelé leadership distribué ou leadership partagé, cette forme de leadership est caractérisée par sa propriété émergente dans le cadre d’un réseau d’acteurs interagissant ensemble, d’une ouverture des frontières du leadership et de la conviction que l’expertise autour de la problématique visée par le réseau est distribuée à travers plusieurs acteurs et non concentrée autour d’un groupe restreint.

La réalité de plus en plus complexe des problématiques du système de la santé et des services sociaux fait en sorte que l’expertise d’un leader officiel représentant une seule des nombreuses spécialités du réseau ne permet pas à un réseau d’exploiter son plein potentiel.

En effet, il est de plus en plus difficile pour le leader centralisé de prendre des décisions d’une grande efficacité alors que le monde évolue et se complexifie continuellement. Le leadership traditionnel doit donc être revu pour un contexte de gestion en réseau, où nous devrions davantage promouvoir un leadership partagé et qui se veut un effort de coopération dans une visée collective.

Un leadership réseau!

La nature d’un leadership partagé tient à une coordination dynamique. Cette approche abandonne l’idée de dépassement individuel et de méritocratie. Elle valorise plutôt la résolution de problèmes en groupe et la prise de décision concertée, permettant ainsi d’intégrer les connaissances de chacun des acteurs.

Il s’agit d’un processus de gestion collective et interdépendante qui se base sur quatre mécanismes principaux : la confiance, l’initiative, la vision commune et l’ouverture.

La confiance

La confiance est le facteur premier de toute mise en place d’un leadership partagé, puisque chaque acteur est appelé à la fois à diriger les autres et à les suivre à certains moments.

La confiance entre les acteurs en situation de leadership partagé représente ici la volonté de suivre le leadership qu’amènent les autres dans différentes périodes de réalisation des activités du réseau. Accepter le leadership d’autrui peut parfois être un changement psychologique difficile pour un leader, mais cela est possible lorsqu’un sentiment de confiance existe entre les acteurs.

L’initiative

Alors que le sentiment de confiance permet aux acteurs de répondre positivement au leadership des autres, l’initiative encourage les acteurs à fournir le leadership nécessaire selon les particularités ou la spécialité des activités à réaliser ou des décisions à prendre. L’initiative signifie que les acteurs sont prêts à prendre la barre et à guider les autres à un moment ou à un autre. Bien sûr, l’initiative ne peut naître que si un engagement clair est ressenti par les acteurs.

La vision commune

Créant des images signifiantes du futur de l’organisation pour tous les acteurs du réseau, la vision commune promeut un leadership partagé.

Les gens sont habituellement motivés par une raison d’être individuelle. Ainsi, une vision commune qui combine à la fois les objectifs organisationnels et les buts individuels pourra bénéficier de l’intégration des efforts de tous les acteurs. Autrement dit, avec une vision commune, les acteurs sont plus intéressés à agir en tant que leader pour travailler vers les objectifs partagés.

Il est à noter que cette vision commune n’est pas statique. Elle se veut en fait dynamique et collaborative et représente ce que le réseau cherche à accomplir. Il est alors important de toujours s’assurer de son actualité aux yeux des acteurs.

L’ouverture

Un leadership partagé nécessite une communication plus personnelle et intensive entre les acteurs, et ce, pour leur permettre de coopérer à long terme. Une communication ouverte sert le développement de discussions en profondeur lorsque le réseau fait face à une situation difficile ou encore lorsqu’il est placé devant une impasse et doit prendre une décision.

Qui plus est, lorsqu’un acteur ayant pris le rôle de leader commet une erreur, une communication ouverte permet d’apaiser le ressentiment ou l’incompréhension, de réduire les conflits et de stimuler le moral des acteurs.

Afin de permettre à tous les acteurs du réseau de déployer leur capacité de leadership et ainsi de s’impliquer pleinement dans le réseau, il est important que celui-ci soit propulsé par une vision commune, un sentiment de confiance, un désir d’initiative et une communication ouverte. Ces quatre éléments lui permettent de faire face à toute la complexité dans laquelle il doit naviguer.

Bref, un leadership partagé se veut un processus dynamique de rotation à travers lequel les acteurs du réseau offrent et acceptent un leadership actif permettant une coordination flexible des activités.

Date de publication : 15 février 2013