La considération de la charge virale comme stratégie de réduction des risques

Résultats du projet Mobilise!, quatrième et dernier volet

Et voici la dernière manchette sur le projet Mobilise! Le sujet qui termine l’année sur Espace ITSS concerne l’utilisation de la charge virale comme stratégie de réduction des risques par les HARSAH participant à l’étude Mobilise. Cet aspect du projet a fait l’objet d’une affiche lors du 27e Congrès annuel canadien de recherche sur le VIH/sida, Vancouver, Canada, 26 – 29 avril 2018. Et également une présentation lors de la 9ème Conférence Internationale Francophone VIH/Hépatites (AFRAVIH), Bordeaux, France, 4 au 7 avril 2018.

La considération de la charge virale, le sérotriage (choisir son partenaire selon son statut sérologique vis-à-vis du VIH) ou encore le traitement comme prévention sont moins connus des répondants à l’étude que les méthodes présentées lors de la première manchette. Respectivement 65 %, 62 % et 57 % connaissaient ces stratégies de prévention, alors qu’on était autour de 80% pour la PPE et la PrEP, et au-delà de 90 % pour les autres méthodes.

Lors de la mise en place de cette étude, on utilisait le terme charge virale indétectable, la campagne I=I ayant été bien relayée dans les milieux fréquentés par les personnes à risque de contracter le VIH. Depuis que la position ministérielle a été publiée cet automne, on utiliserait le terme charge virale inférieure à 200 copies / millilitres de sang.

Caractéristiques des répondants VIH+ (diapositive 2 et 3)

149 répondants (15%) ont rapporté avoir un statut VIH positif (VIH+)

  • Ils vivent en moyenne depuis 14 ans avec le VIH.
  • Il s’est écoulé en moyenne 3 ans entre le diagnostic et le début du traitement antirétroviral (ARV).

Les personnes VIH+ avaient un âge moyen significativement plus élevé, et étaient plus nombreuses à avoir la majorité de leur réseau social parmi la communauté gai, par rapport aux personnes VIH- ou avec un statut VIH inconnu. Ces dernières avaient un revenu plus faible et étaient plus nombreuses à être célibataire par rapport aux VIH+ et VIH-. Enfin, les personnes VIH- avaient plus fréquemment un parcours scolaire plus long que les VIH+ et celles avec un statut inconnu.

Connaissance et confiance envers la stratégie (diapositives 4 et 5)

Le statut VIH a un impact sur la connaissance et la confiance envers la considération de la charge virale comme stratégie de prévention. On a observé que 91 % des VIH+ connaissaient cette stratégie, et 86 % avaient confiance en elle. Respectivement, 63 % et 62 % connaissaient et avaient confiance en cette stratégie parmi les VIH-, et 47 % et 59 % parmi les VIH inconnu. Ces différences selon le statut sérologiques étaient beaucoup plus marquées que pour la PrEP et la PPE.

  • La principale source d’information sur la charge virale indétectable est par un professionnel de la santé ou un intervenant (53%), suivie des amis ou partenaires (43%). Les auteurs ont également constaté que parmi les personnes plus confiantes envers cette stratégie, une plus grande proportion indiquait cette source d’information (60,5 %).
  • Également une plus grande proportion de répondants confiants envers la stratégie avait effectivement eu un partenaire séropositif avec charge virale indétectable dans la dernière année (50 % contre 30 % chez les moins confiants, p<0,0001).
  • Enfin, parmi les personnes plus confiantes envers la considération de la charge virale, une plus grande proportion était aussi très confiante par rapport à l’efficacité de la PPE et la PrEP (source : https://drvaeg2pzdq9s.cloudfront.net/wp-content/uploads/2018/08/20180407_MONTEITH_S22.O4A.pdf).

Les auteurs proposent les conclusions suivantes :

  • Les professionnels de la santé et des intervenants communautaires jouent un rôle important vis à vis de la connaissance et la confiance envers cette stratégie.
  • Il reste à multiplier les efforts d’éducation communautaire pour augmenter la confiance en l’efficacité de la charge virale indétectable, la PrEP et la PPE, et ce, de manière intégrée.
  • Les HARSAH séropositifs sont bien placés pour mener des efforts d’éducation par les pairs pour optimiser l’utilisation des stratégies biomédicales de réduction des risques.

Suivi de l’infection au VIH : parcours d’accès et besoins non comblés (diapositives 6 à 8)

Pour finir, nous revenons sur les parcours d’accès aux soins et les besoins non comblés tels que décrits dans les précédentes manchettes sur le projet. On se concentre néanmoins cette fois ci sur les personnes avec un statut VIH+. Il est encourageant de constater qu’une grande proportion de personnes VIH+ a reçu une prise en charge pour le suivi de son infection (84 %), et que cette proportion est plus élevée que ceux ayant ressenti le besoin ou cherché un suivi.

On constate des barrières similaires à ce qui avait été observé pour le dépistage du VIH et des ITSS ou encore l’utilisation de la PPE ou la PrEP. Par exemple la peur d’être jugé dans l’étape de recherche du service, ou le temps long avant d’avoir un rendez-vous lors de la prise de rendez-vous ressortent tous deux, mais dans des proportions un peu plus faibles. Egalement, la question des sommes à débourser pour ces services (tout au long du parcours d’accès) ressort comme une barrière mais pour seulement 10 % des répondants, contre près de la moitié des répondants pour le dépistage, la PPE ou la PrEP.

Le besoin non comblé représente la proportion de répondants qui ont ressenti le besoin d’accéder à un service dans les 12 derniers mois, mais qui n’ont pas reçu le service. Le suivi pour le VIH est le service où la proportion de besoin non comblé est la plus faible. 58% des répondants VIH positif ont ressenti le besoin d’avoir accès à un suivi en VIH, de ceux-ci, 2% n’y ont pas eu accès (1 seule personne).

Rédigé par
Fannie DEFAY, Ludivine Veillette Bourbeau et Joanne Otis
Date de publication
27 décembre 2018