L’autotest du VIH – une stratégie supplémentaire de dépistage

Pour soutenir l’atteinte des cibles 90-90-90

En décembre 2016, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a diffusé ses orientations et lignes directrices concernant l’autotest du VIH. L’OMS recommande l’autotest du VIH comme approche supplémentaire aux services de dépistage du VIH. (1) Il pourrait contribuer à l’atteinte de la première cible de sa stratégie vers la fin de l’épidémie, à savoir que 90 % des personnes vivant avec le VIH devraient connaitre leur statut sérologique. (2) À l’instar des initiatives mondiales dans le domaine, l’INSPQ s’est positionné en 2018 pour intensifier le dépistage ciblé du VIH. L’INSPQ recommandait alors l’utilisation de nouveaux outils de dépistage, comme l’autotest du VIH. (3)

Les données rapportées par l’OMS, provenant d’études aux États-Unis, en Australie, en Chine et au Kenya, montrent entre autres que l’autotest du VIH : (4,5,6)

  • augmente le recours au dépistage du VIH chez les HARSAH ainsi que sa fréquence;
  • permet l’autonomisation des personnes;
  • augmente la probabilité de trouver de nouvelles infections;
  • élargit l’offre de service.

Ces données montrent que les effets négatifs sont peu nombreux. (4,5,6) L’autotest du VIH :

  • ne renforce pas les comportements à risque ni le nombre d’ITSS;
  • ne réduit pas le recours ou la fréquence au dépistage des ITSS;
  • ne semble pas accroître les préjudices.

Si la crainte d’une crise ou d’un traumatisme à la suite d’un résultat positif est souvent amenée dans les discussions autour de l’autotest du VIH, cela ne semble pas correspondre aux vécus des personnes dans les communautés. Les dispositifs d’intervention et les programmes de soutien en place prennent en compte ces réalités et sont disposés à soutenir émotionnellement les personnes, au besoin.

Les autotests sont des trousses de 3e génération détectant les anticorps anti-VIH. Ils s’utilisent avec de la salive ou du sang et sont offerts dans plusieurs pays, comme aux États-Unis, en France ou au Royaume-Uni. L’autotest :

  • permet à une personne d’effectuer elle-même un test de dépistage du VIH (et pas des autres ITSS), de la collecte du spécimen à l’interprétation du résultat avec ou sans supervision ;
  • est vendu en trousse avec des instructions sur la procédure et des ressources pour obtenir de l’aide ou un counseling.

L’autotest du VIH au Canada

Au Canada, le seul autotest de VIH homologué à ce jour est le VIH INSTI® Self Test de la compagnie bioLytical Laboratories. Il détecte les anticorps anti-VIH 1 et 2 et s’emploie avec une goutte de sang prélevée sur le doigt. Pour le moment, ces tests sont uniquement accessibles en ligne sur le site de la compagnie.  Son coût s’élève à environ 35 $ l’unité auquel s’ajoutent les frais d’expédition et les taxes de vente. Un projet de recherche pancanadien sera déployé ce printemps et permettra aux participants d’obtenir des autotests du VIH gratuitement. Nous vous tiendrons informés lors du lancement.

En 2019-2020, l’autotest du VIH INSTI® Self Test a fait l’objet d’un essai clinique dans trois cliniques à Toronto, Winnipeg et Montréal. Les résultats montrent que ce test est très précis (sensibilité et spécificité > 99 %), est acceptable et facile à utiliser par des personnes de divers profils et dans divers lieux. Les personnes qui utilisaient le test étaient en mesure d’interpréter le résultat du test avec un taux élevé de succès. (7)

Soutenir la personne qui utilise un autotest du VIH

La section Autotest du VIH dans la Foire aux questions Espace ITSS présente plusieurs renseignements pertinents pour des professionnel.les de santé sur le fonctionnement du test dont : sa sensibilité et sa spécificité, comment effectuer le test, la présentation des résultats, ce que la personne doit faire si le résultat est négatif ou positif, les ressources pour la personne qui effectue le test.

On y explique la période fenêtre et les mises en garde face à un résultat négatif réalisé trop tôt après une exposition à risque, pour prévenir la fausse sécurité que ce résultat pourrait causer.

On y explique qu’un résultat positif à un autotest du VIH n’est pas suffisant pour poser un diagnostic, malgré la grande précision du test. Comme pour les trousses de dépistage rapide utilisées en milieu clinique, un test en laboratoire est requis pour confirmer le résultat positif. Une personne qui fait un test à la maison pourrait donc se présenter dans votre milieu clinique pour un test de confirmation.

La personne pourrait consulter son médecin de famille, un SIDEP ou une clinique de dépistage des ITSS pour obtenir un test de confirmation. Sur le guide du test distribué au Canada, deux références sont indiquées au Québec pour la personne qui l’utilise : Info-Santé (811) et le Portail VIH/SIDA du Québec (PVSQ). Le site internet du PVSQ propose plusieurs ressources pour le dépistage du VIH et des ITSS et pour du soutien communautaire selon la région de résidence. Info-Santé pourra diriger la personne vers les ressources cliniques en fonction de ses besoins.

Accueillir une personne avec un test réactif

La spécificité de l’autotest VIH INSTI® Self Test est excellente. Très peu de gens auront un résultat positif alors qu’ils sont séronégatifs (5 sur 1000). Il demeure toutefois essentiel de faire un test de confirmation à des fins diagnostiques. Vous devrez le mentionner à la personne qui se présente avec un résultat positif à un autotest. Le test de confirmation est le test standard utilisé pour le dépistage du VIH. Si ce test est positif, l’échantillon est acheminé au Laboratoire de santé publique du Québec pour une confirmation finale.

Il importe d’accompagner la personne dans sa démarche et de respecter son rythme. Si la personne accepte d’effectuer le test de confirmation, vous pourrez évaluer ses besoins psychosociaux et lui offrir des ressources pour la soutenir durant les quelques jours où elle sera en attente de son résultat (ex : organismes communautaires ou services psychosociaux, info-santé 811, PVSQ, etc.).

La personne qui utilise l’autotest du VIH peut être une personne qui passe régulièrement des tests de dépistage des ITSS en milieu clinique. Elle peut aussi être une personne qui ne fréquente pas les milieux de soins et n’a peut-être pas reçu beaucoup d’information sur le sujet avant d’utiliser l’autotest. La personne pourrait ou non avoir un bon niveau de connaissance sur le VIH. Portez attention à ses besoins !

Ressources :

 

Le Webinaire Autotest du VIH – pistes à l’intention des professionnel-le-s de la santé a eu lieu le 6 avril 2021 12h-13h. Il s’agit d’une collaboration entre le MSSS, l’INSPQ, le PVSQ, la COCQ-SIDA et le PNMVH.

Objectifs de cette activité :

  • Connaitre la trajectoire à la suite d’un résultat positif ou négatif
  • Identifier des pistes pour l’intervention auprès d’une personne qui a obtenu un résultat positif à l’autotest VIH
  • Situer J’agis (projet de recherche de REACH et programme de distribution d’autotest du VIH) et ses impacts sur la pratique clinique

Vous pouvez revoir ce webinaire sur le site du PNMVH et consulter les présentations.

Sources

(1) OMS, L’OMS recommande l’autotest du VIH, décembre 2016. https://www.who.int/hiv/pub/vct/who-recommends-hiv-self-testing/fr/

(2) ONUSIDA, 90-90-90 : une cible ambitieuse de traitement pour aider à mettre fin à l’épidémie du sida. https://www.unaids.org/fr/resources/909090

(3) INSPQ, Optimiser le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine au Québec à l’ère des nouvelles stratégies de prévention, février 2019. https://www.inspq.qc.ca/publications/2489

(4) OMS, Lignes directrices sur l’autodépistage du VIH et la notification aux partenaires – Supplément aux lignes directrices unifiées sur les services de dépistage du VIH, décembre 2016. https://www.who.int/hiv/pub/self-testing/hiv-self-testing-guidelines/fr/

(5) Qin, Y., Han, L., Babbitt, A. et al. (2018) “Experiences Using and Organizing HIV Self-Testing”, AIDS, 32(3), 371-381. doi: 10.1097/QAD.0000000000001705

(6) Johnson, C.C., Kennedy, C., Fonner, V. et al. (2017) « Examining the effects of HIV self-testing compared to standard HIV testing services: a systematic review and meta-analysis”, Journal of the International AIDS Society, 20(1). https://doi.org/10.7448/IAS.20.1.21594

(7) Backgrounder – HIV Self-Test Clinical Trial Results, REACH 3.0, MAP Center for Urban Health solution, 16 octobre 2020.

Rédigé par
Geneviève Boily (UITSS, INSPQ) et Evelyne Fleury (DPITSS, MSSS)
Catégorie(s) ITSS
Date de publication
23 mars 2021