Attitudes des professionnels face au dépistage de routine du VIH au Royaume-Uni

Marie-Claude Drouin vous propose un article sur les attitudes des professionnels face au dépistage de routine du VIH au Royaume-Uni

Exploring staff attitudes to routine HIV testing in non-traditional settings: a qualitative study in four healthcare facilities
Une exploration des attitudes du personnel sur le dépistage de routine du VIH dans des milieux non traditionnels : une étude qualitative dans quatre centres de santé [traduction libre]
Thornton, A.C, Rayment, M., Elam, G., et al. 2012. | Paru dans Sex Transm Infect, vol. 88; 601-606

Les lignes directrices du Royaume-Uni en matière de dépistage du VIH recommandent le dépistage de routine dans les milieux de soins généraux là où la prévalence des infections diagnostiquées dépasse 2 par 100 personnes-années âgées de 15 à 59 ans.

En vue de comprendre comment le dépistage du VIH peut être intégré dans la pratique courante, l’étude présentée ici visait à décrire les attitudes et les expériences du personnel (infirmière, personnel administratif, médecins, personnel du laboratoire) quant à une offre de routine du dépistage du VIH dans des milieux de soins généraux.

Méthodologie

L’étude a eu lieu à Londres dans une salle d’urgence, une unité de soins de courte durée (acute admissions unit), une clinique externe de dermatologie et une clinique de médecine générale.

L’étude s’est déroulée en trois phases :

  1. Six groupes de discussion ont été menés auprès du personnel et des questionnaires ont été administrés aux patients et au personnel dans la phase avant l’instauration du test de routine;
  2. Le test de dépistage du VIH a été offert en routine à tous les patients âgés de 16 à 65 ans au cours de la phase durant laquelle le test de routine était en place (phase pilote);
  3. Sept groupes de discussion ont été menés après la phase pilote.

Les discussions ont été enregistrées, transcrites en verbatim, puis analysées qualitativement avec le logiciel NVIVO. L’analyse thématique inductive a été la méthode employée.

Principaux résultats

  • L’exceptionnalisme du VIH (perception de la nécessité d’une intervention spécialisée) était vu comme une barrière à l’offre et à l’acceptabilité des patients quant au test de dépistage du VIH à l’extérieur des milieux cliniques spécialisés en santé sexuelle.
  • Avant l’instauration du test de routine, le personnel était inquiet que la stigmatisation associée au VIH fasse en sorte que les patients perçoivent l’offre de test comme l’expression d’un stéréotype et entraîne des réactions négatives, mais cette perception a changé après la phase pilote.
  • L’absence de critères ciblant le dépistage était aidante pour faire accepter le test par les patients.
  • Le personnel craignait d’abord un manque d’habiletés spécifiques au VIH, mais après avoir testé l’offre de routine, le personnel s’est rendu compte qu’il était tout à fait compétent pour assurer cette offre de services.
  • Les principales barrières identifiées reposaient sur le temps, la capacité d’assurer la confidentialité ainsi que la difficulté d’annoncer un résultat positif et d’assurer un suivi clinique.
  • Le personnel des hôpitaux a suggéré que les cliniques de médecine générale seraient le meilleur milieu pour offrir un dépistage de routine. Des incitatifs financiers pour les médecins, comme il en existe pour d’autres tests de dépistage, ont été suggérés.

Discussion

Les chercheurs concluent que le personnel des milieux à l’étude supportait l’offre de routine du dépistage du VIH dans les milieux de soins hors cliniques de santé sexuelle et cliniques de soins prénataux.

Cette stratégie a le potentiel de normaliser le test, ce qui facilite par conséquent l’offre et l’acceptabilité du dépistage. Les principales barrières soulevées sont d’ordre opérationnel. Une collaboration avec les services locaux spécialisés en santé sexuelle est essentielle afin de surmonter plusieurs de ces barrières.

 

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Rédigé par
Marie-Claude Drouin
Catégorie(s) ITSS
Date de publication
28 février 2013