Actualités sur la prise en charge de l’hépatite C : des faits saillants éclairants

L’hépatite C représente un problème sanitaire pour lequel des actions concertées sont nécessaires afin de diminuer son impact sur la mortalité, sur la morbidité et sur sa transmission. Au Québec, 1 116 cas d'hépatite C sont déclarés en 2014. Parmi ceux-ci certains sont chroniques, d’autres sont aigus et ces derniers viennent augmenter le bassin de personnes infectées et appuyer l'importance de l'accès au traitement pour prévenir les complications hépatiques.

L’arrivée des nouveaux antiviraux d’action directe a amélioré de façon spectaculaire l’efficacité du traitement y compris chez les patients difficiles à traiter. De plus, les équipes médicales disposent maintenant d’outils non invasifs d’évaluation de la fibrose hépatique. Dans une perspective d’éradication du virus de l’hépatite C, il est essentiel de déployer des ressources cliniques pour améliorer l’accès au dépistage et au traitement, notamment pour une clientèle marginalisée.

Voici quelques faits saillants :

  • Entre 1996 et 2013, le nombre d’hospitalisations avec un diagnostic de VHC est passé de 537 à 3079 (Med-ECHO). Les cancers du foie associés à un diagnostic VHC ont augmenté de 1 011% (passant de 26 cas en 1996 à 289 cas en 2013).
  • Au Canada, on estime que la prévalence de la cirrhose dans la population infectée connaîtra une augmentation de 89 % entre 2013 et 2035. Aussi, la probabilité de dépister des sujets parvenus au stade de cirrhose sera de plus en plus élevée.
  • L’efficacité du traitement antiviral C s’est améliorée de façon spectaculaire. Le taux de guérison a progressé en 20 ans de moins de 10 % à 80-97 % (chez les sujets infectés par un VHC de génotype 1, majoritaire au Québec) et ce, même chez les sujets cirrhotiques. Cependant, selon un portrait de la situation de l’hépatite C au Québec entre 1990 et 2004, seulement 10 % des personnes infectées auraient bénéficié d'un traitement antiviral durant cette période.
  • Le bénéfice de la guérison est maintenant démontré avec amélioration de la survie et la diminution du risque de complications. Le bénéfice accru en 2015 du dépistage d'un sujet infecté par le VHC souligne la nécessité d'optimiser le taux de dépistage.
  • La détermination du stade de fibrose est une pierre angulaire dans l'évaluation des patients. Le développement des méthodes non invasives d’évaluation de la fibrose hépatique a considérablement simplifié la prise en charge des patients. Cependant, elles sont peu répandues au Québec de par un accès impossible ou difficile au Fibroscan® et le peu d'utilisation des biomarqueurs. Il est essentiel de s’assurer de la faisabilité d’établir des diagnostics de fibrose hors des centres spécialisés.
  • L'appropriation par les professionnels de santé du bilan standard d'évaluation d'un patient porteur du VHC et des indications thérapeutiques doit être facilitée. En effet, on constate tout à la fois des demandes de consultation auprès de centres tertiaires sur la base d'une simple sérologie positive (20 à 30% de ces sujets ont guéri spontanément et ne sont pas porteurs du virus) et des requêtes pour carcinome hépatocellulaire, parfois dépassé, chez des patients dépistés de longue date, mais perdus de vue ou non traités.

Selon l’avis de l’INESSS, l’optimisation de la prise en charge des personnes infectées par le VHC nécessite une organisation régionale des services et des soins en réseaux en coordination avec des centres spécialisés pour le traitement de l’hépatite C :

  • amorce du traitement par un médecin familier dans la prise en charge des infections virales hépatiques et au besoin, de la toxicomanie,
  • disponibilité d’un encadrement clinique suffisant pour le traitement des usagers de drogue désorganisés,
  • développement de formations spécifiques auprès des médecins, selon un modèle d’enseignement médical à distance par télémentorat,
  • création d’un réseau de cliniques spécialisées pour la prise en charge des patients atteints d’hépatite C,
  • mobilisation des équipes de soins impliqués dans le traitement du VIH ou de la dépendance aux opioïdes,
  • mise en place d’approches et d’équipes multidisciplinaires avec un accompagnement communautaire.

Au cours de l’année 2016-2017, Espace ITSS vous proposera une série de manchettes sur le sujet. La prochaine manchette de cette série présentera le Fibroscan®, un appareil qui permet de réaliser l’évaluation non invasive de la fibrose hépatique. Une seconde publication annoncera  d’ici l’automne le début d’une tournée de sensibilisation dans les régions visant à actualiser les connaissances et à soutenir le déploiement d’équipes de soins pour la prise en charge de l’hépatite C. 

Rédigé par
Nicole Marois – Unité ITSS
Publication date: 15 juillet 2016