Veille analytique en santé cognitive, décembre 2022

Pour ce numéro, l’équipe Vieillissement en santé a repéré trois études abordant l’activité physique et la participation sociale. La première étude explore la spécificité des interventions favorisant l’activité physique lorsqu’elles sont conçues pour des femmes de 50 ans et plus. La deuxième présente un cadre conceptuel pouvant aider à concevoir des villes contribuant au bien-être des personnes aînées. La dernière étude vise à mieux comprendre comment soutenir la participation sociale chez des personnes aînées habitant en logement communautaire.

Mode de vie physiquement actif

Concevoir des interventions pour favoriser l’activité physique chez des femmes de 50 ans et plus en milieu de travail

Contexte

Les programmes d’activité physique doivent être efficaces et attrayants pour différents types de clientèle. Active Women 50+ est une intervention visant à favoriser la pratique d’activité physique chez les femmes âgées de 50 ans et plus travaillant au sein des universités ou dans le réseau de la santé et des services sociaux en Australie.

Objectif de l’étude

L’objectif de l’étude visait à décrire les perspectives des participantes du projet Active Women 50+ et comprendre la façon d’optimiser la conception d’interventions d’activité physique qui s’adressent aux femmes de 50 ans et plus. À cette fin, des entrevues individuelles ont été effectuées avec 20 femmes ayant pris part au programme Active Women 50+.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Toutes les femmes ayant participé au programme ont reconnu l’importance de l’exercice physique, ainsi que les avantages physiques et psychologiques qui lui sont reliés. Bien que toutes les participantes avaient le désir d’être plus actives, certains facteurs sont ressortis comme des facilitants (ou au contraire des obstacles) à concrétiser ce désir.

  • Un fil conducteur dans les récits des participantes était la façon dont l’âge et le genre façonnaient les possibilités de faire de l’activité physique au quotidien. Les exigences de la vie liées à la carrière ou encore de la vie familiale (entre leurs enfants et leurs parents) étaient souvent imprévisibles et prioritaires, leur laissant peu de temps pour être physiquement actives.
  • Les participantes ont également soulevé une difficulté à accéder à des cours d’exercices physiques spécifiquement destinés aux personnes âgées de 50 ans et plus dans les centres sportifs, puisque ces cours étaient souvent offerts pendant les heures de travail. De façon générale, les participantes ont rapporté qu’elles se sentaient souvent exclues de « la clientèle typique » qui se retrouve habituellement dans les salles de sport, tant en raison de leur âge que leur genre.
  • Les participantes estimaient que la pratique d’activité physique était non seulement bénéfique pour leur santé physique, mais qu’elle offrait également des occasions d’interagir avec d’autres personnes ayant des intérêts similaires à elles. Ces occasions d’échange offraient, par le fait même, une motivation supplémentaire à s’engager dans une pratique d’activité physique régulière.
  • Un dernier constat qui est ressorti a été l’importance pour les participantes d’avoir une stratégie pour atteindre leurs objectifs en matière de pratique d’activité physique. En ce sens, leur participation à l’intervention Active Women 50+ a été identifiée comme « un tremplin » leur permettant d’initier la pratique d’activité physique au quotidien. Un facteur contributif important en ce sens semble avoir été la crédibilité de l’intervention, que les participantes ont jugée digne de confiance et sans biais commercial.

Limites

Bien que les participantes interrogées étaient diversifiées eu égard à leur âge, celles-ci respectaient les directives de l’OMS en matière d’activité physique. Les femmes inactives n’étaient donc pas représentées et auraient pu émettre des perspectives ou points de vue différents de ceux exprimés dans la présente étude.

Wallbank, G., Haynes, A., Tiedemann, A., Sherrington, C., & Grunseit, A. C. (2022). Designing physical activity interventions for women aged 50+: a qualitative study of participant perspectives. BMC Public Health, 22(1), 1-14.

Mode de vie physiquement actif / participation sociale

Une conception urbaine qui contribue au bien-être des personnes aînées : un exemple au Royaume-Uni

Contexte

Concevoir des villes pouvant contribuer à la santé et au bien-être est devenu une préoccupation de plus en plus partagée par les décideurs urbains, à travers l’application d’approches holistiques et multidisciplinaires. La théorie du design urbain permet d’établir un cadre pour guider les politiques de design urbain et les interventions visant à améliorer le bien-être des personnes. Si cette théorie permet d’orienter les politiques et les programmes à l’échelle régionale ou municipale, aucune tentative n’a été effectuée jusqu’à maintenant pour utiliser cette théorie pour la conception d’espaces publics locaux.

Objectif de l’étude

L’étude visait à explorer l’impact du design urbain sur le bien-être des personnes aînées fréquentant les rues commerçantes locales de la ville d’Édimbourg (Royaume-Uni). Au total, 84 personnes âgées de 63 à 96 ans ont été interrogées.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Les rues commerçantes peuvent favoriser le bien-être lorsqu’elles offrent des opportunités quotidiennes de « se sentir connecté » en soutenant différentes formes d’interaction sociale : autour d’activités sociales programmées, avec des connaissances rencontrées par hasard dans la rue, ou tout simplement via l’observation des interactions ayant lieu dans notre environnement immédiat. De façon complémentaire, ressentir un sentiment d’appartenance, d’attachement ou d’enracinement quant à ces lieux favoriserait le sentiment de bien-être chez les personnes interrogées. Ce sentiment est accentué par la perception d’une atmosphère positive et par l’esthétique du lieu (par exemple, de par l’amélioration de la propreté des rues ou l’ajout de décorations florales).

Une autre dimension du bien-être a émergé chez les participants en relation avec les problèmes d’accès et d’utilisation des rues commerçantes locales et la manière dont elles permettent de soutenir leur sentiment d’autonomie personnelle dans l’exécution des tâches quotidiennes. Ce sentiment d’autonomie est soutenu par la facilité d’accès, à pied ou en transports en commun. Il se manifeste également par la possibilité pour la majorité des participants, y compris ceux utilisant des aides à la mobilité, de faire des courses de manière autonome dans une gamme de magasins sans avoir besoin de conduire ou de compter sur d’autres personnes. En ce sens, l’environnement piétonnier peut être mieux adapté aux personnes aînées en élargissant les trottoirs ou en rééquilibrant le rapport entre l’espace destiné aux piétons et celui destiné aux véhicules. La mise à disposition de plus de sièges et l’accès aux toilettes publiques permettraient également aux personnes aînées de passer plus de temps à l’extérieur, tout en soutenant leur sentiment d’autonomie personnelle.

Limites

L’étude était basée sur un choix limité d’espaces publics locaux. Les informations tirées de cette étude peuvent être renforcées en appliquant la théorie du design urbain à différents contextes urbains et en allant chercher le point de vue de cohortes démographiques variées.

Brunelli, L., Smith, H., & Woolrych, R. (2022). A salutogenic urban design framework: the case of UK local high streets and older people. Health Promotion International, 37(5),1-17.

Participation sociale

Comment le logement communautaire peut-il favoriser la participation sociale des personnes aînées ?

Contexte

Parmi les diverses interventions qui visent à réduire l’isolement social en favorisant la participation sociale des personnes âgées, les initiatives de logement communautaire ont suscité un certain intérêt. Le logement communautaire fait référence aux initiatives de logement qui favorisent un sentiment d’appartenance à la communauté parmi les résidents. Or, il est important d’explorer s’il existe des pratiques plus efficaces que d’autres pour encourager cette participation à travers différents modèles de logement.

Objectif de l’étude

Cette étude visait à explorer comment le logement communautaire peut favoriser la participation sociale des personnes aînées qui y habitent. Une revue de la portée a été utilisée pour identifier systématiquement les études documentant la participation sociale des personnes âgées dans six modèles de logement communautaire.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Quatre pratiques ont émergé comme influençant considérablement la participation sociale des personnes aînées habitant en logement communautaire :

  • Un espace commun accessible pensé selon un design propice aux interactions sociales. Il a été signalé que l’espace commun jouait un rôle essentiel dans la promotion de la participation sociale des résidents aînés. Ces espaces offraient un endroit confortable où les résidents pouvaient se rencontrer et interagir avec les autres, cultiver l’amitié et développer un sentiment d’appartenance à la communauté.
  • La proximité des ressources physiques et sociales. Les ressources physiques comprenaient : 1) les services essentiels tels que l’épicerie et les transports en commun 2) des équipements de loisirs tels que des gymnases, des restaurants, des salons de coiffure, des centres de services et des bibliothèques. La proximité des ressources sociales fait référence soit à la présence de parents à proximité, soit à des résidents vivant à proximité les uns des autres dans une zone géographique définie. La proximité des ressources physiques et sociales aurait comme effet d’inciter les résidents, notamment ceux à mobilité réduite, à sortir et à se promener dans le quartier.
  • Des règles et des politiques flexibles qui facilitent les interactions des résidents entre eux, mais aussi avec les voisins de la communauté. L’application de règles et de politiques sur la conduite de la vie quotidienne influencerait les interactions des résidents, le personnel et les voisins de la communauté. Alors que des règles et des politiques flexibles semblaient encourager les résidents à rester actifs, des règles et des politiques rigides décourageaient leur participation. Dans les initiatives de logement avec des règles et des politiques flexibles où les résidents pouvaient choisir de participer à des activités sociales répondant à leurs besoins, les résidents ont déclaré se sentir plus encouragés à s’impliquer. La flexibilité faisait également référence à l’ouverture des initiatives de logement pour permettre aux résidents d’inviter les personnes du quartier à participer aux activités de la résidence. Cette pratique a été décrite comme un moyen pour les résidents de créer des liens avec les quartiers environnants et de développer un sentiment d’appartenance à la communauté dans son ensemble.
  • La création de communautés bienveillantes. Les communautés bienveillantes ont été décrites comme des lieux où les résidents se sentaient accueillis et respectés. En ce sens, les comités de résidents ont été suggérés comme un moyen utile permettant aux résidents de co-créer un environnement de vie adapté à leurs besoins et à leurs désirs. Afin de favoriser l’entraide entre les résidents, certaines initiatives de cohabitation ont également adopté un plan de coordination des soins qui permettait aux résidents de choisir un ou deux de leurs pairs résidents comme soignants en cas de besoin d’aide. Dans l’ensemble, les études ont montré que les résidents des communautés bienveillantes étaient plus disposés à essayer de nouvelles activités, à développer des amitiés et à cultiver leur sentiment d’appartenance à la communauté.

Limites

Bien qu’elle ait été soigneusement planifiée, la revue de la portée employée n’a peut-être pas permis d’identifier l’ensemble des articles pertinents. De plus, les études futures devraient explorer davantage le point de vue de différentes parties prenantes dans le développement de communautés bienveillantes afin de valider les résultats obtenus par le biais de la revue de portée.

Nguyen, T. T., & Levasseur, M. (2022). How Does Community-Based Housing Foster Social Participation in Older Adults: Importance of Well-Designed Common Space, Proximity to Resources, Flexible Rules and Policies, and Benevolent Communities. Journal of Gerontological Social Work, 1-31.


Équipe Vieillissement en santé

Annie Gauthier, conseillère scientifique spécialisée
Mathieu-Joël Gervais, conseiller scientifique spécialisé
Mathieu Maltais, conseiller scientifique spécialisé
André Tourigny, médecin-conseil, spécialiste en santé publique et médecine préventive

Avec la collaboration de :
Patrick Morency, médecin spécialiste

Sous la coordination de :
Caroline Delisle, cheffe d’unité scientifique
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en santé cognitive.