VIH : les cibles 90-90-90, où en est le Canada?

En 2016, chaque jour, 6 Canadiens ont été infectés par le VIH.

Heureusement, dans les pays développés comme le Canada, la mortalité liée au VIH est maintenant moindre qu’il y a quelques décennies. Somme toute, 63 110 Canadiens vivraient avec l’infection par le VIH (donnée de 2016).

Suite à une initiative du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida  (ONUSIDA) et de l’Organisation mondiale de la santé, l’ensemble des pays est invité à estimer l’incidence et la prévalence du VIH sur leur territoire, afin d’abord de surveiller l’épidémie, mais aussi pour guider les programmes de prévention et contrôle. L’objectif mondial est le suivant, d’ici 2020 :

  • 90% des personnes vivant avec l’infection par le VIH connaîtront leur statut;
  • 90% des personnes infectées qui connaissent leur statut suivront un traitement antirétroviral;
  • 90% des personnes sous thérapie antirétrovirale auront une charge virale indétectable.

Dans le but d’éradiquer la menace de santé publique que cause le sida d’ici 2030.

Le Canada appuie ces cibles et mise sur l’instauration de programmes et d’interventions afin de les atteindre. Dans son plus récent rapport, l’Agence de la santé publique du Canada révélait les estimations de l’incidence et la prévalence du VIH au pays et les progrès réalisés pour atteindre les cibles 90-90-90. Ainsi, au Canada en 2016, il a été estimé que :

  • 86% des personnes vivant avec l’infection par le VIH avaient reçu un diagnostic;
  • 81% des personnes ayant reçu un diagnostic d’infection par le VIH suivaient un traitement;
  • 91% des personnes traitées avaient une charge virale indétectable.

On estime que 2165 nouvelles personnes ont été infectées par le VIH en 2016. De ce nombre, plus de la moitié (52,5%) seraient conséquentes à des rapports entre hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH). Pourtant, les HARSAH représentent tout au plus 3% des hommes adultes canadiens. 11,3% des cas d’infection seraient attribués à l’utilisation de drogue par injection (UDI), tandis que le même nombre (11,3%) a été recensé chez les Autochtones. Sachant que cette population représente 4,9% de tous les Canadiens : il apparait clairement que la proportion de cas d’infection par le VIH chez les Autochtones est surreprésentée. Ces renseignements et estimations quant aux populations vulnérables à l’infection par le VIH doivent être utilisés pour orienter les stratégies de lutte au VIH au pays dans l’optique d’atteindre les cibles 90-90-90.

Connaître son statut

La première cible n’est pas encore atteinte ; 86% des personnes vivant avec l’infection par le VIH ont reçu un diagnostic au pays, ce qui signifie que près de 9000 personnes au Canada ne savent pas qu’elles sont séropositives. Les interventions de lutte contre le VIH doivent permettre de rejoindre les populations plus vulnérables. Tel que le stipule le rapport de l’Agence de la santé publique du Canada, la prévalence accrue de l’infection par le VIH chez certaines populations (HARSAH, Autochtones, UDI et personnes originaires de pays endémique) suggère l’importance à accorder aux programmes permettant aux usagers d’accéder à des tests de dépistage ou détection du VIH afin qu’ils soient culturellement adaptés, en tenant compte des particularités de ces groupes. Par contre, comme 20% des nouvelles infections par le VIH tiennent leur origine de relations hétérosexuelles chez des personnes nées au Canada ou dans des pays où le VIH n’est pas endémique, l’éducation sexuelle « continue et élargie » (p.11) reste primordiale.

 

Suivre un traitement antirétroviral

Pour ce qui est de la deuxième cible : 81% des personnes qui ont reçu un diagnostic de VIH au pays suivent un traitement antirétroviral. Il s’agit de la cible la plus basse en vue d’attendre l’objectif 90. Cette tendance s’observe aussi dans les autres pays industrialisés. Pourquoi? Selon l’Agence de la santé publique du Canada, probablement parce que le traitement immédiat de toute personne au moment de l’annonce d’un diagnostic de VIH est assez récent. Comment faire pour améliorer cette cible? Elle propose entre autres : d’assurer une accessibilité aux traitements, particulièrement en termes de coûts, d’offrir aux cliniciens des outils et ressources appropriés et d’élargir l’offre en développant de nouveaux médicaments. Encore une fois, l’approche envers l’usager lors de l’annonce du diagnostic et l’invitation à suivre une thérapie médicamenteuse doit être culturellement adaptée.

 

Avoir une charge virale indétectable

La dernière cible est la seule qui est atteinte pour le moment. C’est entre autres l’efficacité du suivi auquel adhère une personne ayant obtenu un diagnostic de VIH et suivant un traitement antirétroviral au Canada qui l’explique. Par contre, toujours selon l’Agence de la santé publique du Canada, les efforts doivent continuer à être déployés pour éradiquer la stigmatisation liée au VIH, car celle-ci en plus de certains facteurs économiques, sociaux et environnementaux peut avoir un impact sur la capacité d’un usager à atteindre une charge virale indétectable.

 

Vous trouverez une infographie bien imagée avec les grandes lignes de ce rapport ici : https://www.canada.ca/content/dam/phac-aspc/documents/services/publications/diseases-conditions/hiv-vih/hiv-vih-fra.pdf

Le 6 septembre prochain à 13h (heure de l’Est), l’Agence de la santé publique du Canada présentera un webinaire à cet effet. Cliquez ici pour vous inscrire.

 

Rédigé par
Florence Maheux-Dubuc
Date de publication
31 août 2018