SPOT : « Une place pour faire le point »

L'Institut national de santé publique du Québec recommande aux HARSAH qui sont sexuellement actifs de se faire dépister à tous les 3 à 6 mois. Plusieurs obstacles peuvent faire en sorte que les individus ne se font pas dépister ou ne retournent pas chercher leurs résultats.

SPOT est un projet de recherche-intervention visant à améliorer l'accès au dépistage auprès des HARSAH moins enclins à utiliser les services de dépistage et de santé existants.

Situer la différence

Sous le slogan « Une place pour faire le point », SPOT offre un dépistage rapide, anonyme et gratuit du VIH aux HARSAH depuis juillet 2009.

Robert Rousseau, co-chercheur au sein du projet SPOT et directeur général de l'organisme communautaire RÉZO1explique : « Malgré des efforts importants réalisés au Québec dans l'adaptation des services pour mieux rejoindre les HARSAH et les membres d'autres minorités sexuelles, plusieurs individus provenant de ces groupes éprouvent des difficultés dans l'accès aux services de santé pour de multiples raisons. SPOT permet de répondre à certaines de ces difficultés », notamment en offrant à sa clientèle un accès gratuit et anonyme au test de dépistage rapide du VIH. De plus, les horaires sont adaptés et les hommes peuvent obtenir un rendez-vous à l’intérieur d’un délai de 4 jours suivant leur appel.

Le service est offert à même un site communautaire en plein cœur du village gai montréalais. Le comité scientifique du projet regroupe des leaders communautaires, des chercheurs, des décideurs et des cliniciens autour d'un objectif commun : diversifier les services de dépistage du VIH et prévenir de nouvelles infections.

« Avec cette recherche-intervention, nous cherchions à savoir si l'ajout du site communautaire serait une façon efficace de diversifier les services de dépistage et si le site en question nous permettrait d'attirer des profils d'individus moins enclins à aller vers les services existants » ajoute Joanne Otis, co-checheure sur le projet, professeure au département de sexologie à l'UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation à la santé (CReCES).

Des résultats éloquents

De juillet 2009 à avril 2012, 1 795 participants se sont fait dépister pour le VIH dans le cadre du projet SPOT. Parmi ces hommes, plus de 10 % n'avaient jamais été dépistés auparavant et plus de 40 % ont rapporté que leur dernier dépistage remontait à plus d'un an.

Les participants sont principalement motivés à se faire dépister parce qu'ils veulent être informés quant à leur statut VIH, parce qu'ils veulent éviter de retransmettre le virus, parce qu’ils veulent avoir recours, sans tarder, aux soins de santé advenant que leur résultat soit réactif, parce qu'ils ont pris un risque ou encore parce qu'ils ont adopté une routine de dépistage régulier.

Un projet pour mieux comprendre

La recherche menée à SPOT comprend plusieurs volets portant sur l'optimisation du counseling accompagnant le dépistage, sur l'intégration d'intervenants communautaires (responsables du counseling) à l'équipe de dépistage et sur l'implantation de l'intervention. Le projet inclut également un volet de recherche virologique visant à mieux comprendre les dynamiques de transmission du VIH dans la population.

Jusqu'à maintenant, les résultats du projet ont démontré que l'offre de dépistage du VIH dans un site communautaire est une valeur ajoutée et peut contribuer à l'optimisation des services. Marc-André Primeau, sexologue et intervenant communautaire à SPOT, explique « Aux fins de la recherche, une fois sur deux, le participant était rencontré par un tandem composé d'un infirmier (responsable du dépistage) et d'un intervenant communautaire (responsable du counseling), plutôt que par un infirmier travaillant seul. Nous voulions savoir si le tandem serait au moins aussi efficace que les services de dépistage existants, typiquement assurés par un infirmier seul. C'est la première fois au Québec que des intervenants communautaires ont été intégrés de cette façon à une équipe de dépistage. Les données du projet démontrent qu'il y a une valeur ajoutée qui découle de l'intégration de ces intervenants – c'est un atout, car le counseling est ainsi guidé par une compréhension approfondie des réalités des HARSAH. »

Dans le but de profiter des leçons tirées jusqu’à maintenant, l’ASSSM-Direction de la santé publique, le CSSS Jeanne-Mance, RÉZO et la CReCES collaborent actuellement à la pérennisation des services offerts à SPOT ainsi qu’au maintien de son site communautaire, de ses infrastructures et de son modèle de dépistage.

Une troisième phase de recherche est également envisagée, en vue d’évaluer l'efficacité d'un counseling basé sur l'approche de l'entretien motivationnel. Nous vous tiendrons au courant!

Partenaires et collaborateurs 

Centre de recherche du CHUM; Centre sida McGill; COCQ-SIDA; Clinique médicale l’Actuel; Clinique médicale du Quartier Latin; CSSS Jeanne-Mance; INSPQ; RÉZO; Université Concordia; Université Laval; UQAM; AIDES (France). 

Soutien financier 

Direction de santé publique de Montréal; Instituts de recherche en santé du Canada; ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec; Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC; Réseau sida et maladies infectieuses - Fonds de la recherche en santé du Québec.

  1. Le mandat de RÉZO est la promotion de la santé et du mieux-être auprès des hommes gais et bisexuels à Montréal.

 

 

 

Rédigé par
Thomas Haig, coordonnateur du projet SPOT à la Chaire de recherche du Canada en éducation à la santé, UQAM.
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Publication date: 23 mai 2012