L'innocuité des vaccins contre le VPH

Les vaccins que je recommande à mes patientes sont-ils sécuritaires?

Plusieurs personnes sont inquiètes des effets secondaires possibles des vaccins contre le VPH. Avec plus de 80 millions de doses distribuées dans le monde pour les deux vaccins préventifs, nous pouvons déclarer que leur profil de sécurité est excellent.

Voici des messages pertinents à communiquer à vos patients en vue de mieux distinguer les mythes de la réalité avec eux.

Les vaccins peuvent-ils donner la maladie? 

Les vaccins sont basés sur une particule des VPH, la protéine L1, et non pas sur le virus en entier. Cette protéine est en fait une reproduction d’une composante de l’enveloppe du virus. Le vaccin lui-même ne contient donc pas de virus ou de matériel génétique qui permettrait que le VPH puisse se répliquer et causer l’infection ou la maladie chez les personnes immunisées.

C’est le même principe que celui utilisé pour le vaccin de l’hépatite B où on prend seulement l’antigène de surface et non pas le virus lui-même ni son matériel génétique. De cette manière, il est assuré que le vaccin ne peut causer la maladie contre laquelle il protège.

Comment être certain que les vaccins sont sécuritaires?

Dans la majorité des pays qui ont un programme de vaccination, un système de surveillance des manifestations cliniques observées après la vaccination est en place.

Au Québec, comme dans le reste du Canada, aux États-Unis et en Europe, des systèmes de surveillance sont déjà établis depuis plusieurs années afin d’étudier s‘il y a un lien entre les effets rapportés et la vaccination. Il faut établir clairement s‘il y a un lien de causalité ou si c’est par hasard que la vaccination a précédé l’effet soupçonné.

Il serait faux d’affirmer qu’aucun effet indésirable n’a été observé à l’administration de l’un ou l’autre des vaccins disponibles contre le VPH. Voici des précisions quant à ces différents effets secondaires potentiels :

Les réactions locales : fréquentes, mais mineures

Les effets secondaires les plus souvent rapportés après l’administration du Gardasil® ou du CervarixTM sont ceux directement reliés au site d’injection, soit la rougeur, la douleur ou l’enflure. Ces effets, de courte durée, sont aussi rapportés pour pratiquement tous les vaccins. Cependant, lors de l’administration des deux vaccins contre le VPH, la fréquence de réactions locales est légèrement plus élevée que les effets observés pour certains autres vaccins  administrés dans les mêmes groupes d’âge.

Pourcentages de femmes ayant rapporté des effets locaux au moins une fois dans les sept jours suivant l’administration d’une dose du vaccin contre le VPH1

Symptômes % femmes [IC 95 %]
CervarixTM
(N = 524)
% femmes [IC 95 %]
Gardasil®
(N = 524)

Douleur

Toute douleur

92,9
[90,4; 95,0]

71,6
[67,5; 75,4]

Douleur empêchant
l’activité normale

17,4
[14,2; 20,9]

3,4
[2,0; 5,4]

Rougeur

Toute rougeur

44,3
[40,0; 48,6]

25,6
[21,9; 29,5]

Rougeur dont le diamètre est
plus grand que 50 mm

0,6
[0,1; 1,7]

0,0
[0,0; 0,7]

Enflure

Toute enflure

36,5
[32,3; 40,7]

21,8
[18,3; 25,5]

Enflure dont le diamètre est
plus grand que 50 mm

1,0
[0,3; 2,2]

0,6
[0,1; 1,7]

Les réactions systémiques : très rares 

Une réaction systémique correspond à une réaction où les symptômes sont ressentis ailleurs qu’au site d’injection (syndrome de Guillain-Barré, anaphylaxie, syndrome oculo-respiratoire, etc.). Dans le cas des vaccins contre le VPH, seuls de très rares cas d’anaphylaxie ont été rapportés2.

Les réactions systémiques rapportées par les investigateurs doivent être évaluées pour déterminer celles réellement reliées au vaccin et celles qui n’y seraient pas reliées. Les manifestations cliniques sérieuses potentiellement reliées au vaccin sont rares et leur fréquence est virtuellement identique pour les personnes vaccinées par rapport à celles qui ont reçu le placebo. De plus, en comparant les taux des manifestations cliniques rapportées aux taux déjà connus dans la population, on voit qu’il n’y a pas plus de ces manifestations systémiques sévères dans la population vaccinée par rapport à la population générale.

Les systèmes généraux de surveillance des manifestations cliniques liés à la vaccination s’appellent ESPRI au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et IMPACT à l’Agence de santé publique du Canada.

Les vaccins ont-ils des effets sur les comportements des jeunes filles?

Certaines personnes sont inquiètes que les vaccins contre le VPH donnent un faux sentiment de sécurité aux jeunes et favorisent un début plus précoce de leurs relations sexuelles ou encore qu’ils encouragent des comportements sexuels inappropriés. Pour l’instant, rien ne porte à confirmer ces craintes.

Ce type de changement dans les mœurs sexuelles n’a pas été observé avec le vaccin contre l’hépatite B, une autre ITSS pour laquelle la vaccination est recommandée. Aussi, jusqu’ici, personne ne parvient à lier la vaccination à une hausse des ITSS ou des grossesses non désirées chez les jeunes vaccinés.

Références

  1. Données tirées de Einstein, MH. Baron, M. Levin, Myron J. et al. Comparison of the immunogenicity and safety of CervarixTM and Gardasil® human papillomavirus (HPV) cervical cancer vaccines in healthy women aged 18–45 years. Landes Bioscience 2009; p. 713.
  2. Institute of medicine, Adverse Effects of Vaccines, Evidence and Causality, Report Brief, August 2011 [En ligne] www.iom.edu/Reports/2011/Adverse-Effects-of-Vaccines-Evidence-and-Causality.aspx
Date de publication
29 septembre 2011