Surveillance de l'infection à N. gonorrhoeae : les cas ont doublé de 2006 à 2013

Le nombre de cas d’infections à Neisseria gonorrhoeae augmente de façon importante depuis quelques années au Québec comme au Canada. Le contrôle des gonococcies constitue un défi de taille et une priorité en santé publique puisque cette infection est une cause importante de maladies inflammatoires pelviennes qui entraînent parfois l’infertilité, des grossesses ectopiques et des douleurs chroniques.

Les programmes de contrôle des infections gonococciques incluent la prévention, le diagnostic et le traitement des patients et de leur(s) contact(s) tandis que le Programme de surveillance des souches de Neisseria gonorrhoeaerésistantes aux antibiotiques permet d’étudier l’évolution de l’infection et son diagnostic de laboratoire ainsi que le profil de sensibilité aux antibiotiques des souches de gonocoques.

L’analyse des données de ce Programme de surveillance permet donc d’établir un portrait des infections àN. gonorrhoeae survenues au cours des dernières années au Québec avec une emphase, dans ce cas, sur les résultats de 2013.

Faits saillants du Rapport 2013 du Programme de surveillance des souches de N. gonorrhoeae

  • Le nombre de cas d’infections a N. gonorrhoeae rapportés au LSPQ a plus que doublé en 2013 (3024 cas) par rapport à 2006 (1299 cas) pour une incidence provinciale de 37,3 cas/100 000 habitants.
  • L’utilisation des TAAN augmente rapidement; la majorité (76 %) des cas ayant été détectés par ces épreuves.
  • Presque la totalité des souches de N. gonorrhoeae, soit 714/716 (99,7 %) ont été reçues au LSPQ pour étude des profils de sensibilité aux antibiotiques.
  • Douze souches (1,7 %) ont été trouvées résistantes à l’azithromycine, dont 10 isolées chez des hommes (6 de la région de Montréal et 4 de la région de la Montérégie).
  • Aucune souche résistante à la ceftriaxone ou à la céfixime n’a été observée.
  • Près de 40 % des souches (38,6 %) ont été trouvées résistantes, en 2013, à la ciprofloxacine.
  • Trente-deux souches (4,5 %) possédaient des CMI s’approchant de la valeur seuil de non sensibilité pour la céfixime (0,12 mg/L [n = 29] – 0,25 mg/L [n = 3]).
  • Une sensibilité réduite à la céfixime (0,25 mg/L) et à la ceftriaxone (0,12 – 0,25 mg/L) ont été respectivement identifiées chez 3 souches. Une seule souche a présenté une sensibilité réduite pour la céfixime et la ceftriaxone.
  • Pour la première fois en 2013, une souche avec sensibilité réduite à la céfixime a été identifiée chez une femme.
  • La proportion de souches possédant une CMI de 0,12 ou 0,25 mg/L pour la céfixime est similaire entre les femmes et les hommes; le traitement différentiel selon le sexe n’est donc pas supporté par les données québécoises.
  • Depuis 2012, des données sont disponibles au Québec pour certains antibiotiques alternatifs (ertapénème et gentamicine) en cas de résistance ou de contre-indications aux choix habituellement recommandés.
  • Les données épidémiologiques actuelles sont limitées à l’âge et au sexe des patients. Il serait souhaitable de mieux corréler les données de laboratoires aux données épidémiologiques et cliniques.
Rédigé par
Espace ITSS
Publication date: 9 janvier 2015