Dépistage des ITSS : les professionnels doivent être proactifs

Comme vous le savez, la plupart des ITSS sont asymptomatiques ou s’accompagnent de symptômes qui passent souvent inaperçus. Conséquemment, plusieurs personnes peuvent en être atteintes sans même le savoir. Par exemple, dans le cas du VIH, l’Agence de santé publique du Canada estime qu’il y aurait 18 000 personnes vivant avec le VIH au Québec, mais une sur quatre l’ignorerait.

Ces personnes, ignorant qu’elles sont atteintes d’une ITSS, ne peuvent pas adopter des stratégies pour éviter de la transmettre à leurs partenaires ni même bénéficier des soins de santé dont elles auraient besoin. Or, la plupart des ITSS peuvent être guéries. À tout le moins, leurs effets peuvent être contrôlés grâce à la médication et aux interventions médicales. Ce faisant, on prolonge l’espérance de vie et accroît la qualité de vie des personnes atteintes.

Une pratique efficace : le dépistage

Le dépistage est une pratique clinique préventive efficace qui permet de diagnostiquer une ITSS chez les personnes asymptomatiques. La détection d’une ITSS s’inscrit dans une intervention préventive qui englobe l’évaluation du risque d’ITSS, le counseling, le soutien pour le maintien ou l’adoption de comportements sexuels sécuritaires, les analyses de biologie médicale et l’intervention préventive auprès de la personne infectée et de ses partenaires.

Ainsi, le dépistage et le traitement précoces d’une ITSS réduisent le risque de complications et de transmission de l’infection. En effet, le dépistage précoce permet de rejoindre rapidement les partenaires susceptibles d’avoir été exposés à l’infection et de leur offrir les services appropriés. Bref, un diagnostic précoce des ITSS contribue à briser la chaîne de transmission et assure une meilleure qualité de vie par une prise en charge clinique précoce.

Évaluer tous les facteurs de risque

Au Québec, la stratégie de dépistage recommandée est une offre selon les facteurs de risque. Ce type d’approche évite des procédures chez les personnes ayant un faible risque d’avoir été exposées et augmente le taux de positivité chez celles ayant subi un dépistage. L’efficacité d’une telle approche se trouve toutefois réduite si les professionnels de la santé n’évaluent pas tous les facteurs de risque ou si ces facteurs ne sont pas divulgués par les patients. Dans ces cas, en effet, les personnes ciblées par l’offre de dépistage ne seront pas jointes. Qui plus est, les ITSS constituent une problématique de santé où la demande de soins demeure faible pour plusieurs raisons telles que l’absence de symptômes, la gêne et la stigmatisation.

Les professionnels de la santé doivent donc demeurer proactifs en matière d’évaluation des facteurs de risque et offrir le dépistage dès qu’ils le jugent à propos. Pour ce faire, ils doivent évaluer régulièrement les facteurs de risque de leurs patients.

Références

Blouin K, Allard P-R, Parent R, et al. Rapport intégré : épidémiologie des infections transmises sexuellement et par le sang au Québec.Québec : Institut national de santé publique du Québec, Direction des risques biologiques et de la santé au travail. 2012, 173 pages.

Drouin, M-C, Steben, M., et al. Rapport du sous-comité Facteurs de risque et ITSS à rechercher - Mise à jour des indications de dépistage.Québec : Institut national de santé publique du Québec. 2013, Document de travail, 169 pages.

Poirier, A. et Dontigny, A. L’épidémie silencieuse, les infections transmissibles sexuellement et par le sang. Quatrième rapport national sur l’état de santé de la population du Québec. Québec : Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. 2010, 73 pages.

Sous-comité Optimiser le dépistage du VIH, Comité sur les ITSS. Avis Optimiser le dépistage et le diagnostic de l’infection par le VIH au Québec. Québec : Institut national de santé publique du Québec. 2011, 170 pages.

Rédigé par
Marie-Claude Drouin
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Date de publication : 23 mai 2013