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Valorisation de la production scientifique : la démarche active de l’Institut de veille sanitaire

Depuis le début des années 1980, de nombreux scientifiques, experts en communication scientifique ou sociologues se sont penchés sur la question de la communication scientifique et ont analysé les obstacles à la diffusion des connaissances scientifiques. Ces obstacles sont aussi bien de nature structurelle que culturelle : un langage et des supports de publications très spécialisés, une difficulté à adapter la communication scientifique à des cibles variées, un manque de liaison pour faciliter les échanges entre les milieux scientifiques et les autres acteurs de la société.

À la différence des organismes de recherche, les instituts nationaux de santé publique tel que l’Institut de veille sanitaire (InVS) en France doivent communiquer auprès de cibles variées, au nombre desquelles figurent les acteurs de la santé publique, les décideurs, les professionnels de santé, la société civile. Un tel objectif est au cœur même de leur mission.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l'ouverture de l'expertise aux parties prenantes

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail est un établissement public qui a été créé le 1er juillet 2010 par la fusion de deux agences sanitaires françaises : l’Afssa – Agence française de sécurité sanitaire des aliments – et l’Afsset – Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail. En reprenant leurs missions respectives, l’Anses offre une lecture transversale des questions sanitaires et appréhende ainsi, de manière globale, les expositions auxquelles l’Homme peut être soumis, à travers ses modes de vie et de consommation ou les caractéristiques de son environnement, y compris professionnel. En santé humaine, l’Anses intervient dans trois champs : l’alimentation, l’environnement et le travail. Elle a également pour objectif d’évaluer les risques pesant sur la santé animale et végétale. Elle formule, sur la base de ses rapports scientifiques, des avis et recommandations aux pouvoirs publics.

« E-écoapprentissages, santé mentale et climat » : une chaire de recherche INSPQ sur l'application transfrontières des connaissances

La question de l’application ou du transfert de connaissances est aujourd’hui une préoccupation universelle autant de la part de la communauté scientifique que de celle des milieux de la pratique ou décisionnels(1-5). Tandis que certains déclarent « faire du transfert » en publiant leurs travaux ou disséminant des guides de pratique, d’autres praticiens (cliniciens, gestionnaires, professionnels de santé publique) tentent diversement d’intégrer l’un ou l’autre des concepts de/d’ :

  • Evidence-based medicine et « pratiques exemplaires »
  • gouvernance clinique et amélioration de la qualité des soins
  • soins intégrés
  • prise de décision partagée
  • Knowledge management
  • utilisation des résultats de recherche
  • apprentissage organisationnel
  • partage de savoirs au sein de communautés de pratique.

Le RESE : Un outil de gestion des connaissances pour l’intervention en santé environnementale

Le Réseau d’échanges en santé environnementale (RESE) est un outil professionnel mis en place par le ministère chargé de la santé en 1997, principalement pour appuyer l’action des services de terrain dans le champ de la santé environnementale (initialement les Directions régionales et départementales des affaires sanitaires et sociales, désormais les Agences régionales de santé).

Il concerne tous les professionnels du Ministère de la santé (en administration centrale ou au sein des Agences régionales de santé (ARS)), mais aussi ceux des différents établissements publics qui sont impliqués dans le dispositif de sécurité sanitaire environnementale afin de développer une culture commune et de créer les interactions nécessaires au transfert de connaissances.

Évaluation de l'observance de faire bouillir l'eau potable : principaux constats

Photo CDC PHIL

Pour les intervenants de l’équipe santé et environnement de la Direction de santé publique et de l’évaluation de Chaudière-Appalaches, le degré d’observance des avis de faire bouillir l’eau chez les citoyens concernés constitue une préoccupation importante afin de mieux apprécier l’efficacité de ce type d’intervention. Cette préoccupation est d’autant plus grande lorsque les avis de faire bouillir se prolongent.

L’émission d’un avis de faire bouillir l’eau est une intervention qui se rattache au cadre théorique entourant la communication du risque, lequel est appuyé par une littérature abondante. C’est en suivant ces fondements théoriques que cette étude examine différents facteurs potentiellement en lien avec le comportement d’observance ou de non-observance des individus. Toutefois, il faut préciser qu’elle ne vise pas à établir de lien de causalité entre ces éléments, mais plutôt à faire ressortir des facteurs importants à considérer afin d’…

Aspects éthiques de l’appréciation du risque toxicologique. Un coup d’œil personnel

En 1958, la cour fédérale américaine obligea la Food and Drug Administration (FDA) d’interdire l’ajout dans la nourriture de toute substance cancérogène. Cet arrêté est connu sous le nom de la clause Delaney du nom du parlementaire qui en a fait la promotion1 :

Aucun additif ne sera considéré sûr s’il induit le cancer chez l’humain ou chez l’animal ou encore si des tests appropriés pour l’évaluation de la sûreté d’additifs alimentaires montrent qu’il peut induire le cancer chez l’humain ou chez l’animal. (traduction libre)

Outil de vigie et surveillance des vagues de chaleur

Du 5 au 9 juillet 2010, plusieurs régions du sud-ouest du Québec ont subi un changement de circulation dans les vents en altitude, ce qui a entraîné une importante poussée d’air chaud. Les températures maximales ont atteint 30 °C ou plus pendant plusieurs jours avec des températures minimales au-dessus de 20 °C et un degré d’humidité élevé. Le Système intégré de veille et de surveillance des aléas hydrométéorologiques ou géologiques (SIDVS-AHG), un nouvel outil de vigie et surveillance, développé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), a fourni de données importantes aux intervenants de la santé publique du Québec pendant cette vague de chaleur.

Le baladeur numérique : une technologie à risque?

Il est connu depuis longtemps qu’une exposition chronique au bruit excessif est une cause de surdité, notamment chez les travailleurs. En fait, l’atteinte auditive due au bruit est le risque occupationnel le plus prévalent à travers le monde, et les réglementations en regard du bruit en milieu de travail dans les pays industrialisés permettent, jusqu’à un certain point, un contrôle. Quoique la limite d’exposition en milieu de travail au Québec soit de 90 décibels pondérés A (dBA) pour une période de 8 heures (LAeq,8h), elle se situe plus généralement dans les diverses provinces du Canada à 85 dBA.

L’exposition au bruit excessif n’est cependant pas restreinte au milieu de travail, et les activités bruyantes, notamment dans le cadre des loisirs, ont jusqu’à maintenant été beaucoup moins documentées et, par le fait même, réglementées. Dans le cadre des loisirs, les adolescents et les jeunes adultes sont certainement, par leurs activités, une population particulièrement exposée au bruit. On note entre autres les sports motorisés, les concerts de musique, la fréquentation des discothèques ou encore l’utilisation des baladeurs.

Les punaises de lit, retour vers le futur

Dès le milieu des années 1990, tant les professionnels de la santé que les spécialistes de la gestion parasitaire (ou gestionnaires de parasites) ont noté une augmentation des plaintes liées à la présence des punaises de lit dans les grandes villes à travers le monde (Hwang et al., 2005; Ter Poorten and Prose, 2005). Des infestations de punaises ont notamment été signalées dans des maisons, des immeubles à logements, des hôtels, des motels, des établissements de soins, des refuges pour sans-abri et des résidences pour étudiants et pour personnes âgées (Ter Poorten and Prose, 2005).

Bien que nous n’ayons pas de chiffres précis pour décrire l’évolution du problème à Montréal, nous disposons de quelques indices. Par exemple, en 2006, malgré une politique très bien structurée d’éradication des punaises, 219 logements sur 20 382 que gère l’Office municipal d’habitation de Montréal étaient aux prises avec un problème de punaises, alors que de septembre 2008 à septembre 2009, 1 282 logements étaient infestés (Sansregret, 2009). Selon les chiffres provenant d’un gestionnaire de parasites, le nombre de cas d’infestations de punaises de lit à Montréal a augmenté par un facteur de 40 entre 2005 et 2009. Ces données suggèrent que l’épidémie est bien réelle et semble évoluer de manière incontrôlée à Montréal et possiblement dans d’autres municipalités du Québec.

La promotion des avertisseurs de monoxyde de carbone au Québec : état de situation et perspectives d’intervention

La présence de monoxyde de carbone (CO) dans l’environnement domestique est à l’origine de plusieurs cas d’intoxications et de décès chaque année au Québec (CAPQ 2006, Prévost 2006). L’incidence réelle des intoxications au CO est toutefois inconnue puisque plusieurs expositions à de faibles concentrations se manifestent par des symptômes peu spécifiques qui ne conduisent pas nécessairement à une visite médicale (Abelsohn et al. 2002).

Le ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec les directions de santé publique, réalise de nombreuses activités de sensibilisation et d’éducation auprès du public afin de mieux faire connaître les dangers associés au CO. Ces activités portent notamment sur la promotion de l’utilisation des avertisseurs de CO comme mesure de protection, appareils dont l’efficacité pour réduire la gravité des intoxications et la mortalité a été montrée (Brisson et al. 2005).

Il existe peu de données précises sur la présence de sources potentielles d’intoxication au CO dans les habitations québécoises et sur la proportion d’entre elles qui sont pourvues d’un avertisseur. Les seules qui soient disponibles à ce jour concernent les régions de Montréal et de la Montérégie (Palmieri 2007, DSP de la Montérégie [données non publiées]).

Le présent article résume une étude (à paraître cet automne) qui vise à combler cette lacune en fournissant des données de base pour l’ensemble du Québec qui permettront de mieux cerner la situation actuelle, de la suivre au cours des prochaines années et de mesurer les résultats concrets des efforts de promotion.