9 février 2011

Le RESE : Un outil de gestion des connaissances pour l’intervention en santé environnementale

Article

De gauche à droite : Nathalie Guillat, Hélène Rival, Philippe Chappé, Stéphanie Baud

 

Le Réseau d’échanges en santé environnementale (RESE) est un outil professionnel mis en place par le ministère chargé de la santé en 1997, principalement pour appuyer l’action des services de terrain dans le champ de la santé environnementale (initialement les Directions régionales et départementales des affaires sanitaires et sociales, désormais les Agences régionales de santé).

Il concerne tous les professionnels du Ministère de la santé (en administration centrale ou au sein des Agences régionales de santé (ARS)), mais aussi ceux des différents établissements publics qui sont impliqués dans le dispositif de sécurité sanitaire environnementale afin de développer une culture commune et de créer les interactions nécessaires au transfert de connaissances.

Le projet d’un réseau d’échanges en santé environnementale

Le projet de créer une structure d’échange entre ces professionnels a émergé en 1995. À l’époque, le principe de créer un bulletin institutionnel de liaison en Santé-Environnement (à l'exemple du BISE québécois) avait été acté. En 1997, au moment où la démarche se concrétisait, il a été décidé que le support de l’échange entre services ne serait pas un bulletin papier mais les nouveaux outils de communication dont se dotait le ministère : messagerie électronique et intranet.

Les objectifs du RESE

Les objectifs du RESE ne se limitent pas à la communication d’informations mais constituent une véritable démarche de gestion des connaissances :

  • Mutualisation : le partage des expériences et la mise à disposition des travaux effectués par chacun constituent des apports essentiels pour améliorer la qualité et l’efficacité de l’action de terrain.
  • Pilotage : la diffusion d’éléments de doctrine et de documents de référence, la mise en ligne de tableaux de bords et d’indicateurs contribuent efficacement à la mise en œuvre des priorités.
  • Valorisation des travaux : la présentation des travaux réalisés permet de dynamiser la mise en œuvre des actions et d’assurer la rétro-information des fournisseurs de données.
  • Construction d’une culture professionnelle commune : la disponibilité d’un référentiel commun à l’ensemble des acteurs permet de structurer la communauté professionnelle et de faire émerger de manière pédagogique et interactive une culture homogène.
  • Accompagnement du changement : les réformes engagées conduisent à des évolutions en termes de relations institutionnelles, de modalités de travail et de métiers. La mise à disposition d’informations et de référentiels adaptés est indispensable pour accompagner les professionnels.

Les contenus professionnels et les modalités de mise à disposition

Un référentiel professionnel est bâti dans l’interactivité et la mutualisation. Il s’agit de :

  • Rassembler et actualiser un socle de données indispensables pour la mise en œuvre des missions quotidiennes : réglementation en ligne, bibliographie sur la connaissance des risques, rapports de référence, etc.
  • Constituer un répertoire méthodologique relatif aux contrôles relevant de la responsabilité du ministère chargé de la santé.
  • Contribuer à une meilleure mise à disposition des services territoriaux d'informations disponibles en administration centrale ou dans les établissements publics du ministère participant au dispositif de sécurité sanitaire environnementale. Il s’agit en particulier de mettre à disposition le plus tôt possible les éléments de doctrine ou d'intervention issus des réflexions engagées (groupes de travail, commissions d’experts, etc.).
  • Faire connaître à tous les outils élaborés et les actions conduites par les services les plus en pointe sur un domaine.
  • Éviter que chaque service perde du temps à refaire un travail déjà réalisé ailleurs (courrier type, fiches réflexes, etc.).
  • Faciliter la recherche d'informations en créant des portails vers les sites Internet constituant des lieux ressources (bases de données, sites institutionnels, etc.).
  • Assurer une meilleure diffusion de données internationales.

À noter : Si le contenu du site intègre de nombreuses informations issues de la Direction générale de la santé, il ne constitue pas le « Bulletin officiel » du ministère. De même, s'il essaie d'assurer une diffusion rapide aux intervenants locaux en santé environnementale d'informations à caractère scientifique, le RESE n'est pas un organisme d'expertise ou de veille scientifique.

Ces contenus sont mis à disposition des utilisateurs par différents moyens :

  • Actualisation quotidienne du RESE-Intranet et du RESE-Extranet
  • Diffusion hebdomadaire par messagerie de la Lettre d’information sur l’actualisation du site ;
  • Diffusion hebdomadaire d’une Veille réglementaire en santé environnementale (celle-ci peut également être adressée à des personnes ne disposant pas de droits d’accès au RESE-Extranet) ;
  • Diffusion instantanée de courriels à destination de tous ou de publics ciblés en fonction de leur catégorie ou de leur domaine d’action ;
  • Réponses aux questionnements des utilisateurs et le cas échéant relais vers les personnes compétentes ;
  • Sollicitation des experts sur les sujets émergents ;
  • Contribution à certains travaux de réflexion ou à des formations au niveau national ou local.

Une réflexion permanente est menée afin d’adapter ces modalités de diffusion aux besoins des utilisateurs et aux outils techniques disponibles.

L'ouverture vers les partenaires extérieurs

Le RESE est initialement une structure nationale d’appui aux services déconcentrés et agents du ministère impliqués dans la santé environnementale (environ 2000 agents).

Afin de satisfaire la demande de partenaires qui ne peuvent se connecter à l’Intranet et de permettre les interactions avec les professionnels impliqués (établissements publics, Institut national de la santé publique du Québec, collègues détachés dans des organismes internationaux, territoires d'outre-mer, etc.) l’essentiel du site Intranet est dupliqué sur un Extranet accessible après authentification par un nom d’utilisateur et un mot de passe. Après une phase d’expérimentation, démarrée en novembre 2002, le déploiement des accès à l’Extranet a été mis en œuvre en juin 2003 et concerne aujourd’hui environ 600 professionnels.

Par lettre circulaire du 6 novembre 2008 l’accès au RESE-Extranet a été étendu à l’ensemble des Services communaux d’hygiène et de santé (SCHS). Aujourd’hui, environ 700 intervenants locaux bénéficient ainsi d’un accès dans ce cadre.

Le fonctionnement du RESE

Comprenant quatre personnes, l’équipe d’animation du RESE est intégrée à l’ARS Languedoc-Roussillon. Elle organise la veille, la sélection, l’analyse, la vérification et la présentation des informations professionnelles utiles. Elle les hiérarchise et les organise afin de mettre à disposition des utilisateurs un référentiel professionnel actualisé. Elle anime le réseau et assure la promotion des outils disponibles et partage son savoir-faire au travers d’actions de communication. Pour l’ensemble de ces missions, elle s’appuie sur les utilisateurs.

Le RESE en chiffres

Le RESE, c’est près de 3 600 dossiers thématiques, 8 500 pages, 41 500 fichiers en téléchargement, 27 000 liens externes, un index alphabétique de 545 entrées, sur un site de 11Go. C’est aussi une base de données réglementaire avec 8 000 textes répertoriés et plus de 200 pages thématiques.

Avec en moyenne plus de 15 000 visites par mois pour la version Intranet et plus de 2 500 visites par mois pour la version Extranet, il constitue un outil de travail quotidien pour de nombreux professionnels.

La Lettre d’information sur l’actualisation du site et la Veille règlementaire sont adressées chaque semaine, par messagerie, à environ 2 000 boîtes aux lettres électroniques (BAL) fonctionnelles ou personnelles.

De l’information disponible en ligne… aux pratiques de terrain

Cette stratégie d’accompagnement continu des acteurs de terrain, en favorisant la diffusion, l’adoption et l’appropriation des connaissances ainsi qu’un retour d’information sur leur mise en pratique, permet d’influer concrètement sur l’exercice des missions en santé environnementale au quotidien (1).

Le RESE contribue ainsi pleinement à l’animation du processus de transfert des connaissances en santé environnementale.

À partir des leçons tirées de l'expérience de transfert de connaissances relatée dans votre article, quels seraient les 3 conseils que vous donneriez à quelqu'un qui voudrait reproduire votre démarche?

  1. Bien cerner le domaine couvert, la nature et les supports des connaissances à partager, le public visé;
  2. Prévoir de consacrer du temps, régulièrement, souvent et sans la durée, au transfert des connaissances proprement dit;
  3. Prévoir de consacrer du temps à l’animation, la communication et la promotion de la démarche.

Référence

  1. Emmanuelle Vaast : What goes online comes offline: knowledge management system use in a soft bureaucracy, Organization Studies 28(03): 283–306