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Surveillance des éclosions des maladies d’origine hydrique, Québec, 2005-2007

Les éclosions de maladies d’origine hydrique sont des événements qui surviennent occasionnellement et qui peuvent, dans certains cas, impliquer un nombre appréciable de personnes (p. ex. en Montérégie, 1 400 personnes impliquées en 1987). Ainsi, malgré toutes les mesures de protection existantes, nous ne sommes pas à l’abri de ces maladies.

Un des objectifs du Programme national de santé publique 2003-2012 (MSSS 2003a) est de réduire la morbidité et la mortalité reliées aux maladies d’origine hydrique. Le Plan commun de surveillance de l’état de santé de la population et de ses déterminants (MSSS 2003b) comporte à cet effet un indicateur relatif au nombre annuel d’éclosions d’origine hydrique signalées au directeur de santé publique (DSP). C’est dans ce contexte, qu’un bilan des éclosions de maladies d’origine hydrique survenues entre 2005 et 2007 a été réalisé par l’Institut national de santé publique du Québec, en collaboration avec la Table nationale de concertation en santé environnementale. Le présent article résume le contenu du rapport intitulé « Surveillance des éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec, Bilan du 1er janvier 2005 au 31 décembre 2007 ».

Épidémies de typhoïde en Guyane française : 13 ans de veille et de gestion sanitaires

La Guyane française est un département français d’Amérique de la taille du Portugal, situé au niveau de l’équateur entre le Brésil et le Suriname (anciennement Guyane néerlandaise) dont la surface est occupée à 90 % par la forêt amazonienne (voir figure 1). À 7 000 km de la métropole, le droit français ainsi que l’ensemble des directives européennes s’appliquent dans ce département d’outre-mer où 7 communes sur 22 ne sont pas accessibles par la route. Près de 15 % de la population, soit plus de 30 000 personnes, n’y ont pas accès à une eau potable distribuée par un réseau public, aussi bien en sites isolés qu’en zones urbaines. C’est aussi le dernier département français où a été enregistrée une épidémie de choléra en 19911, 2.

Figure 1. Carte de la Guyane française

Dans ce contexte très particulier, le médecin chargé de la veille et de la gestion sanitaires à la Direction de la santé et du développement social (DSDS) de la Guyane enregistre, essentiellement sur la base des données de laboratoires, les déclarations obligatoires qui concernent les cas de fièvre typhoïde (voir encadré). La cellule de veille et de gestion sanitaires réalise ensuite des enquêtes épidémiologiques et environnementales autour des cas. Cet article fait le point sur les cas groupés de fièvre typhoïde enregistrés en Guyane de 1995 à 2007 et la politique sanitaire mise en place depuis 2004 dans le domaine de la prévention des pathologies d’origine hydrique.

Manifestations allergiques associées à l’herbe à poux chez les enfants de l’île de Montréal

Le pollen de l’herbe à poux (Ambrosia sp) est responsable d’allergies chez une proportion importante de la population du Québec, en particulier celle vivant dans la région de Montréal. La rhinite, la conjonctivite et l’aggravation de l’asthme en sont les principales manifestations allergiques. La Direction de santé publique de Montréal a publié en 2008 une étude intitulée Prévalence des manifestations allergiques associées à l’herbe à poux chez les enfants de l’île de Montréal qui avait pour objectifs: de déterminer la distribution territoriale de l’herbe à poux et des manifestations allergiques qui y sont associées chez les enfants de 6 mois à 12 ans habitant l’île de Montréal; de déterminer la relation entre le degré d’infestation locale et la prévalence de ces maladies, aux niveaux individuel et populationnel; d’évaluer le rôle de la prédisposition génétique aux allergies (atopie) sur cette relation. Dans le cadre de ce projet, une cartographie de l’infestation par l’herbe à…

Fréquence des appels pour intoxications au Centre antipoison du Québec, 1989-2007

Le Centre antipoison du Québec (CAPQ) est un organisme provincial qui offre un service de réponse téléphonique, de consultation médicale spécialisée et d’analyses toxicologiques à la population et aux professionnels de la santé, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Une équipe d’infirmières et de médecins spécialisés en toxicologie dans les situations urgentes d’empoisonnement répond aux questions concernant les événements suivants : empoisonnements aigus, réels ou suspectés; exposition à des produits domestiques ou industriels, à des pesticides, des plantes, des champignons, des drogues ou des animaux venimeux; mauvaise utilisation d’un médicament; accidents de travail impliquant une exposition aiguë à un produit toxique; et enfin, demandes de renseignements concernant un produit toxique. Le CAPQ n’a pas le mandat de répondre aux questions concernant les infections, les électrocutions, les morsures d’animaux non venimeux, les allergies, les animaux empoisonnés et les intoxications chroniques.

L’objectif de cet article est de mettre à jour et de présenter de façon plus détaillée les statistiques des appels pour intoxication au CAPQ publiées en 2006 dans le « Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006 »1. Ces données provinciales agrégées seront éventuellement disponibles par région dans le portail de l’Infocentre de santé publique et mises à jour annuellement. En attendant le déploiement de cet indicateur dans le portail, les données agrégées par région sociosanitaire sont disponibles en s’adressant au premier auteur du présent article.

Alimentation locale et exposition au mercure en Amazonie brésilienne

L’exposition humaine au mercure (Hg) d’origine environnementale constitue un enjeu de santé publique depuis maintenant deux décennies en Amazonie. Les premières études menées à partir de la fin des années 1980 dans les bassins des rivières Madeira et Tapajós au Brésil suggéraient que l’utilisation de Hg dans les mines artisanales d’exploitation aurifère constituait la seule source de contamination environnementale au Hg. Toutefois, des études géochimiques subséquentes ont montré qu’en plus de l’orpaillage, le retrait de la couverture forestière occasionné par l’agriculture sur brûlis (technique traditionnelle pour cultiver la terre) rendait les sols plus vulnérables à l’érosion lors des pluies torrentielles qui s’abattent sur la région pendant plusieurs mois de l’année. Enfin, à ces sources de contamination au Hg, on reconnaît également aujourd’hui l’apport de la mise en eau de grandes surfaces de terres pour la construction de réservoirs d’eau à des fins hydroélectriques.

Une fois rendu dans le milieu aquatique, le Hg subit des transformations chimiques qui le convertissent en méthylmercure (voir encadré 1). Les racines des plantes aquatiques, qui sont très abondantes dans les lacs et les rivières de la région, constituent un lieu propice pour cette transformation. Le méthylmercure ainsi formé entre dans la chaîne trophique pour ensuite être assimilé par les poissons herbivores, puis par les espèces piscivores.

Évaluation quantitative des adduits à l’ADN dans des cellules endobuccales par immunofluorescence et de la mutagénicité urinaire par le test d’Ames

Différents secteurs industriels dans lesquels l’exposition aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) est importante, comme les fonderies, les cokeries, l’industrie de production de l’aluminium, font partie des activités classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

De nombreux travaux portant sur le risque génotoxique de populations exposées ont été réalisés dans ces secteurs d’activité professionnelle. Cependant, ces études concernent des situations très différentes pour les niveaux d’exposition, les multi-expositions aux HAP et les co-expositions avec d’autres produits (cokeries, fonderies, industrie de l’aluminium). Les biomarqueurs étudiés sont généralement assez variés : métabolites urinaires (1-hydroxypyrène: 1-OHP, 3-hydroxybenzo[ a]pyrène : 3-OHBaP), adduits détectés par post-marquage, adduits spécifiques benzo[a]pyrène-(trans)-7,8-dihydrodiol-9,10-époxide (BPDE), anomalies chromosomiques, échanges de chromatides soeurs, micronoyaux. Enfin, différents polymorphismes de gènes impliqués dans le métabolisme des HAP sont étudiés, notamment le cytochrome P450 1A1 et la glutathion S- transférase (Pavanello et Clonfero, 2000).

HAP : méthodes d’échantillonnage et d’analyse en surveillance biologique de l’exposition

L’intérêt croissant des hygiénistes industriels pour la surveillance biologique de l’exposition aux HAP a conduit le laboratoire à développer deux outils destinés à encourager et à faciliter sa mise en oeuvre. Le premier, destiné au chimiste analyste, consiste en l’utilisation de la technique de chromatographie multidimensionnelle séquencée. Cette technique permet le traitement en ligne de l’échantillon avec suppression des diverses opérations fastidieuses, élution, concentration, re-dissolution des extraits, etc., inhérentes aux techniques classiques d’extraction liquide-liquide ou d’extraction sur phase solide (SPE) réalisées généralement en mode «off-line».

Cinétiques de formation et de réparation des adduits de l’ADN du benzo[a]pyrène

Du fait de la cancérogénicité de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) (Boffetta et al., 1997; Mastrangelo et al., 1996; Straif et al., 2005), comme le benzo[a]pyrène (B[a]P) classé dans le groupe 1 du CIRC en 2005 (Straif et al., 2005), il apparaît primordial d’évaluer l’exposition des individus à ces substances. La surveillance biologique de l’exposition aux HAP est classiquement réalisée par la mesure du 1-hydroxypyrène urinaire, métabolite majoritaire du pyrène. Toutefois le pyrène n’est pas un HAP cancérigène et il s’agit désormais de développer de nouveaux biomarqueurs d’exposition spécifiques des HAP cancérigènes. Parmi eux, les adduits de l’ADN du B[a]P semblent particulièrement intéressants puisqu’ils représentent la dose efficace au plus près du site d’action toxique des HAP. Le B[a]P exerce son action toxique après métabolisation, laquelle comprend trois voies principales. La première implique les cytochromes P450 qui conduisent à la formation du BPDE. Ce diol-époxyde est capable de se lier à l’ADN pour former majoritairement des adduits stables sur les groupements exocycliques de la 2’-désoxyguanosine (dGuo) et de la 2’-désoxyadénosine (dAdo). La seconde voie de métabolisation correspond à une oxydation mono-électronique du B[a]P par des péroxydases et les cytochromes P450 formant des radicaux cations du B[a]P. Ces radicaux entraînent la formation de différents adduits et principalement en positions C8 de la guanine (Gua) et N7 de la Gua et de l’adénine (Ade). La dernière voie consiste en une oxydation de dihydrodiols du B[a]P en catéchols par des dihydrodiols déshydrogénases. Ces catéchols sont convertis en quinones du B[a]P qui peuvent générer des cycles d’oxydoréductions et conduire à la formation d’espèces réactives de l’oxygène. La formation des adduits de l’ADN du B[a]P semble résulter principalement des voies de métabolisation du BPDE et du radical cation. Nous avons donc choisi d’étudier les adduits issus de ces deux voies métaboliques simultanément.

Contribution de la cytogénétique à l’étude de la génotoxicité des HAP

Depuis les années 1970, la cytogénétique contribue à la compréhension des mécanismes de génotoxicité de divers composés chimiques en fournissant divers tests, dont plusieurs sont standardisés, tels que les tests des aberrations chromosomiques, des échanges entre chromatides- soeurs et des micronoyaux. Raffinés avec les années, ces tests se couplent maintenant avec l’hybridation in situ en fluorescence, augmentant par le fait même leur sensibilité. Ainsi, la cytogénétique est très utilisée pour faire le suivi de populations exposées aux HAP et les études in vitro en cours permettent de mieux comprendre les mécanismes menant à cette génotoxicité chez l’humain.

Une revue de la littérature des années 1980 à nos jours a été effectuée afin de dégager les études de travailleurs exposés aux HAP, ainsi que les populations exposées à l’air pollué ou habitant près d’usines émettant des HAP. Le suivi des exposés devait inclure l’utilisation d’au moins un test cytogénétique (aberrations chromosomiques, échanges entre chromatides-soeurs ou micronoyaux) et a permis de sélectionner 50 études qui ont été analysées. De plus, une synthèse des études in vitro utilisant des outils cytogénétiques et le benzo(a) pyrène comme modèle de la génotoxicité des HAP, combinée aux travaux effectués à notre laboratoire, est également présentée. Le tout est mis en relation avec les aspects moléculaires et cellulaires à la base de la manifestation des dommages cytogénotoxiques étudiés.

Biomarqueurs de génotoxicité en lien avec l’exposition aux HAP chez les femmes ménopausées de la région de Québec

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont des contaminants environnementaux ubiquitaires qui lorsque bioactivés se lient à l’ADN et ainsi peuvent initier la carcinogenèse (Xue et Warshaw sky, 2005). Des chercheurs ayant réalisé une étude cas-témoins sur le cancer du sein dans la région de Long-Island (New York) ont rapporté une association entre les niveaux d’adduits HAP-ADN mesurés dans les lymphocytes des participantes et le risque de cancer du sein (Gammon et al., 2002). Le rapport de cotes pour le cancer du sein chez les femmes appartenant au plus haut quintile de niveaux d’adduits comparativement aux femmes du premier quintile était de 1,51 (intervalle de confiance à 95 % = 1,04-2,20). Les mêmes auteurs ont procédé à une deuxième analyse de leurs données impliquant cette fois un plus grand nombre de cas et de témoins chez qui les adduits HAP-ADN avaient été mesurés (Gammon et al., 2004). Les résultats confirmaient dans une certaine mesure ceux publiés précédemment mais l’augmentation du risque était plus faible (29 % plus élevé chez les femmes montrant des niveaux détectables d’adduits versus celles chez qui des adduits n’avaient pas été détectés) et il n’y avait pas d’évidence d’une relation dose-réponse entre les quantiles. Par ailleurs, la consommation de viandes grillées ou fumées, laquelle est une source d’exposition aux HAP et aux amines hétérocycliques, a été associée au risque de cancer du sein dans cette même étude (Steck et al., 2007).

Nous avons réalisé une étude pilote parmi 110 femmes ménopausées de la région de Québec, en bonne santé, afin d’examiner les relations entre l’exposition aux HAP par la consommation de viandes grillées/ fumées, les adduits HAP-ADN et différents marqueurs de génotoxicité.