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Les pollens allergènes au Québec : proposition pour une prise en charge efficace de la problématique

Les pollens sont les principaux responsables de la rhinite allergique saisonnière et contribuent à l’aggravation des symptômes de l’asthme. Selon l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) de 2008, le pollen aurait déclenché les symptômes de rhinite allergique chez 76 % des personnes allergiques au cours des 12 mois précédents. La prévalence de ce type de rhinite semble être en constante augmentation depuis les dernières décennies, et ce, à l’échelle mondiale, notamment en raison de l’impact des changements climatiques sur les espèces végétales. Les principaux effets observés sur les plantes allergènes sont : l’allongement de la saison de croissance, l’augmentation de la production de pollen par les plantes et l’augmentation de l’allergénicité du pollen. La figure 1 résume les liens entre les changements climatiques et les allergies saisonnières.

Projet herbe à poux 2007-2010 Phase I

La rhinite allergique est fréquemment présente dans la population québécoise, puisque cette pathologie a une prévalence de 17 %. Les pollens en sont les principaux agents étiologiques. Parmi les végétaux relarguant des aéroallergènes (arbres, graminées et mauvaises herbes), l’herbe à poux produit le pollen ayant un des plus forts potentiels allergéniques, essentiellement dû à la protéine Amb a 1.

En 2008, à l’échelle provinciale, environ une personne sur dix (9 %) a reçu un diagnostic d’allergie au pollen de l’herbe à poux. Les effets sur la santé de l’herbe à poux se manifestent principalement par des éternuements et des picotements des yeux et du nez. L’allergie au pollen de l’herbe à poux peut également exacerber l’asthme chez les personnes prédisposées. Les différents symptômes peuvent devenir incommodants et altérer, de façon parfois importante, la qualité de vie des personnes touchées (troubles du sommeil, perturbation des activités quotidiennes et difficultés à travailler, par exemple).

L’ensemble de ces effets engendre des coûts associés aux frais médicaux, à la perte de productivité et à d’autres frais divers, estimés - en 2005 - entre 156 et 234 millions de dollars pour le Québec. Compte tenu des répercussions des changements climatiques, la distribution géographique de l’herbe à poux et la période de pollinisation tendent à s’accroître. Si aucun contrôle de la plante n’est effectué, la durée et l’intensité des symptômes ainsi que la prévalence de l’allergie au pollen de l’herbe à poux augmenteront inévitablement, ce qui contribuera à diminuer de façon notable la qualité de vie des personnes affectées et entraînera des coûts additionnels pour la société.

Mobiliser une communauté du sud du Québec pour contrer l’herbe à poux

Le Projet d’évaluation de l’efficacité de la mobilisation pour la lutte contre l’herbe à poux sur la qualité de vie des personnes allergiques 2007-2010 a mis en évidence que l’implication soutenue des organisations locales pour le contrôle de la plante a entraîné la diminution de la densité des plants d’herbe à poux et des concentrations de pollen dans la communauté mobilisée. Une réduction statistiquement et cliniquement significative de l’intensité des symptômes nasaux pour une personne allergique sur deux résidant dans le milieu expérimental (mobilisation intensive et intervention concertée pour le contrôle de l’herbe à poux), de même qu’une amélioration de la qualité de vie ont été observées comparativement à un milieu témoin (ville comparable, absence de mobilisation et intervention minimale non centrée sur le contrôle de l’herbe à poux). Le mode d'intervention concerté, tel qu’appliqué, s’est donc avéré efficace d'un point de vue de santé publique. Cette 1re phase de l’étude constitue une source importante de données environnementales et sanitaires collectées pendant quatre ans.

Cependant, plusieurs questions ont émergé de cette étude : quelles sont les relations entre la distribution des plants d’herbe à poux, les concentrations de pollen, les activités humaines et les manifestations allergiques? Comment en expliquer l’organisation spatiale et temporelle? Quels sont les coûts de modes d’intervention intensifs pour le contrôle efficace de l’herbe à poux ? Ces coûts sont-ils justifiés en regard des bénéfices que peut entraîner cette intervention sur la santé des personnes allergiques? Ne pas investir dans le contrôle de l’herbe à poux a-t-il des conséquences sur la santé des personnes allergiques? Quelles sont les difficultés perçues par les différents acteurs concernant la gestion de la plante et les coûts d’intervention sont-ils acceptables? Une 2e phase à l’étude était ainsi justifiée en vue d’approfondir les connaissances générées quant à la relation entre l’exposition individuelle et l’intensité des symptômes, la pertinence d’une intervention visant l’amélioration de la santé publique au plan économique et au niveau des principaux acteurs de la gestion de la plante. Elle est particulièrement pertinente dans le contexte des changements climatiques, puisque les répercussions de la hausse des températures associées à l’augmentation du CO2 découlent en un allongement de la saison pollinique et en une augmentation des émissions de pollen de l’herbe à poux au Québec.

Bilan des éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec en 2012

La surveillance des éclosions d’origine hydrique permet de dresser un bilan annuel du nombre et des caractéristiques des éclosions survenues du 1er janvier au 31 décembre 2012. Les données proviennent du jumelage de trois sources indépendantes : les signalements rapportés par les directions de santé publique (DSP), le registre « ÉCLOSIONS » provenant du fichier des maladies à déclaration obligatoire (MADO) ainsi que le registre des toxi-infections alimentaires du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). La méthodologie est présentée dans le rapport qui couvre la période 2005 à 2007 (Canuel et Lebel, 2009) et n’a pas été modifiée par la suite. Seul le questionnaire d’enquête a subi de légères modifications.

Service automatisé d’alertes téléphoniques de la Cote air santé : étude de l’observance des recommandations de santé transmises chez un groupe de patients vulnérables à la qualité de l’air

La pollution atmosphérique est associée à une diversité d’effets sur la santé, variant de symptômes respiratoires bénins à de la mortalité prématurée. Ces effets sont généralement catégorisés en deux types : les effets à court terme (aigus) et les effets à long terme (chroniques).

Les personnes vulnérables, notamment les personnes atteintes de problèmes respiratoires ou cardiovasculaires, sont plus sensibles aux variations de la qualité de l’air et peuvent ressentir certains effets associés à une exposition de courte durée aux polluants atmosphériques (Anderson et autres, 2003). Ceux-ci se traduisent généralement par l’aggravation d’une maladie chronique déjà existante et surviennent de quelques heures à quelques jours à la suite d’une élévation des concentrations ambiantes de pollution (Jacques et autres, 2005). Au Canada, il est estimé que l’exposition à court terme aux polluants atmosphériques entraînerait un excès de 1 800 décès annuellement (Judek et autres, 2004).

Considérant les effets aigus potentiels de la pollution atmosphérique sur la santé des personnes vulnérables, certains professionnels et médecins en santé environnementale suggèrent qu’elles considèrent la qualité de l’air ambiant dans la planification de leurs activités et se tiennent informées des alertes et des avis pour connaitre les moments où la qualité de l’air se détériore (Abelsohn et autres, 2002; Association pulmonaire du Canada, 2009; Shofer et autres, 2007; Watson et Sheppeard, 2005). L’idée est qu’en reconnaissant les épisodes de mauvaise qualité de l’air et les recommandations de santé associées, les personnes vulnérables puissent adopter, au moment approprié, des comportements préventifs permettant de réduire leur exposition et le risque d’apparition de symptômes.

Importance de l’exposition à l’acrylamide par l’alimentation chez des adolescents montréalais

En 2002, l’acrylamide, une substance cancérogène probable chez l’humain, a été détecté pour la première fois dans plusieurs types d’aliments cuits (EFSA, 2008). Cette substance peut se former dans les aliments d’origine végétale, en particulier les aliments riches en glucides et faibles en protéines, lors des processus de cuisson tels que la friture, la cuisson au four ou au gril et le rôtissage à des températures égales ou supérieures à 120°C (EFSA, 2008). En général, les croustilles de pommes de terre et les pommes de terre frites sont des aliments contenant de fortes teneurs en acrylamide, bien que les concentrations puissent varier considérablement d’un produit à l’autre. Becalski et al. (2003) ont observé que les concentrations d’acrylamide dans les croustilles de pommes de terre et les pommes de terre frites variaient respectivement entre 530 à 3 700 ng/g et 200 à 1 900 ng/g. Les biscuits, les céréales, le pain ainsi que d’autres aliments soumis à des températures élevées, comme les amandes grillées, sont aussi des produits susceptibles de contenir des concentrations variées d’acrylamide (Santé Canada, 2008). L’acrylamide a été également détecté dans le café, les olives noires et les pruneaux (CX/FAC, 2006).

Depuis sa détection dans différents types d’aliments, le Comité mixte FAO/OMS d’experts sur les additifs alimentaires (JECFA) a conclu que l’acrylamide constitue un risque pour la santé humaine (FAO/OMS, 2005). Des études ont donc été réalisées pour caractériser indirectement l’exposition à partir des concentrations mesurées dans les aliments. Les doses moyennes d’acrylamide dans la population générale ainsi estimées variaient de 0,3 à 0,8 μg/kg p.c.-jour (FAO/OMS, 2002).

Quel rôle pour la santé et la biodiversité dans les nouveaux objectifs de développement durable de l’ONU?

En juin 2012, le Brésil a accueilli la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (CDD), désignée sous le nom de Rio +20, soulignant ainsi le 20e anniversaire du Sommet de la Terre en 1992 à Rio. Lors de cette conférence, les délégués de Rio +20 ont adopté une déclaration commune intitulée « L'avenir que nous voulons », qui énonce les principes universels du développement durable. Bien que la déclaration finale propose des orientations pour l’élaboration de politiques visant la protection de l'environnement, l'équité sociale, la prospérité mondiale et la réduction de la pauvreté, la Conférence Rio +20 a été critiquée en raison de la faiblesse de ses engagements et du manque de pragmatisme des objectifs énoncés. Rio +20 n’a pas permis de conclure d’accords juridiquement contraignants et les États présents à la conférence n’ont adopté que des engagements volontaires en vue d'atteindre certains objectifs nationaux de développement durable. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a même avoué que « nos efforts n'ont pas été à la hauteur du défi auquel nous faisons face ».

Les négociateurs se sont tout de même entendus sur le processus d’élaboration des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD), qui donneront suite aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) pour la période post-2015. Nous nous positionnons dans le présent texte en faveur du rôle primordial de la santé mondiale au sein des nouveaux objectifs qui jettent les bases du développement international pour la période débutant en 2015. Nous voulons, par ailleurs, synthétiser l’évidence scientifique liant la santé publique à la protection de la biodiversité afin de démontrer l’importance de la santé dans les débats concernant le développement durable.

Bilan des éclosions de maladies d’origine hydrique au Québec de 2010 à 2011

Les activités de surveillance des éclosions d’origine hydrique ont permis de faire des bilans périodiques depuis 1989. Ce texte présente des statistiques issues de l’analyse des données d’éclosions des maladies d’origine hydrique de janvier 2010 à décembre 2011. Les éclosions sont colligées en jumelant trois sources de données indépendantes : les signalements reçus par les directions de santé publique (DSP), le registre « ÉCLOSIONS » du fichier des maladies à déclaration obligatoire (MADO) ainsi que le registre des toxi-infections alimentaires du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). La méthodologie utilisée est présentée dans le rapport qui couvre la période 2005 à 20071 et elle n’a pas été modifiée par la suite.

L’évaluation d’impact sur la santé en milieu municipal : l’expérience d’un développement domiciliaire

Bien que l’évaluation d’impact sur la santé (EIS) ait fait ses preuves sur la scène internationale pour anticiper les effets potentiels d’une politique ou d’un projet sur la santé et pour influencer la prise de décision, peu d’expériences en ont fait la démonstration à l’échelle québécoise. À partir de la réalisation d’une EIS portant sur un projet d’aménagement de quartier domiciliaire à Acton Vale (Québec, Canada), cet article fera la démonstration que l’EIS collaborative peut être adaptée à la scène municipale québécoise.

Pour arriver à cette fin, nous présenterons un résumé des impacts potentiels du projet sur la santé et la qualité de vie, tel que mis en lumière par l’EIS. Ensuite, par le suivi des recommandations et l’appréciation de la démarche par les autorités municipales, nous explorerons la contribution apportée par l’EIS à ce projet domiciliaire. Enfin, nous discuterons de quelques retombées pour le réseau de la santé et des conditions de réussite se dégageant de cette expérience. D’abord, nous effectuerons une brève présentation de la démarche appliquée et nous décrirons le modèle conceptuel sur lequel l’EIS s’est basée pour expliciter les impacts potentiels anticipés sur la santé et la qualité de vie des citoyens.

Peu de changements depuis 15 ans : le bilan de la qualité de l’air dans les arénas de la Mauricie et du Centre-du-Québec

Plusieurs cas d’intoxication au monoxyde de carbone (CO) et au dioxyde d’azote (NO2) ont été répertoriés dans les arénas du Québec et d’ailleurs, et ce, depuis plusieurs années. Ces intoxications sont causées principalement par le désajustement d’équipement à combustion, telle la surfaceuse, et par l’absence de détecteurs de gaz signalant le danger.

Cet article vise à décrire une démarche d’intervention réalisée par la Direction de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec auprès des gestionnaires d’arénas afin de sensibiliser ces derniers à l’importance d’avoir un programme de surveillance de la qualité de l’air dans leur établissement et d’en dégager des leçons et des perspectives nouvelles afin de réduire le nombre d’intoxications au CO et NO2 qui surviennent dans ces établissements. En premier lieu, un survol des sources de gaz toxiques et de leurs effets sur la santé est présenté ainsi que les principales mesures de prévention et de protection. Ensuite, les différentes étapes du projet sont présentées, incluant la méthodologie, suivie des principaux résultats obtenus à la suite des interventions sur le terrain. La discussion fait état d’idées à développer à la suite de ce projet.