Résultats annuels de surveillance des maladies transmises par les moustiques : 2023

Contexte

La surveillance des arbovirus transmis par les moustiques au Québec repose sur la surveillance humaine (cas humains) et/ou la surveillance animale (oiseaux, chevaux et/ou moustiques).

Les maladies transmises par les moustiques à déclaration obligatoire au Québec incluent :

  • Les infections au virus du Nil occidental (VNO)
  • Les infections aux virus de sérogroupe Californie (VSC), dont le virus du Jamestown Canyon (VJC) et le virus du Snowshoe Hare (VSSH)
  • Les arboviroses neuroinvasives causées par, entre autres, le virus de l’encéphalite équine de l’Est (VEEE), le virus de l’encéphalite équine de l’Ouest (VEEO), le virus de l’encéphalite de Saint Louis (VESL), le virus de l’encéphalite japonaise (VEJ)

Les sections suivantes présentent les résultats de la surveillance des maladies transmises par les moustiques au Québec au cours de l’année 2023.

Virus du Nil occidental

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du VNO a débuté en 2003, bien que les premiers cas humains aient été observés en 2002. Depuis, le nombre de cas humains déclarés au Québec fluctue annuellement et des pics importants de cas ont été observés en 2012 et en 2018. En dehors de ces deux années, le nombre de cas reste généralement faible (Figure 1).

Figure 1 – Nombre de cas humains d’infection par le VNO acquis au Québec et taux d’incidence, Québec, 2003 – 2023

 

 

 

Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 6 février 2023 et MSSS, population du Québec basée sur les estimations et projections démographiques.

Principaux résultats des cas humains d’infection par le VNO :

En 2023, 20 cas d’infection par le VNO ont été rapportés dans cinq régions sociosanitaires (RSS), dont 17 cas ont été acquis au Québec et les trois autres sont, soit acquis hors Québec, soit le lieu d’acquisition est inconnu (Tableau 2). Le Tableau 1 décrit les caractéristiques de l’ensemble des cas acquis au Québec.

Tableau 1 - Caractéristiques des cas humains de VNO acquis au Québec en 2023 (n=17)

CaractéristiquesValeurs
Cas humains
Dates de début de la maladiePremier cas : Mi-août
Dernier cas : Début octobre
Syndrome cliniqueSyndromes neurologiques : 13 cas (76 %)
Syndromes non-neurologiques : 2 cas (12 %)
Asymptomatiques* : 2 cas (12 %)
SexeHomme : 14 cas (82 %)
Femme : 4 cas (24 %)
Âge29** à 84 ans (âge médian de 66 ans)
Morbidité
Hospitalisation10 cas (53 %)
Admission en soins intensifs3 cas (18 %)
Mortalité
Nombre de décès1 décès*** (6 %)

* Les cas asymptomatiques sont déclarés par Héma-Québec.
** Des deux plus jeunes individus infectés par le VNO, l’un était asymptomatique tandis que l'autre présentait un syndrome neurologique.
*** Une personne de 70 ans et plus.
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 6 février 2023

Surveillance animale

Les données concernant la surveillance d’oiseaux morts ou malades proviennent du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune (CQSAS), tandis que celles relatives aux animaux domestiques sont fournies par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Principaux résultats des cas aviaires liés au VNO en 2023 :

  • Le CQSAS a testé 137 oiseaux sauvages dont 51 % ont été testés positifs pour le VNO (Figure 2).
  • Les oiseaux testés positifs pour le VNO ont été découverts dans neuf RSS.
  • Les espèces d’oiseaux les plus touchées par le VNO étaient les corneilles d’Amérique (50 %), suivies par les faucons émerillons (12 %) (Figure 2).
  • Les deux premiers oiseaux positifs pour le VNO étaient des faucons émerillons découverts dans les Laurentides et en Montérégie, déclarés en date du 21 juillet 2023 (Figure 3).
  • Les cas aviaires précèdent les cas humains (Figure 3) : les premiers cas aviaires ont été signalés en juillet. Le premier cas humain symptomatique n’a débuté ses symptômes qu’à la fin du mois d’août et la première déclaration aux autorités de santé publique n’a eu lieu qu’en début septembre. Le pic des cas signalements des cas aviaires a été atteint en août alors que celui des déclarations des cas humains n’a été atteint qu’en octobre.

Principaux résultats des cas équins liés au VNO en 2023 :

  • Deux chevaux ont été déclarés positifs pour le VNO par le MAPAQ respectivement en début du mois d’août et vers la fin du mois de septembre.
  • Un des deux chevaux est décédé.

Tableau 2 - Nombre de cas humains et cas animaux (oiseaux sauvages et chevaux) d’infection au VNO selon la RSS d’acquisition probable, Québec, 2023

RSS d'acquisition Nombre de cas humainsNombre de cas animaux
Saguenay - Lac-Saint-Jean

0

1

Mauricie-et-Centre-du-Québec

0

5

Montréal

4

17

Outaouais

0

2

Chaudière-Appalaches

0

2

Laval

2

3

Lanaudière

3

7

Laurentides

1

7

Montérégie

6

26

Cas acquis au Québec (RSS inconnue)

1*

0

Acquisition inconnue

2

0

TOTAL

20

70

* L’infection a été acquise au Québec, mais la RSS n’a pu être déterminée. 
Sources : Direction de la vigie sanitaire, MSSS. Extraction SI-GMI en date du 6 février 2024; Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune et Direction de la santé et du bien-être des animaux, MAPAQ.

Figure 2 - Nombre et espèces d’oiseaux testés positifs au VNO, Québec, 2023

 

Source : Centre québécois sur la santé des animaux sauvages – Réseau canadien pour la santé de la faune

Figure 3 - Nombre de cas humains et aviaires de VNO Québec, 2023

 

Virus du sérogroupe Californie

Surveillance humaine

Le Québec surveille les cas d’infection humaine associés aux virus du sérogroupe Californie (VSC) depuis plusieurs décennies par l’entremise de la surveillance des « encéphalites transmises par arthropodes ». Depuis la mise en vigueur du nouveau Règlement d’application de la Loi sur la santé publique le 17 octobre 2019, toutes les infections par les VSC sont à déclaration obligatoire par les laboratoires. Les virus Jamestown Canyon (VJC) et Snowshoe Hare (VSSH) sont les VSC les plus fréquemment observés au Québec.

Principaux résultats des cas humains liés aux VSC en 2023 :

Moins de cinq cas d’infection aux VSC ont été déclarés dont la majorité était des cas probables. La plupart ont été acquis au Québec sauf un, qui avait une origine d’acquisition inconnue. Pour les cas acquis localement :

  • Ils provenaient des RSS de la Capitale-Nationale et de l’Estrie.
  • Le premier cas débutait sa maladie vers mi-avril et le dernier vers fin août.
  • La quasi-totalité des cas, toutes des femmes et dont l’âge médian était de 68 ans, étaient associés au VJC et présentaient des syndromes neurologiques.
  • La majorité des cas étaient hospitalisés, mais aucun n’a été admis en soins intensifs.
  • Aucun décès lié aux VSC n’a été rapporté.

Surveillance animale

Aucune donnée disponible pour 2023.

Arboviroses neuroinvasives transmises par les moustiques

Surveillance humaine

Les arboviroses neuroinvasives sont à déclaration obligatoire au Québec. Celles transmises par les moustiques incluent, entre autres, le VEEE, le virus de l’encéphalite équine de l’Ouest (VEEO), le virus de l’encéphalite de Saint Louis (VESL) et le virus de l’encéphalite japonaise (VEJ). Ces dernières doivent être déclarées obligatoirement si et seulement si elles sont associées à une atteinte du système nerveux. Certaines de ces infections ne sont acquises qu’à l’étranger, alors que d’autres sont très rares.

En 2023, le VEEE retient notre attention. En effet, bien qu’aucun cas humain n’ait été déclaré au Québec à ce jour et qu’environ une cinquantaine de demandes de test de diagnostic soient soumises annuellement au LSPQ, le principal vecteur, Culiseta melanura, y est présent principalement autour des marécages. Comme il se nourrit presque exclusivement de sang d’oiseaux, l’infection chez l’humain est généralement très rare. Toutefois, il y a eu une éclosion importante de cas humains aux États-Unis en 2019, avec 38 cas déclarés et une moyenne de 11 cas annuellement.

Surveillance animale

Quelques cas animaux de VEEE ont été déclarés par le MAPAQ et le CQSAS. En effet, le CQSAS a exceptionnellement procédé à des tests PCR, en 2023, en raison de signes suggestifs de l’infection par le VEEE chez quelques animaux sauvages. Voici les résultats :

Du côté du MAPAQ :

  • Deux chevaux testés positifs, l’un en Montérégie et l’autre dans les Laurentides. L’un des chevaux est décédé tandis que l’autre a été euthanasié.

Du côté du CQSAS :

  • Un cerf testé positif retrouvé dans les Laurentides le 13 octobre 2023.
  • Un oiseau sauvage testé positif retrouvé en Montérégie le 4 novembre 2023.

En 2023, plusieurs cas équins de VEEE ont eu lieu dans des écuries de l’est de l’Ontario et au nord de l'État de New York à proximité de la frontière québécoise. Au moins 3 écuries près d’Ottawa ont été touchées et une dizaine de mortalités ont été observées. Les chevaux infectés n'étaient pas vaccinés.

Autrices et auteur

Miarisoa Rindra Rakotoarinia, conseillère scientifique
Najwa Ouhoummane, conseillère scientifique spécialisée
Ariane Adam-Poupart, conseillère scientifique spécialisée
Alejandra Irace-Cima, médecin-conseil
Direction des risques biologiques
Institut national de santé publique du Québec

Christian Therrien, spécialiste clinique en biologie médicale
Laboratoire de santé publique du Québec

Collaborateur

Karl Forest-Bérard, conseiller scientifique
Direction des affaires publiques, communications et transfert des connaissances
Institut national de santé publique du Québec

Réviseure

Cassi Bergeron-Caron, conseillère scientifique
Direction des risques biologiques
Institut national de santé publique du Québec

La réviseure a été conviée à apporter des commentaires sur la version préfinale de ce document et en conséquence, n’en a pas révisé ni endossé le contenu final.

Les auteurs ainsi que la réviseure ont dûment rempli leurs déclarations d’intérêts et aucune situation à risque de conflits d’intérêts réels, apparents ou potentiels n’a été relevée.

Remerciements

Sincères remerciements à Olivia Jerczynski et Stéphanie Jodoin (MSSS), Stéphane Lair (CQSAS), Gabrielle Dimitri-Masson (MAPAQ), Kirsten Crandall et Camille Guillot (INSPQ) et le Groupe d’experts sur les maladies transmises par les moustiques de l’INSPQ.

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