La consommation de cannabis et d’autres substances psychoactives chez les jeunes de 18 à 24 ans qui fréquentent les centres d’éducation des adultes : principaux constats

Ces résultats sont tirés d’une étude qui décrit la consommation de cannabis et d’autres substances psychoactives, telles que l’alcool, les substances illégales et les médicaments à des fins non médicales, chez les élèves fréquentant des centres d’éducation des adultes. Elle documente aussi leur perception face à la consommation de ces substances. 

En octobre 2022, 792 élèves de différentes régions administratives ont rempli un questionnaire électronique. Les données ont été comparées à celles obtenues auprès des Québécois de 18 à 24 ans dans les enquêtes de l’Institut de la statistique du Québec. 

Cette page s’adresse principalement aux décideurs, conseillers et intervenants impliqués dans la prévention des problèmes liés à l’usage de ces substances dans ces centres.

À retenir pour l’intervention 

  • Les pratiques de consommation de cannabis chez certains élèves de 18 à 24 ans se distinguent de celles des Québécois du même groupe d’âge et peuvent constituer un enjeu pour leur santé et leur réussite scolaire. 
  • Les interventions en lien avec le cannabis devraient chercher à sensibiliser les plus jeunes (c.-à-d., les élèves de moins de 21 ans) sur l’initiation au cannabis, la pratique du vapotage de cannabis, la source d’approvisionnement, et la consommation combinée de cannabis avec du tabac ou de la nicotine. 
  • L’autotraitement au cannabis et le mésusage de médicaments chez certains élèves nécessitent d’être approfondis dans le cadre d’autres études.

Pour connaître tous les résultats de l’étude, consulter le rapport complet.

Des perceptions plus conservatrices à l’égard de la consommation occasionnelle de cannabis

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, les élèves ont une perception plus faible de l’acceptabilité sociale de la consommation occasionnelle de cannabis (tout à fait ou plutôt acceptable : 64 % contre 74 %).

Figure 1 - Perception de l’acceptabilité sociale de consommer occasionnellement du cannabis

 

Les élèves ont une perception comparable à celle des Québécois de 18 à 24 ans des effets néfastes du cannabis sur certaines fonctions cognitives, dont la mémoire (67 % contre 67 %), la prise de décision (63 % contre 67 %), l’attention (58 % contre 66 %) et la concentration (56 % contre 60 %).

 Figure 2 - Perception des effets du cannabis sur certaines fonctions cognitives

 

Cependant, les élèves ont une perception plus faible que les Québécois du même groupe d’âge des effets bénéfiques du cannabis sur la régulation de certains processus psychologiques, dont l’humeur (39 % contre 51 %), la créativité (38 % contre 52 %), l’anxiété (36 % contre 47 %) et la gêne ou l’inhibition (30 % contre 43 %).

Figure 3 -  Perception des effets du cannabis sur certains processus psychologiques

 

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, les élèves ont une perception plus grande du risque pour la santé (mentale ou physique) qui est associé à la consommation occasionnelle de cannabis (modéré ou élevé : 45 % contre 27 %).

Figure 4 - Perception du risque pour la santé de consommer occasionnellement du cannabis

 

Une prévalence comparable de la consommation de cannabis, mais des pratiques de consommation de cannabis potentiellement plus néfastes

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, une proportion semblable d’élèves ont consommé du cannabis au cours des 12 mois précédant l’étude (35 % contre 37 %). Parmi les consommateurs à vie, une plus grande proportion d’élèves que de Québécois de 18 à 24 ans se sont initiés au cannabis avant l’âge de 15 ans (28 % contre 18 %).

Les élèves de 18 à 20 ans sont en proportion plus nombreux que ceux de 21 à 24 ans à s’être initiés avant l’âge de 15 ans (32 % contre 20 %).

Figure 5 - Consommation de cannabis

 

Parmi les consommateurs au cours des 12 mois précédant l’étude, une plus grande proportion d’élèves que de Québécois de 18 à 24 ans ont vapoté du cannabis (62 % contre 37 %). 

Les élèves de 18 à 20 ans sont en proportion plus nombreux que ceux de 21 à 24 ans à vapoter du cannabis (71 % contre 41 %).

Certains consommateurs ont développé des pratiques de consommation qui peuvent avoir des effets néfastes sur leur santé ou sur différents aspects de leur vie. Entre autres, une plus grande proportion d’élèves que de Québécois de 18 à 24 ans ont consommé du cannabis régulièrement (44 % contre 29 %), juste avant ou pendant une journée d’étude (35 % contre 18 %), ou en combinaison avec du tabac ou de la nicotine (65 % contre 44 %). 

Les élèves de 18 à 20 ans sont en proportion plus nombreux que ceux de 21 à 24 ans à consommer du cannabis en combinaison avec du tabac ou de la nicotine (70 % contre 54 %). Également, ils sont plus nombreux en proportion à s’être approvisionnés auprès d’un fournisseur illégal (26 % contre 10 %).

Figure 6 - Méthodes et pratiques liées au cannabis consommé au cours des 12 mois précédant l’étude

 

La pandémie de COVID-19 semble avoir nui à la santé mentale de certains élèves et peut avoir créé une situation propice à la consommation de cannabis 

Au moment de l’étude (c.-à-d., quatre mois après la fin de l’urgence sanitaire), la majorité des élèves étaient généralement satisfaits ou très satisfaits de leur vie (67 %) et percevaient que leur santé mentale était généralement bonne ou excellente (67 %). Toutefois, près du quart (22 %) des élèves se situaient au niveau élevé sur l’échelle de détresse psychologique. 

Près de la moitié (45 %) des élèves se situant au niveau élevé sur l’échelle de détresse psychologique percevaient que cette détresse était complètement ou partiellement attribuable à la pandémie de COVID-19 (respectivement, 7 % et 38 %).

Figure 7 - Caractéristiques liées à la santé mentale

 

La détresse psychologique est définie comme le résultat d’un ensemble d’émotions négatives ressenties par les individus qui, lorsqu’elles se présentent avec persistance, peuvent donner lieu à des syndromes de dépression et d’anxiété.

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, une proportion semblable d’élèves ont déclaré avoir augmenté leur consommation de cannabis dans les 12 mois précédant l’étude en raison de cette pandémie (31 % contre 27 %). 

Les élèves ayant un niveau élevé de détresse psychologique sont plus susceptibles d'avoir augmenté leur consommation de cannabis en raison de la pandémie de COVID-19 (48 % contre 25 %).

Figure 8 - Modification de la consommation de cannabis en raison de la pandémie de COVID-19

 

Certains élèves semblent s’autotraiter au cannabis pour gérer divers symptômes ou problèmes de santé 

Parmi les consommateurs au cours des 12 mois précédant l’étude, les élèves sont en proportion plus nombreux que les Québécois de 18 à 24 ans à consommer du cannabis pour des fins médicales (seulement ou en partie : 20 % contre 10 %).

Figure 9 - Principale raison de consommation du cannabis

 

Parmi les consommateurs au cours des 12 mois précédant l’étude, une plus grande proportion d’élèves que de Québécois de 18 à 24 ans ont fait usage de cannabis pour gérer divers symptômes ou problèmes de santé : relaxer ou se détendre (87 % contre 70 %), aider avec le sommeil (57 % contre 39 %), aider avec les sentiments ou les émotions (48 % contre 28 %) et traiter un problème de santé ou pour soulager des symptômes (29 % contre 16 %). 

Les élèves de genre féminin sont proportionnellement plus nombreux que ceux de genre masculin à avoir indiqué consommer du cannabis pour aider avec les sentiments ou les émotions (54 % contre 41 %). 

La plupart (94 %) des élèves ayant indiqué consommer du cannabis pour traiter un problème de santé ou pour soulager des symptômes ont rapporté ne pas avoir un document médical les autorisant à consommer du cannabis. De même, la plupart (91 %) d’entre eux ont rapporté ne pas avoir reçu d’aide professionnelle de type traitements ou services-conseils par rapport à leur consommation de cannabis, dans les 12 mois précédant l’étude.

Figure 10 - Motifs de consommation de cannabis liés à la santé

 

Une consommation inférieure d’alcool, mais comparable de substances psychoactives illégales

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, une proportion inférieure d’élèves ont consommé de l’alcool au cours des 12 mois précédant l’étude (71 % contre 83 %). 

Les élèves de genre féminin sont en proportion plus nombreux que ceux de genre masculin à en consommer (75 % contre 67 %).

Parmi les consommateurs au cours des 12 mois précédant l’étude, la fréquence de la consommation d’alcool est également inférieure à celle des Québécois de 18 à 24 ans (au moins 1 jour/semaine : 21 % contre 38 %). Toutefois, une proportion semblable d’élèves que de Québécois de 18 à 24 ans ont consommé de l’alcool de façon excessive (31 % contre 34 %).

Figure 11 - Consommation d’alcool au cours des 12 mois précédant l’étude

 

Une consommation excessive d’alcool désigne la consommation en une même occasion d’au moins cinq verres d’alcool chez les hommes et d’au moins quatre verres d’alcool chez les femmes, et ce, au moins une fois par mois sur une période de 12 mois.

Comparativement aux Québécois de 18 à 24 ans, une proportion semblable d’élèves ont consommé des substances psychoactives illégales (10 % contre 9 %), telles que les champignons magiques, la cocaïne, la méthamphétamine et l’ecstasy.

Figure 12 - Consommation de substances psychoactives illégales au cours des 12 mois précédant l’étude

 

Une proportion non négligeable d’élèves (12 %) ont fait mésusage de médicaments, prescrits ou non pour eux (tels que des stimulants ou sédatifs d’ordonnance) ou en vente libre (tels que les antihistaminiques ou antitussifs), afin de « planer » ou être « high ». 

Les élèves de genre féminin sont plus nombreux que ceux de genre masculin à avoir consommé un médicament à des fins non médicales (14 % contre 9,4 %).

Figure 13 - Consommation de médicaments à des fins non médicales au cours des 12 mois précédant l’étude

 

Profil des élèves participant à l’étude

Figure 14 - Caractéristiques sociodémographiques

 

Méthodologie

  • L’étude a été réalisée quatre ans après la légalisation du cannabis à des fins non médicales (octobre 2018) et quatre mois après la fin de l’urgence sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 (juin 2022). 
  • Un questionnaire électronique a été rempli par les élèves de 18 à 24 ans en centre d’éducation des adultes qui étaient inscrits au programme de formation générale (cours de secondaire 1 à 5). 
  • Un total de 792 élèves (taux de réponse de 17 %) a été recruté dans 38 centres situés dans 13 régions administratives (Montréal, Capitale-Nationale, Outaouais, Lanaudière, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Laval, Chaudière-Appalaches, Centre-du-Québec, Montérégie, Laurentides, Estrie, Mauricie, Bas-Saint-Laurent). 
  • Pour le cannabis, les données comparatives proviennent de l’Enquête québécoise sur le cannabis 2022 ou autres cycles si les données étaient indisponibles. Pour les autres substances psychoactives, les données comparatives proviennent de l’Enquête québécoise sur la santé de la population 2020-2021. 

Financement 

Cette étude a été réalisée grâce au soutien financier du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et du Programme sur l’usage et les dépendances aux substances (PUDS) de Santé Canada. Les vues exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de Santé Canada ou du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Dernière mise à jour :