Cette section décrit différentes infections pouvant être présentes lors de la grossesse. Les symptômes courants, les conséquences possibles sur la santé et les méthodes de prévention ou de traitement sont abordés pour plusieurs infections.
Mise en garde utile à rappeler aux parents : il est recommandé de consulter un professionnel de la santé avant de prendre des médicaments prescrits, des médicaments sans ordonnance et des produits de santé naturels.
Rhume et grippe
Rhume
Le rhume est une infection virale qui touche les voies respiratoires supérieures. Le rhume est principalement causé par des coronavirus, mais également par plusieurs autres virus. Il se manifeste par37 :
- une rhinite;
- une irritation de la gorge;
- de la congestion nasale;
- de la toux.
Il est estimé qu’un adulte présente en moyenne de deux à trois rhumes par année; conséquemment, il est fort possible que plusieurs femmes enceintes en soient aussi atteintes. Le rhume n’est pas associé à des complications fœtales ou maternelles37. Il est parfois accompagné d’une fièvre légère.
Grippe (et syndrome d’allure grippale)
La grippe est une infection causée par le virus de l’influenza. Elle se distingue du rhume parce qu’elle est plus virulente. La présentation clinique « typique » de l’influenza est une maladie d’apparition brusque avec37 :
- fièvre;
- toux;
- douleurs musculaires (myalgies) ou articulaires (arthralgies);
- fatigue intense (prostration);
- mal de gorge.
Cet ensemble de symptômes ou « syndrome d’allure grippale » peut cependant aussi être causé par plusieurs autres virus respiratoires (par exemple adenovirus, virus parainfluenza, virus respiratoire syncytial, etc.). Lorsqu’on fait des tests virologiques qui permettent d’identifier chacun des virus qui causent le syndrome d’allure grippale chez les adultes, on détecte l’influenza chez environ un tiers des patients, d’autres virus respiratoires chez un autre tiers et chez le dernier tiers les tests sont négatifs.
Contrairement au rhume, la grippe dans sa forme typique peut dans certains cas avoir des conséquences chez la femme enceinte et son fœtus. Les femmes qui développent des complications de l’influenza (ex. : pneumonie) seraient dans de rares cas sujettes à des accouchements prématurés, à des fausses-couches et à des morts fœtales38-40.
Un risque de malformations fœtales relativement faible serait en lien avec la fièvre très élevée plutôt qu’avec l’infection elle-même37,41.
La grossesse n’augmente pas le risque de contracter la grippe, mais les femmes enceintes, à cause des changements à leur physiologie, sont plus vulnérables aux complications de la grippe42-44, particulièrement lors du troisième trimestre. L’incidence de la grippe durant la grossesse est similaire à celle dans la population générale, se situant autour de 5%37.
Prévention du rhume et de la grippe
Outre le vaccin contre l’influenza saisonnière, différentes mesures de prévention sont efficaces45 :
- Se laver les mains régulièrement avec de l’eau et du savon;
- Éternuer dans un mouchoir et le jeter, ou encore éternuer dans le pli du coude en l’absence de mouchoir.
Traitement du rhume et de la grippe
Il est souhaitable que la femme enceinte qui a la grippe consulte un professionnel de la santé pour évaluer les risques et bénéfices de prendre des médicaments même sans ordonnance. Dans certains cas, elle peut être soulagée sans en prendre. Dans d’autres situations, le professionnel de la santé conclura qu’il est mieux pour la santé de la mère et du bébé de prendre un médicament. Les femmes enceintes qui ont la grippe peuvent être traitées avec l’antiviral oseltamivir (tamiflumd) 75 mg BID pendant 5 jours. Si d’autres types d’infections sont soupçonnés (ex. : sinusite, bronchite), plusieurs traitements sont possibles et ils varient selon le stade de la grossesse.
Pour se sentir mieux, la personne enrhumée ou grippée peut :
- se reposer à la maison, surtout en cas de fièvre;
- boire beaucoup de liquide;
- éviter de fumer ou d’être exposée à la fumée secondaire des produits du tabac.
La femme enceinte peut avoir recours à différents moyens pour soulager les symptômes liés au rhume et à la grippe37. La prise des médicaments et les recommandations présentées au tableau 1, ci-dessous, sont possibles.
Tableau 1 - Soulagement des symptômes de la grippe et du rhume37
Symptômes |
Traitements |
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Congestion nasale |
- Utiliser une solution nasale saline pour aider à libérer le mucus.
- Si ce traitement ne soulage pas la congestion, recourir à un décongestionnant topique à longue action, à raison d’une vaporisation dans chaque narine deux fois par jour au besoin, pour un maximum de 3 à 5 jours.
- Attention : Les décongestionnants systémiques (p. ex. : pseudoéphédrine) sont à éviter au premier trimestre, mais le recours à quelques doses aux deuxième et troisième trimestres peut être envisagé en cas de congestion importante si les décongestionnants topiques sont inefficaces et en l’absence de contre-indication.
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Maux de tête, fièvre et douleurs musculaires |
- Prendre de l’acétaminophène pour une durée limitée (maximum 4000 mg/jour).
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Irritation de la gorge |
- Se gargariser à l’eau tiède salée plusieurs fois par jour.
- Prendre de l’acétaminophène pour une durée limitée (maximum 4000 mg/jour).
- Prendre des pastilles.
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Toux |
- Boire beaucoup d’eau fraiche
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Les médicaments pour le rhume ou la grippe qui contiennent plusieurs principes actifs ou de l’alcool sont à éviter, afin de ne pas exposer le fœtus inutilement à ces produits37.
Le traitement antiviral pris dans les 48 heures suivant le début des symptômes permet de diminuer la durée de la grippe d’environ une journée et montre une réduction des complications chez les femmes enceintes. Le comité consultatif national de l’immunisation reconnaît la grossesse comme un facteur de risque de complications de la grippe et recommande que les femmes enceintes atteintes de l’influenza soient traitées avec un agent antiviral (oseltamivir)46. À noter qu’en tout temps, le clinicien doit exercer son jugement clinique lors de l’administration d’un traitement antiviral à la femme enceinte37.
NOTE : Mise en garde sur les anti-inflammatoires
En raison des risques qui y sont associés, l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens n’est pas suggérée pendant la grossesse et n’est pas recommandée à partir de la 26e semaine de grossesse. À noter qu’une utilisation occasionnelle ou sur une période de moins de 72 heures avant la 26e semaine de gestation est acceptable37.
Ces produits sont des médicaments aux propriétés analgésiques, antipyrétiques et anti-inflammatoires. Parmi les plus utilisés, on trouve l’ibuprofène (Advilmd, Motrinmd), l’AAS (Aspirinemd) à 325 mg et plus par dose et le diclofénac (Voltarenmd), qui sont en vente libre.
Lorsqu’une situation particulière nécessite la prise d’un médicament chez une femme enceinte, il convient qu’elle en discute avec un professionnel de la santé. C’est encore plus vrai pour les anti-inflammatoires. Le professionnel de la santé consulté pourra aussi rassurer la femme qui s’inquiète à propos de la prise d’un anti-inflammatoire avant la confirmation de la grossesse.
L’acétaminophène (Tylenolmd, Abenolmd, Atasolmd) est un médicament aux propriétés analgésiques et antipyrétiques qui, contrairement aux anti-inflammatoires non stéroïdiens, est dépourvu de propriétés anti-inflammatoires. Après la consultation d’un professionnel de la santé, l’utilisation de l’acétaminophène peut être envisagée lors de la grossesse pour soulager la fièvre, la douleur, les maux de tête ainsi que les symptômes du rhume et de la grippe, si c’est nécessaire.
Allaitement
Le rhume et la grippe ne sont pas des contre-indications à l’allaitement. Lors de l’infection chez la mère, les anticorps et les facteurs immunitaires développés à l’encontre du virus seront transférés dans le lait maternel conférant ainsi au bébé une protection contre l’infection.
Plusieurs médicaments en vente libre peuvent se retrouver dans le lait maternel. Leur usage est rarement incompatible avec l’allaitement sauf pour certains médicaments contenant de la pseudoéphédrine. Une seule dose de cette molécule peut réduire de 24 % la production lactifère47. Il est indiqué d’en discuter avec le pharmacien.
Le traitement antiviral peut être considéré chez une femme qui allaite, selon la gravité des symptômes et les facteurs de risque. Ce traitement est recommandé chez les femmes qui ont accouché dans les deux semaines précédentes. À noter qu’en tout temps, le clinicien doit exercer son jugement clinique lors de l’administration d’un traitement antiviral à une femme qui allaite37.
Toxoplasmose
La toxoplasmose est une maladie infectieuse causée par le parasite Toxoplasma gondii. Ce dernier est transmis des animaux aux humains par trois modes :
- La consommation de viande crue ou pas assez cuite d’animaux infectés ou encore de lait non pasteurisé qui renferme le parasite. C’est le mode de transmission le plus fréquent;
- L’exposition au parasite présent dans les excréments de chat par le biais de la litière ou de la terre (ex. : en jardinant ou en consommant un produit qui a été souillé par le contact de la terre contaminée). La personne qui ne se lave pas les mains avant de boire ou de manger après avoir touché une source contaminée pourra favoriser la transmission du parasite des mains à la bouche, puis l’ingérer48;
- De façon congénitale, par passage transplacentaire du parasite de la femme enceinte au fœtus, pendant la grossesse49.
La prévalence de la toxoplasmose varie énormément entre les pays (de 10 à 80 %), voire même d’une communauté à l’autre50. En Amérique du Nord, la prévalence est entre 10 et 30 %51. Lors du premier trimestre, le risque de transmission fœtale est faible, mais ce risque augmente au cours du troisième trimestre51.
Manifestations cliniques
La toxoplasmose est asymptomatique la plupart du temps (80 %) chez l’individu en santé (immunocompétent). Lorsqu’ils sont présents, les symptômes chez les individus en santé sont48 :
- une enflure des ganglions lymphatiques et de la rate;
- un mal de tête;
- un mal de gorge;
- de la fièvre;
- des douleurs musculaires;
Le tableau clinique est différent chez les personnes immunosupprimées ou chez les nouveau-nés infectés lors du premier trimestre. Les gens les plus susceptibles de développer des complications à la suite de cette infection sont ceux dont le système immunitaire est affaibli (immunosupprimés). Lorsqu’une personne est infectée, elle développe une immunité (c’est-à-dire des anticorps) contre la toxoplasmose.
Conséquences possibles sur la santé
Bien que l’infection soit généralement sans gravité pour la santé de la femme enceinte, les conséquences peuvent être plus importantes pour le fœtus. Les conséquences pour le fœtus qui a été infecté tôt durant la grossesse sont habituellement plus sérieuses que lors d’une infection plus tardive.
Les conséquences possibles sur la santé de l’enfant à naître incluent48,52 :
- la choriorétinite;
- les troubles de l’ouïe et de la vision;
- l’épilepsie;
- des anomalies cardiaques et cérébrales;
- le retard mental;
- une mortinaissance.
Dépistage
Il existe des tests permettant de détecter la présence d’anticorps dirigés contre le parasite Toxoplasma gondii chez la femme enceinte. Le dépistage est réalisé seulement chez la femme enceinte qui présente des symptômes ou des facteurs de risque liés à l’infection au Toxoplasma gondii. Dans la plupart des cas, la présence d’anticorps (révélée par un test positif) ne signifie pas qu’un traitement soit nécessaire, puisque beaucoup de femmes auront développé des anticorps en raison d’une exposition antérieure. Des examens complémentaires seront donc nécessaires pour les femmes enceintes qui ont un test positif, afin de déterminer si l’infection est récente et si, en conséquence, elles ont besoin d’un traitement53.
Un test négatif signifie pour sa part que la femme enceinte ne possède pas les anticorps dirigés contre ce parasite. Elle pourrait donc être infectée pendant la grossesse et transmettre le parasite au fœtus.
Le test de dépistage peut être répété si la femme présente, au cours de la grossesse, des symptômes ou des facteurs de risque liés à l’infection au Toxoplasma gondii.
Prévention
Diverses mesures d’hygiène peuvent être adoptées pour prévenir la toxoplasmose48,54,55 :
- Cuire la viande à une température interne sécuritaire. Un thermomètre numérique peut être utilisé pour vérifier la température interne des aliments;
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TEMPÉRATURE MINIMALE SÉCURITAIRE |
CARACTÉRISTIQUES |
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Bœuf, veau, agneau
- Pièces entières (ex. : rôtis) ou en morceaux (ex. : steaks, côtelettes)
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63 °C (145 °F) |
Mi-saignant |
Le boeuf ou le veau attendri mécaniquement doit être retourné deux fois durant la cuisson.
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71 °C (160 °F) |
À point |
77 °C (171 °F) |
Bien cuit |
Viandes hachées ou mélanges de viandes (bœuf, veau, porc, agneau)
- Ex. : hamburgers, saucisses, boulettes de viande, pains de viande, plats en casserole
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71 °C (160 °F) |
Le centre de la viande et le jus qui s’en écoule ne doivent pas être rosés.
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Porc
- Pièces entières ou en morceaux (ex. : jambon, longes de porc, côtes levées)
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71 °C (160 °F) |
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Volaille (poulet, dinde, canard et gibier à plumes)
- Hachée ou en morceaux (ex. : cuisses, poitrines, pilons)
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74 °C (165 °F) |
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82 °C (180 °F) |
Le jus qui s’en écoule doit être clair, et la viande doit se détacher facilement des os. |
Viande de gibier sauvage ou d’élevage (ex. : chevreuil, lapin, cerf, sanglier)
- Pièces entières, en morceaux ou viande hachée
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74 °C (165 °F) |
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Poisson |
70 °C (158 °F) |
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Fruits de mer
|
74 °C (165 °F) |
La coquille des mollusques (ex. : huîtres, moules, palourdes) doit s’ouvrir pendant la cuisson.
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Saucisses fumées (à hot-dog) |
74 °C (165 °F) |
Évitez que les liquides dans les emballages de saucisses coulent sur d’autres aliments ou sur le matériel de cuisine.
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Plats à base d’œufs ou de fromage, farces
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74 °C (165 °F) |
Il est préférable que la farce soit cuite séparément de la volaille.
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Restants de table |
74 °C (165 °F) |
Les soupes, les sauces et les mets en sauce doivent être réchauffés jusqu’à ébullition. Ne jamais réchauffer les restants de table plus d’une fois.
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Source : guide Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, Édition 2021.
- Laver les fruits et les légumes avant de les préparer et de les manger;
- Laver les instruments de cuisine et les surfaces, et se laver les mains après la manipulation d’aliments;
- Porter des gants pour faire du jardinage;
- Se laver les mains après avoir touché un chat, jardiné ou touché des objets souillés par la terre.
D’autres recommandations concernant la manipulation sécuritaire des aliments pour prévenir la toxoplasmose sont disponibles dans le guide Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans, dans la section Prévention des infections d'origine alimentaire.
Pour les femmes enceintes qui ont un chat :
- Éviter de nettoyer les bacs de litière du chat. La litière devrait être nettoyée tous les jours par une autre personne. Si cela n’est pas possible, porter des gants lors du nettoyage;
- Ne pas donner au chat de la viande crue ou pas assez cuite;
- Si possible, pour les chats qui utilisent une litière, les garder à l’intérieur, afin de prévenir une éventuelle infection par le parasite Toxoplasma gondii. Les chats qui n’utilisent pas de litière peuvent continuer à aller à l’extérieur.
Traitement
Les traitements avec des antibiotiques et antiparasitaires s’adressent aux femmes enceintes et aux personnes immunosupprimées. Si une femme enceinte est infectée par le parasite Toxoplasma gondii, le traitement doit être poursuivi tout au long de la grossesse. En fonction de l’évaluation du placenta et du nouveau-né, le nouveau-né pourrait aussi avoir besoin d’un traitement.
(La listériose est abordée dans la fiche Alimentation et gain de poids).
Infections urinaires
Une infection urinaire est une infection qui touche une ou plusieurs parties du système urinaire : les reins, les uretères, la vessie et l’urètre. Il existe différentes formes d’infections urinaires : la bactériurie asymptomatique, l’infection urinaire basse (cystite aiguë) et l’infection urinaire haute (pyélonéphrite aiguë ou PNA).
L’infection urinaire est causée par une prolifération anormale d’agents infectieux dans le système urinaire. La bactérie E. coli est la principale cause des infections urinaires (environ 90 % des cas), tandis que les streptocoques du groupe B sont responsables d’environ 5 % des infections urinaires chez les femmes enceintes (voir la section Streptocoques du groupe B)56,57.
Étant donné leur anatomie, les femmes sont beaucoup plus sujettes que les hommes aux infections urinaires : la taille courte de l’urètre (environ 4 cm) et la proximité du rectum facilitent l’accès des bactéries à la vessie58. La grossesse augmente ce risque par l’augmentation du taux d’hormones circulantes, les changements anatomiques et l’augmentation du glucose urinaire. Les femmes enceintes sont également plus à risque de développer des complications. Dans cette population, l’incidence de la bactériurie asymptomatique se situe entre 2 et 14 %, celle de la cystite entre 1 et 4 %, et la pyélonéphrite aiguë complique 1 à 2 % des grossesses57.
Symptômes
De 2 à 10 % des infections urinaires chez les femmes enceintes sont asymptomatiques59. Voici les signes possibles d’infection urinaire58 :
- Sensation de brûlure en urinant;
- Impression d’avoir besoin d’uriner plus souvent;
- Besoin urgent d’uriner sans en être capable;
- Pertes d’urine;
- Urine trouble, foncée, ou contenant du sang;
- Sensation de pression au bas-ventre.
Conséquences possibles sur la santé
Lorsqu’elle n’est pas traitée, la bactériurie asymptomatique peut progresser vers une pyélonéphrite aiguë. Cette progression se produirait chez 20 à 40 % des femmes enceintes non traitées, contrairement à seulement 1 à 2 % chez les femmes non enceintes non traitées57,59.
Les bactériuries asymptomatiques et les cystites non traitées sont associées à des complications maternelles et fœtales, comme57,59 :
- La pyélonéphrite aiguë;
- Le travail prématuré;
- Une faible croissance intra-utérine;
- Un accouchement prématuré.
Prévention
Il existe différents moyens de prévenir une infection urinaire. Comme la principale source de contamination est la bactérie E. coli, il est important de suivre quelques mesures d’hygiène56 :
- S’essuyer ou se laver la région génitale de l’avant vers l’arrière;
- Uriner afin de vider sa vessie après une relation sexuelle;
- Laver la région des organes génitaux quotidiennement.
Une analyse et une culture urinaires peuvent être demandées mensuellement si les femmes enceintes ont des antécédents. Les femmes enceintes qui ont un historique d’infections urinaires (plus de trois épisodes par année) peuvent bénéficier d’un traitement prophylactique (préventif), tout au long de la grossesse et jusqu’à quatre à six semaines après l’accouchement60.
Traitement
Toute infection urinaire chez une femme enceinte doit être traitée, même si elle est asymptomatique. Plusieurs antibiotiques peuvent être pris pendant la grossesse, tels que l’amoxicilline, la céphalexine ou la nitrofurantoïne57. Le choix de l’antibiotique est fait en fonction des résultats de l’analyse et de la culture d’urine. Il est également tributaire de la gravité d’infection, c’est-à-dire du fait qu’il s’agisse d’une infection urinaire basse ou haute (PNA). À noter que la consommation de probiotiques61 ou de canneberges, sous forme de jus ou de comprimés, ne présente aucun bénéfice de prévention ou de traitement62.
Une culture d’urine doit être effectuée une semaine après la fin du traitement pour s’assurer de l’éradication de la bactérie. Une culture mensuelle pourrait être envisagée par la suite57.
Infections vaginales
Les infections vaginales affectent de nombreuses femmes. Il s’agit du motif de consultation médicale le plus fréquent chez les femmes. On trouve trois types d’infections vaginales :
- Vulvo-vaginite à levures (aussi appelée vaginite à champignons ou à candida);
- Vaginose bactérienne;
- Trichomonase.
Le dépistage systématique des infections vaginales durant la grossesse n’est pas requis. La moitié des cas d’infections vaginales lors de cette période guérissent sans traitement63.
Vulvo-vaginite à levures
Les vulvo-vaginites à levures (ou vaginites à champignons) sont les infections vaginales les plus fréquentes. Il est estimé que trois femmes sur quatre en sont atteintes au cours de leur vie. Dans la très grande majorité (90 %) des cas, ce type de vaginite est causé par le Candida albicans. La vulvo-vaginite à levures n’est pas considérée comme une infection transmise sexuellement64.
La grossesse est un moment où les femmes sont plus colonisées par le Candida albicans, passant de 20% des femmes à 30%65,66.
Signes cliniques
La vulvo-vaginite à levures s’observe par la présence des symptômes suivants64 :
- Pertes vaginales blanches, en grains ou en mottes, d’aspect « fromage cottage »;
- Enflure au niveau de la vulve et du vagin;
- Sensation d’irritation, démangeaisons et/ou rougeur;
- Sensation de brûlure à la vulve en urinant ou lors des relations sexuelles.
Cette infection peut toutefois passer inaperçue chez certaines femmes, puisqu’environ 20 % des cas sont asymptomatiques64.
Conséquences possibles sur la santé
Ce type d’infection n’empêche pas le bébé de naître en santé et de bien se développer.
Traitement
Si la colonisation à levure est asymptomatique, il n’est pas nécessaire de la traiter.
Des traitements topiques intravaginaux en vente libre sont disponibles, comme le clotrimazole, pour les femmes qui sont en mesure de reconnaître les signes et symptômes de cette infection et qui en sont incommodées. Ces médicaments peuvent être utilisés durant la grossesse. Dans certaines situations, des suppositoires intravaginaux (ou ovules), comme le miconazole, peuvent être suggérés pour un traitement de sept jours64. Les applicateurs vaginaux ne sont en général pas contre-indiqués pendant la grossesse, à moins de condition médicale particulière (ex. : rupture prématurée des membranes). De très rares cas d’effets indésirables graves peuvent survenir au cours de certains traitements intra vaginaux67.
Des médicaments peuvent aussi être prescrits par le médecin. Il s’agit habituellement de traitements de six ou sept jours68. La durée du traitement peut toutefois être plus longue chez les femmes enceintes afin de prévenir le risque de récurrence, qui est élevé pendant la grossesse.
L’administration par voie orale de produits à base de composés de type azole n’est pas suggérée comme première méthode de traitement, tout comme l’administration par voie intravaginale d’acide borique. L’utilisation de Fluconazole orale pendant le 1er trimestre de la grossesse a été associée à un risque augmenté de malformations cardiaques et est donc déconseillée69. Leur emploi est possible pendant la grossesse lors de certaines situations particulières, sous la supervision d’un professionnel de la santé70.
Vaginose bactérienne
Elle est causée par un débalancement de la flore vaginale qui entraîne la croissance de bactéries anaérobies (comme le Gardnerella vaginalis). De nombreuses femmes souffrent de ce type d’infection vaginale : sa prévalence se situe entre 6 et 32 % lors de la grossesse71. Pour environ une femme sur deux, la vaginose bactérienne est asymptomatique70. La vaginose bactérienne n’est pas transmise sexuellement.
Symptômes
Lorsqu’ils sont présents, les symptômes associés à la vaginose bactérienne peuvent comprendre68,72 :
- Des pertes vaginales abondantes non inflammatoires, de couleur blanche ou grise et malodorantes (odeur de poisson);
- Des démangeaisons;
- Une sensation de brûlure;
- De la douleur lors des relations sexuelles.
Conséquences possibles sur la santé
Plusieurs études établissent un lien entre la présence d’une vaginose bactérienne et différentes conséquences sur la grossesse71 :
Prévention
Différentes mesures préventives peuvent être mises de l’avant pour prévenir la vaginose bactérienne :
- Éviter les douches vaginales;
- Limiter le nombre de partenaires sexuels;
- Cesser la consommation de tabac.
Le dépistage d’une vaginose bactérienne lors du suivi de grossesse n’est pas systématique; il est fait lorsque la femme présente des symptômes de vaginose, a des antécédents de travail avant terme ou présente une menace de travail prématuré68,70,71.
Traitement
Chez les femmes présentant des symptômes ou chez les femmes enceintes asymptomatiques, lorsqu’une vaginose bactérienne est diagnostiquée, l’administration d’un traitement pharmacologique par voie orale, comme le métronidazole ou la clindamycine, est suggérée73. Ce traitement est prescrit par le professionnel de la santé et n’est pas en vente libre. Le traitement privilégié dure sept jours. Comme des récurrences sont observées dans jusqu’à 30 % des cas, la femme enceinte pourra être attentive à la présence de symptômes après le traitement. Puisque ce n’est pas une infection transmise sexuellement, le ou la conjoint(e) n’a pas besoin d’être traité(e).
Trichomonase
Ce type d’infection vaginale est moins prévalent que les autres types. La trichomonase est une infection transmissible sexuellement. Elle résulte de l’introduction du parasite Trichomonase vaginalis dans le vagin à la suite d’un rapport sexuel avec un partenaire infecté. Les hommes infectés ont tendance à présenter moins de symptômes que les femmes infectées73.
Symptômes
De 64 à 90 % des personnes infectées sont asymptomatiques. Lorsqu’ils sont présents, les symptômes associés à la trichomonase sont les suivants68,73 :
- Pertes vaginales beiges ou jaune verdâtre, écumeuses et malodorantes;
- Picotements, brûlement;
- Troubles de la miction;
- Douleur lors des relations sexuelles;
- Saignement après une relation sexuelle (pétéchies sur la muqueuse génitale).
Conséquences possibles sur la santé
Durant la grossesse, la présence de trichomonase a été associée à un accouchement prématuré73.
Traitement
Chez les femmes présentant des symptômes, lorsqu’il y a confirmation du diagnostic de trichomonase, la femme enceinte et son partenaire sexuel peuvent avoir recours à un traitement de métronidazole prescrit par le médecin. Le traitement du partenaire, même sans dépistage préalable, améliore le taux de guérison chez la femme enceinte73.
Les avantages du dépistage et de la prise en charge de l’infection chez les femmes asymptomatiques qui ont des antécédents d’accouchement prématuré ou de rupture prématurée des membranes ne sont pas clairement définis73.
Les probiotiques et les infections vaginales
Le recours aux probiotiques lors de la grossesse demeure controversé61,74. Les données sont insuffisantes pour conclure à l’efficacité des probiotiques comme mode de traitement pour les infections vaginales. Leur utilisation n’est pas appuyée par les autorités gouvernementales ou les associations professionnelles. Cependant, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter si une femme enceinte en a consommé61,75.
Dans le cas où la femme enceinte souhaite avoir recours à des probiotiques, elle pourra être dirigée vers un professionnel de la santé afin qu’il choisisse une souche de probiotiques étudiée et qui détient un code NPN. Un probiotique n’est pas conseillé chez les femmes enceintes qui souffrent d’un déficit immunitaire76.
Streptocoques du groupe B
Les streptocoques du groupe B (SGB) sont des bactéries qui se trouvent dans le vagin, le rectum et la vessie. Environ de 6 à 36 % des femmes enceintes présentent une colonisation vaginale-rectale77.
Conséquences possibles sur la santé
Chez certaines femmes enceintes, les SGB peuvent causer des infections maternelles (ex. : infections urinaires) et des infections post-partum telle une infection de plaie77,78. De plus, la colonisation des femmes par les SGB est associée à certains effets indésirables sur la grossesse tels le travail prématuré et la rupture prématurée des membranes78.
Il est estimé qu’environ 50 % des femmes colonisées par les SGB les transmettent à leur bébé lors de l’accouchement. Bien que la très grande majorité des bébés ne soient pas affectés par ces bactéries79, un petit nombre d’entre eux, estimé à entre 1 et 2 %, développeront une infection pouvant toucher leur sang, leur cerveau, leurs poumons et leur moelle épinière77.
Les facteurs associés aux risques d’infection à SGB chez le nouveau-né sont les suivants78 :
- La prématurité : le début du travail avant 37 semaines de gestation;
- La prolongation de la rupture des membranes au-delà de 18 heures;
- La présence d’une fièvre légère et inexpliquée chez la mère durant le travail;
- Un précédent enfant de la mère présentant une infection à SGB à l’accouchement;
- Chez la mère, un antécédent d'infection de la vessie ou des reins causée par une bactériurie à SGB;
- La présence d’une infection du liquide amniotique;
- Le faible statut socio-économique.
Dépistage
Les infections à SGB peuvent être dépistées lors de la grossesse et traitées afin de diminuer les risques d’infections néonatales et maternelles77,78,80. En 2013, la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) suggérait dans ses lignes directrices78 d’offrir un dépistage de la colonisation à streptocoques du groupe B chez toutes les femmes enceintes entre la 35e et la 37e semaine de grossesse au moyen d’un prélèvement vaginal et rectal. Cette approche s’applique également aux femmes pour qui une césarienne est planifiée.
Traitement (antibioprophylaxie)
En raison de l’association forte entre la colonisation et l’infection néonatale à SGB, la SOGC a formulé des recommandations pour l’administration d’antibiotiques intraveineux au moment du début du travail ou de la rupture des membranes78. Ces recommandations s’appliquent chez :
- toutes les femmes ayant eu un résultat positif pour le SGB dans le cadre du dépistage entre 35 et 37 semaines de gestation;
- toutes les femmes ayant déjà accouché d’un enfant qui présentait une infection à SGB;
- toutes les femmes ayant présenté une bactériurie à SGB (documentée) lors de la grossesse en cours.
Par contre, l’antibioprophylaxie administrée à la femme enceinte avant le début du travail ou la rupture des membranes est inefficace et mène, à terme, à une récurrence de la colonisation par des SGB dans plus des deux tiers des cas78. L’administration d’antibiotiques avant l’accouchement aux femmes colonisées par les SGB ou ayant des facteurs de risque n’est donc pas recommandée81.
Infections transmissibles sexuellement et par le sang
Les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) peuvent avoir des conséquences sur le déroulement de la grossesse, la santé de la femme enceinte et celle du bébé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et la SOGC recommandent que l’on offre à toutes les femmes enceintes de passer des tests de dépistage pour la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis, le virus de l’hépatite B et le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) lors du bilan prénatal. Dans certaines situations, les professionnels de la santé responsables du suivi de grossesse peuvent aussi recommander des tests de dépistage d’autres ITSS comme l’herpès ou le virus de l’hépatite C.
En présence de facteurs de risque d’ITSS chez la femme enceinte pendant la grossesse, il est indiqué de répéter le dépistage au besoin plus d’une fois, mais au minimum une fois vers la 28e semaine de grossesse et au moment de l’accouchement.
Le tableau 2 ci-dessous présente les ITSS les plus fréquentes, leurs symptômes, les conséquences possibles sur la grossesse et la santé du bébé, ainsi que les méthodes de prévention et de traitement.
Pour de plus amples renseignements sur les ITSS, consulter :
Chlamydia
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement* |
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Infection bactérienne causée par Chlamydia trachomatis. Elle peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations oro-génitales, vaginales ou anales avec pénétration;
- contact entre les organes génitaux;
- partage de jouets sexuels;
De la mère à l’enfant au moment de l’accouchement, même au cours d’une césarienne.
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Femmes atteintes
- La majorité des femmes sont asymptomatiques.
- Lorsqu’ils sont présents, les symptômes incluent des pertes vaginales anormales, un saignement vaginal anormal, un saignement après les relations sexuelles, un malaise urinaire, du prurit, des écoulements ou des douleurs dans la région de l’anus.
- En l’absence de traitement, l’infection par Chlamydia trachomatis peut mener à l’atteinte inflammatoire pelvienne (AIP), qui peut se manifester par des douleurs abdominales basses, des douleurs aux annexes ou à la mobilisation du col ou de la dyspareunie profonde. L’AIP entraîne des risques d’infertilité, de grossesse ectopique et de douleur pelvienne chronique chez la femme.
Hommes atteints
- Les hommes sont souvent asymptomatiques.
- Lorsqu’ils sont présents, les symptômes incluent du prurit urétral, un malaise urinaire, des écoulements anormaux par le pénis, des douleurs aux testicules ou dans la région de l’anus, des écoulements anormaux par l’anus, du prurit anal.
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Grossesse
- Il ne semble pas y avoir d’association fiable entre les issues défavorables à la grossesse et la cervicite à Chlamydia trachomatis.
Santé du bébé
- Si la mère est infectée, une transmission à l’enfant survient dans 50 % des naissances par voie vaginale.
- Au moins 20 % des nouveau-nés infectés développent une conjonctivite lorsqu’ils ont entre une et deux semaines.
- 20 % des nouveau-nés infectés développent une pneumonie avant l’âge de 6 mois.
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Personnes atteintes
- Généralement, la chlamydia se guérit par la prise d’antibiotiques en comprimés par voie orale, en dose unique ou pendant 7 jours.
- Les partenaires sexuels d’une personne qui a la chlamydia devraient être avisés le plus rapidement possible afin de passer un test de dépistage et de recevoir un traitement épidémiologique. Une intervention précoce permet d’éviter les complications. Si les partenaires sexuels ne reçoivent pas de traitement, la personne risque d’attraper de nouveau l’infection.
- Chez la femme enceinte, pour s’assurer que l’infection est guérie, un test de contrôle doit être effectué le plus tôt possible à partir de 3 semaines après la fin du traitement81.
- Les personnes infectées devraient attendre d’être guéries (après traitement de plusieurs jours ou 7 jours post unidose ou arrêt des symptômes) pour avoir des relations sexuelles. Si elles ne peuvent attendre, elles devraient utiliser un condom ou un carré de latex.
Nouveau-nés
- Les tests de dépistage et le traitement durant la grossesse sont les meilleurs moyens de prévenir la transmission de la mère infectée à l’enfant.
- L’administration d’un onguent ophtalmique est offerte à tous les bébés nés au Québec82. La Société canadienne de pédiatrie ne recommande pas l’application systématique83.
- Il n’y a pas de contre-indication à l’allaitement chez une femme ayant une infection à chlamydia ou qui reçoit un traitement antibiotique (macrolide préférable à tétracycline)84.
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* Pour des précisions sur le traitement, se référer aux documents « Guides sur le traitement pharmacologique des ITSS » de l’INESSS, qui se trouvent à l’adresse suivante : http://www.inesss.qc.ca, section « Publications », rubrique « Guides de l’INESSS ».
Gonorrhée
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement |
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Infection bactérienne causée par Neisseria gonorrhoeae. Elle peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations oro-génitales, vaginales ou anales avec pénétration;
- contact entre les organes génitaux;
- partage de jouets sexuels;
De la mère à l’enfant au moment de l’accouchement.
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Femmes atteintes
- La cervicite peut être symptomatique. L’infection des autres sites est généralement asymptomatique.
- Lorsqu’ils sont présents, les symptômes incluent des pertes vaginales anormales, un saignement vaginal anormal, un saignement après les relations sexuelles, un brûlement mictionnel ou un malaise urinaire, du prurit, des écoulements ou des douleurs à l’anus, des maux de gorge.
- En l’absence de traitement, l’infection gonococcique peut mener à l’atteinte inflammatoire pelvienne (AIP), qui peut se manifester par des douleurs abdominales basses, des douleurs aux annexes ou à la mobilisation du col ou de la dyspareunie profonde. L’AIP entraîne des risques d’infertilité, de grossesse ectopique et de douleur pelvienne chronique chez la femme.
Hommes atteints
- L’urétrite est généralement symptomatique. L’infection des autres sites est généralement asymptomatique.
- Lorsqu’ils sont présents, les symptômes incluent des écoulements par le pénis, un brûlement mictionnel ou un malaise urinaire, des douleurs aux testicules ou dans la région de l’anus, du prurit anal, des maux de gorge.
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Grossesse
- La gonorrhée est associée à un risque accru d’avortement spontané, de rupture prématurée des membranes et de travail prématuré.
Santé du bébé
- Les principales manifestations cliniques chez le nourrisson sont :
- une conjonctivite grave pouvant entraîner des ulcérations de la cornée, la perforation du globe oculaire, l’atteinte visuelle permanente et la cécité82;
- l’infection généralisée (sepsie).
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Personnes atteintes
- Généralement, la gonorrhée se guérit par la prise d’antibiotiques en comprimés par voie orale ou par injection intramusculaire, en dose unique ou pendant 7 jours.
- Les partenaires sexuels d’une personne qui a la gonorrhée devraient être avisés le plus rapidement possible afin de passer un test de dépistage et de recevoir un traitement épidémiologique. Une intervention précoce permet d’éviter les complications. Si les partenaires sexuels ne reçoivent pas de traitement, la personne risque d’attraper de nouveau l’infection.
- Chez la femme enceinte, pour s’assurer que l’infection est guérie, un test de contrôle doit être effectué le plus tôt possible à partir de 2 semaines après la fin du traitement85.
- Les personnes infectées devraient attendre d’être guéries (après traitement de plusieurs jours ou 7 jours post unidose ou arrêt des symptômes) pour avoir des relations sexuelles. Si elles ne peuvent attendre, elles devraient utiliser un condom ou un carré de latex.
Nouveau-nés
- Les tests de dépistage et le traitement durant la grossesse sont les meilleurs moyens de prévenir la transmission de la mère infectée à l’enfant.
- L’administration d’un onguent ophtalmique est offerte à tous les bébés nés au Québec82,86. La Société canadienne de pédiatrie ne recommande pas l’application systématique83.
- Généralement, on ne considère pas que les antibiotiques contre la gonorrhée soient nuisibles à l’allaitement.
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Syphilis
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement |
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Infection bactérienne causée par Treponema pallidum. Elle peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations oro-génitales, vaginales ou anales avec pénétration;
- contact entre les organes génitaux;
- contact direct de la peau ou des muqueuses avec les lésions cutanées ou muqueuses d’une personne infectée;
- partage de jouets sexuels;
Par contact avec le sang d’une personne infectée, par exemple lorsqu’il y a partage de matériel d’injection (rare);
De la mère à l’enfant pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement.
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- La syphilis non traitée comporte plusieurs stades. Les stades primaires et secondaires peuvent passer inaperçus.
- Stade primaire (de 10 à 90 jours après le contact) : présence d’un ulcère (chancre), le plus souvent unique, non douloureux (bouche, gorge, organes génitaux, anus). Le chancre disparaît sans traitement en 3 à 6 semaines.
- Stade secondaire (de 4 à 10 semaines, mais parfois plusieurs mois après l’apparition du chancre) : éruption cutanée diffuse, le plus souvent d’aspect maculopapuleux, pouvant toucher la paume des mains et la plante des pieds, fièvre, syndrome d’allure grippale, adénopathies. Les lésions disparaissent habituellement, sans traitement, en 3 à 12 semaines.
- Stade de latence précoce ou tardive : période asymptomatique.
- Stade tertiaire (en moyenne de 5 à 30 ans après l’acquisition de l’infection) : lésions cutanées et ostéo-articulaires, complications neurologiques ou cardiaques sérieuses. Les complications associées au stade tertiaire peuvent être irréversibles, malgré le traitement entrepris.
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Grossesse
- Pendant la grossesse, la syphilis infectieuse (stade primaire, secondaire ou latent précoce) peut entraîner une mortinaissance (environ 40 % des grossesses chez les femmes atteintes de syphilis en phase infectieuse) ou un accouchement prématuré.
Santé du bébé
- Le risque de transmission de l’infection au fœtus durant la grossesse, pour les femmes non traitées, va de 70 à 100 % dans le cas de syphilis primaire ou secondaire. Il est de 40 % en présence d’une syphilis latente précoce et de 10 % dans le cas d’une syphilis latente tardive.
- Les nouveau-nés sont souvent asymptomatiques.
- Lorsque les nouveau-nés ont des symptômes, il peut s’agir, entre autres, de reniflements, d’éruptions cutanées, de lésions mucocutanées, de pneumonie, d’hépatosplénomégalie, d’adénopathies, d’anémie hémolytique, de thrombocytopénie ou d’ostéochondrite.
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Personnes atteintes
- Généralement, la syphilis se guérit par la prise d’antibiotiques par injection intramusculaire. Le traitement est gratuit. Les femmes enceintes qui ont la syphilis devraient être orientées vers un professionnel de la santé expérimenté87.
- Les partenaires sexuels d’une personne qui a la syphilis devraient être avisés le plus rapidement possible afin de passer un test de dépistage et, dans certains cas, de recevoir un traitement épidémiologique. Une intervention précoce permet d’éviter les complications. Si les partenaires sexuels ne reçoivent pas de traitement, la personne risque d’attraper de nouveau l’infection.
- Les femmes qui sont traitées pour la syphilis pendant la grossesse auront un suivi médical régulier afin d’effectuer des analyses sérologiques et d’autres tests de suivi64.
- Les personnes qui ont l’infection devraient attendre d’être guéries (après traitement de plusieurs jours ou 7 jours post unidose ou arrêt des symptômes) pour avoir des relations sexuelles. Si elles ne peuvent attendre, elles devraient utiliser un condom ou un carré de latex.
Nouveau-nés
- Les tests de dépistage et le traitement durant la grossesse sont les meilleurs moyens de prévenir la transmission de la mère infectée à l’enfant.
- La syphilis peut causer des anomalies congénitales qui ne disparaîtront pas après le traitement si celui-ci est administré en postnatal.
- Chez les mères qui allaitent, la présence de lésions syphilitiques primaires ou secondaires sur les seins s’accompagne d’un risque théorique de transmission de la syphilis au nourrisson.
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Hépatite B
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement |
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Infection du foie causée par le virus de l’hépatite B. Elle peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations vaginales ou anales avec pénétration;
- partage de jouets sexuels;
Par contact avec le sang d’une personne infectée, par exemple lorsqu’il y a partage de matériel d’injection;
De la mère à l’enfant pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement.
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- L’infection peut être aiguë ou chronique. L’infection aiguë se guérit d’elle-même dans un délai de 6 mois.
- Environ 50 à 80 % des adultes qui ont une infection aiguë ne présentent pas de symptômes.
- Lorsqu’ils sont présents, les symptômes de l’infection aiguë peuvent inclure : fatigue, fièvre légère, douleurs abdominales, perte d’appétit, nausées, vomissements, jaunisse, arthralgies.
- Moins de 5 % des personnes infectées à l’âge adulte développent une infection chronique.
- Lorsqu’il est présent, le symptôme de l’infection chronique le plus fréquent est la fatigue. En l’absence de traitements, les porteurs chroniques peuvent développer une cirrhose ou un cancer du foie.
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Grossesse
- Il n’y a pas d’association entre les issues défavorables à la grossesse et l’hépatite B88.
Santé du bébé
- Les symptômes d’une infection aiguë sont rares chez les nourrissons et les enfants.
- 90 % des nourrissons infectés développeront une infection chronique.
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Personnes atteintes
- Il est recommandé aux femmes qui ont l’hépatite B ou dont le partenaire a l’hépatite B qui planifient une grossesse ou qui sont enceintes d’en informer leur médecin, leur sage-femme ou leur infirmière praticienne spécialisée.
- Une femme enceinte qui est exposée à l’hépatite B ou qui risque de contracter l’infection peut recevoir les immunoglobulines contre l’hépatite B ou le vaccin pendant sa grossesse
- Si nécessaire, un traitement de soutien peut soulager les symptômes de l’infection aiguë. Il existe des traitements qui peuvent limiter les complications.
- Les partenaires sexuels et les contacts domiciliaires d’une personne qui a l’hépatite B devraient être avisés le plus rapidement possible afin d’être évalués, de passer un test de dépistage et de recevoir le vaccin, avec ou sans immunoglobulines, afin d’éviter les complications.
Nouveau-nés
- La vaccination des femmes, avant la grossesse, est le meilleur moyen de prévenir la transmission de l’infection.
- Les tests de dépistage et le suivi médical durant la grossesse permettront de déterminer s’il est nécessaire d’administrer le vaccin et les immunoglobulines dès la naissance pour prévenir la transmission de la mère infectée à l’enfant.
- 95 % des cas de transmission de la mère à l’enfant peuvent être prévenus par l’administration au nouveau-né d’immunoglobulines contre l’hépatite B et de 3 doses du vaccin contre l’hépatite B dans les 6 mois suivant la naissance64.
- Idéalement, les immunoglobulines devraient être administrées dans un délai de 12 heures après la naissance, et le vaccin devrait être administré dès la naissance, sinon dans les 7 jours11.
- Il n’y a pas de contre-indication à l’allaitement88.
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VIH (virus de l'immunodéficience humaine)
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement |
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Infection causée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Elle peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations vaginales ou anales avec pénétration ou (rarement) relations oro-génitales;
Par contact avec le sang d’une personne infectée, par exemple lorsqu’il y a partage de matériel d’injection;
De la mère à l’enfant :
- pendant la grossesse ou au moment de l’accouchement;
- de la mère à l’enfant lors de l’allaitement.
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- Certaines personnes infectées n’ont pas de symptômes pendant plusieurs années.
- Les symptômes de la primo-infection apparaissent de 2 à 4 semaines après l’infection par le virus. Ils disparaissent généralement au bout de 1 à 3 semaines.
- Les symptômes de la primo-infection ressemblent à ceux de la grippe ou de la mononucléose. Ils incluent : perte de poids, ganglions enflés au cou, aux aisselles et à l’aine, diarrhée, maux de gorge, fièvre et toux persistante. Souvent, ces symptômes non spécifiques ne sont pas associés à la possibilité d’une infection par le VIH.
- Lorsque les symptômes de la primo-infection disparaissent, l’infection devient asymptomatique et peut le demeurer pendant plusieurs années. Toutefois, le virus est toujours présent; il peut être transmis et entraîner des complications.
- Après quelques années sans traitement ni suivi médical, le VIH finit par affaiblir le système immunitaire. Cela peut entraîner des manifestations plus graves comme certains types de cancers, des infections aux poumons, aux yeux ou au cerveau, de même qu’une évolution vers le sida.
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Grossesse
- Si non traitée, l’infection par le VIH est associée à plus de complications périnatales (fausse-couche, perte fœtale, accouchement prématuré, chorioamnionite)89.
- En cas de traitement, il reste un surrisque d’accouchement prématuré chez les femmes vivant avec le VIH. Ce surrisque est en particulier plus prononcé chez les femmes traitées par inhibiteur des protéases, sans que l’explication physiopathologique soit encore comprise89.
Santé du bébé
- Sans traitement, le taux de transmission de la mère à l’enfant se situe autour de 30 %90.
- Les résultats des études sur l’exposition au traitement ne sont pas clairs.
- Il est recommandé de suivre ces enfants et de bien documenter dans leur dossier médical leur exposition au traitement antirétroviral89.
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Personnes atteintes
- Il est recommandé aux femmes vivant avec le VIH ou dont le partenaire vit avec le VIH qui planifient une grossesse ou qui sont enceintes d’en informer leur médecin, leur sage-femme ou leur infirmière praticienne spécialisée.
- Il n’existe pas de traitement pour guérir l’infection. Une combinaison de médicaments antirétroviraux permet d’inhiber la réplication virale à des niveaux indétectables, de ralentir de façon importante la progression de l’infection et de reconstituer le système immunitaire. Ce traitement diminue de façon importante le risque de voir l’infection évoluer vers le sida.
- Les partenaires sexuels de la femme enceinte qui a le VIH devraient être avisés le plus rapidement possible afin de passer un test de dépistage, d’être évalués et de recevoir un suivi approprié, dans le but d’éviter les complications.
- La prophylaxie préexposition pourrait être envisagée, après discussion des bénéfices et des risques, si le partenaire de la femme qui souhaite devenir enceinte ou qui est enceinte vit avec le VIH et présente un risque de transmettre l’infection91.
Nouveau-nés
- Plusieurs mesures contribuent à prévenir la transmission de la mère à l’enfant : les tests de dépistage, la prise d’antirétroviraux et un suivi médical durant la grossesse, l’administration d’un traitement intraveineux durant le travail et l’accouchement, de même que l’administration d’un traitement antirétroviral au nouveau-né pendant 6 semaines90.
- Une césarienne élective peut être recommandée dans certains cas92.
- Lorsque le traitement de la mère (pendant la grossesse, le travail et l’accouchement) et du nouveau-né (pendant quelques semaines) est optimal, le taux de transmission de la mère à l’enfant est inférieur à 0,2 %89.
- Il est recommandé aux femmes vivant avec le VIH d’éviter l’allaitement.
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Herpès
Description |
Symptômes |
Conséquences possibles sur la grossesse et la santédu bébé |
Prévention et traitement |
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Infection causée par le virus herpès simplex de type 1 (VHS-1) ou de type 2 (VHS-2). Le VHS-1 est la cause de l’herpès labial (feu sauvage). Il peut aussi se transmettre aux organes génitaux. Le VHS-2 touche principalement les organes génitaux; il se transmet plus rarement à la bouche. L’herpès génital peut se transmettre :
Par voie sexuelle lors de :
- relations oro-génitales, vaginales ou anales avec pénétration;
- contact entre les organes génitaux;
- partage de jouets sexuels;
Par contact :
- avec les lésions ou, pendant les périodes d’excrétion virale asymptomatique, avec la peau ou les muqueuses de la région infectée;
De la mère à l’enfant :
- pendant la grossesse (transplacentaire) ou au moment de l’accouchement.
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La plupart des personnes ne présentent pas de signes ni de symptômes caractéristiques. Par conséquent, une majorité de personnes ignorent qu’elles sont infectées par le VHS.
Lorsqu’il y a des symptômes, ce sont généralement les suivants :
Lors de l’épisode initial :
Lors des épisodes récurrents :
- Démangeaisons, sensation de brûlure ou de picotements, douleurs musculaires et maux de tête avant l’apparition des lésions (prodrome);
- Lésions vésiculaires, pustuleuses ou ulcérées douloureuses sur une base érythémateuse situées sur les organes génitaux, l’anus et les cuisses.
Entre les épisodes d’herpès, une personne infectée peut transmettre le virus même si elle n’a aucun symptôme (période d’excrétion virale asymptomatique).
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Grossesse
- Il semble exister une association entre l’infection herpétique non traitée et l’accouchement prématuré. Cette association peut disparaître si l’infection est traitée. Les fœtopathies herpétiques sont très rares93.
Santé du bébé
- La transmission de la mère infectée à son enfant est plus fréquente lorsque la mère contracte l’infection pendant sa grossesse que si elle l’a contractée avant.
- L’infection chez le nouveau-né est associée à un taux variable, mais significatif de morbidité et de mortalité. La morbidité est principalement neurologique (retard mental, cécité, épilepsie, atteinte neuromotrice)93. Les manifestations peuvent aller de lésions à la peau, à la bouche ou aux yeux à des atteintes disséminées, comme la pneumonie ou les dommages au cerveau.
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Personnes atteintes
- Il est recommandé aux femmes qui vivent avec l’herpès génital ou dont le partenaire vit avec l’herpès génital qui planifient une grossesse ou qui sont enceintes d’en informer leur médecin, leur sage-femme ou leur infirmière praticienne spécialisée.
- Il n’existe pas de traitement pour guérir l’infection. Certains médicaments permettent de soulager les symptômes, de réduire la fréquence et la durée des épisodes et de diminuer le risque de transmission de l’infection.
- Pour les femmes enceintes qui présentent des infections récurrentes, un traitement suppressif pourrait être envisagé à partir de la 36e semaine pour réduire le risque de lésions et la transmission virale au moment de l’accouchement64,94. Si des lésions génitales sont présentes au début du travail, une césarienne peut être envisagée.
- Les partenaires sexuels d’une personne qui a l’herpès génital devraient être avisés qu’elle a l’infection et qu’il est possible de transmettre le virus même sans présence de symptômes.
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