Veille analytique en périnatalité, mars 2022

Les articles présentés dans ce bulletin de veille analytique abordent différents aspects de la santé en contexte périnatal et de petite enfance.

Programmes, services et interventions

Canada — Vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse : adéquation avec les recommandations canadiennes

Contexte

Malgré la disponibilité d’un vaccin (Tdap), la coqueluche demeure endémique au Canada, avec des taux d’incidence très élevés chez les enfants de moins d’un an. Elle est notamment responsable du décès de quatre nourrissons de moins de 6 mois entre 2013 et 2017. La vaccination des femmes enceintes contre la coqueluche est sécuritaire et permet la production d’anticorps qui protègent le nourrisson jusqu’à 2 à 4 mois de vie, en particulier lorsque faite durant le 3e trimestre de grossesse. Au Canada, ce vaccin est recommandé chez toutes les femmes enceintes par le Comité aviseur national sur l’immunisation et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada1. Au moment de l’enquête, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, la Saskatchewan, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard offraient le Tdap gratuitement.

Objectif et méthode

L’objectif de cette étude était de mesurer le recours à la vaccination contre la coqueluche durant la grossesse, au Canada, et d’identifier les facteurs associés à la non-vaccination. Une enquête transversale a été réalisée par Statistique Canada entre décembre 2019 et mars 2020, auprès de mères d’enfants de 9 à 18 mois, nés entre septembre 2018 et mars 2019 et sélectionnés au hasard parmi les familles participant au programme Canadian Child Benefit. Des données de revenu familial ont été obtenues de sources administratives. La majorité des statistiques ont été pondérées à l’aide des paramètres fournis par Statistique Canada pour s’assurer que les estimations étaient représentatives de la population.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Sur un échantillon de 9 096 dyades mères-nourrissons sélectionnées, 5 091 mères (59 %) ont répondu à l’enquête. De ce nombre :

  • 39 % ont rapporté avoir été vaccinées avec Tdap durant leur grossesse, 51 % n’ont pas été vaccinées et 10 % ne savaient pas si elles l’avaient été ou non;
  • 99 % ont reçu des soins durant leur grossesse, dont 63 % par des obstétriciens-gynécologues;
  • davantage de mères résidant dans les provinces où la vaccination est gratuite ont été vaccinées (54 % vs 39 %).

Les principales raisons évoquées par les mères non vaccinées étaient :

  • ne pas être au courant de cette vaccination (60 %);
  • ne pas vouloir être vaccinées durant la grossesse (16 %);
  • ne pas s’être fait offrir ce vaccin par les professionnels de la santé qui les ont suivies durant la grossesse (11 %).

Les autres facteurs associés à la non-vaccination étaient : un revenu familial entre 50 000 $ et 89 999 $ (comparativement à plus de 130 000 $) et recevoir des soins durant la grossesse par une sage-femme.

Limites

Les auteurs évoquent quelques limites à cette étude. La principale était l’autodéclaration de la vaccination (biais de rappel et/ou de désirabilité sociale). Un biais de non-réponse était aussi possible, car les mères qui ont participé à l’enquête pouvaient être différentes des non-participantes. Cependant, ce biais aurait affecté les estimations de couverture réelles, et non les associations observées entre les soins durant la grossesse, les variables sociodémographiques et la non-vaccination.

Gilbert, N. L., Guay, M., Kokaua, J., Lévesque, I., Castillo, E., & Poliquin, V. (2022). Pertussis vaccination in Canadian pregnant women, 2018-2019. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada.

Espagne – Initiative Hôpitaux amis des bébés (IHAB) en contexte de COVID-19 : effet sur le taux d’allaitement exclusif

Contexte

La première vague de la pandémie de COVID-19 a entraîné son lot d’incertitudes quant aux protocoles entourant l’accouchement et l’initiation de l’allaitement. Plusieurs directives, aujourd’hui révoquées, recommandaient alors aux lieux de naissance de séparer les nouvelles mères infectées par la COVID‑19 de leur nouveau-né et d’éviter l’allaitement pour prévenir la transmission de la maladie. L’Initiative Hôpitaux amis des bébés (IHAB) est reconnue pour avoir un impact positif sur l’initiation de l’allaitement. Toutefois, peu d’information est disponible concernant le respect des recommandations de l’IHAB dans les hôpitaux agréés dans le contexte de la première vague de COVID-19.

Objectif et méthode

Cette étude poursuivait deux objectifs : 1) déterminer le taux d’allaitement pendant les 6 premiers mois de vie chez les enfants de mères infectées par la COVID-19 au moment de la naissance, et 2) évaluer l’influence possible d’avoir accouché dans un hôpital avec l’accréditation IHAB sur l’allaitement.

Entre le 13 mars et le 31 mai 2020, toutes les femmes infectées par la COVID-19 ayant accouché dans 14 hôpitaux, dont 5 avec l’accréditation IHAB, ont été invitées à participer à l’étude. Des 240 mères correspondant aux critères, 234 mères (et leurs nourrissons) ont accepté et ont initialement été incluses. Parmi les participantes, 47 % ont accouché dans un hôpital IHAB. Les données tirées des dossiers médicaux des mères incluaient, entre autres, le peau à peau immédiatement après la naissance, la cohabitation 24 h par jour au lieu de naissance, la présence d’un accompagnateur pendant l’accouchement et le type d’alimentation à la sortie du lieu de naissance. Les informations sur le type d’alimentation à 1, 3, et 6 mois ont été collectées lors de suivis téléphoniques avec la mère.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Comparativement aux femmes ayant accouché dans un hôpital sans accréditation, les femmes ayant accouché dans un hôpital IHAB :

  • étaient plus susceptibles de faire du peau à peau dès la naissance (OR = 1,9);
  • étaient moins susceptibles d’être séparées de leur nouveau-né sans raison médicale (OR = 0,46).

Aucune différence n’a été observée quant à la possibilité d’être accompagnée pendant l’accouchement.

Concernant l’alimentation des nouveau-nés :

  • Le taux d’allaitement exclusif était de 41,8 % à la sortie du lieu de naissance, de 41,1 % à 1 mois et de 39,6 % à 3 mois. Il diminue ensuite à 24,7 % à 6 mois;
  • Les taux d’allaitement exclusif à la sortie du lieu de naissance étaient significativement plus élevés pour les enfants nés dans des hôpitaux IHAB (49,1 %) comparativement aux enfants nés dans des hôpitaux sans accréditation (35,3 %);
  • Aucune différence significative dans le taux d’allaitement exclusif n’a été observée à 1 mois, 3 mois ou 6 mois.

Bien que les taux d’allaitement exclusif aient été plus élevés à la sortie du lieu de naissance dans les établissements IHAB, ceux-ci étaient nettement inférieurs aux taux attendus pour des hôpitaux agréés (49,1 % vs 75 %). Les auteurs soulignent l’importance de considérer rapidement les données scientifiques pour éviter de nuire à l’allaitement lors de futures pandémies.

Limites

Les auteurs soulèvent quelques limites à cette étude. Notamment, davantage de nouveau-nés ont requis une admission aux soins intensifs dans les hôpitaux IHAB, ce qui pourrait avoir entrainé une sous-estimation du taux d’allaitement. L’attrition des participantes à l’étude était plus élevée, à 1 mois, parmi les femmes ayant accouché dans un hôpital non agréé IHAB. D’autres facteurs ayant un impact sur l’allaitement, comme la participation à des groupes de soutien ou la parité, n’ont pas été considérés dans cette étude. Finalement, les critères diagnostic pour la COVID-19 ont évolué au fil de l’étude et il est possible que des femmes infectées, mais asymptomatiques, n’aient pas été recrutées.

Marín Gabriel, M. A., Domingo Comeche, L., Cuadrado Pérez, I., Reyne Vergeli, M., Forti Buratti, A., Royuela Vicente, A., Olabarrieta Arnal, I., Sánchez, L., Alonso Díaz, C., Criado, E., Carrizosa Molina, T., Caserío Carbonero, S., Casas Satre, C., & Fernández-Cañadas Morillo, A. (2021). Baby Friendly Hospital Initiative Breastfeeding Outcomes in Mothers with COVID-19 Infection During the First Weeks of the Pandemic in Spain. Journal of Human Lactation, 37(4), 639‑648.

États-Unis — Caractéristiques associées à l’abandon et à la rétention des participantes dans un programme de visites à domicile périnatales

Contexte

Assurer la rétention des participants est essentiel dans l’atteinte des objectifs d’un programme de visites à domicile périnatales. L’abandon du programme et le fait de ne pas recevoir le nombre prévu de visites réduisent les impacts positifs et la rentabilité du programme.

Objectif et méthode

L’initiative Maternal, Infant, and Early Childhood Home Visiting (MIECHV) dessert les familles vivant dans plusieurs communautés défavorisées de la Floride par le biais de trois programmes de visites à domicile périnatales. Cette étude avait pour objectifs de documenter le taux et les motifs d’abandon des participantes aux trois programmes et les caractéristiques susceptibles d’expliquer l’abandon (période d’inscription au programme, caractéristiques des programmes, caractéristiques des participantes).  

Les mères provenant de sites qui disposaient d’informations sur les caractéristiques des programmes ont été incluses dans l’étude. Au total, les données provenant de 1 807 dyades mères-enfants inscrites à MIECHV entre 2013 et 2016 ont été extraites de leur dossier de participants. Les données avaient été recueillies par les visiteurs à domicile. Des analyses statistiques ont été réalisées pour examiner le taux et les motifs d’abandon des participantes aux programmes de MIECHV et les caractéristiques associées.

Le choix des caractéristiques considérées dans l’analyse se basait sur la littérature existante. Les caractéristiques analysées en lien avec les participantes sont les suivantes : âge de la mère, origine ethnique, scolarité, emploi, état matrimonial, pauvreté, langue parlée à la maison, type d’assurance, toxicomanie maternelle, dépression maternelle, maltraitance/négligence, violence entre partenaires intimes, nombre moyen de visites à domicile/mois, stress parental. Les caractéristiques analysées en lien avec les programmes sont les suivantes : programme utilisé parmi les trois étudiés, nombre médian de jours travaillés par les visiteurs à domicile (indicateur du roulement de personnel), délai depuis l’intégration du programme sous l’initiative MIECHV.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Taux et motifs d’abandon des participantes

  • Le taux d’abandon global des participantes à MIECHV est de 55,4 % pendant la période de suivi (3 ans). Seulement la moitié des participantes ont poursuivi leur participation au programme pendant au moins 462 jours;
  • La raison principale d’abandon est la perte de suivi en raison d’un changement d’adresse ou de numéro de téléphone (59,4 %).

Les caractéristiques associées à l’abandon des participantes

  • La durée médiane de participation au programme est significativement plus élevée chez les femmes inscrites pendant la grossesse (603 jours) comparativement aux femmes inscrites après l’accouchement (351 jours); 
  • La toxicomanie maternelle est associée à un taux d’abandon plus élevé chez les participantes;
  • L’âge des mères (mères > 25 ans comparativement aux mères < 20 ans) et le nombre moyen de visites à domicile par mois (1,5-2,0 visites comparativement à 1,0 visite) sont associés à un taux d’abandon plus faible chez les participantes;
  • Les autres caractéristiques étudiées ne sont pas significativement associées au taux d’abandon.

Limites

Les auteurs identifient certaines limites à cette étude. Tout d’abord, très peu d’information est disponible quant aux motifs d’abandon des participantes. Ceux-ci sont documentés par les visiteurs à domicile, ce qui peut entrainer un biais de déclaration. En raison d’un biais de désirabilité sociale, certaines caractéristiques autodéclarées par les participantes ont également pu être sous-estimées, dont la dépression maternelle, le stress parental et la violence entre partenaires intimes. Par ailleurs, plusieurs données sur les caractéristiques des participantes sont manquantes. Les participantes ayant des données manquantes à leur dossier avaient un taux d’abandon plus élevé comparativement aux participantes ayant un dossier complet. Enfin, les auteurs mentionnent que les données proviennent d’un seul état américain, ce qui limite la généralisabilité des résultats.

Ramakrishnan, R., Holland, V., Agu, N., Brady, C., & Marshall, J. (2022). https://doi.org/10.1007/s11121-022-01338-8. Prevention Science.

Allemagne — Effets à long terme des interventions préventives sur le stress parental et l’affectivité de l’enfant

Contexte

Dès la naissance, les émotions et les pratiques du parent influencent le développement de l’enfant, et inversement. Notamment, le stress lié à la parentalité peut s’inscrire dans une boucle de rétroaction négative dans laquelle un parent affecté par le stress risque davantage d’adopter des pratiques coercitives qui engendrent des problèmes de comportement ou des réactions exacerbées chez leur jeune enfant et de ce fait, augmentent le niveau de stress ressenti par le parent. En ce sens, des programmes de prévention visant à enrayer ce processus négatif paraissent pertinents à mettre en place et à évaluer.

Objectif et méthode

Cette étude portait sur l’association longitudinale entre le stress lié à la parentalité et la démonstration d’un tempérament difficile chez l’enfant. Plus précisément, les auteurs ont examiné si le niveau de stress parental ou ses répercussions sur l’affectivité négative de l’enfant, par exemple de l’irritabilité, pouvaient être modérés par des programmes de prévention ciblés et si les effets perduraient dans le temps. Les participants étaient des familles ayant un enfant de moins de trois ans, engagées dans une étude longitudinale. Les données d’un échantillon (n = 903 familles) ont été récoltées à deux moments : en 2015, et deux années plus tard.

Le stress lié à la parentalité (selon les items du Parenting Stress Index), et l’affectivité négative de l’enfant ont été mesurés par questionnaires autorapportés en 2015 et en 2017. L’utilisation de programmes de prévention (dès la naissance ou même avant) a été évaluée une seule fois, en 2015, et couvrait les services suivants : counselling spécialisé, counselling sur l’encadrement de l’enfant, counselling relatif à la grossesse, support pour groupes ciblés, visites à domicile, interventions précoces pour enfants avec problèmes développementaux ou handicaps. Cette variable a permis de catégoriser les familles en deux groupes, soit celles ayant utilisé au moins un service, et celles n’ayant utilisé aucun service. Les analyses sur le stress lié à la parentalité et l’affectivité négative de l’enfant ont porté sur les différences observées entre les deux moments de mesure et l’association entre les deux variables. Les chercheurs ont également analysé l’effet des programmes préventifs sur ces deux variables.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Le stress lié à la parentalité varie moins dans le temps que l’affectivité négative de l’enfant.
  • Pour l’ensemble des familles (utilisant ou non les services préventifs), on observe une relation unidirectionnelle entre les deux variables : le stress lié à la parentalité au premier temps de mesure se répercute sur l’affectivité négative de l’enfant au deuxième temps de mesure, mais pas l’inverse.
  • Les programmes préventifs modèrent l’effet du stress parental sur l’affectivité négative de l’enfant deux ans plus tard. En effet, chez les familles qui ont utilisé ces programmes, l’association entre le stress parental et l’affectivité négative de l’enfant n’est pas statistiquement significative.
  • Parmi les familles qui ont utilisé des services préventifs, une diminution de l’affectivité négative de l’enfant est observée, mais uniquement chez les parents qui démontrent un taux de stress élevé.

Limites

Quatre limites sont mentionnées par les auteurs. En premier lieu, les questionnaires autorapportés auraient pu induire des biais de désirabilité ou de rappel, et se sont limités à un petit nombre de questions. Deuxièmement, les auteurs ont soulevé que le niveau d’éducation des participants n’était pas représentatif de la population générale. Le manque d’information sur l’intensité et le contenu des services reçus représente une troisième limite. Finalement, les auteurs soulignent la faible proportion de parents avec un niveau de stress élevé parmi les participants, et invitent à la prudence dans l’interprétation des résultats. 

Ulrich, S. M., Lux, U., Liel, C., & Walper, S. (2022). Long-term effects of targeted prevention programs for families with young children. A population-based study on parenting stress and children’s negative emotionality. Child: Care, Health and Development.

Allemagne — Utilisation des services de prévention médicaux et sociaux par les jeunes familles

Contexte

L’un des enjeux de la prévention est le fait que les services préventifs sont souvent sous-utilisés par les familles susceptibles d’en avoir le plus besoin, notamment celles plus défavorisées sur le plan sociéconomique. Une des raisons avancées est la barrière financière à l’accès aux services. Dans le contexte allemand, où les services préventifs sont généralement gratuits, il apparaît important de documenter l’existence ou non du dilemme de la prévention, et plus généralement l’utilisation des services préventifs et les facteurs susceptibles de l’influencer (au-delà de l’aspect financier).

Objectif et méthode

Cette étude vise à documenter le recours aux services préventifs médicaux et sociaux visant les jeunes familles et analyser les facteurs associés à l’utilisation (ou non) de ces services.

L’échantillon de l’étude est composé de 6860 mères d’enfants âgés de moins de 4 ans. Les données ont été récoltées à l’occasion d’un suivi médical de l’enfant, sur base d’un questionnaire à remplir par les parents. Elles concernent notamment l’état de santé de l’enfant, les caractéristiques socioéconomiques des familles et leur utilisation des services préventifs.

Des modèles de régression logistique ont été élaborés pour étudier l’association entre l’utilisation (ou non) des services et les caractéristiques des familles. Des analyses par classe latentes ont été réalisées pour identifier une typologie du recours aux services préventifs et dresser le profil des familles qui utilisent ces services.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Les auteurs répertorient 10 types de programmes préventifs médicaux ou sociaux visant les jeunes familles en Allemagne, catégorisés en trois trois groupes, selon le public visé :
    • universel (n = 5, ex : classes prénatales, assistance offerte par une sage-femme après l’accouchement);
    • sélectif (n = 4, ex : programmes de visite à domicile, services offrant des conseils sur des questions autour de la grossesse);
    • ciblé (n = 1, interventions précoces pour les enfants avec besoins spéciaux, tels que ceux ayant un handicap ou des problèmes de développement).
  • Les services universels sont les plus utilisés. Par exemple, 90 % des femmes de l’étude ont bénéficié de l’aide d’une sage-femme après l’accouchement, tandis que 61 % d’entre elles ont participé à des classes prénatales. Les mères qui utilisent les services universels sont plus souvent des femmes non immigrées, avantagées sur le plan socioéconomique et rapportant moins de stress psychosocial, comparativement à celles qui n’utilisent pas ces services.
  • Les services sélectifs les plus utilisés sont les services de conseils autour de la grossesse (18 % des mères) et les programmes de visite à domicile (13 % des mères). Les facteurs significativement associés à l’utilisation des services sélectifs varient selon le type de programme. Par exemple, les principaux facteurs associés à l’utilisation des services de conseils autour de la grossesse sont : considérer un recours à l’avortement, recevoir de l’aide sociale, être monoparentale, ne pas pouvoir compter sur un support social dans son entourage.
  • Les analyses permettent de dégager quatre profils types de familles : utilisant peu les services (22,5 %), utilisant de multiples services (5,6 %), utilisant des services médicaux uniquement (30,5 %), utilisant des services médicaux et sociaux (41,6 %).
  • Les analyses de classes latentes révèlent que les familles défavorisées sur le plan socioéconomique (faiblement éduquées) sont surreprésentées dans le groupe « utilisant peu les services ». Les familles de ce groupe utilisaient presque uniquement les services d’une sage-femme. Elles étaient souvent aux prises avec des enjeux de grossesses non planifiées ou des considérations pour un avortement.

Les résultats de l’étude suggèrent que les caractéristiques socioéconomiques des familles, plus exactement la difficulté de rejoindre les familles défavorisées (particulièrement en ce qui concerne les services universels) demeure un enjeu crucial pour favoriser l’efficacité des programmes de prévention. Les futures études devraient aider à mieux comprendre les mécanismes susceptibles d’expliquer le dilemme de la prévention et les moyens pour y remédier.

Limites

Les auteurs notent quelques limites de l’étude, au niveau méthodologique. Le devis utilisé, de type transversal, ne permet pas de tirer des conclusions en termes de causalité quant aux associations constatées. Un biais de désirabilité sociale lié à la façon de récolter les données (questionnaires remplis par les parents) n’est pas non plus à exclure.

Ulrich, S. M., Walper, S., Renner, I., & Liel, C. (2022). Characteristics and patterns of health and social service use by families with babies and toddlers in Germany. Public Health, 203, 83‑90.


Habitudes de vie

Australie — Étude longitudinale sur la consommation d’alcool pendant la grossesse : profil de cohorte et premiers résultats

Contexte

Il est établi que l’alcool traverse le placenta. Un niveau de consommation élevé d’alcool durant la grossesse peut causer des séquelles au cerveau, des malformations au visage, et des troubles neurologiques chez l’enfant. Or, il y a un manque de données probantes sur les risques d’une exposition faible à modérée d’alcool en période prénatale sur le développement de l’enfant.

Objectif et méthode

Cette étude longitudinale avait pour objectif d’évaluer les effets de l’exposition faible à modérée à l’alcool, pendant la grossesse, sur le développement de l’enfant à long terme.

Entre juillet 2011 et juillet 2012, 802 femmes enceintes ont rempli un questionnaire pendant leur premier trimestre de grossesse. Le questionnaire portait sur leur profil de consommation d’alcool (type de boisson alcoolisée consommée, fréquence de consommation et nombre de consommations pour chaque occasion), ainsi que sur l’occurrence d’occasions spéciales lors desquelles elles avaient consommé de l’alcool plus qu’à l’accoutumée.

Douze mois après la naissance, des photographies 3D du visage et du crâne ont été prises chez un sous-groupe de 482 enfants de la cohorte. À l’âge de 2 ans, 696 enfants de la cohorte ont fait l’objet d’une évaluation neuropsychologique par un psychologue. L’évaluation neuropsychologique touchait le développement cognitif, langagier et moteur. Les observations (tirées des photographies et de l’évaluation neuropsychologique) des enfants de mères déclarant avoir consommé de l’alcool durant leur grossesse ont été comparées à celles des enfants de mères abstinentes.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

Selon les résultats préliminaires de l’étude :

  • Plus de la moitié des mères (59 %) ont déclaré avoir consommé de l’alcool durant leur grossesse, et une sur cinq a rapporté au moins une occasion de très forte consommation avant de savoir qu’elles étaient enceintes. 
  • L’examen des photographies 3D a révélé une association significative entre l’exposition prénatale faible à modérée à l’alcool et la forme du visage et du crâne des enfants. En particulier, des différences subtiles dans le milieu du visage sont observées.
  • L’évaluation neuropsychologique des enfants à 2 ans n’indiquait pas qu’une exposition faible à modérée à l’alcool, durant la grossesse, était associée à des troubles au niveau cognitif, langagier ou moteur.

Limites

Les auteurs relèvent trois limites principales à leur étude. Les données sur la consommation d’alcool ont été autorapportées par les participantes enceintes à l’aide d’un questionnaire. Ces données peuvent donc être teintées d’un biais de désirabilité sociale ou d’un biais de mémoire. La mesure de l’exposition faible à modérée à l’alcool ne s’appuie pas sur un outil objectif et validé. Finalement, chez certains enfants de la cohorte, l’évaluation neuropsychologique n’a pas été menée directement auprès d’eux et s’est appuyée plutôt sur les déclarations des mères au sujet des progrès développementaux de leur enfant. Cela pourrait avoir introduit un biais lié à l’informateur dans les résultats.

Muggli, E., Halliday, J., Elliott, E. J., Penington, A., Thompson, D., Spittle, A. J., Forster, D., Lewis, S., Hearps, S., & Anderson, P. J. (2022). Cohort profile: Early school years follow-up of the Asking Questions about Alcohol in Pregnancy Longitudinal Study in Melbourne, Australia (AQUA at 6). BMJ Open, 12(1), e054706.


Santé mentale

Royaume-Uni — Santé mentale pendant la grossesse et attachement prénatal en contexte de COVID-19

Contexte

Les symptômes de dépression et d’anxiété pendant la grossesse peuvent nuire au développement d’une relation positive entre une mère et son enfant à naître. Le contexte pandémique engendre son lot de bouleversements et pourrait ainsi avoir un impact sur la santé mentale des femmes enceintes et sur l’attachement prénatal. Cependant, les études antérieures ne sont pas univoques quant à la relation entre la santé mentale pendant la grossesse et l’attachement prénatal. De plus, des facteurs comme le soutien social pourraient être liés à l’attachement prénatal et méritent d’être étudiés davantage.

Objectif et méthode

Cette étude avait deux objectifs : 1) déterminer si les symptômes de dépression, d’anxiété et de stress posttraumatique liés à l’impact psychologique de la pandémie de COVID-19 peuvent prédire la qualité de l’attachement prénatal; 2) déterminer si le soutien social perçu et les sentiments par rapport à la pandémie de COVID-19 peuvent prédire l’anxiété et la dépression maternelle. Au total, 150 femmes enceintes ont répondu à un sondage en ligne entre avril 2020 et janvier 2021. Les questions portaient sur le profil sociodémographique des mères, le déroulement de leur grossesse, leur sentiment par rapport à la COVID-19 et leur santé mentale. Des échelles validées ont été utilisées pour mesurer la dépression, les symptômes d’anxiété, l’attachement prénatal et le stress posttraumatique lié à l’impact psychologique de la pandémie.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • Parmi ces femmes ayant vécu leur grossesse pendant la pandémie, 47 % rapportent des symptômes de dépression, 60 % des symptômes d’anxiété et 40 % des symptômes de stress posttraumatique lié à l’impact psychologique de la pandémie de COVID-19.
  • La présence de symptômes de dépression permet de prédire la qualité de l’attachement prénatal : les femmes ayant un plus haut taux de symptômes dépressifs sont plus susceptibles d’être moins attachées à l’enfant qu’elles portent que celles avec moins de symptômes dépressifs.
  • Les symptômes d’anxiété ne sont pas significativement associés à la qualité de l’attachement prénatal.
  • Le stress posttraumatique lié à l’impact psychologique de la pandémie n’est pas associé à la qualité de l’attachement prénatal. Toutefois, ce stress est associé à l’augmentation de la dépression et des symptômes d’anxiété.
  • Un soutien social perçu (du partenaire, de la famille, des amis et du système de santé) est associé à moins de symptômes d’anxiété, tandis qu’un sentiment négatif par rapport à la pandémie de COVID-19 est associé à plus d’anxiété.
  • Les deux facteurs évoqués au point précédent (soutien social et sentiment négatif par rapport à la pandémie) ne sont pas associés à la dépression.

Limites

La méthodologie utilisée (devis transversal) ne permet pas de déterminer s’il y a des relations de causalité entre les différentes variables. Les auteures soulignent aussi que des données sur la santé mentale des pères auraient pu être fort pertinentes. De plus, cette étude a été réalisée avant la vaccination contre la COVID-19. Or, recevoir le vaccin pourrait avoir une incidence sur la santé mentale liée à la pandémie et les résultats de cette étude pourraient ne pas correspondre à la situation depuis l’arrivée des vaccins.

Filippetti, M. L., Clarke, A. D. F., & Rigato, S. (2022). The mental health crisis of expectant women in the UK: Effects of the COVID-19 pandemic on prenatal mental health, antenatal attachment and social support. BMC Pregnancy and Childbirth, 22(1), 68.


Parentalité

Allemagne — Association entre la sensibilité parentale et l’attachement en présence de facteurs de risque familiaux

Contexte

Un attachement parent-enfant sécurisant offre un cadre rassurant à l’enfant, en lui permettant de trouver sécurité et réconfort auprès d’une personne significative et en facilitant son exploration de l’environnement. Lorsqu’établi dans les premières années de vie, l’attachement sécurisant influence positivement l’ajustement social ultérieur de l’enfant et sa capacité de résilience.

À l’inverse, un attachement insécure nuit au sentiment de sécurité de l’enfant et à son exploration. Plusieurs facteurs sont associés à une plus grande probabilité de présenter un attachement insécure, notamment les faibles conditions socioéconomiques de la famille et les enjeux de santé mentale des parents.

La sensibilité parentale, définie dans l’étude par une présence réceptive et soutenante du parent dans son interaction avec son enfant, semble jouer un rôle important dans l’attachement sécurisant et la mitigation des effets des facteurs de risque familiaux.

Objectifs et méthode

Cette étude poursuivait deux objectifs : 1) évaluer si la sensibilité parentale est un facteur médiateur de l’association entre les facteurs de risque familiaux et l’attachement de l’enfant; 2) vérifier si la sensibilité parentale (élevée contre faible) peut modifier l’effet des facteurs de risque familiaux sur l’attachement.

Une étude de cohorte prospective a été réalisée auprès de 197 dyades parents-enfants. Deux vagues de mesures ont été réalisées. Les enfants étaient âgés de 10 à 14 mois lors de la première, et de 17 à 21 mois, lors de la seconde. En tout, 21 facteurs de risque ont été considérés et les participants ont été répartis en trois groupes pour l’analyse (risque bas [0 à 1 facteur], moyen [2 à 3 facteurs] et élevé [4 facteurs et plus]). La sécurité de l’attachement était mesurée dans l’environnement naturel de l’enfant à l’aide d’un outil standardisé. La sensibilité parentale a été observée pendant une période de jeu libre et une période de jeu structuré à partir d’un outil adapté.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

  • La sensibilité parentale est fortement associée à la sécurité de l’attachement de l’enfant.
  • Les enfants issus de familles à risque élevé ont un niveau d’attachement significativement moins sécure que les enfants issus de familles à bas risque. La différence n’est pas significative entre les enfants issus de familles à risque élevé comparativement à risque moyen, ce qui suggère qu’un petit nombre de facteurs de risque suffit pour influencer la qualité du lien d’attachement parent-enfant.
  • La sensibilité parentale explique le lien entre la présence de facteurs de risque familiaux et les problèmes d’attachement. En effet, d’une part les facteurs de risque familiaux influencent négativement le niveau de sensibilité parentale. D’autre part, une moindre sensibilité parentale est associée à une relation d’attachement de moins bonne qualité.
  • La sensibilité parentale agit comme facteur de protection sur l’attachement, en présence de risque familial. En d’autres termes, chez les enfants issus de familles à risque, on ne constate pas de problèmes d’attachement lorsque la sensibilité parentale est préservée.

Limites

Les auteurs mentionnent quatre limites : 1) un biais de sélection est toujours possible pour les familles vulnérables, celles-ci étant moins nombreuses à s’engager dans les études; 2) le seul facteur de protection considéré est la sensibilité parentale, il aurait pu être pertinent d’en analyser d’autres pour les comparer; 3) l’étude ne permet pas d’analyser l’influence de la sensibilité maternelle sur l’attachement à mesure que le nombre de facteurs de risque augmente (au-delà de quatre facteurs de risque), en raison de la catégorisation des familles en trois niveaux de risque; 4) les résultats ne sont peut-être pas généralisables à d’autres pays, notamment là où le filet social est moins présent, ce qui peut augmenter le poids des facteurs de risque.

Gerlach, J., Fößel, J. M., Vierhaus, M., Sann, A., Eickhorst, A., Zimmermann, P., & Spangler, G. (2022). Family risk and early attachment development: The differential role of parental sensitivity. Infant Mental Health Journal.

Irlande — Expérience des nouvelles mères quant à l’alimentation de leur nouveau-né : une analyse qualitative et quantitative

Contexte

Les bienfaits de l’allaitement pour la santé de l’enfant ne sont plus à démontrer. L’expérience des mères qui décident d’allaiter ou de nourrir leur bébé avec des préparations commerciales pour nourrissons (PCN) est diversifiée. En 2008, une enquête a été publiée sur l’alimentation des bébés pendant les premiers mois de vie, en Irlande2. La présente étude révèle des données plus récentes sur l’alimentation des nouveau-nés dans ce pays.

Objectif et méthode

Cette étude visait à explorer l’expérience des femmes, peu après leur accouchement, quant à leur choix d’allaiter ou de nourrir leur bébé avec des PCN. L’étude a utilisé une stratégie mixte, se basant sur les données secondaires (quantitatives et qualitatives) tirées du Irish National Maternity Experience Survey (NMES) de 2020. La NMES est une enquête transversale sur l’expérience générale des services de maternité, incluant tous les hôpitaux d’Irlande ainsi que le service national d’accouchements à la maison.

Dans le cadre de la NEMS, 6357 mères âgées d’au moins 16 ans, et ayant accouché dans un des milieux mentionnés ci-dessus, entre octobre et novembre 2019, ont reçu une invitation à participer à une étude en ligne, 4 mois après leur accouchement. De ce nombre, la moitié (3205) ont répondu au questionnaire d’enquête, qui comprenait des questions sur les soins anténataux, les soins entourant l’accouchement, la façon de nourrir le nouveau-né dès la naissance et les soins post-nataux à domicile. Dans le cadre de la présente étude, les réponses aux questions portant sur la façon de nourrir le nouveau-né dans les quelques jours suivant la naissance ont été analysées via des statistiques descriptives ou une analyse thématique, selon leur nature.

Qu’est-ce qu’on y apprend?

La majorité des répondantes étaient des Irlandaises caucasiennes (82,5 %), âgées de 30 à 39 ans (72,4 %), et multipares (58 %). Un peu plus de 50 % ont eu un accouchement vaginal et moins de 1 % ont donné naissance à domicile.

Concernant la façon de nourrir le nouveau-né :

  • Dans les quelques jours suivant la naissance :
    • 41,9 % ont opté pour l’allaitement exclusif;
    • 29 % ont allaité et offert des PCN;
    • 29,1 % ont offert des PCN seulement;
  • Environ 75 % des femmes ont rapporté que leur décision quant à la manière de nourrir leur nouveau-né avait toujours été respectée par les professionnels de la santé.
  • En réponse à des questions ouvertes, 22,5 % des femmes ont émis des commentaires concernant la façon de nourrir le nouveau-né. Celles-ci soulignaient entre autres l’importance du soutien professionnel pour l’initiation de l’allaitement, le besoin d’information consensuelle (peu importe la manière choisie de nourrir le nouveau-né), le besoin d’être respectée dans ses choix et l’importance de préserver l’intimité lors de l’acte de nourrir à la maternité.

Limites

Les auteures mentionnent plusieurs limites en lien avec la collecte des données. Tout d’abord, les données récoltées ne portent sur pas sur une longue période. Ainsi, on ne sait pas combien de femmes ont poursuivi l’allaitement à plus long terme. Ensuite, la moitié des femmes contactées n’ont pas participé à l’enquête, et il n’y a pas de données sur les caractéristiques de ces femmes. L’étude pourrait donc ne pas être représentative de la population visée. Finalement, les questions ouvertes concernaient l’ensemble de l’expérience de la maternité et non seulement la façon de nourrir le nouveau-né : elles ne permettaient donc pas de questionner spécifiquement et plus en profondeur cet aspect, comme on aurait pu le faire en entrevue individuelle, par exemple.

Par ailleurs, l’enquête ne comportait pas de questions sur d’autres éléments susceptibles d’être associés à la façon de nourrir le nouveau-né, soit le statut sociodémographique, le niveau de scolarité, le statut marital ou les complications liées à la grossesse, ce qui aurait permis d’enrichir l’étude.

R. Murphy, C. Foley, A.M. Verling, T. O’Carroll, R. Flynn, D. Rohde (2022). Women’s experiences of initiating feeding shortly after birth in Ireland: A secondary analysis of quantitative and qualitative data from the National Maternity Experience Survey.Midwifery.


Rédacteurs

Stephani Arulthas
Emilie Audy
Marie-Ève Bergeron-Gaudin
Édith Guilbert
Élise Jalbert-Arsenault
Danielle Landry
Andréane Melançon
Louise Pouliot
Mamadou Mouctar Sow

Sous la coordination de
Julie Laforest, chef d’unité scientifique

Révision
Marie-Cloé Lépine

Équipe Périnatalité, petite enfance et santé reproductive
Unité Stratégies préventives et parcours de vie
Direction du développement des individus et des communautés

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Vous pouvez également consulter la méthodologie de la veille scientifique en périnatalité.

  1. Public Health Agency of Canada. (2018). Update on immunization in pregnancy with tetanus toxoid, reduced diphtheria toxoid and reduced acellular pertussis (Tdap) vaccine. An Advisory Committee Statement (ACS)—National Advisory Committee on Immunization (NACI).
    Castillo, E., & Poliquin, V. (2018). No. 357-Immunization in Pregnancy. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, 40(4), 478‑489.
  2. Begley, C. (2008). The national infant feeding survey 2008 (p. 270) [Report]. University of Dublin, Trinity College Dublin.