Veille scientifique : lutte contre le tabagisme, volume 15, numéro 2, juin 2025
Dans ce numéro de veille scientifique, l’équipe tabagisme de l’INSPQ présente des articles portant sur les interventions de renoncement au vapotage, desquels ressort un intérêt particulier pour les adultes vapoteurs qui sont d’anciens fumeurs :
- Une revue systématique Cochrane des interventions de renoncement au vapotage
- Possibilité de rechute tabagique chez les vapoteurs anciens fumeurs qui cessent l’usage de la cigarette électronique
- Facteurs prédisant le renoncement au vapotage chez les adolescents et les jeunes adultes
- Peu de lignes directrices pour guider le renoncement au vapotage chez les anciens fumeurs adultes
- Consensus d’experts au sujet de lignes directrices cliniques pour le renoncement au vapotage
Dans cette veille, l’équipe tabagisme sélectionne et résume les publications scientifiques récentes qu’elle juge les plus pertinentes au travail des acteurs du réseau de santé publique œuvrant dans le domaine de la lutte contre le tabagisme. Puisque ce numéro porte sur un thème spécifique, un article considéré comme récent peut avoir été publié au cours des deux dernières années.
Une revue systématique Cochrane des interventions de renoncement au vapotage
Contexte
Les connaissances scientifiques sont actuellement limitées quant aux interventions les plus efficaces pour renoncer au vapotage et demeurer abstinent à long terme. À ce jour, les traitements les plus communément employés dans le cadre de démarches de renoncement au vapotage sont les mêmes que ceux utilisés pour l’arrêt tabagique, soit les aides pharmacologiques (thérapies de remplacement de la nicotine [TRN], varénicline, cytisine), les interventions comportementales, ou une combinaison des deux traitements.
Objectif
Une revue systématique dynamique a été réalisée afin d’évaluer les possibles bénéfices et effets indésirables sérieux découlant des divers types d’intervention d’aide au renoncement au vapotage, lorsqu’elles sont comparées entre elles, à un placebo ou à une intervention minimale/absence d’intervention. L’effet des interventions de renoncement au vapotage sur l’usage du tabac a également été examiné, afin de déterminer si elles favorisaient le renoncement au tabac chez les vapoteurs fumeurs ou l’adoption du tabagisme chez les vapoteurs non-fumeurs.
Neuf études contrôlées randomisées ont été incluses dans la revue, pour un échantillon total de 5 209 vapoteurs motivés à cesser l’usage de la cigarette électronique. Dans six études, les participants étaient abstinents du tabac au premier temps de mesure, mais la plupart des études incluaient des participants qui avaient déjà fumé la cigarette. Des neuf études, huit incluaient des participants âgés de 18 ans et plus, dont trois ne comprenaient que des jeunes adultes de 18 à 24 ans, et une portait sur un échantillon d’adolescents de 13 à 17 ans. Trois études ont été jugées à faible risque de biais, et trois à haut risque de biais. Les trois dernières études présentaient un risque de biais incertain selon les critères employés par les auteurs, soit l’approche GRADE utilisée dans les revues de la collection Cochrane.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Aides pharmacologiques
- L’étude pilote (n = 16) ayant examiné l’efficacité de la combinaison de TRN (timbres de nicotine avec gommes ou pastilles de nicotine) en comparaison avec un placebo ou une intervention minimale/absence d’intervention indique un possible bénéfice sur les taux de renoncement au vapotage (ratio de risques [RR] = 2,57; IC 95 % 0,29-22,93), quoique ce résultat est considéré à très faible niveau de preuve en raison de l’imprécision de la mesure a et de risques de biais.
- L’étude ayant examiné l’efficacité de la varénicline pour cesser de vapoter a observé un plus fort taux de renoncement à 6 mois (RR = 2,00; IC 95 % 1,09-3,68, 140 participants) comparativement au groupe contrôle, ce résultat étant considéré à faible niveau de preuve en raison du petit nombre de participants des deux groupes ayant cessé de vapoter dans les 6 mois suivants l’intervention.
- La seule étude ayant examiné l’efficacité de la cytisine n’a pas rapporté de taux de renoncement à 6 mois ou plus.
- Aucun participant n’a rapporté d’effet indésirable sérieux dans l’étude ayant examiné l’efficacité de la combinaison de TRN ou de la cytisine comparativement à un placebo ou à une intervention minimale/absence d’intervention.
- Des trois études ayant examiné la présence d’effets indésirables sérieux découlant de l’administration de varénicline, une seule en a rapporté (un événement dans le groupe ayant reçu l’intervention).
Interventions comportementales
- L’étude ayant évalué l’intervention comportementale de réduction de la consommation de nicotine (concentration du produit et fréquence de vapotage) suggère qu’elle contribuerait à augmenter les taux de renoncement au vapotage à 6 mois comparativement à une intervention minimale (RR = 3,38; IC 95 % 0,43-26,30, 17 participants). Ce résultat est considéré à très faible niveau de preuve en raison de l’imprécision de la mesurea et de risques de biais.
- Deux études s’étant intéressées à l’intervention comportementale par messagerie texte indiquent une certaine efficacité quant à favoriser le renoncement au vapotage chez les 13-24 ans (RR = 1,32; IC 95 % 1,19-1,47, 4091 participants). Le résultat est considéré à faible niveau de preuve du fait que les deux études examinaient des populations relativement homogènes.
- L’étude examinant l’intervention comportementale de réduction de la consommation de nicotine n’incluait pas de mesure de la présence d’effets indésirables sérieux. Une des études portant sur l’intervention par messagerie texte incluait une telle mesure, mais aucun effet indésirable sérieux n’a été enregistré dans le groupe expérimental ou le groupe contrôle.
- Aucune étude n’a examiné l’effet des interventions sur l’usage du tabac.
Des résultats à faible niveau de preuve ont été obtenus en ce qui concerne l’efficacité des interventions comportementales par messagerie texte auprès des adolescents et des jeunes adultes ainsi que l’efficacité du traitement par varénicline chez les adultes. Les données portant sur l’efficacité de la combinaison de TRN ou de l’intervention comportementale de réduction de la consommation de nicotine ont été jugées peu concluantes en raison de l’imprécision de la mesure et de risques de biais.
Il est intéressant de constater que très peu d’effets indésirables ont été enregistrés dans les diverses études ayant examiné l’efficacité des interventions de renoncement au vapotage, que ce soit sur le plan des aides pharmacologiques ou des interventions comportementales. Notons toutefois que le faible nombre d’études et de participants inclus dans la revue systématique limite la portée des conclusions pouvant être émises.
La revue systématique a aussi permis de constater qu’aucune étude portant sur les interventions de renoncement au vapotage n’a considéré l’usage de tabac pendant et à la suite de l’intervention, ce qu’il serait important d’examiner dans le cadre d’études futures afin de prévenir les risques de rechute chez les vapoteurs anciens fumeurs ou d’initiation au tabagisme chez les vapoteurs non-fumeurs. Les auteurs mentionnent avoir identifié 20 essais contrôlés randomisés en cours portant sur l’efficacité des interventions de renoncement au vapotage. Ceux-ci seront inclus dans une mise à jour de la revue systématique, qui sera réalisée lorsque suffisamment de nouvelles études seront disponibles pour renforcer ou modifier les conclusions actuelles.
Butler AR, Lindson N, Livingstone-Banks J, Notley C, Turner T, Rigotti NA et al. Interventions for quitting vaping (Review). Cochrane Database Syst Rev 2025;CD016058.
a Faible nombre d’événements enregistrés et/ou intervalle de confiance incluant la possibilité que l’intervention n’ait généré aucun bénéfice ou ait été détrimentaire par rapport à la condition contrôle.
Possibilité de rechute tabagique chez les vapoteurs anciens fumeurs qui cessent l’usage de la cigarette électronique
Contexte
Bien que des études aient identifié des risques pour la santé liés à l’usage de la cigarette électronique, la majorité des chercheurs s’accordent pour dire que les produits de vapotage sont moins nocifs que les produits du tabac pour les fumeurs. Dans la perspective où plusieurs anciens fumeurs adultes ont utilisé la cigarette électronique pour cesser de fumer, sont devenus des vapoteurs et souhaitent maintenant renoncer au vapotage, il est important de déterminer si cette démarche de cessation est susceptible d’entraîner une rechute de l’usage du tabac chez les anciens fumeurs. À l’inverse, l’observation d’un effet bénéfique ou même d’une absence d’effet du renoncement au vapotage sur le maintien de l’abstinence tabagique supporterait la pertinence de promouvoir la cessation du vapotage chez les anciens fumeurs qui vapotent.
Objectif
L’étude visait à mesurer l’association entre le renoncement au vapotage et l’abstinence tabagique chez des adultes vapoteurs qui étaient des fumeurs ou d’anciens fumeurs au premier temps de mesure. Les auteurs ont mis l’emphase sur l’abstinence tabagique du fait de leur position voulant que la réduction du tabagisme soit un objectif de santé publique plus important que la réduction du vapotage.
Les données utilisées provenaient des vagues quatre et cinq de l’étude longitudinale Population Assessment of Tobacco and Health (PATH), une étude représentative à l’échelle des adultes américains. Les données de la quatrième vague ont été colligées entre décembre 2016 et janvier 2018, et celles de la cinquième vague entre décembre 2018 et novembre 2019. L’échantillon étudié comprend 1 525 adultes fumeurs ou anciens fumeurs (988 fumeurs et 537 anciens fumeurs) qui vapotaient au premier temps de mesure et ont répondu aux deux vagues. Des analyses de régression logistique ont été réalisées pour estimer la probabilité d’abstinence tabagique à la cinquième vague chez les fumeurs et anciens fumeurs qui étaient vapoteurs lors de la quatrième vague, selon qu’ils aient ou non renoncé au vapotage.
Une analyse proximale a tout d’abord été réalisée afin d’examiner l’association entre le renoncement au vapotage et l’abstinence tabagique lors de la cinquième vague. Par la suite, une analyse à long terme examinait le rôle du renoncement au vapotage à la quatrième vague comme prédicteur de l’abstinence tabagique à la cinquième vague. Plusieurs variables indépendantes ont été incluses dans les modèles de régression logistique, soit le sexe, l’âge, l’ethnicité, le niveau d’éducation et le niveau de revenu. L’intention de renoncer au tabac et le score de dépendance à la nicotine étaient aussi considérés dans les analyses effectuées auprès des fumeurs de la quatrième vague.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
- Chez les vapoteurs qui étaient d’anciens fumeurs lors de la quatrième vague, le renoncement au vapotage à la cinquième vague était associé à une moindre probabilité d’abstinence tabagique (Rapport de cotes ajusté [RCA] = 0,42; IC 95 % 0,20-0,89). L’analyse à long terme n’indiquait toutefois pas de différence significative entre les personnes ayant continué de vapoter et celles ayant cessé quant à l’abstinence tabagique à la cinquième vague (RCA = 0,86; IC 95 % 0,44-1,67).
- Peu de fumeurs de la quatrième vague étaient abstinents du tabac à la cinquième vague, qu’ils aient le statut de vapoteur ou d’ancien vapoteur (RCA = 1,37; IC 95 % 0,90-2,10). L’analyse à long terme a confirmé ce résultat (RCA = 0,90; IC 95 % 0,52-1,53).
L’observation d’une association proximale entre le renoncement au vapotage et la rechute tabagique chez les vapoteurs anciens fumeurs suggère un possible risque de santé publique associé au renoncement au vapotage. Cette observation est toutefois nuancée par le fait que l’association à long terme n’est pas significative sur le plan statistique. Il est possible que la différence observée entre le résultat proximal et le résultat à long terme signifie que le risque de rechute tabagique après le renoncement au vapotage est plus élevé à court terme qu’à long terme. Ce constat suggère l’intérêt de prévoir une intervention de prévention des rechutes chez les vapoteurs anciens fumeurs, telle qu’une thérapie de remplacement de la nicotine.
Les auteurs considèrent par ailleurs que des différences individuelles dans les habitudes de consommation (fréquence d’usage, concentration en nicotine du liquide vapoté) et le type de cigarette électronique utilisé pourraient en partie expliquer l’absence d’association entre le renoncement au vapotage et l’abstinence tabagique chez les fumeurs de la quatrième vague.
Les résultats obtenus doivent être interprétés avec prudence du fait que les données employées dans l’étude sont de nature observationnelle et ont été colligées avant 2020, le marché de la cigarette électronique et les habitudes de consommation des vapoteurs ayant considérablement évolués depuis. Il est également à noter que le devis de l’étude ne tenait pas compte du type de cigarette électronique utilisé par les vapoteurs, de la concentration en nicotine et de la saveur du liquide vapoté, ce qui signifie qu’il n’est pas possible de déterminer leur rôle potentiel dans la relation entre le renoncement au vapotage et le comportement tabagique. Mentionnons finalement la possibilité d’un biais de sélection du fait que l’usage de la cigarette électronique ou de produits du tabac au cours des trois premières vagues de l’étude PATH n’a pas été considéré.
Comme une importante limite des analyses proximales (cinquième vague seulement) relève de l’impossibilité de déterminer si le renoncement au vapotage a mené à la rechute tabagique ou vice-versa, il serait nécessaire que de futures études clarifient le sens de la relation observée chez les vapoteurs anciens fumeurs.
Klemperer EM, Bunn JY, Palmer AM, Smith TT, Toll BA, Cummings KM et al. E-cigarette cessation and transitions in combusted tobacco smoking status: longitudinal findings from the US FDA PATH study. Addiction 2023;118(6):1161-1166.
Facteurs prédisant le renoncement au vapotage chez les adolescents et les jeunes adultes
Contexte
Alors qu’il n’y a pas actuellement de consensus dans la communauté scientifique quant au rôle que devrait jouer la cigarette électronique chez les anciens fumeurs adultes souhaitant demeurer abstinents du tabac, plusieurs organisations de santé s’accordent pour recommander le renoncement au vapotage chez les jeunes s’étant initiés à ce comportement. Peu d’études se sont penchées sur les facteurs influençant la décision de renoncer au vapotage chez les adolescents et jeunes adultes, ou ceux favorisant la réussite de la tentative de renoncement.
Objectif
Cette revue systématique réalisée par des chercheurs canadiens visait à examiner les facteurs individuels et environnementaux qui contribueraient à la cessation du vapotage chez les adolescents et les jeunes adultes. Une première recherche bibliographique a été réalisée sur PubMed et PsycINFO en 2022, une mise à jour ayant été effectuée en 2023. La recherche a également été étendue à la littérature grise (Google Scholar et base de données bibliographiques de l’Ontario Tobacco Research Unit), ainsi qu’à la base de données IEEE Xplore afin de couvrir les études basées sur l’apprentissage automatique (machine learning). Un total de 24 études publiées entre 2018 et 2023 ont été incluses dans la revue systématique.
La revue a permis de repérer 106 prédicteurs du renoncement au vapotage chez les adolescents et les jeunes adultes, dont des facteurs individuels liés aux habitudes d’usage de la cigarette électronique ou à la dépendance à la nicotine, des facteurs sociodémographiques, des facteurs sociaux et psychosociaux, des facteurs familiaux et des facteurs liés au contexte réglementaire concernant le vapotage. Ceux-ci ont été classifiés en fonction de trois thèmes : l’intention de renoncer au vapotage, la tentative de renoncement et l’abstinence, celle-ci étant définie par une tentative de renoncement réussie durant 30 jours, 6 mois ou 12 mois. Chaque facteur prédictif a été assigné dans une des catégories suivantes en lien avec le résultat examiné : prédicteur probablea, prédicteur possibleb, prédicteur probablement non associéc, prédicteur à niveau de preuve insuffisantd, prédicteur inconstante.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
- Parmi les 84 prédicteurs de l’intention de renoncer au vapotage, 11 étaient des prédicteurs probables, 32 étaient des prédicteurs possibles, 29 avaient un niveau de preuve insuffisant, 11 étaient probablement non associés et 1 était inconstant :
- Les prédicteurs « probables » positivement associés à l’intention de cesser de vapoter étaient l’utilisation d’un dispositif jetable, le fait de vapoter parce qu’un membre de la famille ou un pair vapote, la perception que le vapotage comporte un risque élevé pour la santé et l’exposition à des contenus de prévention du vapotage.
- Les prédicteurs « probables » négativement associés à l’intention de cesser de vapoter étaient la fréquence plus élevée de vapotage, l’usage de la cigarette, la consommation d’alcool, l’usage de produits du tabac autres que la cigarette, la polyconsommation de produits du tabac, et le fait d’avoir des amis qui vapotent.
- Des 51 prédicteurs de la tentative de renoncement au vapotage, 8 étaient probables, 14 étaient possibles, 15 présentaient un niveau de preuve insuffisant, 10 étaient probablement non associés et 4 étaient inconstants :
- Trois prédicteurs « probables » étaient positivement associés à la tentative de renoncement : le fait d’avoir vapoté par curiosité, la perception que le vapotage comporte un risque élevé pour la santé, et l’usage de produits du tabac autres que la cigarette.
- Le fait d’être caucasien, de présenter un degré élevé de dépendance à la nicotine, de vapoter à fréquence élevée, de faire un double usage de cigarette électronique et de tabac, ou de consommer plus d’un produit du tabac diminuait la probabilité de tentative de renoncement.
- Parmi les 47 prédicteurs de l’abstinence au vapotage, 5 étaient jugés probables, 25 étaient jugés possibles, 13 présentaient un niveau de preuve insuffisant, 3 étaient probablement non associés et 1 était inconstant :
- Seule la perception que le vapotage comporte un risque élevé pour la santé a été identifiée comme prédicteur probable de l’abstinence du vapotage.
- L’âge plus avancé, le degré élevé de dépendance à la nicotine, l’usage des produits de vapotage comprenant une saveur sucrée et l’usage de produits du tabac autres que la cigarette ont été identifiés comme prédicteurs probables négativement associés à l’abstinence du vapotage.
La perception que le vapotage comporte un risque élevé pour la santé ressort comme un important prédicteur de l’intention de cesser de vapoter, de la tentative de renoncement et de l’abstinence, ce qui souligne la pertinence des campagnes visant à informer et à sensibiliser les adolescents et les jeunes adultes quant aux méfaits du vapotage pour la santé.
La revue systématique comporte certaines limites, notamment l’absence de méta-analyse et le traitement sans distinction des résultats portant sur l’abstinence à court terme (30 jours) et à long terme (6 mois, 12 mois). Il est possible que les prédicteurs de l’abstinence à court terme soient différents de ceux associés à l’abstinence à long terme. Mentionnons de plus que la nature des résultats obtenus ne permet pas l’établissement de lien de causalité entre les prédicteurs et le processus de renoncement au vapotage. Il doit finalement être considéré que les résultats ne sont pas généralisables aux groupes d’adolescents et de jeunes adultes non représentés par les études examinées (ex. : jeunes femmes enceintes).
Kundu A, Seth S, Felsky D, Moraes TJ, Selby P, Chaiton M. A systematic review of predictors of vaping cessation among young people. Nicotine Tob Res 2025;27(2):169-178.
a L’association est significative dans au moins 50 % des études ou dans deux études si seulement deux sont examinées.
b L’association est significative dans 25 % à 49 % des études ou dans une étude si seulement deux sont examinées.
c L’association est significative dans moins de 25 % des études ou dans aucune des études si seulement deux sont examinées.
d Appuyé par une étude seulement, avec résultats non significatifs.
e Prédicteur pour lequel le nombre d’articles faisant état d’associations positives ou négatives était égal.
Peu de lignes directrices pour guider le renoncement au vapotage chez les anciens fumeurs adultes
Contexte
Il existe peu de données probantes permettant de formuler des lignes directrices pour soutenir les anciens fumeurs qui souhaitent cesser de vapoter après avoir utilisé la cigarette électronique pour cesser de fumer. Deux chercheurs montréalais ont réalisé une revue de littérature afin de rassembler l’information disponible.
Objectif
En août 2022, les auteurs ont recensé PubMed, Google Scholar, Ovid (Embase) et le répertoire des études cliniques (clinicaltrials.gov), afin d’identifier des études ayant documenté les interventions efficaces de renoncement au vapotage chez d’anciens fumeurs adultes.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
Bien qu’elle soit utilisée comme moyen pour cesser de fumer, l’usage prolongé de la cigarette électronique pourrait entraîner des problèmes de santé respiratoires et cardiovasculaires et maintenir la dépendance à la nicotine. Il est plausible que les moyens reconnus efficaces pour cesser de fumer fonctionnent aussi pour le renoncement au vapotage.
- Une étude de cohorte menée au Royaume-Uni en 2019 auprès de 204 participants suggère que la varénicline favorise l’abstinence pendant au moins trois mois comparativement au non-usage de la varénicline (12,5 % c. 1,6 %; p = 0,007; ratio de risques [RR] = 7,8; IC 95 % 1,7-34,5). Une étude de cas sur le renoncement au vapotage abonde dans le même sens. Les études cliniques suggèrent que la varénicline est plus efficace pour cesser de fumer qu’un placebo et que d’autres pharmacothérapies. Dans un contexte où les données sur l’efficacité de la varénicline pour cesser de vapoter sont limitées, les auteurs suggèrent que les résultats obtenus pour le renoncement au tabac pourraient être extrapolés au renoncement au vapotage.
- Le bupropion vient avec certains effets indésirables (insomnie, maux de tête, sécheresse de la bouche, etc.) et contre-indications. Toutefois, selon un avis d’experts, il peut être prescrit hors indicationa à des personnes de moins de 18 ans.
- Les auteurs rapportent une seule étude de cas abordant la thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) comme modalité de renoncement au vapotage.
- La thérapie comportementale, qui comprend les séances en face-à-face, le counseling bref, le matériel autodidacte, l’intervention en groupe, la télémédecine, et les interventions utilisant les réseaux sociaux, pourrait aider à cesser de vapoter en combinaison avec une pharmacothérapie pour gérer le sevrage.
Les recommandations pour cesser de vapoter en utilisant ces quatre moyens ont été compilées dans un tableau, en extrapolant les lignes directrices utilisées pour cesser de fumer à la situation du vapotage. Les auteurs terminent en rappelant qu’une grande partie de la littérature sur les interventions de renoncement au vapotage portent sur les adolescents et les jeunes, et que les anciens fumeurs adultes ont des besoins différents qui devraient être pris en considération. Ils suggèrent ainsi que les interventions de renoncement au vapotage effectuées auprès des anciens fumeurs adultes ne devraient pas être réduites à l’adaptation d’un protocole de cessation tabagique ou de dépendance à la nicotine, mais plutôt orientées vers le traitement d’une combinaison d’habitudes tabagiques et d’accoutumance à la nicotine à partir de lignes directrices spécifiques à cette population.
Huerne K, Eisenberg MJ. Vaping-cessation interventions in former smokers. Can J Cardiol 2023;39(9):1263-1267.
a Le terme « hors indication » (off-label) désigne l’utilisation d’un médicament d’ordonnance par un professionnel de la santé, qui n’est pas celle pour laquelle il a été initialement autorisé.
Consensus d’experts au sujet de lignes directrices cliniques pour le renoncement au vapotage
Contexte
Devant la rareté de lignes directrices pour soutenir le renoncement au vapotage, les auteurs ont entrepris la réalisation d’un outil clinique fondé sur des opinions d’experts (expert-informed clinical guidance resource) à partir d’une méthode Delphi modifiée.
Objectif
Cet outil clinique vise à aider les professionnels de la santé à soutenir leurs patients qui souhaitent cesser de vapoter. Une méthode Delphi a été utilisée, soit un processus structuré permettant d’atteindre un consensus sur une question lorsqu’il y a un manque de données probantes. Un panel d’experts internationaux sur le renoncement au tabac et à la cigarette électronique (n = 24) ainsi qu’un panel d’utilisateurs de cigarette électronique (n = 4) ont participé au processus. Une étude de portée a d’abord été réalisée pour développer une liste de recommandations. Les membres du panel ont par la suite indiqué leur accord ou désaccord avec les énoncés et proposé des reformulations au besoin. À la fin du processus, les recommandations consensuelles et les énoncés pour lesquels les avis restaient partagés ont été combinés dans un document.
Qu’est-ce qu’on y apprend?
La démarche, réalisée entre septembre et décembre 2021, a permis de produire 24 recommandations cliniques et 4 énoncés n’ayant pas atteint le consensus. Les recommandations ont été regroupées en huit domaines :
- Sévérité et dépendance (ex. : Tous les clients devraient être interrogés sur leur usage de la cigarette électronique);
- Approches générales (ex. : Il devrait être conseillé aux adultes, aux jeunes, aux femmes enceintes ou qui allaitent, aux personnes atteintes de troubles mentaux ou d’abus de substances qui ont cessé de fumer et qui continuent de vapoter, de cesser de vapoter);
- Approches de traitement (ex. : La durée du traitement devrait être adaptée aux besoins de chaque personne. La durée suggérée est d’au moins 8-12 semaines);
- Usage combiné (ex. : Les professionnels de la santé devraient conseiller aux personnes qui fument et qui vapotent de remplacer complètement les cigarettes de tabac [ou autre produit fumé] par la cigarette électronique);
- Stratégies de pharmacothérapie (ex. : Il n’y a pas de consensus sur la stratégie de pharmacothérapie à proposer pour les femmes enceintes ou qui allaitent et qui veulent cesser de vapoter. Une approche centrée sur la personne est conseillée);
- Approches comportementales : (ex. : Les adultes et les jeunes qui souhaitent cesser de vapoter ou cesser de vapoter et de fumer peuvent être encouragés à utiliser les stratégies suivantes, seules ou en combinaison : consulter un professionnel de la santé, utiliser une application, un programme informatisé ou un programme de messagerie texte, appeler une ligne téléphonique de soutien au renoncement au tabac);
- Réduction des méfaits (ex. : Les gens ne devraient pas modifier leurs produits ou dispositifs de vapotage).
- Prévention des rechutes (ex. : Les stratégies de prévention des rechutes peuvent inclure la poursuite de la pharmacothérapie même après avoir cessé de vapoter).
Les recommandations et les énoncés sont également présentés dans un guide à l’intention des professionnels de la santé canadiens, disponible sur le site du CAMHa. Tenant compte du peu de données probantes actuellement disponibles, les auteurs considèrent que cet outil peut contribuer à combler les besoins cliniques d’ici à l’obtention de résultats d’études rigoureuses sur l’efficacité de traitements de renoncement au vapotage.
Zawertailo L, Kouzoukas E, Fougere C, Dragonetti R, Veldhuizen S, Selby P. Clinical guidance for e-cigarette (vaping) cessation: Results from a modified Delphi panel approach. Prev Med Rep 2023;35:102372.
a https://intrepidlab.ca/en/Documents/Vaping%20Cessation%20Guidance%20Resource-old.pdf
Rédacteurs
Benoit Lasnier, conseiller scientifique
Annie Montreuil, conseillère scientifique spécialisée
Équipe tabagisme
Direction du développement des individus et des communautés
Coordonnateur
Benoit Lasnier, conseiller scientifique
Direction du développement des individus et des communautés
Réviseurs
Olivier Bellefleur, chef d’unité Produits et substances psychoactives
Mariejka Beauregard, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive et adjointe médicale en prévention et promotion de la santé
Direction du développement des individus et des communautés
Révision linguistique
Marie-Cloé Lépine, agente administrative
Direction du développement des individus et des communautés
Ce document est disponible intégralement en format électronique (PDF) sur le site Web de l’Institut national de santé publique du Québec au : http://www.inspq.qc.ca.
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