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Qualité de l’air intérieur et salubrité des logements en Montérégie : implication des inspecteurs municipaux

La qualité de l'air intérieur et la salubrité en milieu résidentiel constituent, au Québec, une préoccupation importante de santé publique, qui concerne toutefois divers organismes publics et privés. Le Guide d’intervention intersectorielle sur la qualité de l’air intérieur et la salubrité dans l’habitation québécoise(a) est un outil qui s’adresse aux intervenants de première ligne du réseau public appelés à répondre aux demandes de la population aux prises avec ce type de problème. Il a été élaboré par des représentants d’organismes publics sous l’égide du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et a été diffusé, en 2001, à toutes les municipalités du Québec ainsi qu’aux autres organismes impliqués dans cette problématique. Bien qu’il ait été largement distribué, notre expérience régionale montre que le Guide demeure peu connu, notamment du milieu municipal. De plus, on observe que les inspecteurs municipaux sont souvent réticents à intervenir. Bien que plusieurs…

Prévention des cas de brûlures et de légionelloses liés à l’eau chaude du robinet

Au Canada, la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau et à la sortie des robinets est régie par le Code national du bâtiment et le Code national de la plomberie. Ayant fait l’objet d’une révision, ces codes ont été soumis à la consultation publique en 2003 à l’échelle nationale afin de permettre aux organismes ou aux individus intéressés de commenter les propositions à l’étude. L’une d’entre elles visait à réduire le risque de brûlures associé à l’eau chaude du robinet en diminuant à 49 °C la température maximale de l’eau qui alimente tout appareil sanitaire d’une habitation (ex. robinet).

Les recommandations formulées à ce jour par les autorités de santé publique québécoises sont en accord avec cet objectif de réduction des brûlures. En revanche, ces mêmes recommandations vont à l’encontre de l’une des trois mesures envisagées pour atteindre cet objectif, soit celle consistant à régler le thermostat du chauffe-eau à 49 °C, puisqu’une telle mesure est susceptible d’augmenter le risque de légionelloses (maladie du Légionnaire et fièvre de Pontiac). Cependant, cette inquiétude n’est pas partagée par plusieurs organismes canadiens reconnus dont Santé Canada, sauf peut-être pour les groupes à risque de contracter cette maladie.

Le contrôle de la température de l’eau chaude dans les habitations demeure donc un sujet controversé, particulièrement en ce qui concerne le seuil minimal à maintenir pour la température de l’eau à l’intérieur des chauffe-eau. Ce seuil est habituellement déterminé en fonction des besoins à combler en eau chaude et de l’évaluation combinée des risques de brûlures et de légionelloses. Les propositions étudiées dans le cadre de la présente révision des codes doivent être évaluées selon ces mêmes paramètres. Dans le but de procéder à un choix éclairé des propositions à l’étude, le présent article présente une analyse critique sur le sujet et propose une série de recommandations qui tiennent compte de ces deux problématiques.

La gestion des risques en santé publique – Cadre de référence québécois

La santé publique est confrontée de plus en plus fréquemment à des situations impliquant une gestion des risques, souvent complexes, empreints d’incertitudes et controversés. Face à de telles situations et en absence de cadre de référence précis, le réseau québécois de la santé publique a réagi au cours des années de façon très variable. Dans ce contexte, une harmonisation des pratiques de gestion du risque dans le réseau devient de plus en plus indispensable.

Le présent cadre de référence est issu des travaux d’un comité pluridisciplinaire de l’Institut national de santé publique du Québec. Il jette les bases à l’atteinte d’une plus grande cohérence, tant interrégionale qu’interdisciplinaire, dans les pratiques de gestion des risques pour la santé. Son contenu est assez général pour s’appliquer à un large éventail de situations et à toutes les disciplines concernées.

Il s’adresse à toutes les personnes concernées par la gestion des risques dans le réseau québécois de la santé et constitue un guide pour les décideurs et les professionnels du réseau quant à la façon de gérer les risques pour la santé et de prendre des décisions éclairées relatives à ces risques. Cet article aborde les deux composantes du cadre soit le processus de gestion des risques et les principes directeurs guidant et encadrant la conduite dans la démarche de gestion des risques. Quelques exemples concrets tirés d’expériences vécues en santé environnementale illustrent ces principes directeurs.

 

Centrale nucléaire Gentilly-2 : Risques pour la santé et planification d’urgence

La centrale nucléaire Gentilly-2 est située à Bécancour, sur la rive sud du Saint-Laurent, à quelques kilomètres de Trois-Rivières. La centrale jouxte le Parc industriel et portuaire de Bécancour (PIPB) lequel comprend une trentaine d’établissements dont plusieurs industries chimiques et entreprises de service. Construite par Énergie atomique du Canada Ltée, une société d’État fédérale, elle est devenue par la suite propriété d’Hydro-Québec et a été mise en exploitation commerciale en 1983. Elle produit annuellement 675 mégawatts (mW) d’électricité, soit environ 3 % de la production totale du Québec. Cette production permet notamment de stabiliser le réseau d’Hydro-Québec dans la partie sud de la province. Gentilly-2 est la seule centrale nucléaire commerciale en opération au Québec.

Cet article décrit d'abord le fonctionnement de la centrale et ses dispositifs de sécurité. Il présente ensuite un survol des principaux effets potentiels sur la santé associés au nucléaire ainsi que des questions relatives à la planification des mesures d’urgence lors d’accidents impliquant une centrale nucléaire et ce, à travers l’expérience de Gentilly-2.

Moisissures en milieu intérieur et risque pour la santé

La présence de moisissures en milieu intérieur est devenue au fil des ans un sujet de préoccupation tant pour les professionnels de la santé que pour la population en général. En effet, au cours des dernières années, de plus en plus d’études effectuées en Amérique du Nord et en Europe ont fait état d’un lien possible entre la présence de moisissures en milieu intérieur et diverses atteintes à la santé. De même, le nombre de demandes adressées aux organismes publics québécois concernant ce problème a fortement augmenté au cours des années 90, laissant ainsi entrevoir une problématique en croissance.

Le présent article résume le rapport scientifique sur les risques à la santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur produit par un groupe de travail sous la coordination de Maurice Poulin de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Le lecteur qui désire obtenir de plus amples informations sur le sujet est invité à consulter le rapport complet, qui présente de façon plus détaillée les sections qui suivent.

La mise à l'abri... une véritable mesure de protection?

La planification de situations d’urgence lors d’une déflagration, d’un incendie ou d’un dégagement d’un nuage toxique ou radioactif nécessite l'adoption d'une mesure de protection adaptée à la population concernée. Cette décision n’est toutefois pas toujours facile à arrêter. Lors d’une séance de travail du Comité mixte municipalité-industrie (CMMI) de Bécancour, dans la région Centre-du-Québec, le groupe chargé de la planification pratique des mesures à appliquer lors d’un accident impliquant du chlore, a relevé certaines contraintes de temps et de moyens techniques qui laissaient peu de choix quant à la mesure de protection à privilégier. Tout en constatant ces évidences et en acceptant la logique qui menait le groupe à favoriser la mise à l’abri, la majorité des membres du groupe ont indiqué qu’en situation réelle, ils auraient spontanément incité leur famille à évacuer plutôt qu’à se mettre à l’abri. C’est cette situation qui a inspiré le présent article, qui recense quelques rares recherches sur l’efficacité de la mise à l’abri et certaines expériences vécues où la mise à l’abri a déjà été utilisée.

Le concept de dose fait référence à une quantité de substance à laquelle un organisme est exposé. Dans le contexte qui nous intéresse, on pourra diminuer la dose en abaissant l’un ou l’autre des paramètres suivants ou les deux simultanément, soit : a) la concentration d’un toxique à laquelle une personne est exposée et b) le temps pendant lequel cette personne y est exposée. La dose étant la combinaison de ces deux paramètres, faire varier l’un ou l’autre paramètre, ou les deux à la fois, influence l’importance de la dose. Pour les substances toxiques, c’est l’importance de la dose qui conditionne l’effet plus ou moins grave à la santé de la personne exposée. C’est pourquoi, quelle que soit la mesure de protection favorisée, le but visé est toujours le même, soit de réduire la dose d’exposition.

Les experts en communication du risque considèrent ce concept de dose comme étant peu connu et mal compris du public en général. Cette méconnaissance pourrait être à la source du scepticisme qui entoure le niveau d’efficacité des mesures de protection autres que l’évacuation. Ceci a pour effet probable d’inciter le public et peut-être même les décideurs à considérer l’évacuation comme la seule mesure de protection valable.

Le Centre collaborateur OMS-OPS

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) nommaient en avril 1998, un nouveau centre collaborateur au Québec, sur le thème de la relation entre la santé publique et l’environnement. Ce Centre regroupe les expertises de plusieurs institutions de la région de Québec qui œuvrent dans le domaine depuis plusieurs années et qui mènent déjà plusieurs activités internationales. Ces institutions sont la Direction de santé publique de Québec, le Centre de toxicologie du Québec et le Centre anti-poison du Québec ainsi que certaines unités du Centre de recherche du CHUL. Ces dernières sont regroupées au sein du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ), qui parraine le Centre collaborateur. Le Centre vient de voir sa nomination renouvelée pour quatre années supplémentaires, avec les mêmes partenaires.

Les centres collaborateurs, au sein de la famille de l’OMS, sont définis comme : « une institution nationale désignée par le…

Indicateurs de santé des océans et de santé humaine

Les rapports qui unissent les humains aux océans sont essentiels. Que ce soit comme apport nutritionnel, par les usages récréatifs ou l’exploitation de ressources médicinales, les océans contribuent au bien-être général des humains qui peuplent ses rives, c’est-à-dire environ 60 % de la population mondiale. Toutefois, la pression engendrée par le poids démographique qui s’ajoute à la dégradation des milieux côtiers, la variabilité climatique et l’industrialisation croissante, augmentent la contrainte sur les écosystèmes ainsi que les risques pour la santé humaine. Dans ce contexte particulier, la définition de la santé des océans est celle adoptée lors du panel sur la santé des Océans, organisé par l’UNESCO, soit le reflet des conditions de l’environnement marin et des impacts négatifs causés par les activités anthropogéniques, en particulier la destruction des habitats, la charge sédimentaire et la mobilisation des contaminants. La santé humaine correspond quant à elle à la définition de l’Organisation mondiale de la santé soit un état global de bien-être physique, social et psychologique.

Plus de deux milliards de personnes à travers le monde dépendent des ressources aquatiques comme source principale de protéines dans leur alimentation et, selon les données de la FAO, cette tendance ira en s’accroissant au cours des prochaines années. Dans un contexte de développement durable, la survie des populations côtières est largement dépendante des produits aquatiques non contaminés. Au cours des dernières années, plusieurs études épidémiologiques ont abordé la question de l’exposition humaine aux contaminants qui proviennent de la chaîne alimentaire aquatique. Toutefois, l'exposition cutanée et respiratoire peut également être impliquée dans l’exposition des populations maritimes à la contamination.

Expositions aux champs magnétiques résidentiels au Québec

En 1979, les chercheurs Wertheimer et Leeper ont suggéré que certaines expositions résidentielles aux champs magnétiques de 60 Hertz (CM) puissent augmenter le risque de leucémie chez l’enfant. Une vingtaine d’études épidémiologiques ont suivi. Les plus récentes ont porté sur un grand nombre de cas et ont évalué l’exposition des enfants à partir de mesures de champs magnétiques ambiants dans les résidences ou de dosimètres portés par les enfants. Les études les plus importantes offrent peu ou pas d’indication de risque accru de cancer chez les enfants. Une analyse groupée, par Ahlbom et collègues, des données primaires de neuf études entreprises en Europe, en Amérique du Nord et en Nouvelle-Zélande et portant sur 3 203 cas de leucémie et 10 338 témoins a conclu à l’absence d’une association entre la leucémie et un CM résidentiel de 0,1 µT à 0,4 µT, par rapport au groupe de référence dont l’exposition était inférieure à 0,1 µT. Par contre, cette même analyse a montré qu’un niveau de CM résidentiel supérieur à 0,4 µT était associé à un risque relatif de 2,00 (IC 95 % 1,27- 3,13), bien que des biais de sélection pouvaient expliquer une partie de cette augmentation. Les champs magnétiques au-delà de 0,4 µT étaient rares : seulement 0,8 % des sujets de l’étude étaient exposés à un champ résidentiel moyen, égal ou supérieur à ce niveau, ou 0,7 % en excluant les sujets du Québec. C’est cette étude qui a amené le Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC) en 2001 à classer ces champs dans la catégorie «peut-être cancérogène pour l’homme». En pratique, il s’agit de la catégorie la plus faible utilisée par l’IARC. Ces résultats ne sont pas appuyés par les résultats des études de longue durée réalisées chez l’animal; celles-ci n’ont pas montré d’effet cancérogène pour des expositions chroniques de 1 000 µT; 2 000 µT et 5 000 µT.

Dans l’éventualité où des champs magnétiques au-delà de 0,4 µT comporteraient un risque pour la santé, sommes-nous en mesure d’estimer la proportion de la population québécoise exposée à ce niveau et d’identifier les sources prédominantes responsables de ces champs? Pour répondre à cette question, nous présentons un bilan des études d’expositions réalisées au Québec, incluant de nouvelles données issues de l’étude canadienne de McBride et al.

Évaluation des impacts sociosanitaires de la pêche au fleuve parmi la population défavorisée de Montréal-Centre

Cette étude a été rendue possible grâce à une subvention du Domaine d’intervention santé humaine de Saint-Laurent Vision 2000.

Contexte et problématique

Divers scientifiques et groupes environnementaux ont fait état, au cours des dernières années, de l’assertion suivante : les populations défavorisées des régions urbaines des Grands Lacs et du Saint-Laurent constitueraient un groupe particulièrement à risque du fait qu’elles seraient davantage exposées aux contaminants environnementaux par la consommation de poissons issus de la pêche de subsistance1-2. Une telle affirmation présume d’abord que ces populations pratiquent une pêche de subsistance dans les milieux pollués du fleuve, alors qu’à ce jour, cette pratique n’a jamais été démontrée de façon claire et aucune recherche n’a pu identifier à quel point la pêche dans le fleuve pouvait contribuer ou non à la sécurité alimentairea(voir encadré). Cette affirmation laisse également sous-entendre que les populations…