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Insalubrité, syndrome de Diogène et santé publique

De nombreux cas d’insalubrité résidentielle majeure, concernant le plus souvent des individus éventuellement atteints de ce qui est communément appelé le syndrome de Diogène, ont été signalés ces dernières années, notamment par les services d’inspection municipale ou encore par les CLSC, aux professionnels de santé publique de la région de Québec. D’un point de vue de santé publique, il s’avère souvent difficile de déterminer avec précision les impacts à la santé de telles situations et de fournir un avis éclairé en la matière. De plus, les rôles et mandats respectifs des partenaires impliqués, tels que les municipalités, les CLSC, les organismes communautaires et la direction de santé publique ne sont pas toujours clairement établis. Pour leur part, les professionnels de santé environnementale sont interpellés lors de ces signalements dû au fait que ce type de comportement entraîne une situation constituant une nuisance environnementale voire même un risque à la santé et à la sécurité pour les visiteurs (membres de la famille, intervenants, etc.) et pour les personnes habitant les logements avoisinants.

Cet article vise à faire le point sur l’insalubrité morbide, atteinte pouvant se définir comme étant « un état anormal d’insalubrité majeure causée par un dérèglement psychologique ». Pour ce faire, nous débuterons l’article en présentant les notions de salubrité et de syndrome de Diogène, pour ensuite décrire les effets à la santé, sous l’angle des risques biologiques et chimiques, des odeurs et des conséquences psychosociales.

Le projet INTOX – Une ressource internationale en toxicologie médicale et en santé environnementale

Le programme INTOX IPCS (pour International Programme on Chemical Safety) est une initiative globale de promotion de la sécurité chimique qui se traduit par la mise en place et le renforcement des centres anti-poison ainsi que par l’accès universel à de l’information sur les produits chimiques, les circonstances d’exposition et les outils de gestion disponibles.

L’histoire du projet INTOX offre un aperçu intéressant du développement d’un programme de collaboration internationale qui se construit peu à peu, à travers l’implication progressive de professionnels en toxicologie médicale et de santé environnementale. En1978 d’abord, une réunion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Fédération mondiale des centres de toxicologie clinique et des centres anti-poison officialise la collaboration entre ces deux organismes. Par la suite, une enquête réalisée par la Fédération mondiale, l’IPCS et la Commission des communautés européennes sur les centres anti-poison et…

Les avertisseurs de monoxyde de carbone – Un outil de protection

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz toxique que l’on ne peut ni voir, ni sentir. Ces propriétés particulières en font un contaminant insidieux dont l’exposition peut avoir de graves conséquences sur la santé, pouvant même entraîner le décès de la personne exposée. En milieu résidentiel, les principales sources sont les systèmes de chauffage et autres équipements fonctionnant à l’aide d’un combustible. La présence d’un garage intérieur, au sous-sol ou attenant à la résidence, représente également un risque d’intoxication au CO si on y laisse un véhicule à moteur en marche ou si on y utilise des équipements ou des outils fonctionnant à l’aide de combustible. Les saisons froides sont plus propices aux intoxications au CO en milieu résidentiel compte tenu de l’utilisation du chauffage et de la ventilation réduite des lieux; néanmoins, des situations à risque d’intoxication au CO peuvent survenir même en été.

Évaluation de l’exposition environnementale dans le cadre d’études épidémiologiques

L’évaluation de l’exposition est une composante importante des études épidémiologiques qui portent sur le rôle de l’environnement dans l’étiologie de la maladie. Dans cet article, nous avons concentré notre attention sur l’évaluation de l’exposition à l’environnement (ÉEE), celui-ci comprenant des facteurs chimiques et physiques qui se retrouvent soit en milieu de travail, soit dans l’environnement général. Les objectifs de l’ÉEE consistent à mieux comprendre les modèles et les processus sous-jacents à cette exposition afin d’en établir l’intensité et la durée, selon une estimation réaliste. Au cours des dernières années, le domaine de l’ÉEE a connu des progrès substantiels grâce au développement d’outils de collecte de données, de méthodes d’attribution de l’exposition, de techniques d’analyse de données, ainsi que par l’apport de données portant sur la validité et la fiabilité de ces méthodes. Néanmoins, plusieurs défis nous attendent encore en raison en particulier du type d’…

Le formaldéhyde dans l’air intérieur – Sources, concentrations et effets sur la santé

Le formaldéhyde est un gaz irritant qui entre dans la composition de divers produits d’usage industriel et domestique, notamment dans certains matériaux de construction. La présence de formaldéhyde dans l’air intérieur est un sujet de préoccupation depuis plusieurs années. C’est pourquoi, au cours des années 1980, Santé Canada et le Comité consultatif fédéral-provincial de l’hygiène du milieu et du travail ont inclus cette substance parmi celles visées par les Directives d’exposition concernant la qualité de l’air des résidences1. Pour le formaldéhyde, la valeur cible et le niveau d’action étaient respectivement de 60 µg/m3 (50 ppb) et de 120 µg/m3 (100 ppb). La valeur de 120 µg/m3 correspondait à une concentration minimale pouvant causer des symptômes d’irritation lors d’expositions contrôlées (1 200 µg/m3), divisée par un facteur de 10. Depuis la publication de ces directives, de nombreuses recherches ont été menées sur le formaldéhyde et ses effets sur la santé, rendant…

Étude sur les risques associés à la contamination chimique des mollusques

De nombreux résidents de la Côte-Nord du Saint-Laurent s’adonnent à la récolte de mollusques à des fins de consommation personnelle. Cette activité entraîne une exposition à différents contaminants présents dans ces organismes. Le Programme canadien de contrôle sanitaire des mollusques, actuellement en place, a pour rôle d’exercer un suivi régulier de la qualité des mollusques récoltés de façon artisanale. Le programme est mis en œuvre conjointement par Environnement Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments et le ministère des Pêches et Océans. Environnement Canada et l’Agence canadienne d'inspection des aliments sont responsables de la surveillance régulière de la qualité bactériologique de l’eau et des concentrations de toxines dans les mollusques alors que le rôle du ministère des Pêches et Océans consiste, entre autres, à ouvrir ou à fermer les secteurs de récolte en fonction des recommandations de ces deux organismes1.La contamination par les substances chimiques est exclue du programme actuel de contrôle.

L’étude faisant l’objet du présent article consistait à: documenter avec le plus de précision possible la consommation de mollusques chez les cueilleurs de la région de la Côte-Nord; analyser des échantillons de mollusques de la région concernée afin de déterminer la nature des contaminants ainsi que leurs teneurs en contaminants chimiques et évaluer le risque chimique (cancérogène et non-cancérogène) associé à cette consommation.

La rage : mesures préventives au Québec

La rage est une infection virale qui, à cause de ses conséquences potentiellement mortelles, fut l’une des premières maladies infectieuses à recevoir l’attention des scientifiques.

Au Québec, les cas de rage humaine sont extrêmement rares. Le décès d’un garçon de 9 ans ayant été en contact avec une chauve-souris à l’automne 2000 a toutefois fait ressurgir cette préoccupation au sein du public et des professionnels de la santé. En fait, depuis une quarantaine d’années, on ne relève que deux cas de rage humaine au Québec, le précédent cas remontant à 1964 alors qu’une fillette avait été mordue par une mouffette. Dans ces deux cas, les enfants sont décédés parce qu’ils n’avaient pu recevoir à temps une prophylaxie post-exposition.

La rage est toutefois une maladie encore largement répandue sur la planète puisque chaque année, environ 50 000 décès humains sont attribuables à cette infection. De ce nombre, quelques 30 000 se produisent en Inde alors que la majorité des…

État des connaissances sur la toxicité et l’exposition humaine aux phtalates

Diverses agences gouvernementales, des groupes environnementaux ainsi que le public en général sont préoccupés, depuis quelques années, par la présence de plus en plus répandue de phtalates, une famille de composés chimiques retrouvés dans les produits de consommation. L’utilisation de phtalate de dibutyle, notamment dans les cosmétiques, de phtalate de di-isononyle dans les jouets et les articles de puériculture, ainsi que de phtalate de di-2-éthylhexyle dans certains dispositifs médicaux ont fait l’objet de nombreuses discussions, de rapports et d’avis de santé. Le risque lié au relargage (en très petite quantité, de façon continue) et au potentiel toxique de ces produits constitue une préoccupation pour la santé humaine. Ce texte a pour objet la révision des connaissances actuelles concernant la toxicité et l’exposition de la population aux phtalates.

Les phtalates font partie d’une famille de produits chimiques constitués d’un anneau benzénique et de deux groupements carboxylates générant une structure de type diester. Il s’agit de substances principalement destinées à un usage industriel. Parmi les plus couramment utilisées, mentionnons le BBP (phtalate de benzylbutyle), le DBP (phtalate de dibutyle), le DEP (phtalate de diéthyle), le DEHP (phtalate de di-2-éthylhexyle) et le DINP (phtalate de di-isononyle). On retrouve des phtalates dans plusieurs produits de consommation courante (voir tableau 1) tels les adhésifs, les revêtements de sol en vinyle, les huiles lubrifiantes, les condensateurs électriques, les détergents, les solvants, les produits pharmaceutiques, les fils et câbles électriques et les produits cosmétiques (parfums, déodorants, lotions après rasage, shampooings, aérosols pour cheveux, vernis à ongles). L’usage des phtalates comme plastifiant représente une autre des applications très courantes de ces produits. La majorité des articles rigides, semi-rigides ou souples à base de chlorure de polyvinyle, communément appelé PVC, contiennent des phtalates. La proportion de phtalates peut atteindre jusqu’à 50 % dans certains produits, notamment dans les sacs de plastiques, les cadres pour fenêtres, les emballages alimentaires, les imperméables en plastique, les rideaux de douche, les bottes, les boyaux d’arrosage, les jouets pour les enfants, les dispositifs médicaux et les contenants pour le stockage du sang.

En cas d’urgence nucléaire à Gentilly-2, la population sait maintenant quoi faire!

À l’automne 2003 s’amorçait le programme d’information préventive « En cas d’urgence nucléaire, je sais quoi faire ! ». Ce projet comprenait plusieurs activités de communication à l’intention de la population concernée par le risque que représente la centrale nucléaire de Gentilly-2. En préparation depuis plusieurs mois, cette campagne d’une durée de cinq ans vise à offrir une information complète sur le risque nucléaire et les mesures d’urgence qui seraient appliquées dans le cas d’un accident survenant à la centrale. La première phase de la campagne avait aussi pour but de rendre disponible à la population vivant à proximité de la centrale des comprimés d’iode stable, l’une des mesures de protection préconisées par le plan d’urgence. Rappelons que ces comprimés, une fois ingérés, ont pour but de protéger la glande thyroïde en cas d’accident entraînant une exposition potentielle à l’iode radioactif.

L’équipe de travail responsable de la préparation et de la mise en œuvre du programme d’information préventive est formée de professionnels de la communication issus de l’Agence de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec et des directions régionales de la Mauricie et du Centre-du-Québec de Communication-Québec et de la sécurité civile. La coordination est assurée par la direction régionale de Communication-Québec. Plusieurs autres partenaires ont collaboré de près à la campagne : les municipalités et CLSC dans un rayon de 8 km autour de la centrale (Bécancour, Champlain, Trois-Rivières), le ministère de l’Environnement du Québec, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, la Sûreté du Québec, le ministère des Transports du Québec et Hydro-Québec Gentilly-2.

 

L’intoxication au monoxyde de carbone chez les enfants

Le monoxyde de carbone (CO) est l’agent chimique le plus souvent impliqué dans les intoxications aiguës accidentelles déclarées à la Direction de santé publique de Montréal. Le CO, gaz incolore, inodore, non irritant et toxique, se lie préférentiellement à l’hémoglobine pour former la carboxyhémoglobine (HbCO), diminuant ainsi la capacité du sang à transporter l’oxygène. Cet effet est augmenté par le déplacement de la courbe de dissociation de l’hémoglobine, diminuant la disponibilité de l’oxygène pour les tissus. En plus de sa réaction avec l’hémoglobine, le CO se combine à la myoglobine des cellules musculaires cardiaques et squelettiques ainsi qu’aux cytochromes et aux métalloenzymes tels que le cytochrome c oxydase et le cytochrome P-450. D’autres effets à la santé pourraient également être présents tels que les arythmies et l’ischémie cardiaque ainsi que les lésions de reperfusion cérébrale. La toxicologie du CO est donc relativement complexe et le processus d’intoxication ne relèverait pas uniquement d’un simple phénomène d’hypoxie cellulaire.

Les principaux signes et symptômes d’une intoxication au CO généralement rencontrés chez l’adulte comprennent des maux de tête, des étourdissements, des nausées, des vomissements, de la faiblesse, de la fatigue, de la confusion, une dyspnée, des changements dans la vision et, moins fréquemment, une douleur thoracique, une perte de conscience et des convulsions. Étant donné la nature non spécifique des symptômes, un haut niveau de suspicion est donc essentiel pour diagnostiquer ce type d’intoxication. L’intoxication au CO peut être confondue avec un état grippal, une intoxication alimentaire, une migraine ou des problèmes psychiatriques.

Par ailleurs, il existe peu de données dans la littérature scientifique concernant l’intoxication pédiatrique au CO, même si les enfants en sont souvent victimes. Or, quelques articles scientifiques rapportent des différences importantes entre le portrait des intoxications chez les enfants et celui survenant chez les adultes. Nous présentons ici un cas d’intoxication relié à un système de chauffage au gaz naturel survenu dans une famille montréalaise, un exemple qui soulève certaines interrogations en lien avec l’intoxication des enfants au CO.