Bulletin d'information toxicologique : décembre 2016

Volume 32, Numéro 3

Bulletin thématique sur la toxicologie pédiatrique

Malgré plus de 50 ans d’efforts consacrés à la prévention, les intoxications non intentionnelles chez les jeunes enfants âgés de 0 à 4 ans et les intoxications intentionnelles chez les adolescents demeurent des préoccupations courantes de santé publique. Les trois articles du présent bulletin porteront donc sur la toxicologie chez une population vulnérable, c’est-à-dire les enfants. Le premier article traite de l’ingestion par les enfants de détergent à lessive ensaché, alors que le deuxième se penche sur les admissions des enfants dans les unités de soins intensifs en raison d’une intoxication. Enfin, le dernier s’intéresse aux suicides par intoxication chez les jeunes.

Ingestion pédiatrique de détergent à lessive ensaché

Depuis l’arrivée sur le marché des détergents à lessive ensachés, plusieurs enfants se sont intoxiqués en les manipulant. D’ailleurs, l’incidence de ce type d’intoxication est à la hausse en Amérique du Nord. Apparemment, certains enfants développent des symptômes mineurs digestifs ou irritatifs, alors que d’autres développent des symptômes importants pouvant même nécessiter une intubation. Étant donné que le mécanisme d’action menant à des effets graves suivant une ingestion n’est pas encore complètement compris, il est nécessaire d’axer les efforts sur la prévention auprès des fabricants de ce type de détergent, mais aussi auprès des familles qui achètent ces produits.

Que faut-il prévenir lorsqu’il y a des intoxications chez les enfants?

Peu d’informations existent à propos des intoxications qui rendent nécessaire l’admission de patients dans les unités de soins intensifs pédiatriques. Au cours d’une étude, Even et collab. ont déterminé les caractéristiques démographiques des patients admis de 2008 à 2012 en raison d’une intoxication dans un centre médical universitaire urbain de la Nouvelle-Angleterre. Les principales caractéristiques des 273 admissions recensées durant cette période sont : pourcentage d’intoxications involontaires s’élevant à 54 % comparativement à celui des intoxications volontaires s’élevant à 46 %; population surtout de moins de 3 ans (44 %) ou de plus de 13 ans (45 %) et ingestion de substances multiples (31 %), notamment d’analgésiques qui étaient la substance la plus fréquemment ingérée. Quant aux médicaments les plus souvent mis en cause dans les cas d’intoxications, ils provenaient de la médication du patient lui-même ou de celle de ses proches comme un parent, un grand-parent, ou bien un frère ou une sœur plus âgé. Sur les 273 patients hospitalisés en raison d’une intoxication au cours de la période étudiée, 27 (10 %) ont dû être intubés et ont dû recevoir une ventilation mécanique. Les auteurs concluent que dans leur milieu de travail les intoxications pédiatriques sont généralement non fatales et se produisent par l’ingestion de substances plus facilement accessibles en raison de leur présence à la maison.

Les suicides par intoxication chez les jeunes

Sachant que le suicide chez les 10 à 14 ans est en augmentation et que près des trois quarts des hospitalisations liées aux suicides découlent d’une intoxication par un médicament, le Centre antipoison du Québec, en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec et l’Association québécoise de prévention du suicide, a diffusé un message à l’intention des pharmaciens et des médecins visant à limiter l’accès du public aux médicaments nécessitant une ordonnance. De surcroît, l’Institut national de santé publique du Québec a émis des recommandations en ce qui a trait à l’accès aux médicaments vendus sans ordonnance. Le présent article détaille le contenu de ces réflexions et souligne l’importance de mettre en place des outils pour en mesurer l’effet.