Bulletin thématique sur la toxicologie pédiatrique

Auteur(s)
Pierre-André Dubé
B. Pharm., Pharm. D., M. Sc., C. Clin. Tox., Pharmacien-toxicologue, Institut national de santé publique du Québec

Malgré plus de 50 ans d’efforts consacrés à la prévention, les intoxications non intentionnelles pédiatriques demeurent une préoccupation courante de santé publique. En effet, une analyse descriptive des appels effectués au Centre antipoison du Québec (CAPQ) de 2008 à 2014 montre que les appels concernant les jeunes enfants âgés de 0 à 4 ans représentent 35 % du nombre total d’appels(1). Le taux provincial d’appels pour ce groupe d’âge est très élevé; il se chiffre à 3 697/100 000 personnes-année. Par ailleurs, la proportion d’appels à propos d’une exposition involontaire pour les 0 à 4 ans est de 94 %, et 91 % de la totalité des appels pour ce groupe d’âge concerne une exposition par voie orale.

Il y a quelques années, l’Institut national de santé publique du Québec, en collaboration avec le CAPQ, a mis en ligne une trousse média en prévention des traumatismes intitulée Prévention des intoxications non intentionnelles au domicile des enfants. Cette trousse fournit plusieurs informations importantes, notamment des informations relatives aux facteurs de risque et aux mesures de prévention. Elle devrait être promue non seulement auprès des professionnels de la santé, mais aussi auprès des parents. Heureusement, grâce à la consultation téléphonique d’experts en toxicologie, 90 % des intoxications pédiatriques rapportées au CAPQ peuvent être traitées à domicile.

Malgré tout, un enfant sur dix devra être dirigé vers un centre hospitalier afin d’être évalué et pris en charge. Récemment, certaines substances ont été plus particulièrement pointées du doigt, soit les cartouches de rechange à forte teneur en nicotine destinées aux cigarettes électroniques(2), les sachets de détergent à lessive(3) et les produits comestibles auxquels du cannabis a été ajouté à la suite de sa légalisation dans certains États américains(4,5).

Chez les adolescents, c’est plutôt les intoxications volontaires qui sont préoccupantes. Le taux provincial d’appels au CAPQ pour les adolescents âgés de 15 à 19 ans à ce sujet est d’environ 250/100 000 personnes-année, soit le taux le plus élevé de tous les groupes d’âge(6). Les drogues sont préoccupantes, mais les médicaments encore plus. En effet, Santé Canada autorise la commercialisation de grands formats d’emballage de médicaments vendus sans ordonnance; les nombreux médicaments contenus dans ces emballages sont souvent combinés à d’autres substances lors de tentatives de suicide(7). Dans un même ordre d’idées, l’utilisation non médicale de médicaments d’ordonnance est un phénomène à ne pas prendre à la légère. Une récente revue systématique montre que la facilité d’accès et la prise de médicaments par les parents ainsi que l’échec scolaire et le faible niveau de scolarité accroissent chez les jeunes l’usage non médical de médicaments d’ordonnance(8)

Les trois articles de ce bulletin porteront donc sur la toxicologie chez une population vulnérable, c’est-à-dire les enfants. Le premier article traite de l’ingestion par les enfants de détergent à lessive ensaché, alors que le deuxième se penche sur les admissions des enfants dans les unités de soins intensifs en raison d’une intoxication. Enfin, le dernier s’intéresse aux suicides par intoxication chez les jeunes.

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Pierre-André Dubé
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Références

  1. Lebel G, Dubé M. Analyse descriptive des appels au Centre antipoison du Québec de 2008 à 2014. BISE [En ligne]. 2015 [cité le 24 novembre 2016]. Disponible : /sites/default/files/documents/bise/appels-centre-antipoison.pdf
  2. Kamboj A, Spiller HA, Casavant MJ, Chounthirath T, Smith GA. Pediatric exposure to e-cigarettes, nicotine, and tobacco products in the United States. Pediatrics. 2016;137(6).
  3. Valdez AL, Casavant MJ, Spiller HA, Chounthirath T, Xiang H, Smith GA. Pediatric exposure to laundry detergent pods. Pediatrics. 2014;134(6):1127-35.
  4. Cao D, Srisuma S, Bronstein AC, Hoyte CO. Characterization of edible marijuana product exposures reported to United States poison centers. Clin Toxicol (Phila). 2016;54(9):840-6.
  5. )Wang GS, Le Lait MC, Deakyne SJ, Bronstein AC, Bajaj L, Roosevelt G. Unintentional pediatric exposures to marijuana in Colorado, 2009-2015. JAMA Pediatr. 2016;170(9):e160971.
  6. Lebel G, Dubé M. Les appels au Centre antipoison du Québec : les demandeurs et les types d’exposition. BIT [En ligne]. 2015 [cité le 24 novembre 2016]. 31(3);12-24. Disponible : /sites/default/files/toxicologie-clinique/bit/2015_bit_v31_n3_complet.pdf
  7. Bouchard L, Chartrand É, Dubé P-A, Gagné D, Gagné M, Légaré G, et al. Prévention des intoxications volontaires par médicaments accessibles sans ordonnance. Québec : Institut national de santé publique du Québec; 2016 [cité le 24 novembre 2016]. Disponible : https://www.inspq.qc.ca/publications/2117
  8. Nargiso JE, Ballard EL, Skeer MR. A systematic review of risk and protective factors associated with nonmedical use of prescription drugs among youth in the United States: a social ecological perspective. J Stud Alcohol Drugs. 2015;76(1):5-20.

Dubé PA. Bulletin thématique sur la toxicologie pédiatrique. Bulletin d’information toxicologique 2016;32(3):1-3. [En ligne] https://www.inspq.qc.ca/toxicologie-clinique/bulletin-thematique-sur-la…

Numéro complet (BIT)

Bulletin d'information toxicologique, Volume 32, Numéro 3, décembre 2016