Bulletin d'information toxicologique : mai 2015

Le benzoate de dénatonium est-il utile à titre préventif?

Le benzoate de dénatonium est un répulsif, un dénaturant et un amérisant ayant un goût extrêmement amer et désagréable. Il est parfois ajouté comme ingrédient inactif par des fabricants de produits dangereux afin de limiter les risques associés à l’ingestion involontaire. Toutefois, peu de données ont été publiées sur sa réelle efficacité comme mesure préventive des empoisonnements.

Cigarette électronique : perspectives et santé publique

Le marché des cigarettes électroniques dans lesquelles on emploie de la nicotine liquide est en plein essor et représente une nouvelle problématique de santé publique. Toutefois, la loi canadienne sur les aliments et drogues ne permet pas la vente de produits contenant de la nicotine sans une autorisation commerciale préalable. Actuellement, les risques et les bienfaits de la cigarette électronique font l’objet d’un débat chez les experts, mais tous sont d’avis qu’une réglementation encadrant sa vente est nécessaire. D’ailleurs, plusieurs organismes ont émis des recommandations préconisant une meilleure réglementation des dispositifs électroniques et de la nicotine en solution liquide. C’est que la nicotine est une toxine qui possède un potentiel de toxicité systémique sévère et parfois létale.

La pharmacothérapie de la dépendance au tabac chez la femme enceinte

Cet article présente les données de l’étude de Berlin et collab. concernant l’utilisation thérapeutique des timbres transdermiques de nicotine chez les patientes enceintes. Cette étude randomisée, prospective et multicentrique a été réalisée en France chez 402 femmes enceintes. Elle avait pour objectif de quantifier les taux d’abstinence des mères faisant partie d’un premier groupe ayant reçu un traitement de substitution nicotinique au moyen de timbres transdermiques ou ceux d’un deuxième groupe n’ayant reçu aucun traitement, de même que de quantifier les poids moyens de naissance de leurs poupons. Les résultats obtenus n’ont pas permis de démontrer l’effet des timbres transdermiques de nicotine sur les paramètres mesurés.

Utilisation de la Diphotérine ou de l’Hexafluorine comme solution de décontamination topique ou oculaire

Les projections chimiques cutanées ou oculaires sont une cause fréquente de consultation médicale de nature toxicologique. Au cours des dernières années, deux nouvelles solutions de décontamination ont été homologuées par Santé Canada, c’est-à-dire la DiphotérineMD et l’HexafluorineMD. L’objectif de cette revue de la littérature est de faire le point sur les données probantes qui corroborent ou remettent en cause l’utilisation de ces deux produits. De cette revue, 24 articles ont été retenus. Bien que certaines études présentent des résultats positifs, aucune qui soit randomisée, contrôlée et à simple insu n’a pu démontrer de bénéfices liés à l’utilisation de la DiphotérineMD ou de l’HexafluorineMD comme solution de décontamination en milieu hospitalier.

Traitement de l’intoxication par la nicotine

Le nombre d’appels concernant des expositions à la nicotine est en augmentation. L’intoxication nicotinique se caractérise par un tableau initial de stimulation des récepteurs nicotiniques accompagnée de vomissements précoces. Si l’absorption est importante, les effets seront d’abord stimulants puis dépresseurs. Tout patient présentant des vomissements à plus d’une reprise, des douleurs abdominales, de l’hypersalivation, de la pâleur ou de la transpiration doit être évalué à l’hôpital. En cas d’exposition cutanée, la peau devra être lavée avec de l’eau, alors que, lors d’une ingestion importante, l’administration de charbon activé pourrait être indiquée. Toutefois, il n’existe pas d’antidote spécifique pour la nicotine. L’atropine peut être employée afin de traiter les symptômes muscariniques, mais elle n’a pas d’effet sur les récepteurs nicotiniques. L’hypotension quant à elle peut répondre à la réplétion volémique ou aux vasopresseurs. Enfin, les convulsions sont traitées à l’aide de benzodiazépines. Dans la grande majorité des cas, l’administration d’un bon traitement de soutien se termine par un rétablissement sans séquelles.