Veille scientifique : lutte contre le tabagisme, volume 11, numéro 2, juin 2021

Ce numéro spécial de la veille scientifique Lutte contre le tabagisme présente une sélection de publications particulièrement pertinentes. On y traite de liens entre l’usage de produits du tabac ou de vapotage et la COVID-19, de changements de la consommation de ces produits durant la pandémie, d’attitudes quant à la vaccination et de messages pertinents pour les fumeurs.

COVID-19 et usage de produits du tabac

Selon une large méta-analyse à portée internationale, un historique de tabagisme augmenterait la probabilité d’être atteint d’une forme sévère de la COVID-19

Contexte

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, un grand nombre d’études ont décrit l’évolution de l’infection chez des patients hospitalisés. Des méta-analyses ont été réalisées à partir de ces études afin de quantifier l’effet du tabagisme sur la sévérité de la COVID-19. L’une des plus récentes, forte de 109 études provenant de plusieurs pays, réexamine les constats des méta-analyses parues en 2020 à la lumière des travaux publiés jusqu’en février 2021. Elle comprend des données de la Chine, des États-Unis, ainsi que de plusieurs pays situés un peu partout sur le globe, principalement en Europe et au Moyen-Orient.

Objectif

Vérifier s’il existe une association statistiquement significative entre un usage actuel ou ancien des produits du tabac et la sévérité de la COVID-19 chez les patients atteints de l’infection, pouvant mener à un événement critique (admission aux soins intensifs, détresse respiratoire, ventilation mécanique, mortalité).

Des 467 études retenues pour l’analyse d’éligibilité, 109 répondaient aux critères d’inclusion prévus par les auteurs, pour un total de 517 020 patients hospitalisés en raison de la COVID-19. La majorité des études provenaient de Chine (50 études) et des États-Unis (27 études).

La méta-analyse portant sur l’association entre un historique de tabagisme et la sévérité de la COVID-19 comprenait 45 943 fumeurs et anciens fumeurs de même que 468 565 non-fumeurs, alors que celle portant sur l’association entre un historique de tabagisme et la survenue d’un événement critique pendant l’hospitalisation incluait 48 717 fumeurs et anciens fumeurs de même que 457 878 non-fumeurs.

Résultats

  • Une association statistiquement significative est observée entre le fait d’avoir un historique de tabagisme et la sévérité de la COVID-19 (rapport
    de cotes [RC] = 1,55, IC 95 % 1,41-1,71).
  • L’historique de tabagisme est significativement associé au risque d’admission aux soins intensifs (RC = 1,73, IC 95 % 1,36-2,19) et à une mortalité accrue (RC = 1,58, IC 95 % 1,38-1,81).
  • Aucune association significative n’a été détectée entre l’historique de tabagisme et le recours à la ventilation mécanique.
  • L’analyse de méta régression indique que certaines variables influencent l’association entre l’historique
    de tabagisme et la sévérité de la COVID-19, soit l’âge (p = 0,004) et la présence de maladies chroniques telles que l’hypertension (p = 0,007), le diabète (p = 0,029) et la maladie pulmonaire obstructive chronique (p = 0,001).

Commentaires de l’INSPQ

Cette méta-analyse, réalisée plus d’un an après le début de la pandémie de COVID-19, regroupe les résultats de plus d’une centaine d’études décrivant les données cliniques de patients hospitalisés en raison de l’infection. Ceux-ci appuient l’existence d’une association entre le fait d’avoir un historique de tabagisme et celui de contracter une forme sévère de la COVID-19, à l’instar d’autres méta-analyses effectuées à partir de plus faibles nombres d’études (Reddy et coll., 2020 [47 études], Umnuaypornlert et coll., 2021 [40 études], Patanavanich et Glantz, 2020 [19 études], Zheng et coll., 2020 [13 études], Zhao et coll., 2020 [11 études]).

Une association est également détectée entre un historique de tabagisme et la mortalité des suites de la COVID-19, comme ce qu’ont identifié d’autres méta-analyses (Reddy et coll., 2020 [47 études], Umnuaypornlert et coll., 2021 [40 études], Chen et coll., 2020 [30 études]).

Les auteurs de cette méta-analyse font état d’un certain nombre de limites, dont celle ayant trait à l’identification du statut tabagique du patient. En effet, certains patients étaient déjà dans une situation critique lors de leur admission à l’hôpital, et n’étaient donc pas en mesure
de rapporter adéquatement leur statut tabagique. Ceci pourrait entraîner une sous-estimation de la prévalence du tabagisme chez les patients inclus dans la méta-analyse, qui était de 15 % pour l’ensemble des études combinées. Il est par ailleurs possible que d’anciens fumeurs aient été classifiés comme des non-fumeurs, ce qui pourrait contribuer à une sous-estimation du risque des anciens fumeurs d’être atteints d’une forme sévère de la COVID-19. Aussi, la plupart des études ne faisaient pas la distinction entre anciens fumeurs et fumeurs actuels, ce qui restreint les analyses à l’historique de tabagisme plutôt qu’au tabagisme actuel.

Les auteurs notent également que l’information ayant trait à la durée ainsi qu’à l’intensité du tabagisme (ex. nombre de paquets de cigarettes fumées par année) n’était pas disponible dans la majorité des études considérées, ce qui empêche de vérifier l’existence d’une relation dose-réponse entre le tabagisme et la sévérité de l’infection. Finalement, les auteurs rappellent que les études incluses dans la méta-analyse ont été effectuées auprès de patients hospitalisés ayant reçu un diagnostic de COVID-19, ce qui signifie que ces résultats ne représentent pas l’influence du tabagisme sur les risques d’infection dans la population générale.

Zhang, H., Ma, S., Han, T., Qu, G., Cheng, C., Uy, J.P., Shaikh, M.B., Zhou, Q., Song, E.J., Sun, C. Association of smoking history with severe and critical outcomes in COVID-19 patients: A systematic review and meta-analysis. European Journal of Integrative Medicine, 43, 101313.

COVID-19 et vapotage

Une étude britannique ne relève pas d’association statistiquement significative entre l’usage de produits de vapotage et la probabilité de contracter la COVID-19

Contexte

Plusieurs études effectuées au cours de la dernière année ont démontré que l’usage de produits du tabac augmentait les risques de contracter une forme sévère de la COVID-19. Toutefois, très peu d’études ont tenté de déterminer si l’usage de produits de vapotage était relié à la COVID-19.
Par ailleurs, certaines études effectuées afin d’évaluer l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les habitudes de vapotage ont rapporté une réduction de l’usage de produits de vapotage en période de pandémie ou encore une augmentation des tentatives de renoncement au vapotage en raison de préoccupations liées à la COVID‑19. Parallèlement, une étude italienne effectuée au moment où les boutiques de vapotage étaient fermées en raison du confinement n’a rapporté aucun changement dans les habitudes de consommation des vapoteurs.

Objectifs

  • Vérifier la présence d’association entre l’usage de produits de vapotage et le fait d’être atteint de la Covid-19 ou de présumer l’être;
  • Examiner les changements d’usage de produits de vapotage durant la pandémie de Covid-19 et les facteurs associés à ces changements;
  • Déterminer si la Covid-19 a motivé les vapoteurs et ex-vapoteurs à ne plus vapoter.

Méthode

Cette étude est basée sur une analyse des données de la première vague d’une étude longitudinale conduite en ligne au Royaume-Uni (HEalth BEhaviour during the COVID-19 pandemic). Un total de 2 994 adultes britanniques (N pondéré = 2 792) a été recruté sur Internet et a rempli le questionnaire entre le 30 avril et le 14 juin 2020.
En plus de leurs caractéristiques sociodémographiques (âge, genre, éducation, revenu du ménage, ethnicité, occupation professionnelle, état civil, présence d’enfant dans le ménage), les répondants ont fourni de l’information par rapport à leur usage de produits de vapotage ou de produits du tabac, leur degré de dépendance à la nicotine, leur état de santé, ainsi que les changements d’usage de produits de vapotage et le degré de motivation à renoncer au vapotage depuis le début de la pandémie. Une question visait par ailleurs à déterminer si le participant avait reçu un diagnostic de COVID-19 ou suspectait avoir été atteint de l’infection depuis le début de la pandémie.
En plus des analyses bivariées et multivariées effectuées, les chercheurs ont bonifié l’interprétation des résultats en déterminant la taille des effets observés lorsque les résultats obtenus n’étaient pas statistiquement significatifs (facteurs de Bayes). Les données ont été pondérées pour être représentatives de la population britannique.

Résultats

  • Aucune différence statistiquement significative n’a été notée selon le statut de vapoteur (non-vapoteurs, ex-vapoteurs, vapoteurs actuels) en ce qui a trait au fait d’avoir reçu un diagnostic de COVID-19 ou de suspecter avoir été infecté. Dans l’ensemble de l’échantillon, 1 % des participants ont reçu un diagnostic de COVID-19, et 22 % des participants représentaient des cas suspects de COVID-19.
  • Les analyses ont permis d’écarter l’existence d’un effet protecteur du vapotage sur la COVID-19, mais pas d’un effet délétère. Cependant, les analyses ajustées permettent d’écarter l’existence d’un effet délétère de grande taille du vapotage actuel sur la COVID-19, comparativement au non-vapotage.
  • Alors que 42 % des vapoteurs actuels ont indiqué avoir augmenté leur consommation et 10 % l’avoir diminuée, la majorité d’entre eux (n = 397) rapportent ne pas avoir modifié leurs habitudes de consommation de produits de vapotage depuis le début de la pandémie (48 %).
  • Une diminution de l’usage de produits de vapotage est associée au fait d’être une femme (RC ajusté = 3,40, IC 95 % 1,73-6,71), de ne pas vivre avec un enfant (RC ajusté = 4,93, IC 95 % 1,15-21,08) ou de faire usage de produits du tabac (RC ajusté = 8,77, IC 95 % 3,04-25,64).
  • Une augmentation de l’usage de produits de vapotage est associée au fait d’être âgé de 18 à 24 ans (RC ajusté = 5,26, IC 95 % 1,37-20,0, comparativement aux 65 ans et plus), de vivre seul (RC ajusté = 2,08, IC 95 % 1,14-3,85), ou d’avoir reçu un diagnostic de COVID-19 ou d’être un cas suspect de COVID-19 (RC ajusté = 4,72, IC 95 % 2,60-8,62).
  • Les raisons les plus fréquentes de l’augmentation de l’usage de produits de vapotage étaient l’ennui et le fait de rester à la maison où il y a peu ou pas de restrictions.
  • Environ un ex-vapoteur récent sur cinq (21 %) a rapporté avoir renoncé au vapotage pour une raison reliée à la COVID, et 41 % considèrent recommencer en raison des fortes envies de vapoter et du stress.

Commentaires de l’INSPQ

Les résultats de l’étude britannique n’indiquent pas d’association statistiquement significative entre l’usage de produits de vapotage et la probabilité de contracter la COVID-19. Ils indiquent toutefois qu’environ la moitié des vapoteurs ont modifié leurs habitudes de consommation depuis le début de la pandémie, la majorité de ces derniers ayant rapporté une augmentation de leur usage de produits de vapotage.

Les facteurs de Bayes employés afin de calculer la taille d’effet en l’absence de résultats statistiquement significatifs ont permis d’écarter l’existence d’effets protecteurs et d’effets délétères de grande taille du vapotage quant à la COVID-19. Les auteurs soulignent toutefois que des effets délétères de petite ou moyenne taille pourraient exister et ne pas avoir été détectés par leur étude.

Plusieurs limites de l’étude sont décrites par les auteurs, notamment en ce qui concerne le caractère auto rapporté des symptômes de COVID-19. Il est possible que certains participants aient mal interprété leurs symptômes et aient conséquemment été catégorisés comme des cas suspects de la COVID-19. À l’inverse, il se peut que certains participants n’aient pas ressenti de symptômes liés à la COVID-19, ce qui aurait également résulté en une catégorisation erronée. Les auteurs ont également fait mention de la faible taille de leur échantillon et du fait qu’il soit non probabiliste.

Malgré ces limites, l’étude représente un pas en avant vers une meilleure compréhension des liens pouvant exister entre l’usage de produits de vapotage et la COVID-19. Elle fournit également des indications quant aux comportements adoptés par les vapoteurs en temps de pandémie, ce qui pourrait ultimement être utile au développement d’interventions visant à prévenir et à réduire le vapotage au cours de futures périodes de confinement et de distanciation sociale.

Kale, D., Herbec, A., Perski, O., Jackson, S.E., Brown, J., Shahab, L. Associations between vaping and Covid-19: Cross-sectional findings from the HEBECO study. Drug and Alcohol Dependence, 221, 108590.

Influence de la pandémie sur l'usage du tabac

Les bouleversements entraînés par la pandémie influencent à la hausse la consommation de tabac chez plusieurs fumeurs de divers pays

Contexte

Dans le numéro de veille de lutte contre le tabagisme de septembre 2020 (Tremblay, Montreuil et Lasnier, 2020), nous rapportions les résultats de l’étude de Bommelé et de ses collègues portant sur l’effet du stress sur le changement de consommation de produits du tabac (Bommelé et coll., 2020). Nous faisions aussi référence à deux autres études publiées au printemps 2020 (Klemperer et coll., 2020; Jackson et coll., 2020). Depuis ce temps, plusieurs pays ont recueilli des données sur les changements de l’usage de produits du tabac, de même que sur les raisons invoquées pour une augmentation ou une diminution de la consommation. Voici les résultats de deux études retenues en raison de la taille des échantillons et de leurs contextes similaires à celui du Québec.

Objectifs

  • Présenter les résultats d’études menées en France et en Italie sur les changements de la consommation de produits du tabac au début de la pandémie.
  • Déterminer les facteurs pouvant favoriser une augmentation ou une baisse de l’usage du tabac en contexte de pandémie.

Étude française

Méthode

Guignard et ses collègues se sont intéressés aux variations de l’usage du tabac et de l’alcool tel que rapporté par un échantillon non probabiliste de 2 003 répondants adultes recrutés à partir d’un panel web de Français (Guignard et coll., 2021). Les données ont été recueillies en ligne entre le 30 mars et le 1er avril 2020, soit deux semaines après la mise en place de restrictions sanitaires sévères limitant grandement les déplacements (télétravail, fermeture des commerces non essentiels et des restaurants et bars, nécessité d’un permis temporaire pour sortir de chez soi, etc.).
Ce sont 422 fumeurs de produits du tabac qui ont participé à cette étude (dont 48 ayant indiqué faire usage du cigare, de la pipe ou de la shisha), soit 21,2 % de l’échantillon, une proportion plus faible que celle retrouvée dans les enquêtes de surveillance nationales en France.

Les chercheurs ont interrogé les personnes faisant usage de tabac sur les changements de leur consommation au cours des deux semaines précédant l’enquête (hausse, baisse ou aucun changement). Les personnes ayant rapporté une hausse de leur consommation ont été questionnées sur le nombre de cigarettes fumées quotidiennement avant et durant la pandémie (˂ 10/jour ou ≥10/jour). Les niveaux d’anxiété et de dépression ont été mesurés à l’aide d’une échelle comportant 14 items, la Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS). Des scores de 11 ou plus sur 21 indiquent une anxiété ou une dépression probable, et des scores de 8-10, une anxiété ou une dépression possible. Les chercheurs ont également documenté diverses variables sociodémographiques : genre, âge, niveau de scolarité, occupation, parent d’un enfant âgé de 16 ans ou moins, demeurer seul, situation financière, taille de la zone de résidence.

Des analyses bivariées ont été réalisées pour évaluer les changements de consommation de tabac selon diverses caractéristiques et une régression logistique multinomiale a permis d’identifier les variables associées à ces changements de consommation.

Résultats
  • 26,7 % des fumeurs rapportent une hausse de la consommation, 18,6 % une baisse et 54,7 % aucun changement.
  • Les personnes rapportant une augmentation de leur consommation fumaient environ cinq cigarettes additionnelles par jour.
  • Les facteurs associés à une hausse de la consommation après ajustement pour les variables confondantes sont : être âgé de 18 à 34 ans (comparativement à 50-64 ans), avoir un plus haut niveau de scolarité (études universitaires avec diplôme en comparaison avec des études secondaires sans diplôme) et présenter un niveau élevé d’anxiété (anxiété probable ou possible).
  • Il est à noter que 29 % des fumeurs présentaient une anxiété probable et 25,4 % une anxiété possible.
  • Un niveau de scolarité un peu plus élevé serait associé à une baisse de la consommation (études secondaires avec diplôme en comparaison avec des études secondaires sans diplôme).
Commentaires des auteurs
  • Dans cette étude, plus de la moitié des fumeurs ne rapportent aucun changement de leur usage de tabac, mais le quart d’entre eux auraient augmenté leur consommation. Les auteurs sont toutefois un peu surpris de l’association entre un plus haut niveau de scolarité et une hausse de la consommation. Une des hypothèses avancées est le fait que les personnes plus scolarisées détiennent des emplois considérés non essentiels et qu’ils devaient faire du télétravail, procurant ainsi davantage d’opportunités de fumer.

Étude italienne

Méthode
  • Carreras et ses collègues ont utilisé les données recueillies chez 6 003 Italiens âgés de 18 à 74 ans à partir d’un panel web Doxa comportant plus de 120 000 personnes. L’échantillon est représentatif de la population italienne en termes d’âge, de genre, de caractéristiques socioéconomiques et de distribution géographique. Les participants ont rempli un questionnaire en ligne d’une vingtaine de minutes entre le 27 avril et le 3 mai 2020, soit quelques semaines après l’instauration d’un confinement obligatoire le 9 mars 2020. Les restrictions sanitaires se sont allégées à partir du 4 mai 2020. Des 6 003 participants, 1 400 étaient des fumeurs actuels, 549 des ex-fumeurs et 4 053 n’avaient jamais fumé.
  • Les participants ont été questionnés sur leur usage du tabac avant et après le confinement, et sur les modifications de leur consommation en termes d’amélioration (abandon du tabac, diminution du nombre quotidien de cigarettes fumées) ou de détérioration (augmentation du nombre quotidien de cigarettes fumées, rechute chez les ex-fumeurs ou initiation chez les personnes n’ayant jamais fumé). Différentes variables descriptives de santé mentale ont aussi été intégrées dans le questionnaire (qualité de vie, quantité de sommeil, anxiété et dépression).
  • Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour documenter les associations entre les modifications de la consommation et les variables sociodémographiques, les variables de santé mentale et les conditions de travail durant le confinement (travail régulier, télétravail, sans-emploi avant le confinement, perte d’emploi).
Résultats
  • Durant le confinement, une amélioration de la consommation de tabac a été observée chez 5,5 % des participants à l’étude : 8,6 % des fumeurs ont cessé de fumer et 15 % ont réduit leur consommation de cigarettes.
  • Une détérioration a cependant été observée chez 9 % des participants, dont à peine 0,7 % ayant rechuté (ex-fumeurs) ou s’étant initiés au tabagisme (non-fumeurs).
  • 36,3 % des fumeurs actuels ont rapporté une hausse de la consommation d’en moyenne six cigarettes par jour, et 15 % une diminution.
  • Les femmes, les personnes travaillant de leur domicile et celles ayant perdu leur emploi sont plus susceptibles d’avoir augmenté leur consommation quotidienne de cigarettes durant le confinement.
  • Les autres facteurs associés à une hausse de la consommation sont : une détérioration de la qualité de vie, une baisse de la quantité de sommeil, une augmentation de l’anxiété et des symptômes dépressifs.
  • Le fait d’être plus jeune (18-34 ans) et de fumer cinq cigarettes ou moins par jour est associé à une hausse de l’abandon du tabac alors que fumer plus de 15 cigarettes par jour, ne pas avoir d’emploi avant le confinement et demeurer dans un domicile surpeuplé sont associés à une baisse de la consommation.
Commentaires des auteurs

Les chercheurs affirment que le confinement a eu des retombées intéressantes chez les jeunes adultes et chez les fumeurs de cinq cigarettes ou moins par jour chez lesquels un abandon de l’usage du tabac a été observé. Comme l’aspect social du tabagisme est important à cet âge, on devrait continuer de travailler à réduire l’acceptabilité sociale et les croyances favorables au tabagisme. Par ailleurs, il est essentiel de rendre accessibles aux fumeurs des ressources virtuelles/téléphoniques en abandon du tabac qui tiennent compte des niveaux élevés de stress généré par la pandémie de COVID-19.

Commentaires de l’INSPQ

Il est de plus en plus clair que la pandémie a eu un effet important sur l’usage de produits du tabac. Bien qu’environ la moitié des fumeurs affirment ne pas avoir changé leur consommation, entre le quart et le tiers des fumeurs ont rapporté une hausse de leur consommation (Guignard et coll., 2021; Carreras et coll., 2021; Yingst et coll., 2021; Reynolds et coll., 2021; Montreuil, Lasnier et Tremblay, 2021).

Parmi les raisons et les facteurs évoqués ou associés à une hausse de la consommation de produits du tabac, certains sont en lien direct avec les mesures restrictives imposées par la pandémie : le fait de ressentir de l’isolement, de la solitude et de l’ennui (Yingst et coll., 2021; Gendall et coll., 2021; Grogan et coll., 2020; Giovenco et coll., 2021), de même que le télétravail amenant à passer davantage de temps à la maison (Yingst et coll., 2021; Reynolds et coll., 2021; Koyama et coll., 2021). De plus, l’anxiété générée par tous les bouleversements entraînés par la COVID-19 est un facteur prépondérant dans les différentes études.

Guignard, R., Andler, R., Quatremère, G., Pasquereau, A., du Roscoät, E., Arwidson, P., ... & Nguyen-Thanh, V. (2021). Changes in smoking and alcohol consumption during COVID-19-related lockdown: A cross-sectional study in France. European Journal of Public Health.

Carreras, G., Lugo, A., Stival, C., Amerio, A., Odone, A., Pacifici, R., ... & Gorini, G. (2021). Impact of COVID-19 lockdown on smoking consumption in a large representative sample of Italian adults. Tobacco Control.

Influence de la pandémie sur l’usage de produits de vapotage

Diminution de l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents et les jeunes adultes américains

Contexte

Avant la pandémie, l’usage des cigarettes électroniques avait dépassé l’usage des produits du tabac chez les adolescents et les jeunes adultes de nombreux pays, dont le Canada. Plusieurs mesures mises en place pendant la pandémie pourraient avoir réduit la proportion d’utilisateurs et la fréquence de consommation, comme la diminution des contacts sociaux, la fermeture temporaire des établissements d’enseignement et celle des boutiques spécialisées qui vendent des produits de vapotage. Cette étude a tenté de documenter ce phénomène à partir de sondages hebdomadaires réalisés avant et pendant la pandémie auprès d’adolescents et de jeunes adultes américains.

Objectifs

  • Déterminer si la pandémie a entraîné des changements de l’usage des cigarettes électroniques chez les adolescents et les jeunes adultes.
  • Explorer l’influence d’une réduction de l’accès tant physique que financier aux cigarettes électroniques sur l’usage de ces produits pendant la pandémie.

Méthode

Les données proviennent de sondages transversaux hebdomadaires réalisés en ligne auprès des membres du panel Dynata. Les participants sont des adolescents âgés de 15 à 17 ans et de jeunes adultes de 18 à 24 ans. Du 1er janvier au 29 juin 2020, environ 222 participants par semaine ont complété le sondage pour un total de 5 164 répondants, dont 779 vapoteurs actuels (usage au cours des 30 jours précédents). Les données ont été pondérées afin d’être représentatives de la population américaine.

Les données « pré-COVID » ont été recueillies entre le 1er janvier et le 13 mars 2020. Les données « pendant la COVID » ont été recueillies entre le 14 mars et le 29 juin 2020, période pendant laquelle presque tous les états américains ont déclaré l’état d’urgence et implanté des mesures de confinement.
Le sondage visait à interroger les participants sur leur usage de cigarettes électroniques et sur l’usage de la cigarette de tabac au cours des 30 jours précédents.

Les répondants ont indiqué s’ils avaient été affectés par au moins l’un des changements suivants causés par la pandémie : la diminution des heures d’ouverture des commerces où ils s’approvisionnent, la moins grande disponibilité des produits, la réduction de l’accessibilité financière en raison d’une perte de revenu.

Les vapoteurs actuels interrogés à partir du 14 mars ont été sondés sur la modification de leur consommation de cigarettes électroniques pendant la pandémie comparativement à avant (augmentée, diminuée, restée la même). Ils ont aussi indiqué à quelle fréquence ils partagent leurs dispositifs de vapotage avec des amis, ou des proches, comparativement à avant la pandémie (augmentée, diminuée, restée la même).

Les autres variables recueillies sont l’âge, le genre, l’origine ethnique, une mesure subjective du niveau socioéconomique, la fréquence d’usage de la cigarette électronique et le lieu de résidence.

Résultats

Les analyses réalisées auprès de l’ensemble des participants indiquent :

  • Une diminution de la proportion d’utilisateurs de cigarettes électroniques pendant la COVID comparativement à la période pré-COVID (RC = 0,83, IC 95 % 0,73-0,94) ;
  • Comparativement à avant la pandémie, l’usage de cigarettes électroniques pendant la pandémie est moins élevé chez les personnes de 15-17 ans (RC = 0,72, IC 95 % 0,54-0,96) et celles de
    18-20 ans (RC = 0,65, IC 95 % 0,52-0,81). Aucune différence statistiquement significative n’est notée chez les 21-24 ans.

Les résultats des analyses réalisées auprès des vapoteurs actuels révèlent que :

  • près de la moitié (49 %) des répondants interrogés durant la pandémie ont rapporté avoir diminué leur usage de cigarettes électroniques comparativement à avant la pandémie et 26 % disent l’avoir augmenté;
  • ceux-ci vapotaient en moyenne une journée de moins par mois comparativement à ceux interrogés avant la pandémie (11 vs 12,3, p < 0,05);
  • ceux percevant une réduction de l’accès aux produits de vapotage pendant la pandémie sont plus susceptibles de rapporter une réduction de l’usage de ces produits comparativement à ceux dont l’accès n’a pas changé (RC = 1,51, IC 95 % 1,07-2,14);
  • ceux qui partageaient moins souvent leur dispositif pendant la pandémie qu’avant sont plus susceptibles de rapporter une réduction de l’usage de ces produits comparativement à ceux ne rapportant pas de changement (RC = 1,95, IC 95 % 1,27-3,00);
  • 39 % des répondants ont rapporté des changements dans l’accès aux cigarettes électroniques pendant la pandémie en raison des heures d’ouverture réduites et 41 % ont eu de la difficulté à trouver les produits; 17 % ont rapporté des difficultés financières à se procurer les produits;
  • près de la moitié des vapoteurs actuels (46 %) ont indiqué partager leurs dispositifs moins souvent depuis la pandémie, 13 % plus souvent et 24 % aussi souvent; 18 % n’avaient jamais partagé leur dispositif.

Commentaires de l’INSPQ

Les résultats de cette étude suggèrent que les effets de la pandémie sur le vapotage chez les jeunes ne seraient pas nécessairement les mêmes que sur l’usage du tabac chez les adultes. Alors que l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents et les jeunes adultes aurait diminué pendant la pandémie, une proportion importante d’adultes qui fument la cigarette de tabac auraient augmenté leur consommation. Cette étude comporte des limites, dont le fait que les mesures sont auto rapportées et sujettes à des biais de rappel et de désirabilité sociale.

Les auteurs concluent qu’en fonction des résultats obtenus, il est important d’implanter rapidement des interventions visant à réduire l’accès des adolescents à la cigarette électronique. Ils proposent aussi de mettre en place des interventions populationnelles démontrées efficaces comme les politiques de taxation, les environnements sans fumée, les campagnes médiatiques et les restrictions des produits aromatisés afin de tirer profit de la baisse du vapotage observée chez les jeunes pendant la pandémie.

Kreslake, J. M., Simard, B. J., O’Connor, K. M., Patel, M., Vallone, D. M., & Hair, E. C. (2021). E-Cigarette Use Among Youths and Young Adults During the COVID-19 Pandemic: United States, 2020. American Journal of Public Health, 111(6), 1132‑1140. https://doi.org/10.2105/AJPH.2021.306210

Attitudes quant à la vaccination

Les fumeurs seraient moins enclins à se faire vacciner contre la COVID-19

Contexte

L’espoir de retrouver une vie plus normale depuis la survenue de la pandémie de COVID-19 repose en grande partie sur le taux d’adhésion de la population à la vaccination. Or, certains groupes seraient plus réticents à se faire vacciner.

Objectifs

  • Déterminer à quel point les attitudes par rapport aux vaccins en général diffèrent selon le statut tabagique (fumeur, non-fumeur, ex-fumeur).
  • Établir s’il existe une différence quant aux intentions de se faire vacciner contre la COVID-19 selon le statut tabagique.

Méthode

Les auteurs de cette étude ont utilisé les données de sondages en ligne non probabilistes menés de façon hebdomadaire depuis le 21 mars 2020 à l’aide d’un panel web réunissant plus de 70 000 adultes du Royaume-Uni. Les données de 29 148 participants ont été recueillies entre le 7 octobre et le 5 novembre 2020, à un moment où aucun vaccin contre la COVID-19 n’avait encore été approuvé.

Les chercheurs ont fait appel à une échelle reconnue (Vaccination Attitudes Examination Scale) pour mesurer les attitudes concernant la vaccination en général :

  • a) la méfiance envers les bénéfices du vaccin;
  • b) les inquiétudes quant à des effets secondaires imprévus;
  • c) les préoccupations au sujet des profits commerciaux et
  • d) la préférence pour une immunité naturelle.

Ils ont également évalué l’intention des participants de recevoir le vaccin contre la COVID-19 à l’aide de questions mesurant l’incertitude et la réticence à se faire vacciner lorsqu’un vaccin sera approuvé.

Une régression linéaire a été utilisée pour examiner les associations entre le statut tabagique et chacune des quatre attitudes envers la vaccination. Les associations entre le statut tabagique et l’intention de recevoir le vaccin contre la COVID-19 ont été étudiées à l’aide d’une régression logistique multinomiale. Pour les deux types d’analyses, les chercheurs ont réalisé trois différents modèles afin de tenir compte de l’effet de certaines variables sociodémographiques (âge, genre, ethnicité, revenu, le fait d’être un travailleur essentiel) et de la présence d’une ou plusieurs conditions de santé (hypertension, diabète, maladie cardiaque, maladie pulmonaire, cancer).

Résultats

  • Comparativement aux non-fumeurs et aux ex-fumeurs, les fumeurs actuels ont une plus grande méfiance par rapport aux bénéfices des vaccins en général; ils sont plus inquiets quant aux effets secondaires des vaccins; ils sont davantage préoccupés par les bénéfices commerciaux; et ils ont une plus grande préférence pour l’immunité naturelle.
  • 51 % des fumeurs actuels ont rapporté qu’ils avaient l’intention de se faire vacciner contre la COVID-19 lorsqu’un vaccin sera disponible, alors que c’est le cas de 66 % des non-fumeurs et de 66 % des ex-fumeurs.
  • Le risque d’être réticent à se faire vacciner était environ deux fois plus élevé chez les fumeurs actuels que chez les non-fumeurs (ratio de risque [RR] = 2,12, IC 95 % 1,91-2,34) et que chez les ex-fumeurs (RR = 1,53, IC 95 % 1,37-1,71).

Commentaires des auteurs

Les données de cette étude vont dans le même sens que les données d’autres études ayant documenté un moins grand recours des fumeurs à la vaccination contre la grippe saisonnière que les non-fumeurs. Selon les chercheurs, il n’est pas possible de départager le rôle qu’a pu jouer l’information fortement médiatisée selon laquelle les fumeurs seraient relativement protégés de la COVID-19, des attitudes négatives des fumeurs envers la vaccination en général ou de leur propension à avoir des comportements à risque pour leur santé. Toutefois, ces résultats ont de grandes implications pour la santé publique. D’une part, si les fumeurs se prévalent en moins grand nombre de la vaccination, cela pourrait avoir un impact sur le niveau de l’immunité collective. D’autre part, comme la prévalence de l’usage du tabac est plus grande dans les populations défavorisées, une moins grande adoption de la vaccination pourrait accroître les inégalités de santé déjà présentes.

Les auteurs concluent qu’il est essentiel de rejoindre les fumeurs moins enclins à se faire vacciner et de les sensibiliser aux bénéfices du vaccin. Modifier les perceptions quant à la protection que conférerait l’usage du tabac face à la COVID-19 serait aussi très important.

Jackson, S. E., Paul, E. E., Brown, J., Steptoe, A., & Fancourt, D. (2021). Negative vaccine attitudes and intentions to vaccinate against Covid-19 in relation to smoking status: a population survey of UK adults. NTR, 1-6; doi:10.1093/nrt/ntab039

Messages de renoncement au tabac en contexte de pandémie

Les fumeurs sont réceptifs à des messages les incitant à cesser de fumer pour se protéger de la COVID-19

Contexte

Les autorités de nombreux pays encouragent les fumeurs à renoncer au tabac pour ainsi augmenter leurs chances de survie advenant le cas où ils contractent la COVID‑19. Les auteurs de cette étude ont examiné les effets de quatre messages chez des fumeurs de trois pays comportant un héritage culturel et un contexte de réduction du tabagisme similaires : le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Objectifs

  • Évaluer la réceptivité des fumeurs à différents messages de renoncement au tabac en contexte
    de pandémie.
  • Déterminer quels messages incitent les fumeurs à rechercher davantage d’informations sur leurs risques relatifs à la COVID et à faire une tentative de renoncement au tabac.

Méthode

Dans un premier temps, les chercheurs ont développé quatre messages dont trois en lien avec la santé et un quatrième sur les bénéfices financiers de renoncer au tabac :

  • 1er message : Cessez de fumer maintenant - il n’est jamais trop tard. Fumer endommage vos poumons qui ne fonctionnent pas aussi bien. Ceci implique
    que les fumeurs sont plus à risque d’avoir des complications s’ils sont infectés par le coronavirus (traduction libre).
  • 2e message : En cessant de fumer maintenant, vous pouvez réduire vos risques de complications si
    vous êtes infectés par le coronavirus. Cela aidera
    nos services de santé qui sont débordés à faire face
    à une augmentation importante de patients (traduction libre).
  • 3e message : Il n’y a jamais eu de meilleur moment pour arrêter de fumer que maintenant, indépendamment de votre âge. Vos poumons seront en meilleure santé après quelques jours, et d’ici un mois vous réduirez votre risque d’infection pulmonaire (traduction libre).
  • 4e message : Les moments à venir peuvent être difficiles financièrement pour plusieurs personnes - cesser de fumer maintenant est une bonne façon
    de commencer à économiser de l’argent (traduction libre).

Puis, en avril et mai 2020, plus de 1 500 fumeurs quotidiens ont été recrutés par un fournisseur international de panels web : 601 du Royaume-Uni, 604 d’Australie et 304 de Nouvelle-Zélande. Les fumeurs ont été exposés de façon aléatoire à l’un des quatre messages pour être ensuite questionnés sur l’acceptabilité, la crédibilité, la pertinence et l’efficacité perçue du message (échelles de 1 à 5 où 1 = pas du tout et 5 = très). On les a aussi interrogés sur le degré d’inquiétude suscitée par le message (échelle de 1 à 4 où 1 = pas du tout et 4 = beaucoup). Quant aux intentions de renoncer au tabac, elles ont été évaluées avant et après l’exposition au message (tente actuellement de cesser de fumer; au cours des deux prochaines semaines ; au cours des deux prochains mois; à un moment donné dans le futur; pas du tout).

Résultats

  • Les scores moyens de l’acceptabilité, de la crédibilité, de la pertinence personnelle et de l’efficacité perçue des quatre messages sont tous au-dessus du point central de 3 (3,3 - 4,1). Peu de différences ont été observées entre les messages à part le fait que le 4e message sur les implications financières de l’arrêt tabagique est jugé moins pertinent que deux des trois messages portant sur la santé (1er et 3e messages).
  • Les 1er et 2e messages mentionnant explicitement le coronavirus ont suscité plus d’inquiétudes que les deux autres messages.
  • Alors qu’au début de l’étude, 32 % des fumeurs affirmaient avoir l’intention de renoncer au tabac au cours des deux prochaines semaines, c’était le cas de 38 % d’entre eux après leur exposition aux messages, soit une hausse de six points de pourcentage.
  • Les quatre messages sont associés à une hausse du nombre de participants ayant l’intention de cesser de fumer au cours des deux semaines suivantes. Cependant, les deux messages faisant allusion au coronavirus sont ceux qui ont mené aux augmentations les plus importantes (1er message : hausse de 23 %; 2e message : hausse de 34 %).
  • Globalement, 44 % des participants ont utilisé les liens Internet suggérés pour obtenir davantage d’informations sur les risques de la COVID-19 chez les fumeurs.

Commentaires des auteurs

Cette étude démontre que les quatre messages proposés aux fumeurs ont le potentiel d’augmenter les intentions de renoncer au tabac et qu’ainsi, ils pourraient faire l’objet d’une série de messages à transmettre aux fumeurs. Si un seul message devait être choisi, les chercheurs opteraient pour celui qui fait référence aux conséquences de la COVID-19 tant au niveau de l’individu qu’au niveau du système de santé (2e message) en raison d’une plus grande augmentation de l’intention de cesser de fumer.

Une observation intéressante qui ressort de cette étude est l’absence de différences entre les résultats des trois pays, malgré une évolution variable de la pandémie, ce qui fait dire aux auteurs qu’il y aurait des préoccupations et des motivations semblables chez les fumeurs de pays similaires. Les auteurs rappellent que les résultats ne sont pas représentatifs de la population parce qu’ils proviennent d’un panel web, que seulement quatre messages ont été évalués et que le renoncement au tabac n’a pas été mesuré.

Pettigrew, S., Jun, M., Roberts, I., Nallaiah, K., Bullen, C., & Rodgers, A. (2021). The Potential Effectiveness of COVID-Related Smoking Cessation Messages in Three Countries. Nicotine & Tobacco Research.

Que retenir de ces écrits scientifiques?

  • Il existe une association statistiquement significative entre un historique de tabagisme (usage actuel ou ancien de cigarettes) et une forme sévère de la COVID-19 et de mortalité des suites de l’infection. C’est le principal constat issu d’une méta-analyse comportant 109 études portant sur des patients hospitalisés et provenant de plusieurs pays, dont la Chine, les États-Unis, et des pays de l’Europe et du Moyen-Orient.
  • Une étude britannique ne relève pas d’association statistiquement significative entre l’usage de produits de vapotage et la probabilité de contracter la COVID‑19.
  • Bien qu’environ la moitié des fumeurs affirment ne pas avoir modifié leur consommation de produits du tabac durant la pandémie, entre le quart et le tiers d’entre eux auraient augmenté leur consommation. L’isolement, la solitude, l’ennui de même que le télétravail sont des facteurs évoqués ou associés à une telle hausse. L’anxiété générée par tous les bouleversements entraînés par la COVID-19 est un facteur prépondérant dans les différentes études.
  • Selon une étude américaine, l’usage de la cigarette électronique chez les adolescents et les jeunes adultes aurait diminué pendant la pandémie, possiblement en raison d’une diminution de l’accès aux produits de vapotage.
  • Les fumeurs seraient moins enclins à se faire vacciner contre la COVID-19. Comparativement aux non-fumeurs et aux ex-fumeurs, ils ont une plus grande méfiance par rapport aux bénéfices des vaccins en général, ils sont plus inquiets quant aux effets secondaires des vaccins et ils ont une plus grande préférence pour l’immunité naturelle.
  • Enfin, les fumeurs seraient réceptifs aux messages les incitant à cesser de fumer pour se protéger de la COVID-19

Rédacteurs

Michèle Tremblay
Benoit Lasnier
Annie Montreuil

Équipe de lutte contre le tabagisme, Unité Habitudes de vie
Direction du développement des individus et des communautés

Coordonnatrice
Michèle Tremblay

Réviseur
Pierre Maurice

L’inclusion des articles présentés dans ce bulletin de veille ne signifie pas leur endossement par l’Institut. Le jugement professionnel demeure essentiel pour évaluer la valeur de ces articles pour votre pratique. Cette veille a été réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS).