Violence conjugale : sensibiliser et informer les intervenants pour prévenir

« Personne n’est à l’abri de la violence conjugale. On retrouve de la violence conjugale à tous les âges de la vie, dans toutes les classes socio-économiques et dans toutes les communautés culturelles ou religieuses »

Citation tirée de la Trousse Média sur la violence conjugale, Institut national de santé publique du Québec.

La violence conjugale est reconnue comme un problème de santé publique par l’Organisation mondiale de la santé.

Sa prévalence s’estime difficilement vu le nombre de cas qui ne sont pas rapportés. Cependant, selon les données policières au Québec, près de 20 000 personnes auraient rapporté avoir été victimes de violence conjugale en 2015, des femmes pour la plupart(78 %). Tel qu’on le mentionnait dans l’Espace ITSS il y a quelques années, parce qu’elles sont souvent moins enclines à exiger l’utilisation du condom ou à refuser des pratiques sexuelles à risque, les femmes victimes de violence conjugale sont considérées comme davantage à risque de contracter une ITSS.

Les adolescentes, les femmes âgées, autochtones, handicapées ou immigrantes et les membres de la communauté LGBTQ sont particulièrement vulnérables aux violences en contexte conjugal. Selon l’Enquête sociale générale sur la victimisation de Statistique Canada (2014), 8 % des homosexuels rapportent avoir été victimes de violence conjugale au pays. Ce pourcentage est deux fois plus élevé que dans les couples hétérosexuels, où le taux de violence conjugale autodéclarée est de 4 % (actes violents documentés : menacer de violence; pousser, empoigner ou bousculer; gifler; frapper à coups de pied ou de poing; mordre; frapper; battre; étrangler; menacer à l’aide d’une arme à feu ou d’un couteau; ou forcer à se livrer à une activité sexuelle). La violence conjugale entre hommes homosexuels se manifeste parfois par des formes bien spécifiques, par exemple menacer de dévoiler l’orientation sexuelle ou le statut séropositif à leur famille.

Un rapport de l’Institut national de santé publique (INSPQ) nous renseignait il y a quelques années à l’effet que les professionnels de la santé étaient parfois inconfortables et se sentaient impuissants quant au dépistage de la violence conjugale, entre autres par manque de connaissances et par peur d’aborder le sujet et d’offenser la personne qu’ils croient victime.

Dans la dernière publication (mars/avril 2018) de sa revue clinique et de développement professionnel, Perspective infirmière, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec présentait un article sur la violence conjugale dans le but d’outiller les professionnels à mieux la dépister et ainsi intervenir rapidement et adéquatement. L’auteure Denyse Perreault y dresse entre autres un portrait des facteurs de risque pouvant mener à la violence conjugale (autant du côté de la victime que de l’agresseur) et des signes qui pourraient laisser présager une telle situation. Elle rappelle que les facteurs de risque de violence conjugale ne sont pas qu’individuels (ex : âge, faible niveau de scolarité, dépression, etc.), ils peuvent aussi tenir de la sphère relationnelle (nombre d’enfants, insatisfaction conjugale), communautaire (caractéristiques des quartiers, faible désapprobation de la violence par la communauté) ou sociétale (inégalités entre les sexes, normes sociales et législations). Pour favoriser la prévention en matière de violence conjugale, l’article prône une meilleure communication entre les ressources communautaires et le milieu de la santé et l’intégration de stagiaires auprès des ressources qui viennent en aide aux victimes de violence conjugale pendant le cursus scolaire.

Soulignons également, le projet Violence dans les Relations Amoureuses et Intimes entre Hommes (VRAIH) de l’organisme RÉZO, qui tente de venir combler le manque d’attention portée à la problématique de la violence conjugale chez les hommes gais et bisexuels en mettant sur place une table de concertation qui s’intéresse aux enjeux et besoins. Ils proposent des liens vers des ressources et outils pour soutenir les professionnels de la santé, dont une brochure produite par le Gouvernement du Québec à l’intention des personnes LGBTQ vivant dans des contextes de vulnérabilité à la violence conjugale.

L’INSPQ a aussi mis à disposition une Trousse Média sur la violence conjugale dans le but que les messages véhiculés à cet égard soit justes et permettre de sensibiliser à cette problématique. Certaines sections de cette Trousse Médias sont une source précieuse d’information pour les professionnels de la santé pour mieux comprendre le phénomène, particulièrement les sections : Faits saillants, Comprendre et Ressources. Enfin, n'hésitez pas à consulter le tout récent rapport québécois sur la violence et la santé de l'INSPQ.

Rédigé par
Florence Maheux-Dubuc et Julie Laforest
Date de publication
9 mai 2018