Lien entre chaleur et mort subite du nourrisson
Dans un contexte de changement climatique, où les épisodes de canicule et de vagues de chaleur risquent d’être plus fréquents et plus sévères dans les prochaines années, une équipe de chercheurs du Québec et de la Colombie-Britannique s’est penchée sur le lien entre le syndrome de mort subite du nourrisson et la chaleur extérieure. Jusqu’à maintenant, peu de recherches ont documenté cette hypothèse.
Pour ce faire, ils ont analysé tous les décès attribuables au syndrome de mort subite du nourrisson pendant les périodes chaudes, dans la région métropolitaine de Montréal, entre 1981 et 2010. Un total de 196 décès chez des nourrissons de 1 à 12 mois a été répertorié et les températures extérieures de la veille et de la journée du décès ont été comparées à des journées de contrôle du même mois. Par exemple, si un décès était survenu un samedi de juillet 2000, les journées de contrôle comprenaient tous les autres samedis de juillet 2000. Les autres facteurs de confusion, comme le statut socioéconomique, étaient ainsi automatiquement ajustés malgré l’absence de données concernant de telles caractéristiques. La température maximale de la veille du décès a aussi été utilisée aux fins d’analyse, car l’heure et la température exactes au moment du décès étaient inconnues. Un ajustement a aussi été effectué pour tenir compte de l’humidité relative.
Les résultats démontrent que lorsque les températures maximales atteignaient 29oC ou plus, les risques de mort subite du nourrisson étaient 2,78 fois plus importantes (rapports de cote) que les journées où la température maximale était de 20oC. L’association était plus forte chez les enfants âgés de 3 à 12 mois. Lors des journées où des décès par mort subite du nourrisson avaient été rapportés, les températures étaient de 1,7 à 2,5oC plus élevée que lors des journées contrôle.
« Nous avons découvert une forte association entre des températures extérieures élevées la veille et la journée du décès et les probabilités de syndrome de mort subite du nourrisson, spécialement pour les nourrissons de trois mois ou plus. Ainsi, une exposition aiguë à la chaleur ambiante peut être un facteur de mort subite du nourrisson ». Pour les auteurs, cette nouvelle découverte suggère que les nourrissons devraient être considérés à risque élevé pour le syndrome de mort subite du nourrisson lors de températures élevées et que les alertes environnementales incluent ce groupe de la population dans les avertissements de santé pendant les vagues de chaleur. « Les changements climatiques et les températures plus élevées qui en résultent pourraient entraîner une plus grande proportion de morts subites du nourrisson dans le futur. » [MB]
Source : ehp.niehs.nih.gov/wp-content/uploads/advpub/2015/3/ehp.1307960.acco.pdf