Mieux vivre avec les écrans – réflexions pour une régulation favorable à la santé publique
Mémoire déposé à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes.
Messages clés
- La transformation numérique amène de nombreux changements dans les modes de vie et les rapports sociaux. Elle y contribue positivement à maints égards, mais les conséquences de ces technologies sur la santé physique, les capacités cognitives, la santé mentale et le développement dès la naissance, durant l’enfance et l’adolescence sont source d’inquiétudes légitimes. Comme la transformation numérique touche plusieurs déterminants de la santé de la population, un accès inégal à ses bénéfices ou une exposition plus ou moins directe à ses désavantages pourraient générer ou renforcer les inégalités de santé.
- La volonté de mieux encadrer l’utilisation des écrans et des réseaux sociaux chez les jeunes est un objectif partagé par l’Institut national de santé publique du Québec. Il faut souligner toutefois que l’usage des écrans pendant la petite enfance et ses conséquences délétères tout au long du parcours de vie sont peu abordés dans le débat actuel et dans le document de consultation. Or les recommandations en matière d’écrans ne sont pas toujours connues des parents et l’Institut croit donc important de rappeler que l’usage des écrans n’est pas nécessaire au développement des tout-petits. Le caractère éducatif de certaines applications mériterait par ailleurs d’être mieux défini et encadré.
- L’usage des écrans est trop souvent abordé à partir de problématiques étroites, qui considèrent les conséquences de manière isolée. L’impact doit au contraire toujours être abordé dans sa globalité, en tenant compte de plusieurs facteurs, ainsi que des effets de cumul d’usage et d’exposition. Que l’exposition au contenu soit pédagogique ou récréative, le temps alloué peut empiéter sur d’autres habitudes de vies essentielles au bien-être des jeunes. Les appareils et les finalités d’usage doivent aussi être prises en compte dans les solutions privilégiées. Les nombreux facteurs en cause invitent à réfléchir des solutions qui ne ciblent pas uniquement les jeunes ou les parents, mais qui reposent sur la responsabilité partagée et la cohérence d’action de la part de tous les acteurs concernés.
- À la lumière de ces constats, l’Institut propose trois grands objectifs pour guider l’action publique, soit : retarder l’usage des écrans; réduire le temps et l’exposition, surtout lorsqu’il n’y a pas de valeur pédagogique ajoutée; et enfin, réduire les méfaits des écrans sur les jeunes québécois. En conséquence, l’Institut croit pertinent :
- d’établir des balises progressives suivant les stades développementaux qui tiennent compte des caractéristiques des différents appareils et plateformes numériques. Ces balises pourront ensuite être déclinées dans les différents milieux de vie;
- de développer les compétences personnelles et sociales des jeunes (ex. : citoyenneté numérique, respect de la vie privée, sécurité en ligne) et de fournir un environnement qui favorise la capacité d’agir dans l’environnement numérique.
- d’élaborer et d’adopter des standards de santé et de sécurité, incluant la collecte des données, bien adaptés à l’âge des utilisateurs et couvrant les différentes plateformes technologiques, incluant les jeux vidéo et les médias sociaux.
- d’améliorer l'encadrement des pratiques de marketing numérique, incluant les contenus commandités produits par les influenceurs et l’utilisation par l’industrie de contenu générés par les utilisateurs des médias sociaux.
Document déposé à l'Assemblée nationale