Les malades chroniques se font prescrire plus d’antibiotiques

Une étude pilotée par une équipe de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), publiée aujourd’hui dans CMAJ Open, démontre que les personnes atteintes de maladies chroniques reçoivent plus de prescriptions d’antibiotiques.

À partir des données du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ), les chercheurs de l’INSPQ, en collaboration avec des collègues de l’Université Laval et de l’Université de Montréal, ont mesuré le taux de prescriptions d’antibiotiques de 2014 à 2017, selon que les patientes et patients souffraient ou non de certaines maladies chroniques fréquentes, comme le diabète, les problèmes de santé mentale, cardiaque et respiratoire chroniques. L’utilisation de ces médicaments apparaît nettement plus élevée chez les personnes touchées par au moins un de ces problèmes de santé.

« Selon les données des personnes inscrites au régime public d’assurance médicaments, nous constatons sans équivoque la relation entre la prescription d’antibiotiques et ces maladies chroniques, », indique la responsable de l’étude et chercheuse à l’Institut national de santé publique du Québec, Élise Fortin. « Nous avons observé cette exposition accrue dans chacune des trois strates d’âge étudiées, soit de la naissance à 17 ans, de 18 à 64 ans et à partir de 65 ans. »

De plus, dans une deuxième partie de l’étude publiée simultanément, les chercheurs remarquent que de 2010 à 2017, une proportion importante des ordonnances ne concordait pas avec les guides cliniques québécois sur l’usage de ces médicaments. En effet, les personnes atteintes de maladies chroniques recevaient davantage d’ordonnances d’antibiotiques ne répondant pas aux recommandations. Parmi les conséquences potentielles d’une telle pratique, des blessures risquent de guérir moins rapidement ou cela peut mener à de l’antibiorésistance pour les patients.

« Notre méthodologie ne nous permet pas d’évaluer si le non-respect des guides est justifié ou non. Cependant, le nombre important de ces ordonnances nous laisse croire que nous pouvons améliorer notre approche à ce sujet, et ce, pas seulement chez les personnes atteintes d’une maladie chronique. Cette constatation nous amène à croire qu’il faut examiner plus à fond cette question », estime madame Fortin.

Elle ajoute : « Nos prochains travaux devraient se concentrer sur le nombre de comorbidités, de même que sur celles que nous n’avons pas encore étudiées et qui pourraient justifier une dérogation aux recommandations, comme l’obésité ou de l’insuffisance rénale. Nous nous intéresserons aussi particulièrement à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’utilisation d’antibiotiques. »

À propos de l'étude 

 

27 septembre 2022