Déterminer le prix du cannabis : un délicat calibrage

Quel est l’impact du prix du cannabis sur les habitudes de consommation dans la population? L’Institut national de santé publique du Québec s’est penché sur cette question pour orienter les politiques publiques encadrant l’usage de cette substance psychoactive au Québec. Le prix du cannabis est un facteur crucial sur lequel les décisionnaires peuvent agir pour atteindre les objectifs des lois encadrant l’usage du cannabis. Toutefois, la détermination des prix relève d’un fin calibrage. C’est ce qui ressort de la synthèse de connaissances publiée sur son site Web. 

La littérature scientifique suggère que des prix trop bas pourraient favoriser la consommation de cette substance, tandis que des prix trop élevés pourraient maintenir ou accroître l’approvisionnement auprès de sources illégales.

Selon l’analyse de cette littérature portant sur le sujet à travers le monde, peu importe le statut légal du cannabis dans ces pays, qu’il soit interdit, décriminalisé ou légal, les constats sont les mêmes et ils pourraient certainement éclairer la prise de décision au Québec : 

  • Une baisse des prix du cannabis est généralement associée à une augmentation de sa demande, mais l’ampleur de cet effet peut varier selon la consommatrice ou le consommateur. Entre autres, les jeunes et les personnes qui consomment régulièrement du cannabis seraient plus sensibles au prix que les adultes et les personnes qui consomment occasionnellement.
  • Le cannabis légal est préféré au cannabis illégal. Les consommatrices et consommateurs seraient disposés, jusqu’à un certain point, à faire un compromis par rapport au prix afin de consommer un produit légal.
  • Lorsque les prix sont élevés, un moins grand nombre de personnes âgées de 14 à 22 ans commencerait à consommer du cannabis. Toutefois, des prix élevés de cannabis ne semblent pas avoir d’effet direct sur le taux d’arrêt de la consommation du cannabis.
  • Les prix du cannabis, par l’entremise de la taxation, pourraient influencer la teneur en THC des produits vendus et consommés. Un modèle de taxation tenant compte de la teneur en THC (en taxant davantage les produits à plus haute teneur en THC) pourrait contribuer à une diminution de la consommation des produits les plus puissants.

Le contexte québécois

Au Québec, d’après les résultats de l’Enquête québécoise sur le cannabis 2023, la proportion de consommatrices et de consommateurs actifs de cannabis s’approvisionnant auprès de sources illégales est passée de 22,2 %, en 2019, à 6,5 %, en 2023. 

Parmi les personnes âgées de 21 ans et plus s’étant approvisionnées auprès d’une source illégale en 2023, près de 77 % l’ont fait en raison du prix, 49 % en raison de l’absence des produits recherchés chez les sources légales, 31 % pour rester anonymes, et 30 % en raison de la fidélité à leur source.

Rappelons que la Loi sur le cannabis est entrée en vigueur au Canada en octobre 2018 et que, au Québec, l’ensemble de la distribution et de la vente au détail a été confié à la Société québécoise du cannabis (SQDC). Elle a pour mission « d’assurer la vente de cannabis dans une perspective de protection de la santé, afin d’intégrer les consommateurs au marché licite du cannabis et de les y maintenir, sans favoriser la consommation de cannabis ».

Lire la synthèse des connaissances.

17 avril 2025