L'intimidation vécue par les adultes de la diversité sexuelle et de genre

L’intimidation vécue par les adultes de la diversité sexuelle et de genre est peu documentée. L’information disponible concerne principalement les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre fréquentant un cégep ou une université. L’intimidation peut également être vécue en contexte de travail. Toutefois, au Québec, on fait généralement référence à la notion de harcèlement psychologique au travail, qui est clairement définie légalement et qui comporte des obligations légales pour l’employeur. Pour en savoir plus, consultez Harcèlement psychologique au travail.

Les termes en caractère gras sont définis dans le glossaire. Pour une liste plus exhaustive de définitions, consultez le lexique sur la diversité sexuelle et de genre du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie.

Portrait de l’intimidation chez les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre

Les acronymes désignent les groupes spécifiques auxquels les résultats se rapportent. Par exemple, « les jeunes gais, lesbiennes et bisexuel·les » sont désigné·es comme « les jeunes LGB ».

Selon les données de l’enquête du projet de recherche partenariale Savoirs sur l’inclusion et l’exclusion des personnes LGBTQ (SAVIE-LGBTQ) , 11 % des personnes cisgenres LGBQ+ âgées de 18 à 24 ans ont déclaré avoir vécu de l’intimidation dans leur établissement scolaire au cours des 12 mois ayant précédé l’enquête. Les personnes non binaires et les personnes trans sont plus nombreuses à avoir rapporté être victimes d’intimidation dans leur établissement scolaire (respectivement 21 % et 22 %)1.

Les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre se déclareraient davantage victimes de cyberintimidation que les jeunes adultes hétérosexuel·les2. Les universitaires trans en particulier subiraient plus de gestes de cyberintimidation que les étudiant·es cisgenres LGBQ et hétérosexuel·les3.


Conséquences potentielles

L’intimidation hétérocisnormativité ou les incidents à caractère homophobe peuvent entraîner différentes conséquences pour les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre qui en sont victimes. Des problèmes de santé physique (p. ex., maux de tête, troubles du sommeil)4, des symptômes dépressifs2–5, de l’anxiété4,5 et des problèmes de consommation d’alcool4,5 en sont des exemples.


Facteurs pouvant atténuer ou diminuer les conséquences de l’intimidation pour les victimes

Certains facteurs peuvent contribuer à atténuer ou à diminuer ces conséquences. Les facteurs documentés pour le moment sont associés au contexte dans lequel les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre évoluent ou à certaines caractéristiques individuelles. À titre d’exemples, avoir une bonne estime de soi ou entretenir des amitiés avec des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre peut minimiser le risque de développer des problèmes de consommation d’alcool. De plus, l'activité physique peut atténuer le risque de vivre de l’anxiété ou de la dépression et le fait d’avoir des relations sociales significatives avec des adultes du milieu scolaire, par exemple avec son coach, peut minimiser le risque de développer des problèmes de santé physique4. Chez les universitaires gais, lesbiennes et bisexuel·les, le soutien de ses pairs peut atténuer le risque de développer des symptômes dépressifs3.


Prévention de l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre

La prévention de l’intimidation commise envers les adultes de la diversité sexuelle et de genre est peu documentée. Toutefois, certaines stratégies reconnues efficaces pour prévenir la violence en général peuvent également contribuer à prévenir l’intimidation envers les adultes de la diversité sexuelle et de genre. Le changement des normes sociales qui favorisent la violence envers cette population, notamment l’hétérocisnormativité, peut se réaliser à travers la mise en œuvre d’initiatives de prévention telles que la sensibilisation et la formation sur la diversité sexuelle et de genre.

Des initiatives documentées pour prévenir l’intimidation vécue par les jeunes de la diversité sexuelle et de genre pourraient également inspirer les initiatives de prévention chez les adultes. À titre d’exemples, l’accès à de l’information et à du soutien à propos de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre6, la présence de groupes de soutien pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre et leurs allié·es7 de même que la mise en place d’une politique anti-intimidation interdisant explicitement l’intimidation basée sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre8 sont des initiatives qui pourraient être mises en œuvre dans les milieux fréquentés par les adultes et les jeunes adultes de la diversité sexuelle et de genre, tels que les collèges, les universités et les milieux de travail. Au Québec, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et l’expression de genre sont d’ailleurs des motifs interdits de discrimination enchâssés dans la Charte des droits et libertés de la personne. Pour connaître des ressources d’aide et des outils, consultez la page Aide et banque d’outils pour prévenir et contrer l’intimidation du site web du gouvernement du Québec.

Des mesures pour favoriser un environnement inclusif pour les personnes étudiantes de la diversité sexuelle et de genre ont également été identifiées dans le cadre d’une étude québécoise portant sur les violences sexuelles subies par ces dernières en milieu collégial. Par exemple, il est recommandé de lutter activement contre les stéréotypes et les préjugés envers les personnes de la diversité sexuelle et de genre sur les campus et d’adopter des mesures administratives inclusives, notamment en utilisant un langage inclusif ou neutre lors des communications auprès de la communauté étudiante, en incluant le prénom, les pronoms et accords choisis ainsi que des choix inclusifs dans les formulaires9.

Glossaire

Les définitions du glossaire sont tirées et adaptées de différentes sources10-13.

  • Allié·e : personne qui soutient par des gestes concrets les personnes de différentes orientations sexuelles, identités et expressions de genre dans le but de contribuer à leur bien-être ou à une plus grande acceptation de leurs réalités.
  • Bisexuel·le : personne qui ressent de l’attirance romantique et/ou sexuelle pour les personnes du même genre qu’elle et d’un genre différent du sien (p. ex., attirance pour les hommes et les femmes). La notion de pansexualité (attirance pour une personne, peu importe le genre) est parfois associée à la bisexualité. Les attirances ou orientations sexuelles envers plusieurs genres sont aussi parfois regroupées sous l’expression « plurisexualité ». Les personnes plurisexuelles sont aussi parfois regroupées sous l’acronyme « Bi+ ».
  • Cisgenre (cis) : personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance.
  • Hétérocisnormativité : système hiérarchique, ancré dans la binarité des genres et des orientations sexuelles, dans lequel les personnes hétérosexuelles et cisgenres possèdent des privilèges et sont vues comme la norme.
  • Homophobie : attitudes ou manifestations de mépris, de rejet, de haine ou de violence à l’endroit d’une personne ou d’un groupe de personnes en fonction de l’orientation sexuelle réelle ou perçue. On peut notamment décliner l’homophobie en lesbophobie, en gaiphobie ou en biphobie.
  • Non binaire : personne dont l’identité de genre n’est pas entièrement féminine ou masculine et/ou qui ne se perçoit pas comme homme ou femme. Les personnes non binaires s’identifient peut-être avec l’un ou plusieurs des termes suivants : genderqueer, genderfluid, genre neutre, agenre, androgyne ou neutrois. Il se peut également qu’elles aient recours à d’autres d’expressions. Certaines d'entre elles s’identifient comme étant trans, mais ce n’est pas toujours le cas.
  • Trans : terme parapluie qui englobe une diversité d’identités revendiquées par des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au genre assigné à la naissance. Il peut s’agir notamment de personnes transsexuelles, transgenres, queers, d’hommes ou de femmes avec un parcours trans et de personnes non binaires dans le genre. Selon le contexte, l’usage de ce terme est préféré à celui de personne transgenre ou transsexuelle, étant plus inclusif ou moins catégorisant.

Références

  1. Enquête SAVIE-LGBTQ (2019-2020). Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres.
  2. Ramsey, J. L., L. F. DiLalla et M. K. McCrary (2016). « Cyber Victimization and Depressive Symptoms in Sexual Minority College Students », Journal of School Violence, vol. 15, n° 4, p. 483‑502.
  3. Moran, T. E., C. Y.-C. Chen et G. S. Tryon (2018). « Bully victimization, depression, and the role of protective factors among college LGBTQ students », Journal of community psychology, vol. 46, n° 7, p. 871‑884.
  4. Woodford, M. R., A. Kulick et B. Atteberry (2015). « Protective factors, campus climate, and health outcomes among sexual minority college students », Journal of Diversity in Higher Education, vol. 8, n° 2, p. 73‑87.
  5. Woodford, M. R., Y. Han, S. Craig, C. Lim et M. M. Matney (2014). « Discrimination and mental health among sexual minority college students: The type and form of discrimination does matter », Journal of Gay and Lesbian Mental Health, vol. 18, n° 2, p. 142‑163.
  6. Kosciw, J. G., E. A. Greytak, M. J. Bartkiewicz, M. J. Boesen et N. A. Palmer (2012). The 2011 National school climate survey: the experiences of lesbian, gay, bisexual and transgender youth in our nation’s schools, Washington, Gay, Lesbian and Straight Education Network.
  7. Marx, R. A. et H. H. Kettrey (2016). « Gay-Straight Alliances are Associated with Lower Levels of School-Based Victimization of LGBTQ+ Youth: A Systematic Review and Meta-analysis », Journal of Youth and Adolescence, vol. 45, n° 7, p. 1269‑1282.
  8. Seelman, K. L. et M. B. Walker (2018). « Do Anti-Bullying Laws Reduce In-School Victimization, Fear-based Absenteeism, and Suicidality for Lesbian, Gay, Bisexual, and Questioning Youth? », Journal of Youth and Adolescence.
  9. Bergeron, M., M.-F. Goyer, L. Després, M. Carignan-Allard, M. St-Hilaire, M. Blais, D. Dubuc, É. Kirouac, A. Martin-Storey, G. Pagé, G. Paquette, Conseil québécois LGBT, Diversité 02, Fédération des cégeps, E. Billat-Robin, M.-L. Dalpé, S. Desjardins, N. Paquet-Letellier et M. Prud’homme (2023). Portrait des violences sexuelles subies par les personnes étudiantes 2SLGBTQIA+ en milieu collégial et expériences de signalement à l’établissement - Rapport de recherche du projet Alliance 2SLGBTQIA+, Montréal, Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal.
  10. Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie (2023). Lexique sur la diversité sexuelle et de genre, Québec, Secrétariat à la condition féminine.
  11. Fondation Émergence (s.d.). Lexique, Montréal, Fondation Émergence.
  12. Després, L., M. Bergeron, M. St-Hilaire, C. Brazeau, M. Carignan-Allard et M.-F. Goyer (2023). Prévenir les violences sexuelles subies par les communautés 2SLGBTQIA+ – Guide de recommandations à l’attention des établissements d’enseignement postsecondaire, Montréal (QC), Canada, Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d’enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal.
  13. Ministère de la Santé et des Services sociaux (2023). Lignes directrices sur la santé et le bien-être des personnes de la diversité sexuelle et des genres, Québec, Ministère de la Santé et des Services sociaux.

Ce texte a été rédigé en 2018 avec la collaboration de Martin Blais, professeur titulaire , Département de sexologie, Université du Québec à Montréal, et de Léa Seguin, alors étudiante au doctorat, Département de sexologie, Université du Québec à Montréal. Il a été mis à jour en 2024 avec la collaboration de Martin Blais ainsi que d’Elizabeth Parenteau et de Stéphanie Gingras Dubé, conseillères scientifiques, Institut national de santé publique du Québec.

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