19 juin 2015

Exploitation du gaz de schiste et radon domiciliaire

Brèves d'actualité

Selon les résultats d’une récente étude publiée dans le journal Environmental Health Perspective, les bâtiments résidentiels situés à proximité de puits d’extraction de gaz de schiste verraient leurs concentrations annuelles moyennes de radon augmenter au cours de la dernière décennie.

Cette étude, portant sur la période entre 1987 et 2013 menée par la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, a été réalisée sur le territoire de la Pennsylvanie, soit l’un des États américains parmi les plus touchés par la problématique du radon et où l’on retrouve l’un des plus importants réservoirs de gaz naturel non conventionnel de l’Amérique du Nord (le bassin de Marcellus). L’équipe de chercheurs a effectué son étude auprès d’environ 2 millions de propriétaires d’habitation qui, depuis 2004, ont assisté à l’implantation de cette industrie gazifière dans leur environnement.

En raison du contexte géologique singulier du territoire de cet État, les auteurs de l’étude rapportent qu’environ 39 % des bâtiments ont des concentrations de radon supérieures au seuil d’intervention de 148 becquerels par mètre cube (Bq/m3) établi par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA). Rappelons que le radon est un gaz incolore et inodore considéré comme la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac. Aux États-Unis, le radon serait à l’origine de 21 000 décès par cancer du poumon annuellement.

L’équipe qui a analysé les concentrations de radon dans les bâtiments érigés sur la formation schisteuse de Marcellus n’a pas observé de différence significative dans l’évolution des concentrations de radon au cours de la période d’étude antérieure à 2004. À la suite de l’initiation des travaux de forage et de fracturation hydraulique, les concentrations de radon en milieu résidentiel auraient subi une forte croissance, depuis 2004, surtout dans les secteurs les plus assujettis à l’exploitation.

Selon les calculs effectués par l’équipe de recherche, l’augmentation de la production quotidienne de gaz de schiste de 100 m3 par km2, entrainerait une augmentation des concentrations de radon de 1,8 % dans les habitations situées à proximité des puits. Cette augmentation serait importante si l’on considère qu’un quart des habitations de la Pennsylvanie sont situées dans des zones où la production dépasse 4 300 m3 par jour et par km2. Selon les prévisions d’experts rapportés, l’État, qui comptait 7 469 puits en 2013, pourrait en compter 60 000 en 2030.

Bien que les mécanismes d’infiltration du radon n’aient pas été identifiés avec certitude, les auteurs soutiennent qu’il est possible que l’industrie gazière ait modifié les conditions géologiques en créant de nouvelles voies de circulation depuis les horizons exploités vers la surface. [PP]

Sources :

www.journaldelenvironnement.net/article/en-pennsylvanie-le-radon-accompagne-le-gaz-de-schiste,57472

Casey, J.A., Ogburn, E.L., Rasmussen, S.G., Irving, J.K., Pollak, J., Locke, P.A., Schwartz, B. (2015). Predictors of Indoor Radon Concentrations in Pennsylvania, 1989–2013. Environ Health Perspect. DOI :10.1289/ehp.1409014