Bulletin d'information toxicologique : janvier 2011

Volume 27, Numéro 1

Multiplier les transaminases sériques par la concentration d’acétaminophène afin de prédire la toxicité à la suite d’un surdosage

Le devis de cet article est de décrire les biomarqueurs présents chez les patients qui développent une hépatotoxicité malgré un traitement à la suite d’un surdosage d’APAP. Un nouveau paramètre, soit le produit APAP x transaminases (AT), est proposé pour la stratification initiale du risque.

 

Intoxication à l’acétaminophène : sujet complexe

Chaque année, le Centre antipoison du Québec (CAPQ) reçoit autour de 4 000 appels pour des ingestions d’acétaminophène (paracétamol, APAP). Dans bon nombre de cas, l’heure de l’ingestion est connue et on réussit à prévenir l’atteinte hépatique en utilisant le nomogramme de Rumack-Matthew pour l’interprétation du résultat de dosage sanguin et en commençant au besoin le traitement avec la N-acétylcystéine (NAC) moins de 8 heures après l’ingestion. Il existe malheureusement des situations où le nomogramme sera inutile, voire dangereux, et d’autres où la NAC sera utilisée de façon sous-optimale. De plus, le protocole de NAC est relativement compliqué, ce qui favorise les erreurs. Le présent article a pour but d’illustrer, au moyen de quelques exemples, ces deux types de situations et de tenter de suggérer des pistes de solution dans un domaine où les données probantes ne sont pas légion.

Protocole de traitement de l’intoxication à l’acétaminophène

Le traitement de l’intoxication à l’acétaminophène (paracétamol, APAP) se résume principalement en une décontamination adéquate et l’administration de son antidote, la N-acétylcystéine (NAC). Le but est d’éviter une hépatotoxicité qui pourrait aller jusqu’à une greffe hépatique.

Restrictions réglementaires sur l’acétaminophène en vente libre

Avec plus de 400 produits différents sur le marché canadien contenant de l’acétaminophène (paracétamol, APAP), celui-ci est le médicament en vente libre le plus facilement accessible à tous les groupes d’âge. On peut le retrouver seul ou en combinaison avec des produits contre le rhume et la grippe, des opioïdes, des relaxants musculaires.

Mécanismes d’action et de toxicité de l’acétaminophène

S’il est clair que l’APAP agit au niveau du système nerveux central (SNC), son mécanisme d'action complet n’est toutefois pas encore totalement élucidé, et ce, en dépit du fait que cette molécule fut synthétisée pour la première fois il y a plus de 120 ans.

Acétaminophène : première cause d'intoxication au Québec

Au Québec, l’APAP est, depuis plus de 20 ans, la première cause d’intoxication. En effet, en 1988, le Centre antipoison du Québec (CAPQ), dans son rapport annuel, rapportait 1999 intoxications par ce produit, ce qui en faisait le médicament le plus souvent impliqué lors d’intoxications devant les benzodiazépines et les salicylés. Depuis, année après année, l’APAP conserve sa place peu enviable de chef de file des causes d’intoxication.

Historique de l'acétaminophène

L’utilisation des antipyrétiques et des analgésiques date de l’Antiquité. Déjà à cette époque, on préparait diverses mixtures réputées pour leurs propriétés contre la fièvre et la douleur à partir de composés naturels retrouvés dans le cinchona, dont dérive la quinine, ou encore à partir de salicylates que l’on retrouve principalement dans l’écorce de saule.