Caractériser le risque à la santé

 

En intégrant les résultats des étapes précédentes de l’évaluation, il s’agit de :

  • conclure l’évaluation scientifique de santé publique;
  • conclure l’évaluation multidimensionnelle du risque à la santé;
  • préciser la fiabilité des conclusions.

Conclure l'évaluation scientifique de santé publique

Une fois les différentes étapes de l’évaluation du risque complétées, il convient de faire la synthèse des résultats de cette évaluation. Il s’agit de rappeler les principaux éléments spécifiques de l’énoncé de risque (section Définir le problème à évaluer et à gérer) : population, événement, agent, source, circonstances, exposition, milieu, période de temps, etc. Puis sont résumés les résultats significatifs en termes de conséquences sur la santé, de probabilité de les observer et des causes du risque.

Pour une synthèse claire, la mise en évidence de la complexité, de l’incertitude ou de l’ambiguïté de la situation est fort utile. Il est particulièrement important de rendre explicites la démarche d’évaluation choisie, les hypothèses émises, les méthodes utilisées, la qualité de la preuve et le niveau d’incertitude qui demeure présent.

 

À cette étape de l’évaluation, la santé publique fournit un diagnostic du risque en se basant sur les données scientifiques étayant des conséquences prévisibles ou observées en termes de morbidité, d’incapacité ou de mortalité. Les évaluateurs de santé publique concluent alors leur évaluation et estiment le niveau du risque à la santé.

La matrice de risque peut être utile pour accompagner la réflexion de l’équipe responsable d’estimer le niveau de risque (section Que signifie le niveau de risque à la santé de la population? et annexe 2). Ce dernier est obtenu en combinant les deux estimés suivants :

  • l'importance des conséquences avérées ou potentielles;
  • la probabilité d'observer ces conséquences.

Dans certaines situations où par exemple la quantité d’information est limitée ou lorsque le niveau de risque est évident, la matrice de risque n’est pas nécessaire (OMS, 2012).

Les critères sur lesquels devrait se baser le jugement professionnel pour déterminer qu’un risque est faible ou élevé s’appuient sur une démarche scientifique tout en référant à des valeurs professionnelles, institutionnelles ou sociales. Le niveau de risque peut être évident et se déterminer rapidement. Toutefois, parfois, la définition de seuils entre différentes catégories de niveaux de risque (par exemple faible, moyen, élevé, très élevé) représente un défi et peut être une source de controverse. Il peut alors être utile d’organiser un dialogue entre les parties prenantes pertinentes afin d’établir des critères qualitatifs ou quantitatifs ‒ idéalement communs aux parties prenantes ‒ afin de favoriser le développement d’une vision commune. 

Conclure l'évaluation multidimensionnelle

À cette étape, il s’agit de tenir compte de l’influence possible des facteurs significatifs du contexte sur les estimés du risque à la santé (section Estimer le risque). Idéalement, il convient d’apprécier non seulement les conséquences directes (morbidité ou mortalité), mais aussi s’il y a lieu les éventuelles conséquences indirectes sur la santé découlant par exemple des impacts sociaux ou économiques. Les préoccupations et les perceptions des parties prenantes devraient aussi être considérées.

Une discussion générale met donc en perspective les résultats des étapes précédentes de l’évaluation multidimensionnelle pour conclure sur le niveau du risque à la santé. La matrice de risque peut aussi être utile pour apprécier ce dernier en considérant les différentes dimensions pertinentes (OMS, 2012).

À l’occasion de la caractérisation du risque, il est judicieux d’organiser un dialogue entre les parties prenantes, notamment lorsqu’il y a présence d’ambiguïté ou de controverse. Cela permet de clarifier les éventuelles positions différentes pour un même risque et de les mettre en perspective. Ainsi, les acteurs peuvent mieux comprendre l’origine des divergences d’opinions pouvant provenir d’une compréhension différente de l’énoncé de risque, des conséquences à la santé considérées, etc. Cette prise de conscience collective peut favoriser le développement d’une vision commune. Si malgré la collaboration entre les parties prenantes, une ambiguïté persiste, il convient de rendre compte ouvertement des divergences exprimées. Ces dernières correspondent en général à des différences de perception du risque ou à une pondération différente des éléments de l’évaluation du risque. 

Préciser la fiabilité des conclusions

Pour indiquer la fiabilité qui est accordée par les évaluateurs aux résultats obtenus aux étapes précédentes, il s’agit notamment de préciser les incertitudes qui persistent, la signification statistique des résultats et les hypothèses qui ont été faites à chacune des étapes de l’évaluation. 

 

Les évaluateurs ont la responsabilité de communiquer aux gestionnaires du risque, dans un langage simple et accessible à tous, l’information leur permettant de comprendre l’impact potentiel des incertitudes restantes sur leurs décisions. À ce stade, un dialogue entre les évaluateurs et les gestionnaires est essentiel pour aider ces derniers à bien interpréter les résultats de l’évaluation et à ne pas ignorer les effets possibles de l’incertitude. Les décideurs pourront ainsi prendre des décisions plus éclairées.

Plus l’incertitude est grande, plus la fiabilité sera faible dans les conclusions de l’évaluation et de la caractérisation. Il peut donc être utile de réévaluer les résultats si de nouvelles informations permettent de réduire l’incertitude de l’évaluation initiale.

Si peu de données sont disponibles, il est alors difficile de démontrer un lien de causalité entre un agent suspecté et un effet sur la santé observé ou appréhendé. Cependant, on ne peut pas en conclure pour autant qu’il n’y a pas d’effet et que le niveau de risque est nécessairement faible. Dans ce cas, il convient plutôt de préciser que les estimations et les conclusions générales de l’évaluation et de la caractérisation sont peu fiables. L’explicitation des perceptions du risque et de ce qui nourrit ces perceptions seront d’autant plus importantes dans une telle situation, car celles-ci ont souvent une influence plus importante lorsqu’il y a peu de données.