Avis sur la pertinence d’un dépistage du VHC chez les baby-boomers au Québec

Dans cet avis, on constate que même si les données sur la prévalence de l’hépatite C ne sont pas complètes pour le Québec, elles nous indiquent une prévalence plus élevée au sein de la cohorte des naissances de 1950 à 1969. Les données probantes sont toutefois insuffisantes pour justifier la mise en place au Québec d’un programme de dépistage systématique de l’hépatite C chez les personnes nées entre 1950 et 1969, comme c’est le cas aux États-Unis. Les membres du Comité sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang (CITSS) recommandent d’offrir le dépistage, sur une base opportuniste, aux personnes nées entre 1950 et 1969, une fois à vie, et ce, même en l'absence d'autres facteurs de risque pour l'hépatite C.

Contexte

Au Québec, comme dans le restant du Canada, le principal facteur de risque, et de loin, de contracter l'infection par le VHC est l'utilisation de drogues par injection au moyen de seringues et de matériel d'injection déjà utilisés par d'autres personnes. L'origine d'un pays où le VHC est endémique (Égypte, Italie, Pakistan, Roumanie, Taïwan)[1] ou le fait d'avoir reçu une transfusion de sang, ou de produits sanguins ou une greffe de tissus ou d'organes au Canada avant avril 1992 font aussi partie des facteurs de risque possibles. Aux États-Unis, une prévalence plus élevée de l’infection à l’hépatite C (VHC) au sein de la cohorte des baby-boomers (personnes nées entre 1945 et 1965) a motivé les autorités de santé publique à émettre une recommandation de dépistage au moins une fois à vie chez les personnes de cette cohorte de naissances. Au Canada, le Groupe d’études canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP), mandaté par l’Agence de santé publique du Canada a fait une recommandation contre un dépistage du VHC de tous les adultes canadiens asymptomatiques qui ne sont pas à risque élevé de contracter le VHC (incluant les baby-boomers).

Au Québec, l’Institut national de santé publique (INSPQ), mandatée par le Direction de la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang du ministère de la Santé et des Services sociaux a évalué la pertinence de dépister l’hépatite C chez les baby-boomers. Une revue des données probantes ainsi qu’une analyse des données épidémiologiques disponibles pour le Québec ont été réalisées et soumises à un comité d’experts. Les principales observations qui émanent de ces analyses et les recommandations formulées par un groupe d’experts ont été transmises aux membres du CITSS de l’INSPQ qui, après délibération, les a adoptées.

Recommandation

Les membres du CITSS recommandent une offre ciblée de dépistage aux personnes nées entre 1950 et 1969, sur une base opportuniste, une fois à vie même en l'absence d'autres facteurs de risque pour l'hépatite C.  De nombreux défis concernant l’implantation de différentes stratégies de dépistage du VHC ont été relevés dans la littérature et observés dans le contexte québécois. Si l'on va de l’avant avec l’offre de dépistage opportuniste, plusieurs mesures devront être déployées pour soutenir l'intégration de cette recommandation dans la pratique des professionnels de la santé et assurer l'accès à un suivi clinique aux patients infectés. Les membres du CITSS recommandent en particulier 4 mesures visant différents niveaux organisationnels de la santé, des professionnels de la santé à la Santé Publique. Ils soulignent également que cette position devra être évaluée et ajustée en fonction des évidences scientifiques qui évoluent. À cet effet des activités de surveillance et recherche sont recommandés  afin d’évaluer l’impact et la pertinence de cette offre de dépistage ainsi que le lien conséquent vers les soins pour la prise en charge et le suivi des cas positifs.


[1] MSSS, Juin 2017,  Guide québécois de dépistage des ITSS

Rédigé par
Espace ITSS
Catégorie(s) ITSS
Date de publication
28 mars 2018