27 juin 2013

L’Atlas de la santé et du climat de l’OMS et l’OMM présente les liens entre santé, climat et changement climatique

Résumé scientifique
Le texte qui suit est le résumé d’une publication scientifique (ou d’une étude) n’ayant pas été réalisée par l’Institut national de santé publique du Québec. Cette analyse critique ne peut donc pas être considérée comme la position de l’Institut. Son objectif est de porter à l’attention des lecteurs des éléments récents de la littérature scientifique, et ce, sous un éclairage critique découlant de l’expertise des auteurs du résumé.
Auteur(s)
Florence Danner
Institut national de santé publique du Québec

Exemple de collaboration fructueuse entre la santé publique et les services météorologiques, l’Atlas de la santé et du climat (The Atlas of Health and Climate) contient des cartes, tableaux et graphiques qui rendent plus explicites les liens entre la santé et le climat. L’Atlas de la santé et du climat a été publié conjointement par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il illustre certains des défis actuels et émergents les plus pressants. Il a été publié en octobre 2012 en anglais et puis traduit en français.

Contexte

Alors que le climat continue de changer dans le monde, les dangers augmentent pour la santé de l’être humain. Chaque année, les sécheresses, les inondations et les cyclones affectent la santé de millions de personnes. La variabilité du climat et les conditions extrêmes, comme les inondations, peuvent également déclencher des épidémies de diarrhées, de paludisme, de dengue ou de méningite, entraînant la mort et des souffrances pour des millions d’autres. Les informations climatologiques peuvent être utilisées pour protéger la santé grâce à la réduction des risques, la préparation et l’adaptation dans tous les pays, avec des avantages majeurs pour la situation sanitaire et le développement.

Un outil innovant au service de la prévention des risques climatiques

L’atlas donne des exemples pratiques illustrant comment les informations sur la météo et le climat peuvent protéger la santé publique. «Le renforcement de la coopération entre les communautés de la météorologie et de la santé est essentiel pour garantir l’intégration d’informations actualisées, précises et pertinentes sur le temps et le climat dans la gestion de la santé publique aux niveaux international, national et local. Cet atlas est un exemple innovant et pratique de la manière dont nous pouvons collaborer pour mieux servir la société», a déclaré Michel Jarraud, Secrétaire général de l’OMM.

Les enjeux santé et climat

Les infections

Les maladies infectieuses font beaucoup de victimes dans le monde. Certaines formes sont très sensibles aux conditions climatiques. Par exemple, la température, les précipitations et l’humidité ont un effet marqué sur les taux de reproduction, de survie et d’activité des moustiques qui transmettent le paludisme et la dengue; la température a une incidence sur le cycle de vie des agents infectieux eux-mêmes. Ces variables météorologiques interviennent également dans la transmission des affections d’origine hydrique et alimentaire, tels que le choléra et d’autres maladies diarrhéiques. Un temps chaud et sec est propice à la méningite à méningocoques – qui sévit dans une bonne partie de l’Afrique. Toutes ces maladies posent de graves problèmes de santé publique. Chaque année, la diarrhée fait plus de deux millions de décès, le paludisme, près d’un million. La méningite tue des milliers de gens, anéantit des vies et compromet le développement économique des pays les plus pauvres. Environ 50 millions de personnes contractent la dengue chaque année.

Les Services météorologiques nationaux peuvent aider les programmes de lutte contre les maladies à exploiter au mieux l’information disponible. Selon les premières constatations, même des données de surveillance assez simples présentent un intérêt considérable pour le secteur de la santé. Les observations à brève échéance de la pluviosité à l’échelle locale permettent d’évaluer les risques d’épidémie de choléra ou de paludisme. Les cartes quadrillées des mesures régulières de la température et de l’humidité aident à délimiter les zones où les conditions sont propices à la transmission de la méningite ou du paludisme et, par conséquent, à cibler les activités de surveillance et de prévention pour une plus grande efficacité. Il faudrait que les Services météorologiques puissent réunir les données voulues et en tirer des produits utiles, et que les Services sanitaires sachent interpréter et utiliser ces produits pour combattre les maladies – et accroître leur propre demande d’information climatologique.

Les situations d’urgence

Chaque année, le temps, le climat et l’eau créent des conditions dangereuses qui font des victimes dans la population, détruisent l’infrastructure socio-économique et affaiblissent les écosystèmes déjà fragilisés. Les crues, les sécheresses, les cyclones tropicaux, les vagues de chaleur et les tempêtes ont provoqué 80 à 90 % de toutes les catastrophes d’origine naturelle répertoriées depuis dix ans. En 2011, 332 catastrophes dues à des phénomènes naturels ont frappé 101 pays. Elles ont fait plus de 30 770 morts, touché au-delà de 244 millions de personnes et causé des dommages excédant 366,1 milliards de dollars américains. L’ampleur de l’incidence sanitaire doit prendre en compte la souffrance humaine: blessures, maladies, incapacités, traumatismes… Le rejet de grands volumes de matières dangereuses dans l’atmosphère nuit à la santé humaine et animale ainsi qu’à l’environnement, par exemple la fumée que dégagent les grands incendies, les substances chimiques qui s’échappent d’installations en mauvais état.

Le nombre d’événements météorologiques extrêmes à l’origine de catastrophes a plus que triplé depuis les années 1960 et les scientifiques s’attendent à une augmentation de la fréquence et de l’intensité de ces phénomènes en raison du changement climatique dans de nombreuses régions du globe.

Les services climatologiques épaulent les efforts déployés par plusieurs secteurs, dont celui de la santé, pour sauver des vies et prévenir les blessures et les maladies:

  • Ils facilitent la prise de mesures sanitaires d’urgence (par exemple : avis de températures extrêmement élevées et basses);
  • Ils établissent des prévisions saisonnières et mettent en place des systèmes d’alerte précoce qui soutiennent la planification et les interventions;
  • Ils déterminent quelles populations et quels établissements sanitaires sont exposés à des dangers hydrométéorologiques;
  • Ils utilisent des modèles pour prévoir les effets à long terme de l’évolution du climat (par exemple : éloignement des zones les plus menacées); et
  • Ils procurent en temps réel des données sur le temps et l’eau qui sont intégrées aux informations émanant des Services sanitaires pour appuyer la prise de décision.

Les nouveaux défis liés à l’environnement

Les modes de développement actuels et les comportements individuels créent une série de défis pour la santé publique. Une bonne partie des enjeux de fond concernent les modifications de l’environnement. Le changement climatique en est un parfait exemple. L’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, dus essentiellement aux combustibles fossiles, provoque une élévation des températures, expose les populations à des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses et affecte plusieurs déterminants de la santé, telles la qualité de l’eau et une nutrition adéquate. De même, en attaquant la couche d’ozone stratosphérique, les chlorofluorocarbures (CFC) et d’autres gaz industriels renforcent les niveaux de rayonnement ultraviolet – principal facteur de risque dans les cancers cutanés.

Toutefois, les répercussions de ces changements sur la santé dépendent grandement des conditions locales. La pollution de l’air, à l’intérieur comme à l’extérieur des habitations, résulte à la fois des pratiques de développement planétaire et d’un contrôle insuffisant des sources d’énergie polluantes à l’échelon national et local; c’est aujourd’hui l’un des paramètres qui contribue le plus à la morbidité dans le monde, et qui s’aggrave le plus rapidement. La multiplication des vagues de chaleur a amplifié le stress thermique, pour les personnes vulnérables comme les personnes âgées. L’OMS estime que près de 235 millions de personnes souffrent d’asthme dans le monde : de nombreux facteurs sont en cause, dont la mauvaise qualité de l’air et la présence de puissants allergènes dans l’atmosphère.

Dans de nombreuses régions du monde, les Services météorologiques fournissent régulièrement des données sur les concentrations locales d’ozone, de particules polluantes et de pollen dans l’atmosphère, diffusent des indices du rayonnement ultraviolet et lancent des avis de canicule potentiellement dangereuse. Quand ces informations sont associées à des directives ou plans d’action préventive, elles aident la population, et le secteur de la santé, à prévenir ou à limiter les effets sanitaires de telles conditions. Les Services météorologiques et d’autres organismes de surveillance de l’environnement détectent également les dangers présents à de plus grandes échelles spatiales et temporelles : dissipation des particules polluantes au-dessus d’une région, l’état de la couche d’ozone pendant des années… De manière plus fondamentale peut-être, ils établissent les jeux de données indispensables pour apprécier, et anticiper, l’évolution du changement climatique sur des décennies et des siècles. Le secteur de la santé peut mettre ces informations à profit pour adapter au mieux les services qu’il dispense, ainsi que pour prôner la protection de l’environnement et le développement durable en tant que conditions essentielles de la santé humaine.

Conclusion et perspectives

La collaboration entre la santé publique et les services météorologiques ouvre de nombreuses avenues de protection de la santé dans une perspective globale. Rappelons que le passage à des sources d’énergie propres dans les maisons atténuerait le changement climatique et sauverait la vie d’environ 680 000 enfants par an en réduisant la pollution de l’air. L’Atlas de la santé et du climat est un outil pertinent qui démontre l’efficacité d’une action concertée. « La prévention et la préparation sont au cœur de la santé publique. La gestion du risque est notre pain quotidien. Les informations sur la variabilité et les changements climatiques sont un outil scientifique puissant pour nous aider dans cette tâche, a déclaré le Dr Margaret Chan, Directeur général de l’OMS. Le climat a un impact important sur la vie et la survie des populations. Les services climatologiques peuvent donc avoir des effets profonds sur l’amélioration de la vie, également en faisant progresser la situation sanitaire.»

Source :

L’Atlas de la santé et du climat (The Atlas of Health and Climate) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM)