Milieu agricole

Portrait des appels au Centre antipoison du Québec de 2013 à 2015 par catégorie de pesticides : pertinence et implications

Les appels au Centre antipoison du Québec (CAPQ) pour intoxications réelles ou suspectées aux pesticides sont publiés à l’Infocentre de santé publique en considérant différentes variables. Cependant, ces données sont regroupées sans tenir compte des différentes catégories de pesticides. Le CAPQ possède toutefois les données pour certaines de ces catégories. Cet article dresse le portrait des appels au CAPQ pour intoxications de 2013 à 2015 au Québec selon les trois catégories suivantes : insecticides, herbicides et fongicides. Les données d’appels impliquant les trois catégories de pesticides ont été extraites, cumulées séparément, puis exprimées en fréquence relative d’appels pour chacune des variables d’intérêt. Des différences par catégorie de pesticides ont été observées pour l’âge, le sexe, la voie d’exposition, la toxicité potentielle et le lieu de traitement. Il appert qu’un portrait par catégorie de pesticides est pertinent et utile pour mieux caractériser les intoxications aux pesticides au Québec et dégager certaines pistes d’intervention et de recherche.

Risques pour la santé associés à l’épandage de biosolides municipaux sur des terres agricoles

Le traitement des eaux usées municipales génère des quantités importantes de biosolides. Comme ces matières résiduelles fertilisantes (MRF) possèdent des propriétés agronomiques intéressantes, leur valorisation sur les terres agricoles s’inscrit bien dans les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles qui prévoit recycler 60 % des matières organiques générées par les villes et l’industrie. Cependant, l’épandage de ces substances fertilisantes soulève des préoccupations sanitaires en raison de la présence de contaminants chimiques et de microorganismes pathogènes dans les biosolides. 

C’est dans ce contexte que RECYC-QUÉBEC a demandé à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) de documenter l’état des connaissances scientifiques concernant les risques pour la santé potentiellement associés à l’épandage de biosolides sur des terres agricoles. Comme les déjections des animaux de ferme représentent la principale source de matière résiduelle fertilisante utilisée au Québec, et qu’elles peuvent aussi représenter une source de contaminants chimiques et biologiques, un volet, de l’analyse a aussi porté sur la comparaison des risques potentiels découlant de leur utilisation avec ceux des biosolides.

L’analyse des informations obtenues à partir des différentes études scientifiques et de la littérature grise a permis de mettre en perspectives les facteurs contributifs au risque et de proposer des pistes de réflexion en ce qui a trait à l’usage sécuritaire des biosolides.

L’utilisation de l’IRPeQ dépasse les frontières

Afin d’optimiser les rendements, les pesticides sont de plus en plus utilisés dans la production agricole des pays d’Afrique subsaharienne. Cependant, même si ces produits peuvent représenter des risques significatifs pour la santé et pour l’environnement, les agriculteurs de la commune rurale de Tori-Bossito, au Sud-Bénin, connaissent mal leur toxicité, ce qui peut avoir un impact réel sur l’utilisation sécuritaire des pesticides. 

C’est dans ce contexte que l’expertise québécoise a été sollicitée pour collaborer à une étude descriptive et analytique sur l’usage des pesticides en production maraîchère dans cette communauté située à 30 km de la ville de Cotonou. L’objectif de cette étude était de caractériser les risques environnementaux et sanitaires potentiels découlant de l’utilisation des produits phytosanitaires par les agriculteurs ruraux à l’aide d'indicateurs toxicologiques, écotoxicologiques et biologiques. L’intérêt de chercheurs africains pour l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ), un outil de diagnostic et d’aide à la décision conçu pour optimiser la gestion des pesticides, a permis cette collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Protection contre l’Allergie : éTUde du milieu Rural et de son Environnement (PATURE)

Cette étude est menée en partenariat entre la Mutualité Sociale Agricole (MSA), la sécurité sociale du monde agricole et le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon. La MSA en France ce sont 4 millions de personnes, soit 7 % de la population couverte, le 2e régime de protection sociale et 25,4 milliards d’Euros  de prestations versées en 2006. L’étude s’intègre au programme de recherche européen PASTURE, dirigé par le Professeur Erika Von Mutius de Munich, destiné principalement à identifier les substances du milieu agricole qui confèrent une protection vis-à-vis de l’allergie atopique, puis, le cas échéant, à mettre en place des stratégies de prévention primaire de l’asthme et des maladies allergiques (projet FORALLVENT, «FORum on ALLergy preVENTion»).

Il s’agit d’une enquête de cohorte de nouveau-nés en milieu rural, qui seront suivis de la naissance à l’âge de 6-7 ans. Les inclusions ont débuté en 2002 en Allemagne, Autriche, Suisse et Finlande et à la mi-2003 en France (Franche-Comté). La période d’inclusion s’est achevée au printemps 2005 et cette cohorte d’environ 1 000 enfants va être suivie jusqu’à l’âge de 6 ou 7 ans, au moment où les maladies allergiques de l’enfance, notamment l’asthme, sont apparues. Entre l’évaluation clinique et biologique de l’allergie qui a eu lieu à la visite d’un an, et celle complète qui aura lieu à l’âge de 6-7 ans, une mesure de la sensibilisation atopique aux allergènes respiratoires et alimentaires courants est planifiée à l’âge de 4 ans.

Critères de santé humaine pour la valoristion agricole des matières fertilisantes

Depuis l’adoption du Plan d’action sur la gestion des matières résiduelles 1998-2008 découlant des conclusions d’une consultation québécoise sur la gestion des déchets, les municipalités et les industries sont encouragées par le ministère de l’Environnement du Québec (MENV) à valoriser les résidus qu’elles génèrent1. Les propriétés fertilisantes d’un certain nombre de ces matières font en sorte qu’elles peuvent être valorisées en agriculture, en sylviculture, en aménagement paysager ou encore pour la réhabilitation de sites dégradés. Cette pratique présente donc le triple avantage de fournir des matières d’intérêt pour la culture des végétaux, de répondre aux objectifs fixés par le Plan d’action et d’éviter un enfouissement systématique de matières réutilisables.

Les matières résiduelles fertilisantes (MRF) valorisées au Québec sont essentiellement des boues (généralement appelées biosolides) de stations d’épuration industrielles (notamment de l’industrie papetière et de l’industrie agro-alimentaire) ou municipales, et des amendements calciques ou magnésiens tels les poussières de cimenterie, les cendres ou les résidus magnésiens. Toutes ces matières sont dites « fertilisantes » car elles sont riches en matière organique et/ou en éléments nutritifs majeurs (azote, phosphore, potassium) ou car elles permettent de réguler l’acidité des sols.

Les risques à la santé publique associés aux activités de production animale

Au cours des dernières décennies, le développement des productions animales, et particulièrement de la production porcine au Québec, a été remarquable. Cet accroissement a entraîné une augmentation notable du volume de déjections animales à gérer tandis que parallèlement, les superficies d’épandage diminuaient de façon substantielle.

L’analyse des données disponibles concernant la qualité des eaux des bassins versants à prédominance agricole montre, au cours des dernières décennies, des excès notables en azote et en phosphore ainsi qu’une dégradation de la qualité bactériologique de l’amont vers l’aval. Des études québécoises réalisées en milieu rural démontrent également que les puits d’alimentation en eau potable sont fréquemment contaminés par des micro-organismes et des nitrates.

Parallèlement à ce phénomène, on dénote également pour cette période une augmentation importante des odeurs provenant des sites de production. Globalement, la charge d’odeur provenant uniquement des bâtiments d’élevage et des structures d’entreposage s’est accrue d’environ 500 % entre 1961 et 1996, à laquelle il faut ajouter les odeurs ponctuelles provenant des épandages.

Nous présentons ici une évaluation de l'impact possible des répercussions environnementales causées par la production animale sur la santé des populations susceptibles d’y être exposées. L’approche utilisée pour cette évaluation est de type qualitatif puisqu’il n’est pas possible, dans l’état actuel des connaissances, de quantifier le degré d’exposition de la population rurale aux contaminants générés dans l’environnement par les activités de production animale.