6 janvier 2001

La protection personnelle contre les piqûres de moustiques

Article
Auteur(s)
Manon Paul
Institut national de santé publique du Québec
Sylvie Lessard
Institut national de santé publique du Québec

Lorsque le virus du Nil occidental (VNO) est mis en évidence sur un territoire donné, les premières mesures de santé publique généralement mises de l’avant consistent à informer la population sur les moyens reconnus pour se protéger contre les piqûres de moustiques. En plus des recommandations sur l’utilisation de répulsifs ou de « chasse-moustiques », les autorités de santé publique suggèrent souvent plusieurs façons d’éliminer les gîtes de reproduction des moustiques sur les propriétés privées.

Cet article recense les principales mesures de protection individuelle généralement recommandées par les autorités de santé publique canadiennes et américaines afin de réduire l’exposition aux moustiques pouvant transmettre le virus du Nil occidental.

Les moustiques

Les moustiques (aussi appelés maringouins) sont les seuls vecteurs connus pouvant transmettre le VNO. Les mouches noires, les brûlots, les mouches domestiques ou les abeilles ne transmettent pas le virus.

Le cycle vital d’un moustique est le résultat de stades de développement (œuf, larve et nymphe) se déroulant en milieu aquatique et se terminant par une vie adulte en milieu terrestre. La plupart des moustiques déposent leurs oeufs à la surface de l’eau. Les œufs et les larves peuvent se développer dans toute accumulation d’eau stagnante. Le développement des œufs nécessite au moins quatre jours1. Certaines espèces ne créent qu’une seule génération de moustiques adultes par année, ce qui est le cas de la plupart des espèces printanières ou présentes au début de l’été. D’autres espèces produisent plus d’une génération; il s’agit surtout d’espèces estivales ou de fin d’été.

Seules les femelles piquent pour se nourrir de sang d’animaux  vertébrés  et cela dans le but d’assurer le développement de leurs œufs2.

Habitudes personnelles

Afin de réduire l’exposition aux piqûres de moustiques, les mesures de protection personnelle généralement recommandées par les autorités de santé publique sont :

  • La réduction des activités extérieures à l’aube et au crépuscule, périodes du jour où les moustiques sont habituellement plus actifs. Il s’agit d’un facteur de risque dont l’importance a été bien identifiée lors de l’éclosion de New-York en 1999 3. Le jardinage est notamment à éviter à ces heures.
  • Le port de vêtements de couleur claire, en tissu serré, à manches longues, de pantalons longs, de bas et de chapeaux. Lors de journées chaudes et humides, ces recommandations peuvent être particulièrement inconfortables pour les travailleurs extérieurs. Aussi, il est parfois conseillé à ces derniers de porter des vêtements légers qui laissent passer l’air afin de permettre une évaporation4.
  • La vérification de l'étanchéité des portes, fenêtres et moustiquaires. Au besoin, installer des moustiquaires hermétiques aux portes et aux fenêtres des maisons, aux tentes, aux abris de camping et aux landaus des bébés.
  • L’application raisonnable d’un insectifuge (ou répulsif) homologué en suivant attentivement les recommandations appropriées.

Contrôle des moustiques

L’élimination des gîtes potentiels de larves de moustiques autour des résidences est aussi une des mesures de base privilégiées par les autorités de santé publique dans la lutte contre le VNO. Ainsi, il est généralement recommandé de1,5-12 :

  • Éliminer ou empêcher, près des propriétés, toute accumulation d’eau stagnante dans des objets tels que les jouets d’enfants, les pataugeoires, les soucoupes des pots à fleurs, les toiles recouvrant les piscines, les couvercles des spas, les vieux pneus, etc. Placer ces objets où l’eau de pluie ne peut les atteindre, les recouvrir ou les mettre à l’envers. Retourner les brouettes, les seaux et autres équipements lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Faire des trous au fond des objets pour évacuer l’eau stagnante.
  • Vider au moins deux fois par semaine l’eau des bains d’oiseaux, des récipients servant à l’abreuvement des animaux domestiques, des barils où s’accumule l’eau de pluie.
  • Vider les pneus servant de balançoire et idéalement utiliser d’autres types de balançoire.
  • Assurer le drainage des embarcations, les recouvrir ou, lorsque possible, les retourner.
  • Vérifier la présence d’accumulations d’eau sur les toits plats et les nettoyer, au besoin.
  • Nettoyer les gouttières encrassées par les débris, et particulièrement les feuilles qui ont tendance à colmater les rigoles au printemps et à l'automne.
  • Aérer les jardins d’eau, assurer une circulation de l’eau (par une pompe par exemple) et ajouter des poissons insectivores, qui s’alimentent de larves de moustiques.
  • Aménager les terrains et les voies d’accès (ornières) de façon à éliminer les endroits où l’eau peut s’accumuler.
  • Nettoyer les fossés, les canaux, les bassins, de façon à favoriser la circulation de l’eau.
  • Tondre régulièrement le gazon et élaguer les arbustes pour minimiser les endroits où se camouflent les moustiques adultes.
  • Boucher les trous d’arbre et les souches afin d’y éviter l’accumulation d’eau.
  • Faire circuler l’eau de la piscine et la traiter au chlore.
  • Réparer toute fuite d’eau provenant de tuyaux, de boyaux d’arrosage, de raccords ou de robinets.

Insecticides domestiques

En ce qui concerne les insecticides domestiques disponibles sur le marché, leur efficacité dans le contrôle des moustiques s’avère généralement plutôt restreinte. De plus, les risques d’intoxication sont importants dans le cas de quelques produits étant donné la toxicité des matières actives en cause et la possibilité d’une exposition lors des manipulations ou des pulvérisations de l’insecticide. L’efficacité de plusieurs produits destinés pour usage extérieur peut se voir limitée notamment par la présence de vents légers (ex. aérosols manuels13, spirales14, chandelles à la citronnelle15) ou par la non-sélectivité des espèces d’insectes tués (ex. électrocuteurs : seulement de 0,216 à 3%14 des insectes tués sont des moustiques). Quant aux produits destinés pour un usage intérieur (ex. aérosols manuels15 et aérosols avec pulvérisateurs à piles17), ils peuvent s’avérer efficaces pour se débarrasser des insectes piqueurs. Toutefois, la prudence est de rigueur afin de s’exposer le moins possible aux vapeurs d’insecticides émises. Les cas d’intoxications rapportés aux États-Unis impliquent généralement une localisation inappropriée ou une mauvaise manipulation des pulvérisateurs17.

Références

  1. Santé Canada, 2001. Le virus West Nile (virus du Nil occidental) — que fait-on pour réduire le risque ? [En ligne] www.hc-sc.ca/hpb/lcdc/publicat/info/wnvrsk_f.html
  2. Bourassa, J.-P., 2000. Le moustique, par solidarité écologique. Boréal, Montréal, 239 p.
  3. Mostashari, F. et coll., 2001. Epidemic West Nile encephalitis, New York 1999 : results of a household-based seroepide­miological survey, The Lancet, 358(28): 261-264.
  4. New York State Department of Health, 2000. West Nile Virus Information for Outdoors Workers. [En ligne] www.health.state.ny.us/nysdoh/pest/wnvoutdr.htm
  5. Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2001. Virus du Nil occidental : quelle mouche t’a piqué? (dépliant)
  6. Nouveau-Brunswick, 2000. Contrôle de la prolifération des moustiques, [En ligne] www.gnb.ca/cnb/newsf/hw/2000f0426hc.htm
  7. New York City Department of Health, 2001. What can I do around my home to help reduce exposure to mosquitoes? [En ligne] www.ci.nyc.ny.us/html/doh/html/wnv/wnvfaq9.html
  8. City of Philadelphia, 2000. Mosquito Control. Department of Public Health. [En ligne] www.phila.gov/departments/health/servindex/Vector_Control_Animal_Manageme/Mosquito_Control/mosquito_control.html#Yard&Home
  9. Virginia Department of Health, 2001. How can I keep mosquitoes from breeding around my home? [En ligne] www.timesdispatch.com/healthysummer/nobreed.htm
  10. New York State Department of Health, 2001. Protecting Your Home. [En ligne] www.health.state.ny.us/nysdoh/westnile/guides/wnvbrochure.htm.
  11. Somerset County Depart­ment of Public Works, To control mosquitoes in and around the home. [En ligne] www-rci.rutgers.edu/~insects/sompam.htm
  12. Maryland Department of Agriculture,. Tips To Avoid Mosquito Bites and Minimize The Risk Of Disease. [En ligne] . www.mda.state.md.us/mosquito/bitetips.htm
  13. University of California, 1998. Mosquitoes Home & Landscape. Statewide Integrated Pest Management Project. [En ligne] www.ipm.ucdavis.edu/PMG/PESTNOTES/pn7451.html.
  14. Jensen, T., R, Lampman, M.C. Slamecka et R.J. Novak, 2000. Field efficacy of commercial antimosquito products in Illinois, J Am Mosq Control Assoc 16(2): 148-152.
  15. American Mosquito Control Asso­ciation, 2000. Mosquito Control. [En ligne] www.mosquito.org/mosquito.html
  16. Back, C., 2001. Le contrôle des insectes piqueurs : Mythes et réalités. Dépliant publicitaire de la firme GDG Environnement. Québec. Canada. 2p.
  17. Centers for Disease Control and Prevention, 2000. Illnesses Associated With Use of Automatic Insecticide Dispenser Units. Selected States and United States, 1986—1999, 49(22): 492-495. [En ligne] www.cdc.gov/mmwr/preview/mmwrhtml/mm4922a3.htm