Sinistres naturels et accidents technologiques

Apprendre du passé pour préparer l’avenir : les inondations dans le bassin du lac Champlain et la rivière Richelieu

À la suite des inondations printanières de 2011 dans le bassin versant du lac Champlain et de la rivière Richelieu, un examen exhaustif des impacts a été mené par la Vermont Agency of Natural Resources, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec et le New York Department of Environmental Conservation. L’objectif principal de ce travail d’analyse était d’accroître la résilience aux inondations de ce territoire en émettant des recommandations visant à orienter les politiques et les stratégies de gestion. Les résultats ont été publiés en mars 2013, sous la forme d’un rapport coordonné par le Lake Champlain Basin Program. Intitulé « Résilience aux inondations dans le bassin du lac Champlain et la rivière Richelieu », ce rapport aborde les impacts et la gestion actuelle des inondations à travers trois thématiques, soit les écosystèmes, les infrastructures et l’agriculture. Ces thématiques permettent d’approfondir l’ensemble des aspects potentiellement affectés par les inondations, tels que la qualité de l’eau potable et récréative, la biodiversité, la morphologie, les infrastructures, l’économie et la santé humaine. Le présent résumé fait plus spécifiquement état des éléments rapportés qui touchent la santé humaine.

Les effets du stress maternel prénatal sur le développement cognitif des enfants : Projet Verglas

Les études rétrospectives menées auprès d’humains, ainsi que les études expérimentales ayant recours à des animaux, suggèrent que le stress subi pendant la grossesse peut nuire aux fonctions physiques, comportementales et cognitives de la progéniture. Or, à l’heure actuelle, les connaissances à ce sujet sont incomplètes. De plus, certaines limites méthodologiques, inhérentes à ces types d’études, restreignent la portée des observations. D’une part, les résultats obtenus à l’aide d’animaux se généralisent difficilement aux humains. D’autre part, les études menées avec des humains ne permettent pas toujours de distribuer aléatoirement les événements stressants, ce qui peut introduire des facteurs confondants. Cependant, les désastres naturels ou ceux provoqués par l’activité humaine agissent toutefois comme des « expériences naturelles » permettant de distribuer aléatoirement l’exposition au stress. À cet effet, le Projet Verglas du Québec (voir encadré) profite de ce type d’événement.

En cas d’urgence nucléaire à Gentilly-2, la population sait maintenant quoi faire!

À l’automne 2003 s’amorçait le programme d’information préventive « En cas d’urgence nucléaire, je sais quoi faire ! ». Ce projet comprenait plusieurs activités de communication à l’intention de la population concernée par le risque que représente la centrale nucléaire de Gentilly-2. En préparation depuis plusieurs mois, cette campagne d’une durée de cinq ans vise à offrir une information complète sur le risque nucléaire et les mesures d’urgence qui seraient appliquées dans le cas d’un accident survenant à la centrale. La première phase de la campagne avait aussi pour but de rendre disponible à la population vivant à proximité de la centrale des comprimés d’iode stable, l’une des mesures de protection préconisées par le plan d’urgence. Rappelons que ces comprimés, une fois ingérés, ont pour but de protéger la glande thyroïde en cas d’accident entraînant une exposition potentielle à l’iode radioactif.

L’équipe de travail responsable de la préparation et de la mise en œuvre du programme d’information préventive est formée de professionnels de la communication issus de l’Agence de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec et des directions régionales de la Mauricie et du Centre-du-Québec de Communication-Québec et de la sécurité civile. La coordination est assurée par la direction régionale de Communication-Québec. Plusieurs autres partenaires ont collaboré de près à la campagne : les municipalités et CLSC dans un rayon de 8 km autour de la centrale (Bécancour, Champlain, Trois-Rivières), le ministère de l’Environnement du Québec, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, la Sûreté du Québec, le ministère des Transports du Québec et Hydro-Québec Gentilly-2.

 

Centrale nucléaire Gentilly-2 : Risques pour la santé et planification d’urgence

La centrale nucléaire Gentilly-2 est située à Bécancour, sur la rive sud du Saint-Laurent, à quelques kilomètres de Trois-Rivières. La centrale jouxte le Parc industriel et portuaire de Bécancour (PIPB) lequel comprend une trentaine d’établissements dont plusieurs industries chimiques et entreprises de service. Construite par Énergie atomique du Canada Ltée, une société d’État fédérale, elle est devenue par la suite propriété d’Hydro-Québec et a été mise en exploitation commerciale en 1983. Elle produit annuellement 675 mégawatts (mW) d’électricité, soit environ 3 % de la production totale du Québec. Cette production permet notamment de stabiliser le réseau d’Hydro-Québec dans la partie sud de la province. Gentilly-2 est la seule centrale nucléaire commerciale en opération au Québec.

Cet article décrit d'abord le fonctionnement de la centrale et ses dispositifs de sécurité. Il présente ensuite un survol des principaux effets potentiels sur la santé associés au nucléaire ainsi que des questions relatives à la planification des mesures d’urgence lors d’accidents impliquant une centrale nucléaire et ce, à travers l’expérience de Gentilly-2.

La mise à l'abri... une véritable mesure de protection?

La planification de situations d’urgence lors d’une déflagration, d’un incendie ou d’un dégagement d’un nuage toxique ou radioactif nécessite l'adoption d'une mesure de protection adaptée à la population concernée. Cette décision n’est toutefois pas toujours facile à arrêter. Lors d’une séance de travail du Comité mixte municipalité-industrie (CMMI) de Bécancour, dans la région Centre-du-Québec, le groupe chargé de la planification pratique des mesures à appliquer lors d’un accident impliquant du chlore, a relevé certaines contraintes de temps et de moyens techniques qui laissaient peu de choix quant à la mesure de protection à privilégier. Tout en constatant ces évidences et en acceptant la logique qui menait le groupe à favoriser la mise à l’abri, la majorité des membres du groupe ont indiqué qu’en situation réelle, ils auraient spontanément incité leur famille à évacuer plutôt qu’à se mettre à l’abri. C’est cette situation qui a inspiré le présent article, qui recense quelques rares recherches sur l’efficacité de la mise à l’abri et certaines expériences vécues où la mise à l’abri a déjà été utilisée.

Le concept de dose fait référence à une quantité de substance à laquelle un organisme est exposé. Dans le contexte qui nous intéresse, on pourra diminuer la dose en abaissant l’un ou l’autre des paramètres suivants ou les deux simultanément, soit : a) la concentration d’un toxique à laquelle une personne est exposée et b) le temps pendant lequel cette personne y est exposée. La dose étant la combinaison de ces deux paramètres, faire varier l’un ou l’autre paramètre, ou les deux à la fois, influence l’importance de la dose. Pour les substances toxiques, c’est l’importance de la dose qui conditionne l’effet plus ou moins grave à la santé de la personne exposée. C’est pourquoi, quelle que soit la mesure de protection favorisée, le but visé est toujours le même, soit de réduire la dose d’exposition.

Les experts en communication du risque considèrent ce concept de dose comme étant peu connu et mal compris du public en général. Cette méconnaissance pourrait être à la source du scepticisme qui entoure le niveau d’efficacité des mesures de protection autres que l’évacuation. Ceci a pour effet probable d’inciter le public et peut-être même les décideurs à considérer l’évacuation comme la seule mesure de protection valable.

La marée noire de l’Érika : 6 mois d’intervention en Loire-Atlantique

L’Érika, pétrolier de 37 000 tonnes et de 184 mètres charge le 8 décembre 1999, 30 884 tonnes de fioul lourd à une raffinerie de Dunkerque, en France. Sa destination finale est une centrale thermique italienne située à Livourne. Le 12 décembre 1999, suite à un appel de détresse émis par le capitaine de l’Érika, la Marine Nationale Française procède à l’évacuation de l’équipage alors que le navire se brise en deux dans la tempête. Les deux parties de l’épave, éloignées l’une de l’autre de 12 km, gisent par 120 m de fond, à 65 km au sud de la pointe de Penmarc’h et à 75 km à l’ouest de Belle Île en Mer.

Le Plan d’urgence POLMAR MER (pollution maritime-mer), dont l’objectif est d’organiser la lutte en mer contre la marée noire, est déclenché le 15 décembre; quatre navires français et cinq navires étrangers participent à des opérations de pompage en mer. Sur les 20 000 tonnes de fioul échappées de l’épave, 1 100 sont récupérées en mer, les 18 900 restantes atteignant le littoral français, la veille de Noël, et souillant 400 km de côtes entre le Finistère et la Charente Maritime. Cette marée noire cause la mort de 300 000 oiseaux ; les opérations de nettoyage du littoral produisent environ 200 000 tonnes de déchets souillés par le fioul de l’Érika.

Cet article jette un premier regard sur l’expérience vécue en santé publique lors de cette catastrophe environnementale par la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) de Loire-Atlantique.