16 novembre 2017

Pesticides : le cas des néonicotinoïdes

Brèves d'actualité

Les néonicotinoïdes sont une classe d’insecticides largement utilisés dans plusieurs types de cultures, notamment dans l’enrobage des semences des céréales. Ils sont hautement toxiques (neurotoxiques) pour l’ensemble des insectes, mais aussi pour les oiseaux, les mammifères et les animaux à sang froid (poissons, reptiles, amphibiens, etc.). Depuis plusieurs années, l’usage des néonicotinoïdes a été cité comme responsable de la réduction importante de populations d’abeilles domestiques, mais aussi à celle de l’ensemble des insectes pollinisateurs. Leur persistance dans l’environnement (longue demi-vie) accroît ce potentiel toxique. Chez les humains, les néonicotinoïdes augmenteraient le risque de problèmes de développement du cerveau, voire l’anencéphalie, et ils pourraient aussi être impliqués dans l’apparition de problèmes comme l’autisme, les pertes de mémoire et les tremblements.

La France a interdit progressivement l’usage de ces insecticides dès 1999, pour en arriver à la proposition d’un bannissement complet de toute la classe des néonicotinoïdes à partir de 2018, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. En juin 2017, la Commission européenne a proposé de bannir trois néonicotinoïdes, proposition qui a toutefois fait l’objet de nombreuses oppositions. Des lobbys ont fait du démarchage en invoquant des incertitudes scientifiques ou l’absence de preuves convaincantes quant à la toxicité des néonicotinoïdes. Les personnes en faveur du bannissement font valoir que la poursuite de l’utilisation de ces substances pourra être dévastatrice pour l’agriculture, à la suite de la destruction des pollinisateurs.

Au Québec, presque toutes les semences de maïs et une bonne partie des semences de soya sont traitées avec des néonicotinoïdes. Des relevés du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) montrent par ailleurs que leur présence est généralisée dans les rivières des zones agricoles, ayant été détectés dans 100 % des échantillons. Puisque les abeilles accumulent ces insecticides, ils se retrouvent aussi dans le miel. Une équipe européenne a analysé 198 échantillons de miel provenant de toutes les régions de la planète. Globalement, 75 % du miel contient des traces de néonicotinoïdes; en Amérique du Nord, 86 % des échantillons analysés étaient contaminés. La plupart des résidus sont toutefois en deçà du seuil autorisé pour la consommation humaine, bien que certains miels contiennent des résidus de plusieurs néonicotinoïdes. Au Canada, les néonicotinoïdes sont partiellement bannis en Ontario et interdits par certaines municipalités, notamment Vancouver et Montréal. En 2017, le gouvernement du Québec a prépublié un projet de règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides –«  Gestion des pesticides – Modification ») , modifiant le Code de gestion des pesticides, qui vise notamment à interdire dès 2019 l’utilisation des semences enrobées de néonicotinoïdes, sauf si cela est préalablement justifié par un agronome. Ces insecticides seront par ailleurs interdits à la vente domestique.

Les Producteurs de grains du Québec s’opposent à la proposition réglementaire en argumentant que les néonicotinoïdes ne sont pas spécifiquement ou seuls responsables de la mortalité des abeilles et que ces pesticides sont homologués par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Des pertes économiques sont aussi évoquées. Ces doléances ont notamment été rapportées en commission parlementaire (sept. 2017) dans le Mémoire des Producteurs de grains du Québec. Les travaux de cette commission sont terminés et le gouvernement décidera de la suite à donner au règlement proposé, soit l’adopter tel quel ou procéder à des modifications.

Source :

 

Le miel contaminé par des pesticides sur tous les continents (Le Devoir)

Les pesticides «néonics» menacent les fondations de la biodiversité (Le Devoir)

Les pesticides seraient mortels pour les abeilles, les oiseaux et les poissons (La Presse)

Les pesticides tueurs d’abeilles interdits en 2018… avec des dérogations (Le Monde)

L'utilisation des néonicotinoïdes ne tue pas les abeilles (Le Soleil)

Miel et pesticides : le Canada n'y échappe pas (La Presse)

Néonicotinoïdes : l'Europe veut en interdire 3, la France 7... Macron combien ? (Sciences et avenir)

Règlement modifiant le Règlement sur la sélection des ressortissants étrangers (Gazette officielle du Québec)

Trois néonicotinoïdes bientôt interdits dans l’UE (EURACTIV)

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