6 février 2013

Les éthylotests chimiques à usage unique sont-ils sécuritaires?

Publication

En juillet dernier, le Comité de coordination et de toxicovigilance français a produit un intéressant rapport portant sur les risques sanitaires associés à l’utilisation d’éthylotest chimique à usage unique (alcootest). Ce rapport fait suite à un décret, en France, obligeant tous les conducteurs de véhicule terrestre à moteur à posséder un éthylotest chimique à usage unique, et ce, dès le 1er juillet 2012. C’est dans ce contexte que la Direction générale de la santé française a commandé une étude portant sur les cas d’exposition aux éthylotests à usage unique rapportés aux centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV). De façon plus spécifique, cette étude portait sur les circonstances ayant entrainé des intoxications ainsi que sur les effets nocifs rapportés. Les faits saillants de ce rapport sont présentés ci-dessous.

Composition des éthylotests

Bien qu’il existe différents types d’éthylotests sur le marché français, la majorité d’entre eux sont constitués d’un tube de réactifs contenant principalement de la silice sous forme de cristaux ou de gel, de l’acide sulfurique et un sel de chrome qui peut être substitué par l’iodure et du nitrate de potassium dans certains modèles.

Les effets nocifs possibles

Compte tenu de leur composition, les principaux effets nocifs potentiels identifiés comprennent des effets irritatifs et corrosifs dus aux dérivés du chrome, mais également dus à l’acide sulfurique présent à concentration élevée.

Description des cas

L’analyse des cas rapportés aux CAPTV entre janvier 1999 et juin 2012 a permis d’identifier 156 cas d’exposition. En réponse aux récentes campagnes recommandant l’autocontrôle de l’alcoolémie avant la conduite d’un véhicule, le nombre de cas serait en augmentation dans les dernières années, soit environ 25 cas pour 100 000 expositions potentielles en 2011. Hormis les cas attendus pour la population de conducteurs adultes, l’analyse mettait en évidence 2 autres populations vulnérables, soit les enfants et les jeunes adultes.

Deux circonstances particulières d’exposition ont été identifiées. Plus rarement (4/156), le dispositif a été croqué ou avalé par une personne en état d’ébriété avancé, dont l’impact a été jugé significatif dans deux cas avec une ulcération de la muqueuse jugale et une œsophagite isolée d’intensité limitée. Plus fréquemment (152/156), il s’agissait d’une exposition accidentelle avec la présence d’une symptomatologie dans 78 % des cas (119/152). L’exposition par voie orale ou buccale était la plus rapportée (79/119), avec la présence de signes bénins d’irritation des muqueuses digestives. La deuxième voie d’exposition était oculaire (28/119), dont un cas de kératite modérée.

Il est à noter que la plupart de ces effets locaux peuvent être minimisés par les mesures de décontamination topique, en particulier par le lavage immédiat à l’eau de la peau ou des muqueuses affectées durant 15 minutes. En cas d’ingestion, les experts du groupe de travail ont recommandé que le fait de prendre un verre d’eau avant même la consultation d’un centre antipoison puisse s’avérer une mesure efficace qui pourrait faire partie de l’information inscrite sur la notice des dispositifs.

Conclusion

Le Rapport du Comité de coordination et de toxicovigilance français : Éthylotest chimique à usage unique/air expiré : quels risques? est disponible sur le site web de l’Association des Centres antipoison et de toxicovigilance. Pour l’instant, aucune étude similaire ne semble avoir été effectuée sur les éthylotests disponibles sur le marché québécois ou canadien. [PP]